Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1933-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1933 01 janvier 1933
Description : 1933/01/01 (T10,A11,N113)-1933/12/31... 1933/01/01 (T10,A11,N113)-1933/12/31 (T10,A11,N124).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97459557
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/09/2016
1
64 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRE No 116. — AVRIL 1933.
BOSSUET PROPHÉTISE
LA PRISE D'ALGER
Le roi Louis XIV, outré des procédés bar-
baresques vis-à-vis des nationaux français,
sévices, injures, extorsions de fonds, se
décida à punir sévèrement Alger, et fit
bombarder la ville par l'escadre de Du-
quesne en 1682 et 1683.
Ce fut une action navale sans lendemain;
mais n'est-il pas intéressant de relire à ce
propos un passage de l'oraison funèbre
de la reine Marie-Thérèse, prononcée en
1683, et dans laquelle Bossuet prophétise
la prise d'Alger.
Bossuet, interpellant la ville africaine,
s'écrie :
« Tu céderas ou tu tomberas sous ce vain-
queur, Alger, riche des dépouilles de la
Chrétienté. Tu disais en ton cœur avare :
« Je liens la mer sous mes lois et les nations
« sont ma proie. » La légèreté de les vaisseaux
le donnait de la confiance ; mais tu te verras
attaquée dans tes murailles, comme un oiseau
ravissant qu'on irait chercher parmi ses
rochers et dans son nid, où il partage son
butin à ses petits. Tu rends déjà tes esclaves.
Louis a brisé les fers dont tu accablais ses
sujets, qui sont nés pour être libres sous son
glorieux empire. Tes maisons ne sont plus
qu'un amas de pierres. Dans ta brutale
fureur, tu te tournes contre toi-même et tu
ne sais comment assouvir la rage impuis-
sante. Mais nous verrons la fin de tes bri-
gandages. »
On vit cette fin en 1830.
LE NOUVEAU GOUVERNEUR
DU TCHAD
Succédant à M. de Coppet, nommé à un
autre poste, M. Brunot a été désigné par le
Gouvernement du Tchad. C'est, nos lec-
teurs le savent, un territoire de plus d'un
million de mètres carrés, peuplé d'environ
un million d'habitants. La tâche qui attend
le jeune gouverneur est grande, mais ne lui
fait pas peur.
Sorti d'une brillante promotion de l'Ecole
coloniale, M. Brunot a fait toute sa carrière
dans notre Afrique noire, où il a déjà servi
sous son chef d'aujourd'hui, le Gouverneur
général Antonetti.
Au Tchad, le problème est, avant tout,
dans ses données intérieures, d'ordre ali-
mentaire et social.
Il consiste essentiellement et en premier
lieu il aménager le jardin qui permettra à
ce million de bouches de manger à sa faim :
politique de culture vivrière. Encela, aucune
innovation; mais, si c'est possible, intensifi-
cation des méthodes suivies jusqu'à ce jour.
Fixer solidement au sol, dans'le groupe-
ment familial, dans son milieu, dans des
conditions normales de vie, de travail et
d'hygiène, une plante humaine encore fra-
gile parceque menacée, jusqu'à nous,de dépé-
rir; créer Iii-vas une race saine vigoureuse de
paysans indigènes: voilà de quoi occuper
l'activité du gouverneur Brunot, de quoi
satisfaire son esprit et son cœur naturelle-
ment généreux.
Tous nos vœux l'accompagnent.
Et l'on sait que l'on peut compter sur
M. Antonetti pour faire sortir le Tchad de
son isolement et l'articuler étroitement il
l'ensemble de notre Afrique.
LE DJEBEL DRUZE ET L'UNITÉ
SYRIENNE
Une grande réunion a eu lieu à Souie-
dah, dans le centre druze de Kanaouate,
à l'effet d'examiner la question du ratta-
chement du Djebel Druze à la République
syrienne ou le maintien de l'indépendance
administrative du Djebel.
