Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1913-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1913 01 janvier 1913
Description : 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23). 1913/01/01 (N1,A23)-1913/12/31 (N12,A23).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9787733p
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 171
parole imprudente, où les relations seront assurées entre
l'Algérie et le Maroc, comme le demande avec raison
M. Gaudin de Villaine. Je regrette qu'elles ne l'aient pas
été plus tôt.
M. GAUDIN DE VILLAINE. — Je l'ai demandé dès le début,
il y a six ans
M. LE MINISTRE. — C"est là l'objectif à atteindre, car il
est inadmissible que l'Algérie reste séparée du Maroc, qui
forme son complément naturel. Le général Lyautey ne
fera cette liaison, et le gouvernement ne l'autorisera que
le jotir où elle ne présentera plus aucune difficulté.
Sur la rive gauche de la Moulouïa nous nous avançons
sur Taza, faisant seulement œuvre de police, et non des
opérations militaires. Le général Alix, qui commande dans
l'Est marocain, connaît admirablement l'Algérie et surtout
les Confins marocains où il se trouve depuis si longtemps.
Il est compétent entre tous, ses moyens d'action consis-
tent à agir sur les tribus par des moyens politiques en
engageant des relations avec les chefs.
M. GAUDIN DE VILLAINE. — Avec de l'argent!
M. LE MINISTRE. — Peu à peu, le général Alix est arrivé,
en apaisant les uns, en refoulant les autres, à poursuivre
sa route et à gagner du terrain.
A l'heure actuelle, messieurs, je peux le dire, et vous
n'avez qu'à consulter une carte du Maroc pour le constater
vous-même, le général Alix est à la kasbah M'Soun, entre
la Moulouïa et Taza, à quelque 40 kilomètres de Taza. Il
n'a pas eu un seul coup de feu à tirer. Vraiment, c'est
une excellente opération admirablement conduite. (Appro-
bation.)
Voilà, messieurs, ce que je voulais dire pour rassurer
le Sénat. Vous voyez que la situation n'a rien d'alarmant
et ne saurait comporter l'envoi des renforts considérables
dont on parlait tout à l'heure.
M. GAUDIN DE VILLAINE. — Je n'ai jamais dit cela. J'ai
simplement dit qu'il faudrait 150.000 hommes pour con-
quérir le Maroc.
M. LE MINISTRE. — Je crois vraiment, messieurs, et je
désire vivement faire partager au Sénat la profonde con-
viction qui m'anime, qu'avec les forces dont nous dispo-
sons actuellement, nous sommes dans d'excellentes condi-
tions, et j'estime que le Sénat n'a qu'à se louer d'avoir,
jusqu'à ce jour, suivi d'un œil favorable l'action française
au Maroc.
N'en déplaise à M Gaudin de Villaine qui me. reproche
de terminer mes discours en faisant appel aux sentiments
patriotiques, je ne dirai pour finir qu'un mot : c'est que
rien ne me touche plus que l'héroïsme, c'est que je n'ad-
mire rien tant que la vaillance des soldats français qui
sont là bas. ( Vifs applaudissements sur un grand nombre de
bancs.)
L'Allemagne et le Maroc. — Les bonnes
âmes qui s'imaginent que nous pourrons bientôt
fermer la rubrique « L'Allemagne et le Maroc »,
qui, depuis 1905, encombre nos colonnes... et la
politique de notre pays, feront bien de lire les
résumés que la presse a publiés de la séance tenue
le 2 avril par la Commission du budget du Reichs -
tag. Ce jour-là, après avoir écouté M. de Jagow, le
nouveau ministre des Affaires étrangères, qui lui
a parlé de la crise balkanique, la commission a
entendu le sous-secrétaire d'Etat, M. Zimmer-
mann, faire en réponse à quelques questions sur
le Maroc, des déclarations qui méritent de ne pas
passer inaperçues.
Le sous-secrétaire d'Etat, invité à dire quelques
mots de la question minière, a répondu : « La
France n'a pas fait de propositions tendant à por-
ter ombrage à nos intérêts miniers. C'est un
sujet qui va venir au premier rang, maintenant
que les négociations franco-espagnoles sont ter-
minées. Tant que 1 erèglement minier ne sera pas
en vigueur l'Allemagne ne consentira à aucune
exportation de minerai. s
M. Zimmermann parla ensuite du meurtre de
l'Allemand Opitz, assassiné à Marrakech. Les
assassins furent arrêtés, puis relâchés lors du sou-
lèvement d'El Hiba. On a remis la main sur l'un
d'entre eux. Son châtiment ne se fera pas attendre.
On règlera ensuite la queslion de l'indemnité.
M. Zimmermann a ajouté que dans l'affaire Stœs-
sel, le gouvernement français a reconnu le point
essentiel : la justesse du point de vue allemand.
