Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1940 01 avril 1940
Description : 1940/04/01 (A18,N202)-1940/04/30. 1940/04/01 (A18,N202)-1940/04/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9759224s
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
92
LE SUCCÈS ET LA GLOIRE
J.-H. ROSNY aîné s'en va, à
quatre-vingt-quatre ans, avec
une œuvre immense, à peu
près inconnue, dont il faut espérer
qu'elle ne sera pas enterrée avec lui.
La critique la ressuscitera-t-elle
dans un lointain avenir ? Car, dans
le présent, et pour le proche futur,
il y a d'autres préoccupations — et
les éditeurs qui l'ont négligé de son
vivant ne sont guère en mesure de
lui accorder les honneurs pos-
thumes de réédition de quelques-
uns des ouvrages les plus repré-
sentatifs de sa personnalité.
J.-H. Rosny aîné n'aura pas
connu le succès de librairie, les gros
tirages, la vaste consécration pu-
blique.
Par la présidence de l'Acadé-
mie Goncourt, son nom, à force
d'être répété, était allé à la foule,
dans un retentissement obscur, qui
n'était pas la gloire ! Combien res-
tons-nous d'admirateurs de ces
prodigieux débuts, du Bilatéral et
de Nell'Horn, parus chez un édi-
teur confidentiel, qui firent aux
deux frères une entrée triomphale
au Grenier d'Auteuil. Cela se ven-
dit à quelques centaines d'exem-
plaires et ne fut pas réimprimé.
L'admiration demeurait limitée aux
frontières littéraires, suscitée par
tant de fécondité du génie le plus
varié, qui se mouvait de la vie
contemporaine à la préhistoire avec
cette sensibilité incomparable...
L'homme primitif, les grands fauves
de la création du monde évoluaient
à nos regards aussi contemporains
que des personnages actuels : Eyri-
mah, Vahmireh nous sont deve-
nus familiers.
Et, avec les Xipéhus, la Guerre du
Feu, on a pu dire que, dans leurs
anticipations, les Rosny avaient
devancé Wells..
J.-H. Rosny aîné n'a pas forcé
le succès, mais un labeur obstiné
lui a conquis l'estime agissante de
ses pairs. Il fut, avec Justin, des
sept inscrits dans la promotion ini-
tiale de l'académie, par le fonda-
teur Edmond de Goncourt. La
Société des Gens de Lettres, par
l'effort de Jean Vignaud, n'avait
pas voulu le laisser vieillir dans une
médiocrité dédorée et lui avait
obtenu du gouvernement une pen-
sion d'honneur, en même temps
que la Ville de Paris lui en votait
une autre...
On avait songé au Prix Nobel,
mais l'œuvre de Rosny si peu ré-
pandue en France a-t-elle été
véhiculée à l'étranger ?
Avec 1914-1918, s'était disper-
sée la génération dont l'élite avait
pu se passionner pour ces grands
aînés... Avec 1940, ce doit être l'é-
clipse totale, dans l'impossibilité
de se procurer les romans anciens
de la collaboration fraternelle que
n'a pu égaler la production sépa-
rée, après une douloureuse rup-
ture.
Cependant, une noble tâche, un
devoir incombe à nos jeunes col-
lègues de chez Drouant. La situa-
tion a failli se trouver la même pour
Edmond et Jules de Goncourt. La
plupart de leurs livres, notam-
ment le Journal, étaient épuisés
après la Grande Guerre. Nous avons
obtenu la réédition de l'œuvre com-
plète. A nos cadets de sauver la
mémoire de celui qui a présidé à la
destinée de notre Académie, avec
tant de sagesse, de foi et de dignité.
Ce sera, en outre, l'occasion pour
quelques-uns de se familiariser avec
une œuvre qui leur sera une révé-
lation, et qui ne doit pas périr.
Jean A JALBERT,
de l'Académie Goncourt.