Prenaient part à la réunion les plus
grands leaders druzes du Djebel, les mem-
bres du Conseil législatif, ainsi que de très
nombreuses personnalités venues de tou tes les
contrées du Djebel.
Examinant la situation actuelle du
Djebel et sa prospérité relative malgré la
crise qui sévit partout, la sécurité qui règne
sur tout le territoire, passant en revue enfin
toutes les circonstances militant en faveur
du rattachement ou du maintien de la
forme administrative, les assistants vo-
tèrent à la presque-unanimité le maintien
de l'indépendance.
Une motion fut votée par l'assistance,
faisant confiance au haut Commissaire et
approuvant ses dernières déclarations de-
vant la Commission des mandats. Elle rap-
pela que le Djebel veut rester dans le cadre
de l'indépendance que lui a octroyée la
Puissance Mandataire en 1920. Voilà qui
est un honneur pour la politique française
respectueuse du droit des gens.
LA DISSIDENCE AU MAROC
Un engagement fort sérieux s'est pro-
duit dans les environs du Tafilalet, au
Djebel Sagho.
Une harka de Berbères ayant été signalée
dans la montagne, une colonne avait été
organisée pour la repousser. Composée
presque exclusivement de forces supplé-
tives, goumiers et unités indigènes, elle
se heurta il des forces très nettement supé-
rieures. Nos pertes y furent sensibles.
Parmi les tués, on trouve le capitaine de
Bournazel, chef du Bureau de Renseigne-
ments du Talilalet et qui, l'an passé, avait
été le principal artisan de la conquête de
cette oasis. Officier de la Légion d'honneur
à 35 ans, il comptait parmi les of-
ficiers les plus brillants du Maroc. Malgré
tout la dissidence est à bout de souflle.
ACADÉMIE
DES SCIENCES COLONIALES
Pour fêter le dixième anniversaire de sa
fondation, et en présence de M. Albert
Lebrun, président de la République, l'Aca-
démie des Sciences coloniales a donné 't la
Sorbonne sa séance publique annuelle.
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
présidait la séance, assisté de M. Bourda-
rie, secrétaire perpétuel.
Deux intéressants mémoires furent lus
par M. Martineau sur les causes de la perte
du Canada et par M. Duchène sur les man-
dats coloniaux.
L'Académie a reçu du Comité de la Fon-
dation Lyautey une somme permettant
la création d'un prix annuel de 12.000 francs
appelé : Prix du Maréchal Lyautey et
destiné aux œuvres intéressant le Maroc.
S. M. BAO DAI REÇOIT LES HOMMAGES DES MANDARINS
S. M. Bao Daï continue la visite de son empire. Le jeune empereur a su se concilier l'es-
time et l'affection de tous. Il sait être le souverain hiératique capable d'attirer à lui tout
le vieux peuple croyant et religieux, mais aussi le souverain moderne capable de disci-
pliner toutes les aspirations du moderne Annam. S. M. Bao Daï peut compter sur la
France pour l'aider dans la grande tâche qu'il entreprend.
Le « Kolente », vapeur de la Compagnie des Transports Maritimes en A. O. F.,
aménagé spécialement pour le transport des bananes de la Guinée Française.
LES BANANES FRANÇAISES NOUS ARRIVENT
Le nouveau vapeur Kolenle a été construit
par les Chantiers et Ateliers de Provence,
pour le compte de la Compagnie des Trans-
ports Maritimes de l'A. O. F., et spéciale-
ment aménagé pour le transport des bananes
de la Guinée Française.
On sait, en effet, tous les soins qu'exige
la bonne conservation des bananes. Ces
fruits ne peuvent être chargés que dans des
compartiments où il faut veiller avec la
plus grande attention -,'l maintenir une tem-
pérature constante d'environ 16°. Cette
condition est particulièrement difficile à
réaliser entre la Guinée et la France, en
raison de la différence de climat. Il a fallu
pourtant y arriver.
