Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1940 01 mars 1940
Description : 1940/03/01 (A18,N201)-1940/03/31. 1940/03/01 (A18,N201)-1940/03/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97592256
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
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La fête du Mouton à Tunis (21 Janvier 1940). Un permissionnaire achète
. un mouton pour la fête traditionnelle.
ABRAHAM
ET
MAHOMET
« Y ORSQU'iLs furent arrivés au lieu que Dieu
L lui avait dit, Abraham y éleva un autel et
rangea le bois. Il lia son fils Isaac et le mit
sur l'autel, par-dessus le bois. Puis, Abraham
étendit la main et prit le couteau pour égorger
son fils.
« Alors un ange de l'Éternel l'appela des cieux
et dit : « Abraham 1 Abraham 1 » Et il répondit :
« Me voici ! » L'ange dit : « N'avance pas ta
main sur l'enfant et ne lui fais rien, car je sais
maintenant que tu crains Dieu et que tu ne
m'as pas refusé ton fils, ton unique ». Abraham
leva les yeux et vit derrière lui un bélier retenu
dans un buisson par les cornes ; et Abraham alla
prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la
place de son fils. JI
Ainsi parle la Genèse.
Le mouton sacrifié par Abraham est à l'ori-
gine de l'Aïd el Kebir (fête du Mouton).
Célébré par tout l'Islam, Abraham, le pa-
triarche bédouin, n'est-il pas le père du mono-
théisme, et, comme tel, Mahomet fait de lui le
fondateur de la Kaaba de La Mecque et le créa-
teur du pèlerinage de La Mecque.
C'est pourquoi des millions de moutons, dans
tout le monde de l'Islam, ont vécu leur dernière
heure le dixième jour du mois de doul hidja, qui
correspond au dimanche 21 janvier de notre
calendrier.
Le mouton tué à l'Aïd el Kebir, dit la doc-
toresse Legey dans son remarquable essai de
folklore marocain, fera passer sur son dos, au
jour du jugement dernier, le pont tranchant à
celui au nom de qui il aura été sacrifié.
On tire un augure au moment de la mort de
l'animal. Dès qu'il a le cou tranché, on doit le
porter chez le pacha de la ville. S'il a encore des
CALENDRIER DES FÊTES MUSULMANES EN 1940
soit 1358-1359 de l'Hégire. (1)
Dimanche 21 janvier (10 Doul hidja Mardi 17 septembre (14 châbàne
1358) : Aîd el Kebir, fête du Mouton. 1359) :
j- m ^ , Lilat Nass, fête spéciale à la nuit du
1359)1- février (1er moharrem 15e jour du mois de châbane.
1er jour de l'an Jeudi 3 octobre (1er ramadan 1359) :
Ramadan (début du jeûne d'un
Lundi 19 février (10 moharrem 1359) : mois).
Achoura, fête des Enfants. Lundi 28 octobre (26 ramadan 1359) :
Lilat el fêtes spéciales à la
Samedi 20 avril (12 rebia v L. 1359) : nuit du 270 Kadri, jour du jeûne du ramadan.
Aïd Mouloud, naissance du Prophète. Samedi 2 novembre (ler chaoual
Vendredi 30 août (26 rejeb 1359) : 1359) :
Lilat el Mâaraj, nuit de l'ascension Aït Seghir, fêtes de la fin du jeûne
du Prophète. du ramadan.
Ces dates sont susceptibles de modification selon l'apparition de la lune.
(1) On sait que Hégire (hidjra) signifie émigration. C'est dans la nuit du 16 juillet 622 que
Mahomet quitta La Mecque et émigra a Médine. Cet événement forme le point de départ de l'ère
musulmane.
LES DOUZE MOIS DE L'ANNÉE MUSULMANE
Premier mois ......... Moharrem. Septième mois ........... Rejeb.
Deuxième — Safar. Huitième — Châbane.