DEUX FILMS
D'EMPIRE
LA France est un Empire ! C'est là
une vérité que, depuis de longues
années déjà, Le Monde Colonial Illus-
tré s'efforce de mettre en évidence. C'est
aussi le titre d'un film qui passe actuel-
lement sur les écrans parisiens, d'un
très beau film qui donne une idée de
l'universalité en même temps que de
l'étendue de l'action de la France dans
son Empire.
Le spectateur parisien est un peu
éberlué par la diversité des images qui
lui passent sous les yeux : histoire de
l'Empire, méthodes de colonisation,
action sanitaire, enseignement, arti-
sanat, œuvres missionnaires et tolérance
religieuse, assimilation, équipement im-
périal, productions, économie des diverses
parties de l'Empire et défense impériale.
En sortant de la salle, le Parisien
moyen sait mieux qu'il est le compa-
triote de 110 millions d'hommes.
Bien différent, mais pareillement évo-
cateur de l'idée d'Empire, est l'Homme
du Niger. Si le film précédent est une
synthèse totale de la France impériale,
celui-ci, dans un cadre plus restreint,
nous fait connaître, à travers une action
romancée, quelques-unes des formes
de l'œuvre de la France. Le Dr Bour-
dais est le type de ces praticiens qui,
luttant pied à pied contre les fléaux
que sont en Afrique les grandes maladies
endémiques, le commandant Bréval est
le soldat colonial par excellence qui a
conquis, par sa droiture et sa noblesse de
caractère, les indigènes et les colons.
Deux figures typiquement représenta-
tives de notre action coloniale.
LA QUINZAINE IMPÉRIALE
LE haut commerce de Paris a estimé
que plus que jamais cette année,
la Quinzaine Impériale devait revê-
tir un éclat particulier et donner lieu
en quelque sorte à un prolongement du
Salon de la France d'outre-mer dans les
rues de la capitale.
En effet, cette manifestation coïnci-
dera exactement avec le Salon, du 2 au
19 mai prochain.
On ne saurait trop montrer au monde
toutes les ressources que nous pouvons
tirer de notre Empire et donner aux
Français le sentiment de la force qu'il
représente.
L'ÉCOLE COLONIALE
ET LA GUERRE
DANS cette guerre, dont certains disent
qu'elle n'est pas la guerre, des faits
d'arme sont cependant journelle-
ment accomplis !
Il nous est agréable de donner ci-
dessous les citations de deux anciens
élèves de l'École nationale de la France
d'outre-mer, tous deux sortis de l'École
en 1938, dans la promotion Charles de
Foucauld.
*
* *
Citation obtenue par le sous-lieute-
nant Binet en septembre 1939 :
« Jeune officier, remarquable de calme
et de sang-froid, ayant un très haut sen-
timent du devoir. A occupé de jour, avec
sa section, le 11 septembre 1939, un
point important du terrain où il s'est
maintenu en repoussant une série de
tentatives de débordement par des pa-
trouilles ennemies. »
* * *
Citation à l'ordre de la division obte-
nue par le sous-lieutenant Schmautz,
2e compagnie du 44e R. I. C. :
Brillant officier, volontaire pour toutes
les missions dangereuses. Commandant
d'une section franche, a fait preuve des
plus belles qualités d'allant et de déci-
sion. Le 4 janvier a mis en fuite un déta-
chement ennemi et l'a poursuivi en lui
causant des pertes sensibles ; le 9 jan-
vier a dégagé sa section d'une embus-
cade dans un terrain des plus difficile
et a mis ses adversaires en déroute, les
contraignant à abandonner un de leurs
blessés sur le terrain.
* * *
Si l'École coloniale peut ainsi s'en-
norgueillir de deux citations dans une
de ses plus jeunes promotions, elle a mal-
heureusement à déplorer la perte d'un
des siens : l'élève officier Georges Tardy,
mort en service aérien, le 26 février der-
nier, à Meknès dans un accident impré-
visible, à la fin d'un vol d'entraînement.
Ses camarades coloniaux qui se trou-
vaient à Meknès ont écrit à leur direc-
teur que cette disparition, loin d'a-
battre leur courage, leur fait davantage
aimer leur arme et renforce leur ardeur.