On doit donc espérer qu'on aboutira à un règle-
ment à l'amiable.
Quant à la situation des ports marocains, elle
laisse encore beaucoup à désirer. Le gouverne-
ment n'a pas manqué de faire à ce sujet de nom-
breuses représentations. Les plaintes ne cesseront
que lorsque ces ports seront terminés. « Une
société allemande s'est chargée, dit-il, de l'achè-
vement de celui de Larache L'adjudication des
travaux de Casablanca vient d'avoir lieu et celle
des travaux de Tanger est imminente. En ce qui
concerne le régime des protégés et' celui de la
poste allemande, il est inexact que la France en
ait demandé la suppression. »
Ces réponses montrent une fois de plus le tort
que l'on a eu de céder en 1911 une grosse tranche
du Congo sans régler vraiment l'affaire du Maroc.
Celle-ci servira au gouvernement de Berlin, de
t pression sur nous chaque fois qu'il croira pouvoir
nous imposer quelque chose, elle sera exploitée
par lui pour donner, en prenant à notre égard un
ton désobligeant et supérieur, des satisfactions
au chauvinisme irascible qui règne aujourd'hui
dans presque tous les milieux allemands. Et le
fait que ce ton ait été pris par M. Zimmermann et
quelques jours après par M. de Bethmann-Hollweg',
dont l'impertinence pour être paisible ne fut que
plus sensible, à une époque ou le gouvernement
de Berlin a intérêt à ne pas irriter notre opinion
saisie en ce moment de la loi de trois ans, montre
quelles bourrades nos aimables voisins nous
enverront dans les côtes si cette loi nécessaire
n'est pas votée. C'est sans doute au Maroc que
chercherait encore des occasions la politique alle-
mande, encouragée à tout si nous ne répondons
pas virilement à la nouvelle loi militaire que le
Reichstag vient de voter.
R. C.
Le statut de Tanger. — Après la popula-
tion européenne, c'est la population musulmane
de Tanger qui a exprimé ses vœux à la Commis-
sion franco-hispano-anglaise réunie à Madrid.
Quatre délégués sont allés dans ce but auprès de
la Commission et lui ont demandé : 1" que toutes
les fonctions officielles dont les titulaires devront
être désignés par le makhzen soient réservées aux
musulmans de la zone de Tanger, à l'exclusion
de ceux des autres zones; 2° que la future muni-
cipalité tienne compte dans la répartition des
emplois publics, de la prépondérance numérique
de l'élément musulman de Tanger; 3" l'autonomie
religieuse complète et l'attribution aux musul-
parole imprudente, où les relations seront assurées entre
l'Algérie et le Maroc, comme le demande avec raison
M. Gaudin de Villaine. Je regrette qu'elles ne l'aient pas
été plus tôt.
M. GAUDIN DE VILLAINE. — Je l'ai demandé dès le début,
il y a six ans
M. LE MINISTRE. — C"est là l'objectif à atteindre, car il
est inadmissible que l'Algérie reste séparée du Maroc, qui
forme son complément naturel. Le général Lyautey ne
fera cette liaison, et le gouvernement ne l'autorisera que
le jotir où elle ne présentera plus aucune difficulté.
Sur la rive gauche de la Moulouïa nous nous avançons
sur Taza, faisant seulement œuvre de police, et non des
opérations militaires. Le général Alix, qui commande dans
l'Est marocain, connaît admirablement l'Algérie et surtout
les Confins marocains où il se trouve depuis si longtemps.
Il est compétent entre tous, ses moyens d'action consis-
tent à agir sur les tribus par des moyens politiques en
engageant des relations avec les chefs.
M. GAUDIN DE VILLAINE. — Avec de l'argent!
M. LE MINISTRE. — Peu à peu, le général Alix est arrivé,
en apaisant les uns, en refoulant les autres, à poursuivre
sa route et à gagner du terrain.
A l'heure actuelle, messieurs, je peux le dire, et vous
n'avez qu'à consulter une carte du Maroc pour le constater
vous-même, le général Alix est à la kasbah M'Soun, entre
la Moulouïa et Taza, à quelque 40 kilomètres de Taza. Il
n'a pas eu un seul coup de feu à tirer. Vraiment, c'est
une excellente opération admirablement conduite. (Appro-
bation.)
Voilà, messieurs, ce que je voulais dire pour rassurer
le Sénat. Vous voyez que la situation n'a rien d'alarmant
et ne saurait comporter l'envoi des renforts considérables
dont on parlait tout à l'heure.
M. GAUDIN DE VILLAINE. — Je n'ai jamais dit cela. J'ai
simplement dit qu'il faudrait 150.000 hommes pour con-
quérir le Maroc.