Troisième — Rebia Loul. Neuvième — Ramadan.
Quatrième — Rebia Tani. Dixième — Chaoual.
Cinquième — Joumad Loul. Onzième — Kaada.
Sixième — Joumad Tani. Douzième — Doul Hidja.
convulsions agoniques en arrivant, c'est que l'année sera heureuse et prospère.
S'il meurt en route, l'augure est des plus mauvais.
Dans chaque famille, on sacrifie un ou plusieurs moutons. On recueille dans
un récipient le premier sang qui coule, on y jette quelques grains de sel pour
en éloigner les génies et on le laisse se coaguler. Ensuite on tire un augure de
l'examen du sang. Si le sérum est très abondant, l'année sera pluvieuse ;
sinon, elle sera mauvaise.
. On fait ensuite sécher au soleil ce sang coagulé et on le conserve précieuse-
ment. On s'en servira au cours de l'année comme d'un parfum chargé de
« baraka » en le brûlant dans le brûle-parfums, dans les différentes circons-
tances de la vie.
Quand on a une fille méchante, on lui fait mordre trois fois le mouton sacri-
fié pendant qu'il a les dernières convulsions agoniques. Tout son esprit du mal
passe dans le mouton et meurt aveè lui.
On conserve aussi avec soin la peau du mouton de l'Aïd el Kebir. On s'en
sert généralement comme tapis de prière, et on la met aussi sur le lit de la
femme en couches pour faciliter son accouchement.
Ces détails et beaucoup d'autres, relevés par la doctoresse Legey, s'appliquent l'i
au folklore marocain.
Ces sacrifices, qui font revivre une tradition prophétique, apportent
aussi quelque soulagement aux pauvres (meskines) qui recueillent les reliefs -j
des festins; car pour l'Islam, les biens de ce monde sont impurs, il convient de
les purifier en les restituant partiellement à Allah.
Jean CHÉNIÈRES.
La iete du Mouton ou « La Tabaski » en A. O. F. - Le lavage des moutons.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 201 ............ MARS 1940
La fête du Mouton à Tunis (21 Janvier 1940). Un permissionnaire achète
. un mouton pour la fête traditionnelle.
ABRAHAM
ET
MAHOMET
« Y ORSQU'iLs furent arrivés au lieu que Dieu
L lui avait dit, Abraham y éleva un autel et
rangea le bois. Il lia son fils Isaac et le mit
sur l'autel, par-dessus le bois. Puis, Abraham
étendit la main et prit le couteau pour égorger
son fils.
« Alors un ange de l'Éternel l'appela des cieux
et dit : « Abraham 1 Abraham 1 » Et il répondit :
« Me voici ! » L'ange dit : « N'avance pas ta
main sur l'enfant et ne lui fais rien, car je sais
maintenant que tu crains Dieu et que tu ne
m'as pas refusé ton fils, ton unique ». Abraham
leva les yeux et vit derrière lui un bélier retenu
dans un buisson par les cornes ; et Abraham alla
prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la
place de son fils. JI
Ainsi parle la Genèse.
Le mouton sacrifié par Abraham est à l'ori-
gine de l'Aïd el Kebir (fête du Mouton).
Célébré par tout l'Islam, Abraham, le pa-
triarche bédouin, n'est-il pas le père du mono-
théisme, et, comme tel, Mahomet fait de lui le
fondateur de la Kaaba de La Mecque et le créa-
teur du pèlerinage de La Mecque.
C'est pourquoi des millions de moutons, dans
tout le monde de l'Islam, ont vécu leur dernière
heure le dixième jour du mois de doul hidja, qui
correspond au dimanche 21 janvier de notre
calendrier.
Le mouton tué à l'Aïd el Kebir, dit la doc-
toresse Legey dans son remarquable essai de
folklore marocain, fera passer sur son dos, au
jour du jugement dernier, le pont tranchant à
celui au nom de qui il aura été sacrifié.