En temps de guerre comme en temps
de paix, l'École coloniale est une pépi-
nière d' * hommes » et de chefs.
NOS MÉDECINS EN INDOCHINE
Le [Gouverneur
général CATROUX,
accompagné
du Professeur
PASTEUR-
V ALLER -RADOT,
à droite, et de
M. CHARTON,
Directeur général de
l'Instruction
publique.
LE 9 janvier dernier, avait lieu, dans
le grand amphithéâtre de l'Uni-
versité indochinoise la remise solen-
nelle de leurs diplômes aux lauréats de
l'École de médecine et de pharmacie de
plein exercice de Hanoï.
L'enseignement n'avait, en effet, été
nullement arrêté par la guerre, et
dix-sept docteurs en médecine, six
pharmaciens et dix
sages-femmes étaient
diplômés en présence
du général Catroux,
gouverneur général de
l'Indochine, et du
professeur Pasteur-
Vallery-Radot.
Dans son allocu-
tion, M. Charton,
directeur général de
l'Instruction pu-
blique, souligna le
sens de cette mani-
festation : persévé-
rance dans les devoirs
et les responsabilités
malgré les dures
nécessités de la
guerre.
Et la présence du
professeur Va lIer y-
Radot, qui apportait
à la cérémonie la
sanction de l'Univer-
sité de Paris, témoi-
gnait « de cette sorte
d'amitié et de tutelle »
qui ont fait que les
écoles d'Indochine
ont aenuis droit HP
cité dans l'Université française.
Après les allocutions de M. Charton
et du professeur Pasteur-Kalléry-Radot,
le gouverneur général Catroux défi-
nit magnifiquement le rôle de tels
établissements dans « la symbiose du
génie asiatique et du génie européen sur
laquelle nous voulons construire la des-
tinée de l'Indochine française ».
AU CONGO BELGE
(Du correspondant belge
du Monde Colonial Illustré.)
Bruxelles, le 5 mars 1940.
Une prétention injustifiable
et inadmissible.
LE Führer réclame des colonies, mais
il n'est pas indispensable que ce soient
les anciennes colonies allemandes.
Ceci nous fait, naturellement, dresser
l'oreille, à nous Belges.
Que ce soit le Congo Belge qui soit
visé, ou que ce soient des colonies hol-
landaises ou les portugaises, l'immoralité
de la suggestion reste la même.
Certes, Belgique, Hollande et Por-
tugal sont de petits pays, mais ce n'est
assurément pas là un motif pour les
priver du fruit de leurs initiatives cou-
rageuses et des immenses sacrifices
qu'elles leur ont coûtés.
Pour nous en tenir à la Belgique,
lorsque celle-ci entreprit son œuvre
coloniale, l'Allemagne était déjà un
grand empire, bien autrement puissant
que la Belgique. Rien n'empêchait le
Reich de faire montre du même esprit
d'initiative. Il n'en fit alors rien et ce
ne fut que par la suite qu'il commença
à se créer des colonies. La perte de
celles-ci le tourmente. Nous comprenons
la chose, mais il doit tout de même se
dire que cela nous tourmenterait aussi,
nous Belges, de nous voir enlever notre
Congo, soit en totalité, soit en partie.
Et cela nous irait d'autant plus au cœur
que nous n'aurions absolument rien
fait pour mériter ce sort.
Le Congo a été mis en état de défense.
Toutefois, personne au monde ne
pourrait s'imaginer que la Belgique
laisserait porter impunément la main
sur sa colonie. Tous nos gouvernants
l'ont solennellement proclamé à diverses
reprises, approuvés en cela par l'una-
mité du pays. Pour le surplus, de même
qu'elle a inlassablement renforcé la
défense de son sol métropolitain, la
Belgique a également, et non moins
activement, préparé la défense de sa
colonie.
Certes, des milliers de tombes belges :
officiers, missionnaires, fonctionnaires,
colons, jalonnent la colonie belge et
proclament nos droits imprescriptibles
sur elle, mais nous ne nous contentons
pas de cette affirmation platonique, et
notre actuel ministre des Colonies,
M. de Vleeschauwer, a fait mettre la
colonie en état de défense.
