Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1913-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1913 01 janvier 1913
Description : 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23). 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787733p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 63
fusils, découvre que celui du major avait un
viseur en mauvais état,
Une autre fois, elle nous raconte avec le plus
grand sérieux comment un jour, à l'heure de la
sieste, réveillés par des craquements dans les
buissons, ils demandent aux nègres la cause de
ce bruit insolite ; ceux-ci de répondre que c'est
sans doute un mana (1), ce que voyant, nos voya-
geurs font de sérieux préparatifs de chasse; les
nègres, pris de frayeur, essaient vainement de les
en détourner, en disant que le mana doit être
petit, tout petit. Ils espéraient ainsi calmer l'agi-
tation des voyageurs, dont l'excitation tomba
bientôt en effet :
Le bruit augmente, l'herbe craque et bruit, des nuages
de fumée s'élèvent dans l'air calme : les porteurs étaient
en train de mettre le feu au sous-bois afin de nous ouvrir
un sentier à travers la végétation luxuriante (2).
Nos voyageurs ne parvinrent pas, pendant tout
leur séjour en Afrique, à tuer ni même à voir un
lion, malgré de nombreuses alertes :
Soir et matin nous chassions ; nous trouvions souvent des
traces de bubales ou de lions ; mais l'épaisseur du fourré
nous empêchait de voir quoi que ce soit. Ce maquis s'éle-
vait jusqu'à 1 mètre ou 1 m. 50, et les branches nous frap-
paient dans les yeux quand nous le traversions. Cependant
l'attente nous maintenait joyeux, je portais toujours une
carabine 31,3 et -Talbot un revolver, car son poignet
était trop faible pour tenir un fusil; toute sa confiance
reposait sur cette arme, qui devait servir à achever le lion.
Elle s'était munie aussi d'une petite boîte contenant des
munitions ; durant l'expédition, elle eut 1 occasion d ouvrir
cette boîte et n'y trouva que des pastilles de menthe : les
deux boîtes étant identiques avaient été interchangées (3).
Le but que se proposait miss Macleod en quit-
tant Garoua était de se rendre au Tchad en pas-
sant à travers le Cameroun et les territoires fran-
çais qui environnent le lac au Sud. Aucun événe-
ment remarquable ne signala le passage des
voyageurs à travers le territoire allemand. Miss
Macleod note cependant avec étonnement que,
par suite des difficultés de la langue allemande,
les nègres ne parviennent pas à l'apprendre et
que les officiers et les administrateurs se sont vus
contraints de donner leurs ordres en anglais.
A la frontière française, le lieutenant Bertaut,
résident militaire français àLéré, avait envoyé un
sergent de Sénégalais, accompagné de quatre
soldats. Ces cinq hommes avaient pour mission
■de souhaiter la bienvenue aux voyageurs et de
les escorter jusqu'à Léré. Miss Macleod, pas plus
d'ailleurs que Mr Talbot, ne laisse passer au-
cune occasion de faire l'éloge des Français et de
leurs soldats, « dont la popularité parmi les
nègres, dit-elle, est remarquable (4) » :
Ils n'ont pas brillante apparence et dans les casernes se
montrent parfois assez indisciplinés. mais, sur le champ de
bataille ils sont au-dessus de tout élog-e Lorsque leurs
chefs ont su gagner leur affection et leur confiance, ils la
conservent toujours et l'on n'a jamais vu un Sénégalais
abandonner ses officiers pendant la bataille (5).
(1) Lamantin (Manatus).
(2) P. 13.
:; (8) P. 28
(4) P. 32.
(5) P. 136.
Mr Talbot dit d'ailleurs en parlant de la
France :
Il est probable qu'aucune autre nation n'aurait essayé
de conquérir et de policer une aussi vaste région avec
d'aussi faibles forces. Sauf quelques rares accidents, l'oc-
cupation a été conduite avec un succès tout à fait in-
croyable. Le résultat obtenu est encore plus remarquable
si l'on considère l'état social et religieux des popula-
tions (1).
Nos voyageurs, accompagnés des cinq Sénéga-
lais, passèrent la nuit à Biparé. Le chef indigène
leur fit un présent de bienvenue consistant en
provisions pour eux et leur escorte. Les chefs ne
perdent d'ailleurs rien à cette coutume, car la
politesse exige que, en échange des produits de
peu de valeur si loin de la côte, tels que œufs,
volailles, miel, auxquels s'ajoute parfois un -o
chevreau, le blanc offre des objets manufacturés,
étoffes, verroteries, vêtements confectionnés,
dont les nègres se parent de la plus singulière
façon; on leur donne aussi du sel, et même de.
vieilles boîtes de conserves, dont ils utilisent
l'étain ou le plomb à la fabrication, d'ornements
grossiers.
