Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1913-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1913 01 janvier 1913
Description : 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23). 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787733p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 205
Matadi de Léopoldville. Quand nous étions à Ma-
tadi, 1.000 tonnes y attendaient les moyens de
transport. Le chemin de fer du Congo, tel qu'il
existe aujourd'hui, présente pour le gouverne-
ment belge un double problème : le premier est
de savoir s'il est possible de transformer la voie
actuelle en une voie plus large, capable de porter
du matériel lourd, et ce problème initial est de
solution douteuse ; le second peut se résumer
ainsi : à supposer que la ligne soit reconstruite, à
frais immenses pour le Trésor belge, quelle ga-
rantie la Belgique a-t-elle que la France s'ab-
stienne de construire une voie qui reliera la
côte française jusqu'au confluent du Kasaï avec le
fleuve? Si cette éventualité se réalise, c'en est
fait du chemin de fer belge. Le Haut-Congo serait
rapproché de l'Europe de cinq journées pour les
voyageurs et la poste; quant aux marchandises,
elles atteindraient leur destination en trois ou
quatre semaines de moins qu'aujourd'hui. » On
sait que des propositions ont été faites par la
Compagnie au gouvernement, en décembre 1911,
en vue de la transformation de la ligne en ligne
de grande capacité, à écartement de 1.067, à
inclinaisons modérées, et à grands rayons de
courbe, transformation jugée immédiatement né-
cessaire. Jusqu'à ce jour, ces propositions n'ont
pas reçu de suite. Quant à la concurrence éven-
tuelle d'un chemin de fer parallèle français, le
Mouvement géographique croit devdir rassurer
sur ce point, M. Harris. « La ligne belge trans-
formée, plus courte d'un tiers que la voie fran-
çaise projetée, dotée d'un port d'attache facile
et sûr, offrant d'aussi bonnes conditions de tracé
et de rampe que la voie concurrente, serait
imbattable, sous le triple rapport des tarifs, de la
durée des transports, et du confort. » En même
temps, les Belges pensent aussi à améliorer le
cours inférieur du Congo. En aval de Boma, les
navires ont à suivre plusieurs passes sinueuses,
très étroites et ensablées, où la navigation est
pénible et même dangereuse. A l'endroit appelé
la Roche-Fétiche, à 120 kilomètres environ en
aval de Boma, malgré les deux dragues em-
ployées, on maintient difficilement une profon-
deur de 19 à 20 pieds, à l'époque des basses eaux.
Les bateaux de la Compagnie belge maritime
du Congo, qui calent 23 pieds et demi à 24 pieds,
sont obligés de s'alléger, pendant une grande par-
tie de l'année. Or, loin de réduire leur tonnage,
il faudrait, au contraire, l'augmenter, pour pou-
voir abaisser le taux du fret. Aussi propose-t-on
de creuser, dans le fleuve, un chenal permanent
ayant, aux basses eaux, une profondeur de 24
ou 25 pieds.
M. Harris se demande sur quelles richesses
on peut compter pour assurer l'avenir de la co-
lonie, et ici, il se montre franchement pessi-
miste. Le caoutchouc commence à s'épuiser,
l'ivoire se raréfie, les produits du palmier à huile
contribuent médiocrement à l'exportation, le co-
ton n'a pas d'avenir. Seules les cultures de cacao
sont pleines de promesses. Quant aux richesses
minérales elles sont incertaines encore et, d'ail-
leurs, susceptibles de s'épuiser. Au reste, toutes
les entreprises congolaises sont menacées d'être,
à l'avenir, paralysées par le manque de main-
d'œuvre.
En sa qualité d'ancien missionnaire, le révé-
rend Harris se préoccupe avant tout, du sort des
indigènes. Il voudrait voir l'Afrique appartenir à
celles des puissances européennes qui lui semblent
offrir des garanties, pour la manière amicale de
traiter les Noirs. Au nombre de ces puissances ne
figure pas, selon lui, la Belgique, non plus que
l'Allemagne, que le Portugal, et partiellement, la
France. A cet égard, il n'a pleine confiance que
dans sa propre nation. A l'écouter, la colonisation
belge serait envisagée, uniquement, comme l'ex-
ploitation du caoutchouc, pratiquée au moyen
du Nègre esclave. Cependant l'on ne voit nulle
part, dans les rapports consulaires, que les agents
congolais aient commis des crimes, des délits, ou
même de simples violences. M. Harris paraît ou-
blier cette affirmation de lui-même, contenue
dans le Livre Blanc anglais de 1911 : « Dans
toutes nos investigations, disait-il, nous n'avons
pas encore découvert de violences commises, sur
la personne des indigènes, et il n'y en a pas qui
nous aient été rapportées. » Dans la même publi-
cation, le consul Campbell reconnaissait que « le
traitement des indigènes, aux mains des agents
de l'Etat, s'est amélioré, d'une façon sensible ».