Pour le surplus, nos indigènes, qui
savent ce qu'ils nous doivent et com-
ment paternellement nous les traitons,
ne feraient qu'un avec nous pour la
défense de la colonie : cela, ils se plaisent
à le proclamer avec chaleur.
Reprise du service aérien sur
Madagascar, via le Congo.
Lorsque vous lirez ces lignes, Air-
Afrique, qui, depuis tout un temps déjà,
a repris son service hebdomadaire Alger-
Brazzaville (en face de Léopoldville,
la capitale du Congo Belge), aura repris
l'exploitation de sa ligne annexe hebdo-
madaire Bangui-Tananarive, via Stanley-
ville et Elisabethville.
Ce service Bangui-Tananarive double
le service annexe aérien belge (Sabena),
de Libengo à Elisabethville, via Stanley-
ville, service hebdomadaire, lui aussi,
tout comme le service Alger-Brazzaville
double le service Sabena Alger-Léopold-
ville, service hebdomadaire également.
Ainsi donc, et comme avant cette
guerre, nous avons deux services aériens
hebdomadaires sur le Congo : le vôtre
(Air-Afrique) et le nôtre (Sabena).
Ces deux services ne se font nullement
concurrence, car leur clientèle ne cesse
de se développer. Aussi, faut-il réserver
sa place longtemps d'avance.
La croissante popularité
du service aérien.
On jugera de la popularité de la
liaison aérienne Belgique-Congo en com-
parant les chiffres que voici, à nous
communiqués par Sabena.
Liaison Belgique-Congo par « Sabena ».
1935 1939
(12 mois). (8 mois 1/5).
Km. parcourus 369 600 726 932
Km. passagers 588 100 3 500 474
Tonnes km.
messageries. 5 050 74 851
Tonnes km.
poste ...... 15 555 87 009
Et la guerre sur mer avec ses dangers,
même pour les neutres (nous en savons,
hélas 1 quelque chose), ne fera que déve-
lopper le trafic aérien.
J. ROUSSEAUX.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 202 ........... AVRIL 1940
LE SUCCÈS ET LA GLOIRE
J.-H. ROSNY aîné s'en va, à
quatre-vingt-quatre ans, avec
une œuvre immense, à peu
près inconnue, dont il faut espérer
qu'elle ne sera pas enterrée avec lui.
La critique la ressuscitera-t-elle
dans un lointain avenir ? Car, dans
le présent, et pour le proche futur,
il y a d'autres préoccupations — et
les éditeurs qui l'ont négligé de son
vivant ne sont guère en mesure de
lui accorder les honneurs pos-
thumes de réédition de quelques-
uns des ouvrages les plus repré-
sentatifs de sa personnalité.
J.-H. Rosny aîné n'aura pas
connu le succès de librairie, les gros
tirages, la vaste consécration pu-
blique.
Par la présidence de l'Acadé-
mie Goncourt, son nom, à force
d'être répété, était allé à la foule,
dans un retentissement obscur, qui
n'était pas la gloire ! Combien res-
tons-nous d'admirateurs de ces
prodigieux débuts, du Bilatéral et
de Nell'Horn, parus chez un édi-
teur confidentiel, qui firent aux
deux frères une entrée triomphale
au Grenier d'Auteuil. Cela se ven-
dit à quelques centaines d'exem-
plaires et ne fut pas réimprimé.
L'admiration demeurait limitée aux
frontières littéraires, suscitée par
tant de fécondité du génie le plus
varié, qui se mouvait de la vie
contemporaine à la préhistoire avec
cette sensibilité incomparable...
L'homme primitif, les grands fauves
de la création du monde évoluaient
à nos regards aussi contemporains
que des personnages actuels : Eyri-
mah, Vahmireh nous sont deve-
nus familiers.
Et, avec les Xipéhus, la Guerre du
Feu, on a pu dire que, dans leurs
anticipations, les Rosny avaient
devancé Wells..
