Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1909-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1909 01 janvier 1909
Description : 1909/01/01 (N1,A19)-1909/12/31 (N12,A19). 1909/01/01 (N1,A19)-1909/12/31 (N12,A19).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787844t
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/07/2017
76 BULLETIN DU COMITÉ
et poétique. Il a montré Speke dans un pauvre
canot indigène, contournant les rives du lac et
tendant l'oreille pour surprendre le bruit de cas-
cade qui devait, entre les centaines de petites
baies qui se creusent dans la rive nord, lui ré-
véler celle qui masquait l'origine du fleuve. La
réalité,on l'a rappelé malicieusement au ministre
d'aujourd'hui, demeuré toujours le journaliste et
le romancier d'hier, fut plus simple et plus pro-
saïque. Au cours d'un long séjour à la cour du
roi de l'Ouganda, Speke avait recueilli de multi-
ples informations sur la géographie de la région
et la situation de l'émissaire du lac. Quand il se
remit en route, il savait où il allait; se dirigeant
de façon à couper le cours du fleuve, il rencon-
trait, au bout de dix jours de marche, le courant
naissant, un peu en aval des chutes; en le remon-
tant, il retrouva le lac et put vérifier sa première
hypothèse.
En réalité, Speke n'avait découvert que l'une
des sources du Nil, et dans l'histoire de l'explora-
tion de la vallée du fleuve, Baker qui, après un
voyage extrêmement pénible de douze mois de-
puis Gondokoro, découvrit le lac Albert-Nyanza,
en 1864, Stanley qui, quelques années plus tard,
reconnaissait le lac Edouard et la Semliki, méri-
tent de figurer aux côtés de Speke et sur le même
rang que lui; mais c'est Speke qui ouvrit la voie;
c'est lui qui, le premier, démontra l'existence,
soupçonnée par les géographes anciens, de l'un
des plus vastes systèmes lacustres du monde, et
cela seul justifie la gloire exceptionnelle dont jouit
son nom. Il en rompit le charme et l'opinion lui
en fut reconnaissante.
Car jamais problème géographique ne surex-
cita autant la curiosité que le prestige des sources
du Nil et de l'origine du tleuve dont Hérodote
disait que l'Egypte est un de ses présents. De tout
temps, on s'en était préoccupé, et l'on sait que
Néron avait envoyé pour le résoudre une mission
d'exploration qui ne put pas vraisemblablement
dépasser les marais du 9e degré de latitude
nord. Quoi de plus étonnant, en effet, que le
spectacle de ce grand fleuve qui, né dans des ré-
gions inconnues, traversait, sur des centaines de
milles, le désert le plus aride sans recevoir un
seul affluent! Comme le rappelait récemment
l'homme éminent dont les travaux ont tant con-
tribué à accroître notre connaissance de la haute
vallée et du régime du Nil, sir William Garstin,
ses riverains le voyaient couler d'un cours jamais
tari durant l'année entière et, merveille des mer-
veilles, au moment où la chaleur est le plus intense,
au moment où le soleil brûle et dessèche toute vie
végétale et jusqu'au plus petit brin d'herbe, ils le
voyaient, s'enflant et débordant de ses rives,
baigner les campagnes voisines et transformer
un sol qui, sans ses eaux, n'eût été qu'un amas
de sables et de cailloux, en une terre d'une excep-
tionnelle fertilité. Aujourd'hui, le prodige est
expliqué et, de tous les fleuves non européens, le
Nil est certainement l'un de ceux dont le régime
a été étudié avec le plus de soin. Depuis 1898
surtout, depuis que le Haut-Fleuve a été rouvert
à la civilisation, les travaux se sont multipliés.
