Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1932 01 janvier 1932
Description : 1932/01/01 (T9,A10,N101)-1932/12/31 (T9,A10,N112). 1932/01/01 (T9,A10,N101)-1932/12/31 (T9,A10,N112).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97457366
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2016
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- SOMMAIRE
- N° 102. FÉVRIER 1932
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- N° 104. - AVRIL 1932
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- N° 105. - MAI 1932
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- .......... Page(s) .......... 107
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- .......... Page(s) .......... 108
- N° 107. - JUILLET 1932
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- N° 108. - AOÛT 1932
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- N° 109. - SEPTEMBRE 1932
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- .......... Page(s) .......... 172
- N° III. - NOVEMBRE 1932
- .......... Page(s) .......... 190
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- .......... Page(s) .......... 192
- .......... Page(s) .......... 194
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- .......... Page(s) .......... 199
- .......... Page(s) .......... 201
- .......... Page(s) .......... 202
- .......... Page(s) .......... 204
- .......... Page(s) .......... 204
- La Chronique des Livres, par le Chartiste
- N° 112. - DÉCEMBRE 1932
- .......... Page(s) .......... 206
- .......... Page(s) .......... 207
- .......... Page(s) .......... 208
- .......... Page(s) .......... 209
- .......... Page(s) .......... 211
- .......... Page(s) .......... 212
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- Chronique des Livres
4 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ N° 101. — JANVIER 1932
1932
1931 s'achève sur les derniers échos de l'Exposi-
tion Coloniale ; l'année que nous laissons derrière
nous aura été pour l'idée que nous défendons ici une
apothéose.'
Cette apothéose sera-t-elle suivie de l'indifférence
et de l'oubli ! Non, 1932 prolongera la faveur popu-
laire pour les colonies. Car l'Exposition n'est pas un
terme d'arrivée, mais un point de départ vers une
organisation rationnelle de notre domaine colonial,
vers une union étroite et harmonieuse de toutes les
parties de l'Empire français.
Le « Monde Colonial Illustré », qui entre dans sa
10e année, continuera dans ce sens ses efforts, grâce
à l'encouragement de ses nombreux lecteurs et
abonnés, à qui il adresse tous ses vœux de pros-
périté.
« Propagande ! propagande ! » écrit, quelqueslignes
plus bas,notre éminent collaborateur Albert Sarraut.
C'est la tâche aujourd'hui de tous les Français con-
scients de la grande destinée du pays.
A tous nos amis nous demandons donc de faire
lire et de faire connaître notre Revue. Que ceux qui
comprennent l'urgence de former dans la masse
nationale une véritable conscience « impériale »
nous apportent leur concours.
Comment? sous quelle forme?
Qu'ils nous envoient en réponse à nos vœux un
abonnement, non pas le leur qui nous est acquis,
mais celui, fût-il unique, d'un ami.
M. Henri Delafosse, notre correspondant de la
Côte d'Ivoire nous envoie les vœux de l'Afrique sous
les traits de cette jeune fille qui a posé spécialement
pour nos lecteurs.
LA PROPAGANDE COLONIALE
DOIT RENAITRE DANS L'INSTANT MÊME
OU MEURT L'EXPOSITION
Par Albert SARRAUT
LA féerie est terminée. Ses feux se sont éteints
et ses magies évanouies. Sous la mélanco-
lie des cieux déjà teintés des grisailles du
proche hiver, le bois de Vincennes est retombé
dans un grand silence que trouble à peine, à tra-
vers ses avenues, le charroi lent des camions de
déménagement. Les palais déserts, l 'un après
l'autre, se vident de leurs richesses, de leurs décors,
de leurs images resplendissantes. Bientôt, la pioche
des démolisseurs attaquera leurs structures et la
pluie délavera, sur le sol boueux, les amoncelle-
ments de décombres figurant tout ce qui reste du
faste orgueilleux des magnificences de naguère.
Tout ce qui reste ?... De la matière peut-être,
mais non certes de l'âme et de l esprit de cette
incomparable évocation. Son architecture fra-
gile peut s'effondrer ; elle n'entraînera pas dans
sa chute le souvenir vivace de l'émotion qu'elle a
créée. Son image s'est inscrite dans les yeux de
trente millions de visiteurs aussi profondément
que, dans leur pensée, la grande leçon de choses
et d'humanité à laquelle elle avait offert le cadre
éphémère de ses édifices.
Survivant à la disparition de l'étrange et presti-
gieuse Babel où, pendant six mois, parmi l'éblouis-
sement diurne et nocturne de la grande fresque
exotique, se sont coudoyés, avec les multitudes
d'Europe, tous les représentants des races d'outre-
mer, la révélation coloniale va se prolonger dans
les méditations de l'opinion universelle. Surtout
dans celles de l'opinion française qui, plus qu'au-
cune autre sans doute, avait besoin des commo-
tions de cette « découverte ». Il est devenu banal
de redire l'ancienne et longue ignorance du
Français à l'égard de sa puissance coloniale et qu'il
a acquis, pour ainsi dire sans s'en douter, son mer-
veilleux empire d'outre-mer. L'aversion qu'on- lui
avait inspirée de l'expédition lointaine était telle,
en effet, qu'il a fallu en quelque sorte le mettre en
face du fait accompli. L'audacieuse aventure
qu'au lendemain du désastre de 1870 une anti-
cipation de génie préparait chez nous, avant le
lever de l'aube, pour les lendemains nationaux,
se heurtait âprement à la force des préjugés et
des sophismes. Heureusement pour la France,
tandis que les pessimistes ratiocinaient, abusant
la crédulité des foules, les hommes d'action tra-
vaillaient et bâtissaient en blocs robustes la for-
tune coloniale française.
