Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1909-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1909 01 janvier 1909
Description : 1909/01/01 (N1,A19)-1909/12/31 (N12,A19). 1909/01/01 (N1,A19)-1909/12/31 (N12,A19).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787844t
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 203
dressent les forts Ilher etProvost-Ellefut de .2.600 mètres
environ, mesurée au décamètre à ruban dans les deux sens
et ramenée à l'horizontalité par un nivellement effectué au
niveau à lunettes. Par les hauteurs circumméridiennes du
soleil nous avons calculé l'azimut d'un point de la trian-
gulation, le mât de la T. S. F. (télégraphie sans fil) sur le
terme Est de la base. Puis un point marqué à l'anse de
Si-Beliout, pr-ès de la machine distillatoire de la marine, au
niveau de la mer donna. le zéro des cotes. Nous avions
ainsi tous les éléments de départ.
Pendant que le commandant recoanaissait et faisait les
observations aux points choisis de deux chaînes de
triangle, l'une sur la côte vers Bou-Znicka, l'autre dans
l'intérieur vers Ber-Rechid, nous faisions les observations
en quelques signaux construits dans la plaine de Casa-
blanca et sur les premières crêtes pour développer le
triangle de base. 80/ les deux amorces de chaines établies
par les le commandant vinrent successivement se greffer tous
es petits réseaux de triangulation.
Le terrain, quoique n'offrant pas de grosses difficultés,
présente quelques particularités gênantes au point de
vue géodésique. La bordure côtière est formée d'une série
de crêtes parallèles sensiblement de même hauteur qui
dans la direction Nord-Sud limite la vue à courte distance.
Au delà de cette zone s'étend la grande plaine du Tirs où,
sauf quelques accidents rares du sol, commue le mamelon
de Si-Aïssa-Moulay-Ourdad, l'horizontalité cause le déses-
poir du géodèse en supprimant tout point saillant. Puis
vers le Sud le plateau mamelonné du Mzamza offre toute
facilité-.
Mais les obstacles les plus considérables furent, pendant
toute la période d'été, une brume très épaisse et un mirage
considérable.
Nous nous sommes servis autant que possible des signaux
naturels. Nous avions l'avantage de ne pas avoir besoin de
revenir en arrière pour faire les visées inverses, car faute
de temps on menait de front reconnaissances et observations.
En un point donné, on ramassait dans un tour d'horizon
tout ce qui à la lunette semblait susceptible de servir de
signal dans la direction où l'on désirait avoir un point tri-
gonométrique. Les koubbas, ou tombeaux de Marocains
plus ou moins sanctifiés par leurs vertus, par un pèlerinage
à la Mecque ou simplement par leur richesse qui a permis de
leur élever un mausolée fastueux, nous ont rendu de grands
services. Généralement placés sur les points dominants.
ces koubbas blanchies se distinguaient bien, mais l'incon-
vénient était leur nombre considérable à certains endroits
et l'uniformité de leur construction qui les rendait quelque-
fois assez difficiles à identifier. Quelques arbres complé-
tèrent les signaux naturels que l'on trouvait. Faute de
1 signaux, on en construisit en pierre de la formé générale
(l'un tronc de cône. Les Maroeains les respectaient, ils
sont habitués à élever eux-mêmes un assez grand nombre
de signaux de pierre, des « kerkour » en entassant pierre
sur pierre. Pour distinguer facilement les signaux géodé-
siques, il était nécessaire même de leur donner une forme
aussi régulière que possible.
Les indigènes, d'ailleurs, ne se sont jamais opposés à
notre travail. Lorsque nous nous .rendions sur le terrain
accompagné seulement d'un spahi portant une planchette
et suivi d'un mulet porteur du théodolite et de son pied,
nous recevions les injures et les malédictions des vilains
chiens de douar, moitié ehien, moitié chacal ; les enfants
s'enfuyaient à notrè approche. Mais les hommes crain-
tifs ne tardaient cependant pas à se rapprocher. Les tré-
pieds de la planchette et du théodolite leur causaient dès
l'abord une vive frayeur; ils prenaient ces instruments si
pacifiques pour une mitrailleuse. Mais en voyant le théodo-
lite, leur curiosité s'éveillait, la conversation s'engageait
avec mon spahi et nous regrettions de ne pas connaître suf-
fisamment la langue arabe pour comprendre les explications
que pouvaient donner nos spahis sur l'emploi du théodolite!