Voici maintenant le témoign age du consul à Boma,
dans le Livre Blanc anglais, contenant la corres-
pondance échangée de novembre 1911 à no-
vembre 1912 : « Après une observation d'une
année au Congo, j'ai acquis la conviction que la
volonté et les efforts du gouvernement belge,
pour mettre un terme aux mauvais traitements
infligés aux indigènes, et pour administrer la co-
lonie d'une façon correcte, se manifestent par la
conduite énergique de tous les hauts fonction-
naires. » « Mon séjour, dit-il encore, m'a permis
de recueillir amplement la preuve que le gouver-
nement congolais s'efforce de mener à bien la
tâche pleine de difficultés qui consiste à mettre
l'administration du pays sur le même pied que
celui des autres colonies européennes de l'Afrique
Occidentale. » On sait, d'ailleurs, que depuis plu-
sieurs années, le roi Albert, le ministre des Colo-
nies et les hautes personnalités du monde colo-
nial belge n'ont cessé, en toute circonstance, de
proclamer que la Belgique avait pleinement con-
science des devoirs qu'elle avait assumés envers
l'humanité noire, et qu'elle était absolument ré-
solue à les remplir. « La vérité essentielle dont la
nouvelle administration doit se pénétrer, a dit le
colonel Thys, c'est que la principale richesse au
Congo, c'est le Nègre. » Ce serait faire injure aux
Belges, disait encore en juillet 1912, le ministre
Renkin, de supposer qu'il puisse être question de
revenir à l'ancienne politique. Le gouvernement,
ajoutait-il, se considère comme le protecteur des
indigènes, et c'est en leur faveur qu'il disposera
de toutes les terres.
M. Harris, si sévère, quand il parle de la poli-
tique indigène au Congo belge, ne l'est pas moins,
Matadi de Léopoldville. Quand nous étions à Ma-
tadi, 1.000 tonnes y attendaient les moyens de
transport. Le chemin de fer du Congo, tel qu'il
existe aujourd'hui, présente pour le gouverne-
ment belge un double problème : le premier est
de savoir s'il est possible de transformer la voie
actuelle en une voie plus large, capable de porter
du matériel lourd, et ce problème initial est de
solution douteuse ; le second peut se résumer
ainsi : à supposer que la ligne soit reconstruite, à
frais immenses pour le Trésor belge, quelle ga-
rantie la Belgique a-t-elle que la France s'ab-
stienne de construire une voie qui reliera la
côte française jusqu'au confluent du Kasaï avec le
fleuve? Si cette éventualité se réalise, c'en est
fait du chemin de fer belge. Le Haut-Congo serait
rapproché de l'Europe de cinq journées pour les
voyageurs et la poste; quant aux marchandises,
elles atteindraient leur destination en trois ou
quatre semaines de moins qu'aujourd'hui. » On
sait que des propositions ont été faites par la
Compagnie au gouvernement, en décembre 1911,
en vue de la transformation de la ligne en ligne
de grande capacité, à écartement de 1.067, à
inclinaisons modérées, et à grands rayons de
courbe, transformation jugée immédiatement né-
cessaire. Jusqu'à ce jour, ces propositions n'ont
pas reçu de suite. Quant à la concurrence éven-
tuelle d'un chemin de fer parallèle français, le
Mouvement géographique croit devdir rassurer
sur ce point, M. Harris. « La ligne belge trans-
formée, plus courte d'un tiers que la voie fran-
çaise projetée, dotée d'un port d'attache facile
et sûr, offrant d'aussi bonnes conditions de tracé
et de rampe que la voie concurrente, serait
imbattable, sous le triple rapport des tarifs, de la
durée des transports, et du confort. » En même
temps, les Belges pensent aussi à améliorer le
cours inférieur du Congo. En aval de Boma, les
navires ont à suivre plusieurs passes sinueuses,
très étroites et ensablées, où la navigation est
pénible et même dangereuse. A l'endroit appelé
la Roche-Fétiche, à 120 kilomètres environ en
aval de Boma, malgré les deux dragues em-
ployées, on maintient difficilement une profon-
deur de 19 à 20 pieds, à l'époque des basses eaux.