Au cours de ces dernières années, l'ex-
portation des bananes de Guinée a pris
une importance considérable et qui ne fait
qu'augmenter ; insignifiante avant laguerre
limitée il 119 tonnes en 1919, elle a atteint
plus de 17 000 tonnes en 1932. Ce prodi-
gieux développement sullit à prouver qu'en
matière de production de bananes, la
Guinée est définitivement sortie de la pé-
riode des tâtonnements et des débuts.
Des capitaux de plus en plus nombreux ont
été investis dans les plantations.
Devant cet essor, la Compagnie des Char-
geurs Réunis, qui a la gérance de la C. T.
M., décida de construire deux vapeurs
munis des installations nécessaires. Le
premier de ces vapeurs est aujourd'hui
terminé. C'est le Kolenle qui va effectuer
son premier chargement à Konakry. II a
été béni lÙ-bas par l'évêque, l\lgr Lerouge,
en présence du gouverneur de la Guinée
et de Mme Vadier.
Il a été pourvu des plus modernes per-
fectionnements, et un dispositif mécanique
permet, selon la saison, de réchauffer l'air
des compartiments ou de le réfrigérer. En
même temps, un système de ventilation
très étudié a été établi pour assurer le re-
nouvellement constant de l'air et l'évacua-
tion continue de l'acide carbonique, si
nuisible à la conservation des bananes.
L. B.
PROPOS DU HARGNEUX
Rien, vous disais-je dans mon dernier
article.
Aujourd'hui, du nouveau, quelque chose
de sensationnel, tout au moins pour nous
coloniaux, car, pour ce qui est des métropo-
litains, rien ne saurait les distraire des
reportages sur l'assassinat d'un préfet
par une femme galante ou d'une femme
galante par un quelconque gigolo.
Il s'agit d'une information de Genève
reproduite par toute la Presse :
« M. Albert Sarraut, à qui sa clairvoyance
coloniale a fait comprendre, depuis long-
temps, qu'il serait prudent de jeter du
lest, propose aux nations européennes de
collaborer à la tâche des nations colonisa-
trices de mise en valeur d'immenses conti-
nents comme l'Afrique, assez vastes pour
associer le labeur solidaire de tous les
peuples européens. »
Sautant dans un avion de l'Air-Union,
j'ai volé jusqu'à Londres pour interviewer
M. Mac Donald, qui préside aux destinées
d'une nation, colonisatrice elle aussi.
« Aô, très intéressant, voulut bien me
confier le Premier Britannique après avoir
pris connaissance des déclarations deM. Sar-
raut, très intéressant ! Chère vieille nation,
toujours aussi généreuse 1 Mais je voulais
cette fois rendre la galanterie de Fontenoy
et je disais bien haut, en levant mon cha-
peau : Après vous, messieurs les Français. »
Ainsi donc, chers amis, l'honneur de
céder la place à nos excellents voisins en
chemise brune ou noire, ne vous sera dis-
puté par personne, faites part de la bonne
nouvelle partout autour de vous et vive à
jamais Albert Sarraut, ce ministre au grand
cœur 1
Dans sa clairvoyance coloniale, il a fini
par se rendre compte qu'on n'en finirait
jamais de mettre en valeur ce sacré domaine
d'outre-mer, qui, il faut bien le reconnaître,
constitue pour un gouvernement une source
d'embêtements variés. Si on fiche la paix
au nègre, si on le laisse ronfler le ventre au
soleil, des grincheux demandent de quel
droit on garde la terre improductive. Au
contraire, le lance-t-on dans la construc-
tion de routes, de chemins de fer, d'autres
Jérémies viennent protester au nom des
droits de l'Homme... Zut à la fin, prenons
une décision énergique, la décision de ne
rien faire, de passer la main !