M. LE MINISTRE. — Je crois vraiment, messieurs, et je
désire vivement faire partager au Sénat la profonde con-
viction qui m'anime, qu'avec les forces dont nous dispo-
sons actuellement, nous sommes dans d'excellentes condi-
tions, et j'estime que le Sénat n'a qu'à se louer d'avoir,
jusqu'à ce jour, suivi d'un œil favorable l'action française
au Maroc.
N'en déplaise à M Gaudin de Villaine qui me. reproche
de terminer mes discours en faisant appel aux sentiments
patriotiques, je ne dirai pour finir qu'un mot : c'est que
rien ne me touche plus que l'héroïsme, c'est que je n'ad-
mire rien tant que la vaillance des soldats français qui
sont là bas. ( Vifs applaudissements sur un grand nombre de
bancs.)
L'Allemagne et le Maroc. — Les bonnes
âmes qui s'imaginent que nous pourrons bientôt
fermer la rubrique « L'Allemagne et le Maroc »,
qui, depuis 1905, encombre nos colonnes... et la
politique de notre pays, feront bien de lire les
résumés que la presse a publiés de la séance tenue
le 2 avril par la Commission du budget du Reichs -
tag. Ce jour-là, après avoir écouté M. de Jagow, le
nouveau ministre des Affaires étrangères, qui lui
a parlé de la crise balkanique, la commission a
entendu le sous-secrétaire d'Etat, M. Zimmer-
mann, faire en réponse à quelques questions sur
le Maroc, des déclarations qui méritent de ne pas
passer inaperçues.
Le sous-secrétaire d'Etat, invité à dire quelques
mots de la question minière, a répondu : « La
France n'a pas fait de propositions tendant à por-
ter ombrage à nos intérêts miniers. C'est un
sujet qui va venir au premier rang, maintenant
que les négociations franco-espagnoles sont ter-
minées. Tant que 1 erèglement minier ne sera pas
en vigueur l'Allemagne ne consentira à aucune
exportation de minerai. s
M. Zimmermann parla ensuite du meurtre de
l'Allemand Opitz, assassiné à Marrakech. Les
assassins furent arrêtés, puis relâchés lors du sou-
lèvement d'El Hiba. On a remis la main sur l'un
d'entre eux. Son châtiment ne se fera pas attendre.
On règlera ensuite la queslion de l'indemnité.
M. Zimmermann a ajouté que dans l'affaire Stœs-
sel, le gouvernement français a reconnu le point
essentiel : la justesse du point de vue allemand.
On doit donc espérer qu'on aboutira à un règle-
ment à l'amiable.
Quant à la situation des ports marocains, elle
laisse encore beaucoup à désirer. Le gouverne-
ment n'a pas manqué de faire à ce sujet de nom-
breuses représentations. Les plaintes ne cesseront
que lorsque ces ports seront terminés. « Une
société allemande s'est chargée, dit-il, de l'achè-
vement de celui de Larache L'adjudication des
travaux de Casablanca vient d'avoir lieu et celle
des travaux de Tanger est imminente. En ce qui
concerne le régime des protégés et' celui de la
poste allemande, il est inexact que la France en
ait demandé la suppression. »
Ces réponses montrent une fois de plus le tort
que l'on a eu de céder en 1911 une grosse tranche
du Congo sans régler vraiment l'affaire du Maroc.
Celle-ci servira au gouvernement de Berlin, de
t pression sur nous chaque fois qu'il croira pouvoir
nous imposer quelque chose, elle sera exploitée
par lui pour donner, en prenant à notre égard un
ton désobligeant et supérieur, des satisfactions
au chauvinisme irascible qui règne aujourd'hui
dans presque tous les milieux allemands. Et le
fait que ce ton ait été pris par M. Zimmermann et
quelques jours après par M. de Bethmann-Hollweg',
dont l'impertinence pour être paisible ne fut que
plus sensible, à une époque ou le gouvernement
de Berlin a intérêt à ne pas irriter notre opinion
saisie en ce moment de la loi de trois ans, montre
quelles bourrades nos aimables voisins nous
enverront dans les côtes si cette loi nécessaire
n'est pas votée. C'est sans doute au Maroc que
chercherait encore des occasions la politique alle-
mande, encouragée à tout si nous ne répondons
pas virilement à la nouvelle loi militaire que le
Reichstag vient de voter.
R. C.
Le statut de Tanger. — Après la popula-
tion européenne, c'est la population musulmane
de Tanger qui a exprimé ses vœux à la Commis-
sion franco-hispano-anglaise réunie à Madrid.
Quatre délégués sont allés dans ce but auprès de
la Commission et lui ont demandé : 1" que toutes
les fonctions officielles dont les titulaires devront
être désignés par le makhzen soient réservées aux
musulmans de la zone de Tanger, à l'exclusion
de ceux des autres zones; 2° que la future muni-
cipalité tienne compte dans la répartition des
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de l'élément musulman de Tanger; 3" l'autonomie
religieuse complète et l'attribution aux musul-
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