Les bateaux de la Compagnie belge maritime
du Congo, qui calent 23 pieds et demi à 24 pieds,
sont obligés de s'alléger, pendant une grande par-
tie de l'année. Or, loin de réduire leur tonnage,
il faudrait, au contraire, l'augmenter, pour pou-
voir abaisser le taux du fret. Aussi propose-t-on
de creuser, dans le fleuve, un chenal permanent
ayant, aux basses eaux, une profondeur de 24
ou 25 pieds.
M. Harris se demande sur quelles richesses
on peut compter pour assurer l'avenir de la co-
lonie, et ici, il se montre franchement pessi-
miste. Le caoutchouc commence à s'épuiser,
l'ivoire se raréfie, les produits du palmier à huile
contribuent médiocrement à l'exportation, le co-
ton n'a pas d'avenir. Seules les cultures de cacao
sont pleines de promesses. Quant aux richesses
minérales elles sont incertaines encore et, d'ail-
leurs, susceptibles de s'épuiser. Au reste, toutes
les entreprises congolaises sont menacées d'être,
à l'avenir, paralysées par le manque de main-
d'œuvre.
En sa qualité d'ancien missionnaire, le révé-
rend Harris se préoccupe avant tout, du sort des
indigènes. Il voudrait voir l'Afrique appartenir à
celles des puissances européennes qui lui semblent
offrir des garanties, pour la manière amicale de
traiter les Noirs. Au nombre de ces puissances ne
figure pas, selon lui, la Belgique, non plus que
l'Allemagne, que le Portugal, et partiellement, la
France. A cet égard, il n'a pleine confiance que
dans sa propre nation. A l'écouter, la colonisation
belge serait envisagée, uniquement, comme l'ex-
ploitation du caoutchouc, pratiquée au moyen
du Nègre esclave. Cependant l'on ne voit nulle
part, dans les rapports consulaires, que les agents
congolais aient commis des crimes, des délits, ou
même de simples violences. M. Harris paraît ou-
blier cette affirmation de lui-même, contenue
dans le Livre Blanc anglais de 1911 : « Dans
toutes nos investigations, disait-il, nous n'avons
pas encore découvert de violences commises, sur
la personne des indigènes, et il n'y en a pas qui
nous aient été rapportées. » Dans la même publi-
cation, le consul Campbell reconnaissait que « le
traitement des indigènes, aux mains des agents
de l'Etat, s'est amélioré, d'une façon sensible ».
Voici maintenant le témoign age du consul à Boma,
dans le Livre Blanc anglais, contenant la corres-
pondance échangée de novembre 1911 à no-
vembre 1912 : « Après une observation d'une
année au Congo, j'ai acquis la conviction que la
volonté et les efforts du gouvernement belge,
pour mettre un terme aux mauvais traitements
infligés aux indigènes, et pour administrer la co-
lonie d'une façon correcte, se manifestent par la
conduite énergique de tous les hauts fonction-
naires. » « Mon séjour, dit-il encore, m'a permis
de recueillir amplement la preuve que le gouver-
nement congolais s'efforce de mener à bien la
tâche pleine de difficultés qui consiste à mettre
l'administration du pays sur le même pied que
celui des autres colonies européennes de l'Afrique
Occidentale. » On sait, d'ailleurs, que depuis plu-
sieurs années, le roi Albert, le ministre des Colo-
nies et les hautes personnalités du monde colo-
nial belge n'ont cessé, en toute circonstance, de
proclamer que la Belgique avait pleinement con-
science des devoirs qu'elle avait assumés envers
l'humanité noire, et qu'elle était absolument ré-
solue à les remplir. « La vérité essentielle dont la
nouvelle administration doit se pénétrer, a dit le
colonel Thys, c'est que la principale richesse au
Congo, c'est le Nègre. » Ce serait faire injure aux
Belges, disait encore en juillet 1912, le ministre
Renkin, de supposer qu'il puisse être question de
revenir à l'ancienne politique. Le gouvernement,
ajoutait-il, se considère comme le protecteur des
indigènes, et c'est en leur faveur qu'il disposera
de toutes les terres.
M. Harris, si sévère, quand il parle de la poli-
tique indigène au Congo belge, ne l'est pas moins,
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