On tire un augure au moment de la mort de
l'animal. Dès qu'il a le cou tranché, on doit le
porter chez le pacha de la ville. S'il a encore des
CALENDRIER DES FÊTES MUSULMANES EN 1940
soit 1358-1359 de l'Hégire. (1)
Dimanche 21 janvier (10 Doul hidja Mardi 17 septembre (14 châbàne
1358) : Aîd el Kebir, fête du Mouton. 1359) :
j- m ^ , Lilat Nass, fête spéciale à la nuit du
1359)1- février (1er moharrem 15e jour du mois de châbane.
1er jour de l'an Jeudi 3 octobre (1er ramadan 1359) :
Ramadan (début du jeûne d'un
Lundi 19 février (10 moharrem 1359) : mois).
Achoura, fête des Enfants. Lundi 28 octobre (26 ramadan 1359) :
Lilat el fêtes spéciales à la
Samedi 20 avril (12 rebia v L. 1359) : nuit du 270 Kadri, jour du jeûne du ramadan.
Aïd Mouloud, naissance du Prophète. Samedi 2 novembre (ler chaoual
Vendredi 30 août (26 rejeb 1359) : 1359) :
Lilat el Mâaraj, nuit de l'ascension Aït Seghir, fêtes de la fin du jeûne
du Prophète. du ramadan.
Ces dates sont susceptibles de modification selon l'apparition de la lune.
(1) On sait que Hégire (hidjra) signifie émigration. C'est dans la nuit du 16 juillet 622 que
Mahomet quitta La Mecque et émigra a Médine. Cet événement forme le point de départ de l'ère
musulmane.
LES DOUZE MOIS DE L'ANNÉE MUSULMANE
Premier mois ......... Moharrem. Septième mois ........... Rejeb.
Deuxième — Safar. Huitième — Châbane.
Troisième — Rebia Loul. Neuvième — Ramadan.
Quatrième — Rebia Tani. Dixième — Chaoual.
Cinquième — Joumad Loul. Onzième — Kaada.
Sixième — Joumad Tani. Douzième — Doul Hidja.
convulsions agoniques en arrivant, c'est que l'année sera heureuse et prospère.
S'il meurt en route, l'augure est des plus mauvais.
Dans chaque famille, on sacrifie un ou plusieurs moutons. On recueille dans
un récipient le premier sang qui coule, on y jette quelques grains de sel pour
en éloigner les génies et on le laisse se coaguler. Ensuite on tire un augure de
l'examen du sang. Si le sérum est très abondant, l'année sera pluvieuse ;
sinon, elle sera mauvaise.
. On fait ensuite sécher au soleil ce sang coagulé et on le conserve précieuse-
ment. On s'en servira au cours de l'année comme d'un parfum chargé de
« baraka » en le brûlant dans le brûle-parfums, dans les différentes circons-
tances de la vie.
Quand on a une fille méchante, on lui fait mordre trois fois le mouton sacri-
fié pendant qu'il a les dernières convulsions agoniques. Tout son esprit du mal
passe dans le mouton et meurt aveè lui.
On conserve aussi avec soin la peau du mouton de l'Aïd el Kebir. On s'en
sert généralement comme tapis de prière, et on la met aussi sur le lit de la
femme en couches pour faciliter son accouchement.
Ces détails et beaucoup d'autres, relevés par la doctoresse Legey, s'appliquent l'i
au folklore marocain.
Ces sacrifices, qui font revivre une tradition prophétique, apportent
aussi quelque soulagement aux pauvres (meskines) qui recueillent les reliefs -j
des festins; car pour l'Islam, les biens de ce monde sont impurs, il convient de
les purifier en les restituant partiellement à Allah.
Jean CHÉNIÈRES.
La iete du Mouton ou « La Tabaski » en A. O. F. - Le lavage des moutons.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 201 ............ MARS 1940
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