J.-H. Rosny aîné n'a pas forcé
le succès, mais un labeur obstiné
lui a conquis l'estime agissante de
ses pairs. Il fut, avec Justin, des
sept inscrits dans la promotion ini-
tiale de l'académie, par le fonda-
teur Edmond de Goncourt. La
Société des Gens de Lettres, par
l'effort de Jean Vignaud, n'avait
pas voulu le laisser vieillir dans une
médiocrité dédorée et lui avait
obtenu du gouvernement une pen-
sion d'honneur, en même temps
que la Ville de Paris lui en votait
une autre...
On avait songé au Prix Nobel,
mais l'œuvre de Rosny si peu ré-
pandue en France a-t-elle été
véhiculée à l'étranger ?
Avec 1914-1918, s'était disper-
sée la génération dont l'élite avait
pu se passionner pour ces grands
aînés... Avec 1940, ce doit être l'é-
clipse totale, dans l'impossibilité
de se procurer les romans anciens
de la collaboration fraternelle que
n'a pu égaler la production sépa-
rée, après une douloureuse rup-
ture.
Cependant, une noble tâche, un
devoir incombe à nos jeunes col-
lègues de chez Drouant. La situa-
tion a failli se trouver la même pour
Edmond et Jules de Goncourt. La
plupart de leurs livres, notam-
ment le Journal, étaient épuisés
après la Grande Guerre. Nous avons
obtenu la réédition de l'œuvre com-
plète. A nos cadets de sauver la
mémoire de celui qui a présidé à la
destinée de notre Académie, avec
tant de sagesse, de foi et de dignité.
Ce sera, en outre, l'occasion pour
quelques-uns de se familiariser avec
une œuvre qui leur sera une révé-
lation, et qui ne doit pas périr.
Jean A JALBERT,
de l'Académie Goncourt.
DEUX FILMS
D'EMPIRE
LA France est un Empire ! C'est là
une vérité que, depuis de longues
années déjà, Le Monde Colonial Illus-
tré s'efforce de mettre en évidence. C'est
aussi le titre d'un film qui passe actuel-
lement sur les écrans parisiens, d'un
très beau film qui donne une idée de
l'universalité en même temps que de
l'étendue de l'action de la France dans
son Empire.
Le spectateur parisien est un peu
éberlué par la diversité des images qui
lui passent sous les yeux : histoire de
l'Empire, méthodes de colonisation,
action sanitaire, enseignement, arti-
sanat, œuvres missionnaires et tolérance
religieuse, assimilation, équipement im-
périal, productions, économie des diverses
parties de l'Empire et défense impériale.
En sortant de la salle, le Parisien
moyen sait mieux qu'il est le compa-
triote de 110 millions d'hommes.
Bien différent, mais pareillement évo-
cateur de l'idée d'Empire, est l'Homme
du Niger. Si le film précédent est une
synthèse totale de la France impériale,
celui-ci, dans un cadre plus restreint,
nous fait connaître, à travers une action
romancée, quelques-unes des formes
de l'œuvre de la France. Le Dr Bour-
dais est le type de ces praticiens qui,
luttant pied à pied contre les fléaux
que sont en Afrique les grandes maladies
endémiques, le commandant Bréval est
le soldat colonial par excellence qui a
conquis, par sa droiture et sa noblesse de
caractère, les indigènes et les colons.
Deux figures typiquement représenta-
tives de notre action coloniale.
LA QUINZAINE IMPÉRIALE
LE haut commerce de Paris a estimé
que plus que jamais cette année,
la Quinzaine Impériale devait revê-
tir un éclat particulier et donner lieu
en quelque sorte à un prolongement du
Salon de la France d'outre-mer dans les
rues de la capitale.
En effet, cette manifestation coïnci-
dera exactement avec le Salon, du 2 au
19 mai prochain.
On ne saurait trop montrer au monde
toutes les ressources que nous pouvons
tirer de notre Empire et donner aux
Français le sentiment de la force qu'il
représente.
L'ÉCOLE COLONIALE
ET LA GUERRE
DANS cette guerre, dont certains disent
qu'elle n'est pas la guerre, des faits
d'arme sont cependant journelle-
ment accomplis !