Toute une troupe de chercheurs, de savants, d'in-
génieurs, parmi lesquels un de nos compatriotes,
M. Dupuis, inspecteur général de l'irrigation au
Soudan, occupe une place éminente, se sont atta-
chés à découvrir les lois naturelles qui président à
cette crue annuelle qui paraissait jadis miraculeuse;
les postesd'observation se sont multipliés; chaque
jour, on télégraphie au Caire, de nombreux points
du bassin, les renseignements qui permettront au
service de l'irrigation de la Basse-Egypte de ré-
gler le débit des barrages, de prévoir les effets
de l'inondation ou, par des mesures appropriées,
d'en atténuer les conséquences. Sur le fleuve lui-
même, du moins sur les parties de son cours qui
sont commercialement utilisables, circule toute
une flottille de vapeurs : sur le lac Victoria, plu-
sieurs steamers font un service régulier, et par le
chemin de fer de l'Ouganda on accomplit en deux
jours le voyage que Thompson eut, il y aura
bientôt trente ans, tant de difficultés à effectuer.
Or, c'est là l'œuvre d'une génération à peine. On
comprendra que dans l'organe d'une association
qui a tant contribué elle-même à faire pénétrer
l'influence de la civilisation européenne dans
d'autres parties du continent africain, on ait con-
sacré quelques lignes à rappeler le célèbre
voyage de Speke et que l'on n'ait pas voulu laisser
passer le jubilé de la découverte de sources du
Nil sans rendre hommage aux travaux de l'un
des hommes qui ont le plus fait pour percer les
mystères qui, il y a cinquante ans encore, enve-
loppaient l'Afrique centrale tout entière.
ANDRÉ MEYREUIL.
Sommaire du Supplément n° 2.
LES PROJETS D'UNION ET LES PERSPEC-
TIVES D'AVENIR DE L'AFRIQUE AUS-
TRALE ANGLAISE. — CH. MoL-REY 33
LE TAFILELT (suite), — W. B. IIAURIS 38
Chronique de l'armée coloniale : Le ballon à
Casablanca 46
Bibliographie ........................................ 47
Nous serions reconnaissants à ceux de nos
souscripteurs qui ont signé des engagements
annuels de vouloir bien envoyer au Trésorier
du Comité, 21, rue Cassette, le montant de
leur souscription pour l'année courante.
et poétique. Il a montré Speke dans un pauvre
canot indigène, contournant les rives du lac et
tendant l'oreille pour surprendre le bruit de cas-
cade qui devait, entre les centaines de petites
baies qui se creusent dans la rive nord, lui ré-
véler celle qui masquait l'origine du fleuve. La
réalité,on l'a rappelé malicieusement au ministre
d'aujourd'hui, demeuré toujours le journaliste et
le romancier d'hier, fut plus simple et plus pro-
saïque. Au cours d'un long séjour à la cour du
roi de l'Ouganda, Speke avait recueilli de multi-
ples informations sur la géographie de la région
et la situation de l'émissaire du lac. Quand il se
remit en route, il savait où il allait; se dirigeant
de façon à couper le cours du fleuve, il rencon-
trait, au bout de dix jours de marche, le courant
naissant, un peu en aval des chutes; en le remon-
tant, il retrouva le lac et put vérifier sa première
hypothèse.
En réalité, Speke n'avait découvert que l'une
des sources du Nil, et dans l'histoire de l'explora-
tion de la vallée du fleuve, Baker qui, après un
voyage extrêmement pénible de douze mois de-
puis Gondokoro, découvrit le lac Albert-Nyanza,
en 1864, Stanley qui, quelques années plus tard,
reconnaissait le lac Edouard et la Semliki, méri-
tent de figurer aux côtés de Speke et sur le même
rang que lui; mais c'est Speke qui ouvrit la voie;
c'est lui qui, le premier, démontra l'existence,
soupçonnée par les géographes anciens, de l'un
des plus vastes systèmes lacustres du monde, et
cela seul justifie la gloire exceptionnelle dont jouit
son nom. Il en rompit le charme et l'opinion lui
en fut reconnaissante.