Les indigènes donnaient facilement tous les renseignements
dont nous avions besoin et restaient là des heures entières
autour de nous et, si nous voulions mettre le comble à leur
joie, nous n'avions qu'à leur confier notre jumelle. C'était
dors des cris de joie d'enfant, les plus avisés se moquant
de celui qui ne pouvait voir, et heureux quand ils distin-
guaient quelque chose mieux qu'avec leurs yeux qu'ils ont
généralement fort bons.
Souvent après' ces observations, pendant que nous re-
plions bagage, l'un d'eux nous invitait à prendre le thé
sous sa tente. Quel nombre de tasses avons-nous bu ainsi,
de ce thé sirupeux et sentant la menthe, servi avec des
galettes et du beurre, pas toujours très frais, même avec
du couscous! Ce fut surtout chez les Mzamza et les Ouled-
Saïd que nous trouvâmes l'accueil le plus cordial, les invi-
tations Jes plus fréquentes et nous pouvons presque dire
un véritable plaisir à voir un Français.
La géodésie a été poussée dans toute l'étendue de la
Chaouïa, d'Azemmour au Mqarto, et de la côte à quelques
kilomètres de Mechra-ecli-Chair. Après le départ du com-
mandant Prudhomme, en octobre, et du lieutenant Gilbert,
en février 1909, auctin officier géodésien ne vint continuer
les opérations. D'ailleurs le ministre de la Guerre avait
limité à l'Oum-er-Rbia, au méridien 10, 50 et au parallèle
36,50 la région à lever.
Le Service géographique de l'armée a été chargé d'effec-
tuer les tirages et a dressé une carte, encours d'impression
au 1/100.000°. tirée en trois couleurs, d'une grande partie
de la Chaouïa.
Le Service géographique a ainsi coopéré de son mieux à
l'œuvre de corps de débarquement. Sa part ne peut que
profiter à la cause de la pénétration française. Ces cartes
donneront une idée plus exacte de ce pays si riche de la
Chaouïa, où nos troupes se sont distinguées, que tant de
nos camarades ont arrosé de leur sang et où maintenant,
grâce à la vaillance de nos troupiers et à l'énergie- du chef
qui les a. commandés, le nom français est aimé et respecté.
F. GILBERT,
Lieutenant breveté d'infanterie,
Détaché au Service géographique de l'armée.
La Frontière Orano-Marocaine Sud
On doit avoir encore bien présent à la mémoire
les événements qui se sont récemment déroulés
sur la lisière du Sud-Oranais ; puisqu'il nous a
été donné d'aller personnellement flâner de ce
côté, qu'il nous soit permis d'y faire allusion et
de consigner ici quelques impressions et obser-
vations. Nous ne voulons pas non plus nous
contenter de ce que nous avons noté nous-mêmes,
mais rapporter aussi les renseignements que nous
avons pu puiser aux meilleures sources, à seule
fin d'éclairer autant que possible la question et
de bien préciser la situation présente en définis-
sant le rôle qu'il semble que nous soyons appelés
à jouer en ce coin de notre grand Empire de
l'Afrique du Nord.