Il nous est agréable de donner ci-
dessous les citations de deux anciens
élèves de l'École nationale de la France
d'outre-mer, tous deux sortis de l'École
en 1938, dans la promotion Charles de
Foucauld.
*
* *
Citation obtenue par le sous-lieute-
nant Binet en septembre 1939 :
« Jeune officier, remarquable de calme
et de sang-froid, ayant un très haut sen-
timent du devoir. A occupé de jour, avec
sa section, le 11 septembre 1939, un
point important du terrain où il s'est
maintenu en repoussant une série de
tentatives de débordement par des pa-
trouilles ennemies. »
* * *
Citation à l'ordre de la division obte-
nue par le sous-lieutenant Schmautz,
2e compagnie du 44e R. I. C. :
Brillant officier, volontaire pour toutes
les missions dangereuses. Commandant
d'une section franche, a fait preuve des
plus belles qualités d'allant et de déci-
sion. Le 4 janvier a mis en fuite un déta-
chement ennemi et l'a poursuivi en lui
causant des pertes sensibles ; le 9 jan-
vier a dégagé sa section d'une embus-
cade dans un terrain des plus difficile
et a mis ses adversaires en déroute, les
contraignant à abandonner un de leurs
blessés sur le terrain.
* * *
Si l'École coloniale peut ainsi s'en-
norgueillir de deux citations dans une
de ses plus jeunes promotions, elle a mal-
heureusement à déplorer la perte d'un
des siens : l'élève officier Georges Tardy,
mort en service aérien, le 26 février der-
nier, à Meknès dans un accident impré-
visible, à la fin d'un vol d'entraînement.
Ses camarades coloniaux qui se trou-
vaient à Meknès ont écrit à leur direc-
teur que cette disparition, loin d'a-
battre leur courage, leur fait davantage
aimer leur arme et renforce leur ardeur.
En temps de guerre comme en temps
de paix, l'École coloniale est une pépi-
nière d' * hommes » et de chefs.
NOS MÉDECINS EN INDOCHINE
Le [Gouverneur
général CATROUX,
accompagné
du Professeur
PASTEUR-
V ALLER -RADOT,
à droite, et de
M. CHARTON,
Directeur général de
l'Instruction
publique.
LE 9 janvier dernier, avait lieu, dans
le grand amphithéâtre de l'Uni-
versité indochinoise la remise solen-
nelle de leurs diplômes aux lauréats de
l'École de médecine et de pharmacie de
plein exercice de Hanoï.
L'enseignement n'avait, en effet, été
nullement arrêté par la guerre, et
dix-sept docteurs en médecine, six
pharmaciens et dix
sages-femmes étaient
diplômés en présence
du général Catroux,
gouverneur général de
l'Indochine, et du
professeur Pasteur-
Vallery-Radot.
Dans son allocu-
tion, M. Charton,
directeur général de
l'Instruction pu-
blique, souligna le
sens de cette mani-
festation : persévé-
rance dans les devoirs
et les responsabilités
malgré les dures
nécessités de la
guerre.
Et la présence du
professeur Va lIer y-
Radot, qui apportait
à la cérémonie la
sanction de l'Univer-
sité de Paris, témoi-
gnait « de cette sorte
d'amitié et de tutelle »
qui ont fait que les
écoles d'Indochine
ont aenuis droit HP
cité dans l'Université française.
Après les allocutions de M. Charton
et du professeur Pasteur-Kalléry-Radot,
le gouverneur général Catroux défi-
nit magnifiquement le rôle de tels
établissements dans « la symbiose du
génie asiatique et du génie européen sur
laquelle nous voulons construire la des-
tinée de l'Indochine française ».
AU CONGO BELGE
(Du correspondant belge
du Monde Colonial Illustré.)
Bruxelles, le 5 mars 1940.
Une prétention injustifiable
et inadmissible.
LE Führer réclame des colonies, mais
il n'est pas indispensable que ce soient
les anciennes colonies allemandes.
Ceci nous fait, naturellement, dresser
l'oreille, à nous Belges.