On ne dira plus maintenant que le plus
colonial de nos ministres des Colonies crou-
pit dans l'inaction parmi les Ris et les
Amours...
Depuis cinquante ans, coloniaux, vous
avez conquis un immense empire à ce
pays; depuis cinquante ans, vous avez
peiné, lutté contre l'indolence des indi-
gènes, contre la paresse administrative,
la rigueur du climat la disette de capi-
taux, le manque d'organisation, le défaut
de moyens de communications, et, surtout,
contre la routine stupide de la Métropole;
maintenant, le temps est venu d'inviter
les petits copains à s'asseoir au feu, à mettre
la main à la calebasse de couscous... Hé
bin, mon colon, tu n'es pas encore content...
Qu'est-ce qu'il te faut, alors '?
T'en souviens-tu, vieux frère, quand tu
sautais comme un petit fou, avec les sol-
dats de couleur, dans les barbelés du Che-
min des Dames ?
On aimait les coloniaux à Paris ! Après
qu'on aurait gagné la guerre, on devait
leur faire bonne manière.. L'attachement
indéfectible de la République... Ah! ouatt!
Aujourd'hui, il est question de céder la
ferme et le cheptel avec.
« Il y a des précédents, susurre le chef de
bureau aux ordres. »
Du moment qu'il y a des précédents,
l'Administration n'objecte rien, et, si l'Ad-
ministration acquiesce, il ferait beau voir
que le colon rouspétât.
Et naturellement, pas une protestation,
dans les feuilles publiques d'ici, pas une
hésitation étonnée... Je vous ai dit qu'elles
s'affairaient, toutes, autour des femmes
brùlées vives ou coupées en morceaux.
Vous verrez que la chose la plus sur-
prenante, après la conquête de notre
deuxième grand empire colonial, ce sera
la manière dont nous le perdrons.
Dans cinquante ans, avais-je écrit...
Quelle erreur 1 Dans dix ans, mes amis,
dans dix ans —grâce aux spécialistes, aux
techniciens et aux compétences — on vous
aura fichus dehors... Vous viendrez vous
faire inscrire au chômage.
BAGHEERA.
64 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRE No 116. — AVRIL 1933.
BOSSUET PROPHÉTISE
LA PRISE D'ALGER
Le roi Louis XIV, outré des procédés bar-
baresques vis-à-vis des nationaux français,
sévices, injures, extorsions de fonds, se
décida à punir sévèrement Alger, et fit
bombarder la ville par l'escadre de Du-
quesne en 1682 et 1683.
Ce fut une action navale sans lendemain;
mais n'est-il pas intéressant de relire à ce
propos un passage de l'oraison funèbre
de la reine Marie-Thérèse, prononcée en
1683, et dans laquelle Bossuet prophétise
la prise d'Alger.
Bossuet, interpellant la ville africaine,
s'écrie :
« Tu céderas ou tu tomberas sous ce vain-
queur, Alger, riche des dépouilles de la
Chrétienté. Tu disais en ton cœur avare :
« Je liens la mer sous mes lois et les nations
« sont ma proie. » La légèreté de les vaisseaux
le donnait de la confiance ; mais tu te verras
attaquée dans tes murailles, comme un oiseau
ravissant qu'on irait chercher parmi ses
rochers et dans son nid, où il partage son
butin à ses petits. Tu rends déjà tes esclaves.
Louis a brisé les fers dont tu accablais ses
sujets, qui sont nés pour être libres sous son
glorieux empire. Tes maisons ne sont plus
qu'un amas de pierres. Dans ta brutale
fureur, tu te tournes contre toi-même et tu
ne sais comment assouvir la rage impuis-
sante. Mais nous verrons la fin de tes bri-
gandages. »
On vit cette fin en 1830.