La poussée de notre frontière algérienne vers
l'Ouest ne date pas d'hier. Au Nord, comme nous
le rappelions dans un précédent Bulletin, il y a
plus d'un demi-siècle que nous repoussions notre
frontière ; mais par un malencontreux traité nous
nous étions lié les mains, acceptant en principe
une délimitation irrationnelle fixée jusqu'à un
chaînon montagneux et, pour être plus précis,
jusqu'à un colle franchissant (Teniet-Sassi). Au
delà le champ était libre, une région de hauts
plateaux,s'étendait jusqu'au Sahara à proprement
parler; aussi notre sphère d'action' s'accroissant il
n'y avait pas de raison pour ne pas chercher à
pousser plus avant. C'est ce que firent de nos
hardis- officiers il y aura quarante ans tout à
l'heure. Qu'il suffise de rappeler les raids du
général de Wimpffen en 4 870, puis ceux des
généraux de Colomb et Galliffet. Plus tard notre
dressent les forts Ilher etProvost-Ellefut de .2.600 mètres
environ, mesurée au décamètre à ruban dans les deux sens
et ramenée à l'horizontalité par un nivellement effectué au
niveau à lunettes. Par les hauteurs circumméridiennes du
soleil nous avons calculé l'azimut d'un point de la trian-
gulation, le mât de la T. S. F. (télégraphie sans fil) sur le
terme Est de la base. Puis un point marqué à l'anse de
Si-Beliout, pr-ès de la machine distillatoire de la marine, au
niveau de la mer donna. le zéro des cotes. Nous avions
ainsi tous les éléments de départ.
Pendant que le commandant recoanaissait et faisait les
observations aux points choisis de deux chaînes de
triangle, l'une sur la côte vers Bou-Znicka, l'autre dans
l'intérieur vers Ber-Rechid, nous faisions les observations
en quelques signaux construits dans la plaine de Casa-
blanca et sur les premières crêtes pour développer le
triangle de base. 80/ les deux amorces de chaines établies
par les le commandant vinrent successivement se greffer tous
es petits réseaux de triangulation.
Le terrain, quoique n'offrant pas de grosses difficultés,
présente quelques particularités gênantes au point de
vue géodésique. La bordure côtière est formée d'une série
de crêtes parallèles sensiblement de même hauteur qui
dans la direction Nord-Sud limite la vue à courte distance.
Au delà de cette zone s'étend la grande plaine du Tirs où,
sauf quelques accidents rares du sol, commue le mamelon
de Si-Aïssa-Moulay-Ourdad, l'horizontalité cause le déses-
poir du géodèse en supprimant tout point saillant. Puis
vers le Sud le plateau mamelonné du Mzamza offre toute
facilité-.
Mais les obstacles les plus considérables furent, pendant
toute la période d'été, une brume très épaisse et un mirage
considérable.
Nous nous sommes servis autant que possible des signaux
naturels. Nous avions l'avantage de ne pas avoir besoin de
revenir en arrière pour faire les visées inverses, car faute
de temps on menait de front reconnaissances et observations.
En un point donné, on ramassait dans un tour d'horizon
tout ce qui à la lunette semblait susceptible de servir de
signal dans la direction où l'on désirait avoir un point tri-
gonométrique. Les koubbas, ou tombeaux de Marocains
plus ou moins sanctifiés par leurs vertus, par un pèlerinage
à la Mecque ou simplement par leur richesse qui a permis de
leur élever un mausolée fastueux, nous ont rendu de grands
services. Généralement placés sur les points dominants.
ces koubbas blanchies se distinguaient bien, mais l'incon-
vénient était leur nombre considérable à certains endroits
et l'uniformité de leur construction qui les rendait quelque-
fois assez difficiles à identifier. Quelques arbres complé-
tèrent les signaux naturels que l'on trouvait. Faute de
1 signaux, on en construisit en pierre de la formé générale
(l'un tronc de cône. Les Maroeains les respectaient, ils
sont habitués à élever eux-mêmes un assez grand nombre
de signaux de pierre, des « kerkour » en entassant pierre
sur pierre. Pour distinguer facilement les signaux géodé-
siques, il était nécessaire même de leur donner une forme
aussi régulière que possible.
Les indigènes, d'ailleurs, ne se sont jamais opposés à
notre travail. Lorsque nous nous .rendions sur le terrain
accompagné seulement d'un spahi portant une planchette
et suivi d'un mulet porteur du théodolite et de son pied,
nous recevions les injures et les malédictions des vilains
chiens de douar, moitié ehien, moitié chacal ; les enfants
s'enfuyaient à notrè approche. Mais les hommes crain-
tifs ne tardaient cependant pas à se rapprocher. Les tré-
pieds de la planchette et du théodolite leur causaient dès
l'abord une vive frayeur; ils prenaient ces instruments si
pacifiques pour une mitrailleuse. Mais en voyant le théodo-
lite, leur curiosité s'éveillait, la conversation s'engageait
avec mon spahi et nous regrettions de ne pas connaître suf-
fisamment la langue arabe pour comprendre les explications
que pouvaient donner nos spahis sur l'emploi du théodolite!