Que ce soit le Congo Belge qui soit
visé, ou que ce soient des colonies hol-
landaises ou les portugaises, l'immoralité
de la suggestion reste la même.
Certes, Belgique, Hollande et Por-
tugal sont de petits pays, mais ce n'est
assurément pas là un motif pour les
priver du fruit de leurs initiatives cou-
rageuses et des immenses sacrifices
qu'elles leur ont coûtés.
Pour nous en tenir à la Belgique,
lorsque celle-ci entreprit son œuvre
coloniale, l'Allemagne était déjà un
grand empire, bien autrement puissant
que la Belgique. Rien n'empêchait le
Reich de faire montre du même esprit
d'initiative. Il n'en fit alors rien et ce
ne fut que par la suite qu'il commença
à se créer des colonies. La perte de
celles-ci le tourmente. Nous comprenons
la chose, mais il doit tout de même se
dire que cela nous tourmenterait aussi,
nous Belges, de nous voir enlever notre
Congo, soit en totalité, soit en partie.
Et cela nous irait d'autant plus au cœur
que nous n'aurions absolument rien
fait pour mériter ce sort.
Le Congo a été mis en état de défense.
Toutefois, personne au monde ne
pourrait s'imaginer que la Belgique
laisserait porter impunément la main
sur sa colonie. Tous nos gouvernants
l'ont solennellement proclamé à diverses
reprises, approuvés en cela par l'una-
mité du pays. Pour le surplus, de même
qu'elle a inlassablement renforcé la
défense de son sol métropolitain, la
Belgique a également, et non moins
activement, préparé la défense de sa
colonie.
Certes, des milliers de tombes belges :
officiers, missionnaires, fonctionnaires,
colons, jalonnent la colonie belge et
proclament nos droits imprescriptibles
sur elle, mais nous ne nous contentons
pas de cette affirmation platonique, et
notre actuel ministre des Colonies,
M. de Vleeschauwer, a fait mettre la
colonie en état de défense.
Pour le surplus, nos indigènes, qui
savent ce qu'ils nous doivent et com-
ment paternellement nous les traitons,
ne feraient qu'un avec nous pour la
défense de la colonie : cela, ils se plaisent
à le proclamer avec chaleur.
Reprise du service aérien sur
Madagascar, via le Congo.
Lorsque vous lirez ces lignes, Air-
Afrique, qui, depuis tout un temps déjà,
a repris son service hebdomadaire Alger-
Brazzaville (en face de Léopoldville,
la capitale du Congo Belge), aura repris
l'exploitation de sa ligne annexe hebdo-
madaire Bangui-Tananarive, via Stanley-
ville et Elisabethville.
Ce service Bangui-Tananarive double
le service annexe aérien belge (Sabena),
de Libengo à Elisabethville, via Stanley-
ville, service hebdomadaire, lui aussi,
tout comme le service Alger-Brazzaville
double le service Sabena Alger-Léopold-
ville, service hebdomadaire également.
Ainsi donc, et comme avant cette
guerre, nous avons deux services aériens
hebdomadaires sur le Congo : le vôtre
(Air-Afrique) et le nôtre (Sabena).
Ces deux services ne se font nullement
concurrence, car leur clientèle ne cesse
de se développer. Aussi, faut-il réserver
sa place longtemps d'avance.
La croissante popularité
du service aérien.
On jugera de la popularité de la
liaison aérienne Belgique-Congo en com-
parant les chiffres que voici, à nous
communiqués par Sabena.
Liaison Belgique-Congo par « Sabena ».
1935 1939
(12 mois). (8 mois 1/5).
Km. parcourus 369 600 726 932
Km. passagers 588 100 3 500 474
Tonnes km.
messageries. 5 050 74 851
Tonnes km.
poste ...... 15 555 87 009
Et la guerre sur mer avec ses dangers,
même pour les neutres (nous en savons,
hélas 1 quelque chose), ne fera que déve-
lopper le trafic aérien.
J. ROUSSEAUX.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 202 ........... AVRIL 1940
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