LE NOUVEAU GOUVERNEUR
DU TCHAD
Succédant à M. de Coppet, nommé à un
autre poste, M. Brunot a été désigné par le
Gouvernement du Tchad. C'est, nos lec-
teurs le savent, un territoire de plus d'un
million de mètres carrés, peuplé d'environ
un million d'habitants. La tâche qui attend
le jeune gouverneur est grande, mais ne lui
fait pas peur.
Sorti d'une brillante promotion de l'Ecole
coloniale, M. Brunot a fait toute sa carrière
dans notre Afrique noire, où il a déjà servi
sous son chef d'aujourd'hui, le Gouverneur
général Antonetti.
Au Tchad, le problème est, avant tout,
dans ses données intérieures, d'ordre ali-
mentaire et social.
Il consiste essentiellement et en premier
lieu il aménager le jardin qui permettra à
ce million de bouches de manger à sa faim :
politique de culture vivrière. Encela, aucune
innovation; mais, si c'est possible, intensifi-
cation des méthodes suivies jusqu'à ce jour.
Fixer solidement au sol, dans'le groupe-
ment familial, dans son milieu, dans des
conditions normales de vie, de travail et
d'hygiène, une plante humaine encore fra-
gile parceque menacée, jusqu'à nous,de dépé-
rir; créer Iii-vas une race saine vigoureuse de
paysans indigènes: voilà de quoi occuper
l'activité du gouverneur Brunot, de quoi
satisfaire son esprit et son cœur naturelle-
ment généreux.
Tous nos vœux l'accompagnent.
Et l'on sait que l'on peut compter sur
M. Antonetti pour faire sortir le Tchad de
son isolement et l'articuler étroitement il
l'ensemble de notre Afrique.
LE DJEBEL DRUZE ET L'UNITÉ
SYRIENNE
Une grande réunion a eu lieu à Souie-
dah, dans le centre druze de Kanaouate,
à l'effet d'examiner la question du ratta-
chement du Djebel Druze à la République
syrienne ou le maintien de l'indépendance
administrative du Djebel.
Prenaient part à la réunion les plus
grands leaders druzes du Djebel, les mem-
bres du Conseil législatif, ainsi que de très
nombreuses personnalités venues de tou tes les
contrées du Djebel.
Examinant la situation actuelle du
Djebel et sa prospérité relative malgré la
crise qui sévit partout, la sécurité qui règne
sur tout le territoire, passant en revue enfin
toutes les circonstances militant en faveur
du rattachement ou du maintien de la
forme administrative, les assistants vo-
tèrent à la presque-unanimité le maintien
de l'indépendance.
Une motion fut votée par l'assistance,
faisant confiance au haut Commissaire et
approuvant ses dernières déclarations de-
vant la Commission des mandats. Elle rap-
pela que le Djebel veut rester dans le cadre
de l'indépendance que lui a octroyée la
Puissance Mandataire en 1920. Voilà qui
est un honneur pour la politique française
respectueuse du droit des gens.
LA DISSIDENCE AU MAROC
Un engagement fort sérieux s'est pro-
duit dans les environs du Tafilalet, au
Djebel Sagho.
Une harka de Berbères ayant été signalée
dans la montagne, une colonne avait été
organisée pour la repousser. Composée
presque exclusivement de forces supplé-
tives, goumiers et unités indigènes, elle
se heurta il des forces très nettement supé-
rieures. Nos pertes y furent sensibles.
Parmi les tués, on trouve le capitaine de
Bournazel, chef du Bureau de Renseigne-
ments du Talilalet et qui, l'an passé, avait
été le principal artisan de la conquête de
cette oasis. Officier de la Légion d'honneur
à 35 ans, il comptait parmi les of-
ficiers les plus brillants du Maroc. Malgré
tout la dissidence est à bout de souflle.
ACADÉMIE
DES SCIENCES COLONIALES
Pour fêter le dixième anniversaire de sa
fondation, et en présence de M. Albert
Lebrun, président de la République, l'Aca-
démie des Sciences coloniales a donné 't la
Sorbonne sa séance publique annuelle.