Les indigènes donnaient facilement tous les renseignements
dont nous avions besoin et restaient là des heures entières
autour de nous et, si nous voulions mettre le comble à leur
joie, nous n'avions qu'à leur confier notre jumelle. C'était
dors des cris de joie d'enfant, les plus avisés se moquant
de celui qui ne pouvait voir, et heureux quand ils distin-
guaient quelque chose mieux qu'avec leurs yeux qu'ils ont
généralement fort bons.
Souvent après' ces observations, pendant que nous re-
plions bagage, l'un d'eux nous invitait à prendre le thé
sous sa tente. Quel nombre de tasses avons-nous bu ainsi,
de ce thé sirupeux et sentant la menthe, servi avec des
galettes et du beurre, pas toujours très frais, même avec
du couscous! Ce fut surtout chez les Mzamza et les Ouled-
Saïd que nous trouvâmes l'accueil le plus cordial, les invi-
tations Jes plus fréquentes et nous pouvons presque dire
un véritable plaisir à voir un Français.
La géodésie a été poussée dans toute l'étendue de la
Chaouïa, d'Azemmour au Mqarto, et de la côte à quelques
kilomètres de Mechra-ecli-Chair. Après le départ du com-
mandant Prudhomme, en octobre, et du lieutenant Gilbert,
en février 1909, auctin officier géodésien ne vint continuer
les opérations. D'ailleurs le ministre de la Guerre avait
limité à l'Oum-er-Rbia, au méridien 10, 50 et au parallèle
36,50 la région à lever.
Le Service géographique de l'armée a été chargé d'effec-
tuer les tirages et a dressé une carte, encours d'impression
au 1/100.000°. tirée en trois couleurs, d'une grande partie
de la Chaouïa.
Le Service géographique a ainsi coopéré de son mieux à
l'œuvre de corps de débarquement. Sa part ne peut que
profiter à la cause de la pénétration française. Ces cartes
donneront une idée plus exacte de ce pays si riche de la
Chaouïa, où nos troupes se sont distinguées, que tant de
nos camarades ont arrosé de leur sang et où maintenant,
grâce à la vaillance de nos troupiers et à l'énergie- du chef
qui les a. commandés, le nom français est aimé et respecté.
F. GILBERT,
Lieutenant breveté d'infanterie,
Détaché au Service géographique de l'armée.
La Frontière Orano-Marocaine Sud
On doit avoir encore bien présent à la mémoire
les événements qui se sont récemment déroulés
sur la lisière du Sud-Oranais ; puisqu'il nous a
été donné d'aller personnellement flâner de ce
côté, qu'il nous soit permis d'y faire allusion et
de consigner ici quelques impressions et obser-
vations. Nous ne voulons pas non plus nous
contenter de ce que nous avons noté nous-mêmes,
mais rapporter aussi les renseignements que nous
avons pu puiser aux meilleures sources, à seule
fin d'éclairer autant que possible la question et
de bien préciser la situation présente en définis-
sant le rôle qu'il semble que nous soyons appelés
à jouer en ce coin de notre grand Empire de
l'Afrique du Nord.
La poussée de notre frontière algérienne vers
l'Ouest ne date pas d'hier. Au Nord, comme nous
le rappelions dans un précédent Bulletin, il y a
plus d'un demi-siècle que nous repoussions notre
frontière ; mais par un malencontreux traité nous
nous étions lié les mains, acceptant en principe
une délimitation irrationnelle fixée jusqu'à un
chaînon montagneux et, pour être plus précis,
jusqu'à un colle franchissant (Teniet-Sassi). Au
delà le champ était libre, une région de hauts
plateaux,s'étendait jusqu'au Sahara à proprement
parler; aussi notre sphère d'action' s'accroissant il
n'y avait pas de raison pour ne pas chercher à
pousser plus avant. C'est ce que firent de nos
hardis- officiers il y aura quarante ans tout à
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général de Wimpffen en 4 870, puis ceux des
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