Car jamais problème géographique ne surex-
cita autant la curiosité que le prestige des sources
du Nil et de l'origine du tleuve dont Hérodote
disait que l'Egypte est un de ses présents. De tout
temps, on s'en était préoccupé, et l'on sait que
Néron avait envoyé pour le résoudre une mission
d'exploration qui ne put pas vraisemblablement
dépasser les marais du 9e degré de latitude
nord. Quoi de plus étonnant, en effet, que le
spectacle de ce grand fleuve qui, né dans des ré-
gions inconnues, traversait, sur des centaines de
milles, le désert le plus aride sans recevoir un
seul affluent! Comme le rappelait récemment
l'homme éminent dont les travaux ont tant con-
tribué à accroître notre connaissance de la haute
vallée et du régime du Nil, sir William Garstin,
ses riverains le voyaient couler d'un cours jamais
tari durant l'année entière et, merveille des mer-
veilles, au moment où la chaleur est le plus intense,
au moment où le soleil brûle et dessèche toute vie
végétale et jusqu'au plus petit brin d'herbe, ils le
voyaient, s'enflant et débordant de ses rives,
baigner les campagnes voisines et transformer
un sol qui, sans ses eaux, n'eût été qu'un amas
de sables et de cailloux, en une terre d'une excep-
tionnelle fertilité. Aujourd'hui, le prodige est
expliqué et, de tous les fleuves non européens, le
Nil est certainement l'un de ceux dont le régime
a été étudié avec le plus de soin. Depuis 1898
surtout, depuis que le Haut-Fleuve a été rouvert
à la civilisation, les travaux se sont multipliés.
Toute une troupe de chercheurs, de savants, d'in-
génieurs, parmi lesquels un de nos compatriotes,
M. Dupuis, inspecteur général de l'irrigation au
Soudan, occupe une place éminente, se sont atta-
chés à découvrir les lois naturelles qui président à
cette crue annuelle qui paraissait jadis miraculeuse;
les postesd'observation se sont multipliés; chaque
jour, on télégraphie au Caire, de nombreux points
du bassin, les renseignements qui permettront au
service de l'irrigation de la Basse-Egypte de ré-
gler le débit des barrages, de prévoir les effets
de l'inondation ou, par des mesures appropriées,
d'en atténuer les conséquences. Sur le fleuve lui-
même, du moins sur les parties de son cours qui
sont commercialement utilisables, circule toute
une flottille de vapeurs : sur le lac Victoria, plu-
sieurs steamers font un service régulier, et par le
chemin de fer de l'Ouganda on accomplit en deux
jours le voyage que Thompson eut, il y aura
bientôt trente ans, tant de difficultés à effectuer.
Or, c'est là l'œuvre d'une génération à peine. On
comprendra que dans l'organe d'une association
qui a tant contribué elle-même à faire pénétrer
l'influence de la civilisation européenne dans
d'autres parties du continent africain, on ait con-
sacré quelques lignes à rappeler le célèbre
voyage de Speke et que l'on n'ait pas voulu laisser
passer le jubilé de la découverte de sources du
Nil sans rendre hommage aux travaux de l'un
des hommes qui ont le plus fait pour percer les
mystères qui, il y a cinquante ans encore, enve-
loppaient l'Afrique centrale tout entière.
ANDRÉ MEYREUIL.
Sommaire du Supplément n° 2.
LES PROJETS D'UNION ET LES PERSPEC-
TIVES D'AVENIR DE L'AFRIQUE AUS-
TRALE ANGLAISE. — CH. MoL-REY 33
LE TAFILELT (suite), — W. B. IIAURIS 38
Chronique de l'armée coloniale : Le ballon à
Casablanca 46
Bibliographie ........................................ 47
Nous serions reconnaissants à ceux de nos
souscripteurs qui ont signé des engagements
annuels de vouloir bien envoyer au Trésorier
du Comité, 21, rue Cassette, le montant de
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