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
présidait la séance, assisté de M. Bourda-
rie, secrétaire perpétuel.
Deux intéressants mémoires furent lus
par M. Martineau sur les causes de la perte
du Canada et par M. Duchène sur les man-
dats coloniaux.
L'Académie a reçu du Comité de la Fon-
dation Lyautey une somme permettant
la création d'un prix annuel de 12.000 francs
appelé : Prix du Maréchal Lyautey et
destiné aux œuvres intéressant le Maroc.
S. M. BAO DAI REÇOIT LES HOMMAGES DES MANDARINS
S. M. Bao Daï continue la visite de son empire. Le jeune empereur a su se concilier l'es-
time et l'affection de tous. Il sait être le souverain hiératique capable d'attirer à lui tout
le vieux peuple croyant et religieux, mais aussi le souverain moderne capable de disci-
pliner toutes les aspirations du moderne Annam. S. M. Bao Daï peut compter sur la
France pour l'aider dans la grande tâche qu'il entreprend.
Le « Kolente », vapeur de la Compagnie des Transports Maritimes en A. O. F.,
aménagé spécialement pour le transport des bananes de la Guinée Française.
LES BANANES FRANÇAISES NOUS ARRIVENT
Le nouveau vapeur Kolenle a été construit
par les Chantiers et Ateliers de Provence,
pour le compte de la Compagnie des Trans-
ports Maritimes de l'A. O. F., et spéciale-
ment aménagé pour le transport des bananes
de la Guinée Française.
On sait, en effet, tous les soins qu'exige
la bonne conservation des bananes. Ces
fruits ne peuvent être chargés que dans des
compartiments où il faut veiller avec la
plus grande attention -,'l maintenir une tem-
pérature constante d'environ 16°. Cette
condition est particulièrement difficile à
réaliser entre la Guinée et la France, en
raison de la différence de climat. Il a fallu
pourtant y arriver.
Au cours de ces dernières années, l'ex-
portation des bananes de Guinée a pris
une importance considérable et qui ne fait
qu'augmenter ; insignifiante avant laguerre
limitée il 119 tonnes en 1919, elle a atteint
plus de 17 000 tonnes en 1932. Ce prodi-
gieux développement sullit à prouver qu'en
matière de production de bananes, la
Guinée est définitivement sortie de la pé-
riode des tâtonnements et des débuts.
Des capitaux de plus en plus nombreux ont
été investis dans les plantations.
Devant cet essor, la Compagnie des Char-
geurs Réunis, qui a la gérance de la C. T.
M., décida de construire deux vapeurs
munis des installations nécessaires. Le
premier de ces vapeurs est aujourd'hui
terminé. C'est le Kolenle qui va effectuer
son premier chargement à Konakry. II a
été béni lÙ-bas par l'évêque, l\lgr Lerouge,
en présence du gouverneur de la Guinée
et de Mme Vadier.
Il a été pourvu des plus modernes per-
fectionnements, et un dispositif mécanique
permet, selon la saison, de réchauffer l'air
des compartiments ou de le réfrigérer. En
même temps, un système de ventilation
très étudié a été établi pour assurer le re-
nouvellement constant de l'air et l'évacua-
tion continue de l'acide carbonique, si
nuisible à la conservation des bananes.
L. B.
PROPOS DU HARGNEUX
Rien, vous disais-je dans mon dernier
article.
Aujourd'hui, du nouveau, quelque chose
de sensationnel, tout au moins pour nous
coloniaux, car, pour ce qui est des métropo-
litains, rien ne saurait les distraire des
reportages sur l'assassinat d'un préfet
par une femme galante ou d'une femme
galante par un quelconque gigolo.