A Léré, le lieutenant Bertaut avait fait pré-
parer par les indigènes une grande réception,
assez semblable aux fantasias de l'Afrique du
Nord. Grâce aux facilités qu'il put leur procurer,
les voyageurs se rendirent au lac Léré pour y
pêcher et y chasser. La réputation de férocité
faile aux peuplades de ses bords ne leur parut
pas justifiée. Miss Macleod prend même plaisir
à signaler quelques traces d'industrie.rudimen-
taire; elle rencontra des femmes occupées à
façonner de grossières poteries, ornées de dessins
faits avec un coquillage; ces poteries étaient en-
suite recouvertes d'un verni obtenu à l'aide d'une
espèce de mimosa. Miss Macleod signale aussi
une sorte de métier à tisser dont elle se procura
un modèle.
Accompagné du lieutenant Bertaut et de
Mr Talbot, Miss Macleod fit une très fatigante
expédition aux chutes du Mayo-Kabi, expédition
pendant laquelle elle montra une grande endu-
rance et une remarquable énergie (2).
Les trois voyageurs traversèrent ensuite la ré-
gion du Toubouri, région semi-lacustre, semi-
fluviale, fort désagréable d'ailleurs; les naturels,
très sauvages, portent un costume bizarre, dont la
partie principale consiste en une sorte de queue
de fourrure qu'ils fixent au bas du dos et qui les
fait ressembler d'une façon extraordinaire à de
grands singes. Miss Macleod note que les
champs de ces nègres sont fort bien cultivés; ils
plantent le maïs en lignes espacées, séparées par
des sortes de canaux pour l'écoulement des eaux.
Un séjour de trois jours à Kerra permit à
M'" Talbot de chasser l'hippopotame; cette chasse
faillit se terminer tragiquement, M. Talbot ayant
été piqué par un serpent venimeux.
(l) P. AMAURY TALBOT, Journal of the african Society, t. XI.
Juillet 1912, p, 314 393.
12 Voir la lettre du lieutenant LANCRENON sur cette expédition
d.ins La Géographie, 1911, vol XXIII, p. 237. '
fusils, découvre que celui du major avait un
viseur en mauvais état,
Une autre fois, elle nous raconte avec le plus
grand sérieux comment un jour, à l'heure de la
sieste, réveillés par des craquements dans les
buissons, ils demandent aux nègres la cause de
ce bruit insolite ; ceux-ci de répondre que c'est
sans doute un mana (1), ce que voyant, nos voya-
geurs font de sérieux préparatifs de chasse; les
nègres, pris de frayeur, essaient vainement de les
en détourner, en disant que le mana doit être
petit, tout petit. Ils espéraient ainsi calmer l'agi-
tation des voyageurs, dont l'excitation tomba
bientôt en effet :
Le bruit augmente, l'herbe craque et bruit, des nuages
de fumée s'élèvent dans l'air calme : les porteurs étaient
en train de mettre le feu au sous-bois afin de nous ouvrir
un sentier à travers la végétation luxuriante (2).
Nos voyageurs ne parvinrent pas, pendant tout
leur séjour en Afrique, à tuer ni même à voir un
lion, malgré de nombreuses alertes :
Soir et matin nous chassions ; nous trouvions souvent des
traces de bubales ou de lions ; mais l'épaisseur du fourré
nous empêchait de voir quoi que ce soit. Ce maquis s'éle-
vait jusqu'à 1 mètre ou 1 m. 50, et les branches nous frap-
paient dans les yeux quand nous le traversions. Cependant
l'attente nous maintenait joyeux, je portais toujours une
carabine 31,3 et -Talbot un revolver, car son poignet
était trop faible pour tenir un fusil; toute sa confiance
reposait sur cette arme, qui devait servir à achever le lion.
Elle s'était munie aussi d'une petite boîte contenant des
munitions ; durant l'expédition, elle eut 1 occasion d ouvrir
cette boîte et n'y trouva que des pastilles de menthe : les
deux boîtes étant identiques avaient été interchangées (3).