Il s'agit d'une information de Genève
reproduite par toute la Presse :
« M. Albert Sarraut, à qui sa clairvoyance
coloniale a fait comprendre, depuis long-
temps, qu'il serait prudent de jeter du
lest, propose aux nations européennes de
collaborer à la tâche des nations colonisa-
trices de mise en valeur d'immenses conti-
nents comme l'Afrique, assez vastes pour
associer le labeur solidaire de tous les
peuples européens. »
Sautant dans un avion de l'Air-Union,
j'ai volé jusqu'à Londres pour interviewer
M. Mac Donald, qui préside aux destinées
d'une nation, colonisatrice elle aussi.
« Aô, très intéressant, voulut bien me
confier le Premier Britannique après avoir
pris connaissance des déclarations deM. Sar-
raut, très intéressant ! Chère vieille nation,
toujours aussi généreuse 1 Mais je voulais
cette fois rendre la galanterie de Fontenoy
et je disais bien haut, en levant mon cha-
peau : Après vous, messieurs les Français. »
Ainsi donc, chers amis, l'honneur de
céder la place à nos excellents voisins en
chemise brune ou noire, ne vous sera dis-
puté par personne, faites part de la bonne
nouvelle partout autour de vous et vive à
jamais Albert Sarraut, ce ministre au grand
cœur 1
Dans sa clairvoyance coloniale, il a fini
par se rendre compte qu'on n'en finirait
jamais de mettre en valeur ce sacré domaine
d'outre-mer, qui, il faut bien le reconnaître,
constitue pour un gouvernement une source
d'embêtements variés. Si on fiche la paix
au nègre, si on le laisse ronfler le ventre au
soleil, des grincheux demandent de quel
droit on garde la terre improductive. Au
contraire, le lance-t-on dans la construc-
tion de routes, de chemins de fer, d'autres
Jérémies viennent protester au nom des
droits de l'Homme... Zut à la fin, prenons
une décision énergique, la décision de ne
rien faire, de passer la main !
On ne dira plus maintenant que le plus
colonial de nos ministres des Colonies crou-
pit dans l'inaction parmi les Ris et les
Amours...
Depuis cinquante ans, coloniaux, vous
avez conquis un immense empire à ce
pays; depuis cinquante ans, vous avez
peiné, lutté contre l'indolence des indi-
gènes, contre la paresse administrative,
la rigueur du climat la disette de capi-
taux, le manque d'organisation, le défaut
de moyens de communications, et, surtout,
contre la routine stupide de la Métropole;
maintenant, le temps est venu d'inviter
les petits copains à s'asseoir au feu, à mettre
la main à la calebasse de couscous... Hé
bin, mon colon, tu n'es pas encore content...
Qu'est-ce qu'il te faut, alors '?
T'en souviens-tu, vieux frère, quand tu
sautais comme un petit fou, avec les sol-
dats de couleur, dans les barbelés du Che-
min des Dames ?
On aimait les coloniaux à Paris ! Après
qu'on aurait gagné la guerre, on devait
leur faire bonne manière.. L'attachement
indéfectible de la République... Ah! ouatt!
Aujourd'hui, il est question de céder la
ferme et le cheptel avec.
« Il y a des précédents, susurre le chef de
bureau aux ordres. »
Du moment qu'il y a des précédents,
l'Administration n'objecte rien, et, si l'Ad-
ministration acquiesce, il ferait beau voir
que le colon rouspétât.
Et naturellement, pas une protestation,
dans les feuilles publiques d'ici, pas une
hésitation étonnée... Je vous ai dit qu'elles
s'affairaient, toutes, autour des femmes
brùlées vives ou coupées en morceaux.
Vous verrez que la chose la plus sur-
prenante, après la conquête de notre
deuxième grand empire colonial, ce sera
la manière dont nous le perdrons.
Dans cinquante ans, avais-je écrit...
Quelle erreur 1 Dans dix ans, mes amis,
dans dix ans —grâce aux spécialistes, aux
techniciens et aux compétences — on vous
aura fichus dehors... Vous viendrez vous
faire inscrire au chômage.
BAGHEERA.
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