Le but que se proposait miss Macleod en quit-
tant Garoua était de se rendre au Tchad en pas-
sant à travers le Cameroun et les territoires fran-
çais qui environnent le lac au Sud. Aucun événe-
ment remarquable ne signala le passage des
voyageurs à travers le territoire allemand. Miss
Macleod note cependant avec étonnement que,
par suite des difficultés de la langue allemande,
les nègres ne parviennent pas à l'apprendre et
que les officiers et les administrateurs se sont vus
contraints de donner leurs ordres en anglais.
A la frontière française, le lieutenant Bertaut,
résident militaire français àLéré, avait envoyé un
sergent de Sénégalais, accompagné de quatre
soldats. Ces cinq hommes avaient pour mission
■de souhaiter la bienvenue aux voyageurs et de
les escorter jusqu'à Léré. Miss Macleod, pas plus
d'ailleurs que Mr Talbot, ne laisse passer au-
cune occasion de faire l'éloge des Français et de
leurs soldats, « dont la popularité parmi les
nègres, dit-elle, est remarquable (4) » :
Ils n'ont pas brillante apparence et dans les casernes se
montrent parfois assez indisciplinés. mais, sur le champ de
bataille ils sont au-dessus de tout élog-e Lorsque leurs
chefs ont su gagner leur affection et leur confiance, ils la
conservent toujours et l'on n'a jamais vu un Sénégalais
abandonner ses officiers pendant la bataille (5).
(1) Lamantin (Manatus).
(2) P. 13.
:; (8) P. 28
(4) P. 32.
(5) P. 136.
Mr Talbot dit d'ailleurs en parlant de la
France :
Il est probable qu'aucune autre nation n'aurait essayé
de conquérir et de policer une aussi vaste région avec
d'aussi faibles forces. Sauf quelques rares accidents, l'oc-
cupation a été conduite avec un succès tout à fait in-
croyable. Le résultat obtenu est encore plus remarquable
si l'on considère l'état social et religieux des popula-
tions (1).
Nos voyageurs, accompagnés des cinq Sénéga-
lais, passèrent la nuit à Biparé. Le chef indigène
leur fit un présent de bienvenue consistant en
provisions pour eux et leur escorte. Les chefs ne
perdent d'ailleurs rien à cette coutume, car la
politesse exige que, en échange des produits de
peu de valeur si loin de la côte, tels que œufs,
volailles, miel, auxquels s'ajoute parfois un -o
chevreau, le blanc offre des objets manufacturés,
étoffes, verroteries, vêtements confectionnés,
dont les nègres se parent de la plus singulière
façon; on leur donne aussi du sel, et même de.
vieilles boîtes de conserves, dont ils utilisent
l'étain ou le plomb à la fabrication, d'ornements
grossiers.
A Léré, le lieutenant Bertaut avait fait pré-
parer par les indigènes une grande réception,
assez semblable aux fantasias de l'Afrique du
Nord. Grâce aux facilités qu'il put leur procurer,
les voyageurs se rendirent au lac Léré pour y
pêcher et y chasser. La réputation de férocité
faile aux peuplades de ses bords ne leur parut
pas justifiée. Miss Macleod prend même plaisir
à signaler quelques traces d'industrie.rudimen-
taire; elle rencontra des femmes occupées à
façonner de grossières poteries, ornées de dessins
faits avec un coquillage; ces poteries étaient en-
suite recouvertes d'un verni obtenu à l'aide d'une
espèce de mimosa. Miss Macleod signale aussi
une sorte de métier à tisser dont elle se procura
un modèle.
Accompagné du lieutenant Bertaut et de
Mr Talbot, Miss Macleod fit une très fatigante
expédition aux chutes du Mayo-Kabi, expédition
pendant laquelle elle montra une grande endu-
rance et une remarquable énergie (2).
Les trois voyageurs traversèrent ensuite la ré-
gion du Toubouri, région semi-lacustre, semi-
fluviale, fort désagréable d'ailleurs; les naturels,
très sauvages, portent un costume bizarre, dont la
partie principale consiste en une sorte de queue
de fourrure qu'ils fixent au bas du dos et qui les
fait ressembler d'une façon extraordinaire à de
grands singes. Miss Macleod note que les
champs de ces nègres sont fort bien cultivés; ils
plantent le maïs en lignes espacées, séparées par
des sortes de canaux pour l'écoulement des eaux.
Un séjour de trois jours à Kerra permit à
M'" Talbot de chasser l'hippopotame; cette chasse
faillit se terminer tragiquement, M. Talbot ayant
été piqué par un serpent venimeux.
(l) P. AMAURY TALBOT, Journal of the african Society, t. XI.
Juillet 1912, p, 314 393.
12 Voir la lettre du lieutenant LANCRENON sur cette expédition
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