A l'excuse de notre frère métropolitain, il faut
dire que ses gouvernements n'avaient peut-être
jamais essayé, avec une vigueur suffisante, l 'en-
treprise éducative et démonstrative qui pouvait
l'instruire de la réalité coloniale. L'enseignement
scolaire n'accordait qu'une part dérisoire à la
leçon historique et descriptive de l'empire natio-
nal d'outre-mer. Aucune propagande sérieuse
n'instruisait l'homme de la rue des richesses
matérielles et humaines de ce domaine exotique.
Aucune diffusion organisée ne mettait entre ses
mains l'image, la brochure, l'album, le graphique,
qui pouvaient lui déceler la valeur, l 'intérêt, le
pittoresque, l'importance politique et économique
d'un tel patrimoine. Les colonies elles-mêmes
n'ont cependant longtemps possédé en France
aucune agence ou aucun office, où la curiosité
publique eût pu s'alimenter d'une documentation
précise et substantielle.
Sans doute, la terrible collision de la guerre
était venue secouer devant la réalité coloniale
l'atonie du sentiment public, surpris d'abord et
bientôt ravi de voir accourir des continents
lointains les grands vaisseaux apportant à pleines
carènes près d'un million de combattants et de
travailleurs indigènes et les ressources de toute
nature que les Colonies filiales tendaient à la
Patrie au combat. Au lendemain de la victoire,
l'Exposition Coloniale de Marseille ajoutait à cet
enseignement les effets d'une démonstration où
s'inscrivait l'affirmation, la plus haute jusque-là,
du génie civilisateur de notre race. Mais, quel
qu'eût été son succès, elle ne pouvait prétendre à
la consécration magistrale qu'une Exposition à
Paris devait seule assurer à la révélation coloniale.
Et tel état bien le sentiment qui me déterminait
lorsque, au mois de février 1920, je proposais au
Parlement de mettre en chantier la manifesta-
tion internationale dont Vincennes devait être
le théâtre.
Quelque certain que je fusse, à ce moment, du
succès de cette Exposition, je confesse volontiers
que mes espérances ne se haussaient pas à l 'am-
bition des prodigieux résultats obtenus. Ils ont
dépassé toutes les prévisions, même les plus opti-
mistes. La France entière, on peut le dire, a été
éclairée par la révélation coloniale. Il n est pas
une de ses provinces, une de ses villes, un de ses
villages, un de ses hameaux les plus reculés qui
n'ait envoyé à Vincennes ses représentants, dont
le récit abondant aura instruit, au retour, et sans
doute émerveillé, les compatriotes qui n avaient
pu les accompagner dans leur voyage.
La France extérieure, « la plus grande France »
a cessé désormais d'être pour les Français une
expression abstraite, une vision nébuleuse, une
image enveloppée d'un halo flou et sans contours.
Elle est, en pleine lumière, une réalité vivante,
robuste, tangible. Elle est une admirable géné-
ration de force économique et de noblesse humaine.
Elle est le splendide patrimoine, aux reliefs vi-
goureux, aux modelés puissants, où le génie trans-
figurateur de la race a fait jaillir avec la richesse
des choses la dignité nouvelle des âmes. Réaliste
à la fois et idéaliste, la colonisation française ne
s'est pas bornée, en effet, à développer la masse et
la valeur des biens matériels. Rénovant le sens
primitif de l'entreprise coloniale, elle l'a édifié sur
l'idée généreuse de la solidarité des êtres et elle
en a fait une haute création de droit et d'huma-
nité. La fresque si émouvante, dans chacun
des pavillons coloniaux, des statistiques, des
budgets, des tableaux, des graphiques consacrés
aux œuvres sociales, d'hygiène, d'assistance médi-
cale et d'instruction publique, a fait apparaître
aux yeux de tous la persévérance et l'altruisme
du dessein selon lequel, parallèlement à son
œuvre de rénovation économique, la colonisation
française a conduit son effort de relèvement et
d'enrichissement moral des races attardées, vers
lesquelles elle est allée porter les bienfaits du
génie de l'Occident.. , .
Et c'est bien là l'éloquente leçon qui ne périra
l pas, dans la pensée française, avec l'image fugi-
L tive de la cité féerique où sa révélation s'est exal-
1 tée. L'Exposition de Vincennes a comblé les
- lacunes de l'information publique sur l'action
coloniale. Elle a mis en valeur, par la comparai-
son et le contraste avec les colonisations étran-
gères, les caractéristiques de notre effort coloni-
sateur. Elle a montré la magnifique réserve que
compose, pour l'avenir national, la richesse mul-
tiple et infiniment variée d'un domaine où d'im-
menses possibilités attendent encore les éner-
gies et les hardiesses d'un immense et méthodique
labeur d'exploitation.
Mais, pour que ce labeur s'accomplisse, faut-il
encore que l'esprit français, se gardant de son pen-
chant à l'oubli, pérennise dans sa mémoire l'éclat
des enseignements de cette Exposition. Il n'est
point d'image si brillante que le rongement du
temps ne parvienne à décolorer. Une sollicitude
prévoyante doit s'attacher à raviver ses tons et
ses accents. La propagande coloniale doit renaître
dans l'instant même où meurt l'Exposition.
C'est à cette pensée qu'obéit son illustre anima-
teur M. le maréchal Lyautey, lorsqu'il souhaite
que le spectacle et la leçon de la grande manifes-
tation de Vincennes se prolongent et se fixent
dans l'institution d'une Maison des Colonies.
Accompagnons ce vœu de nos ferveurs et de nos
actes efficaces : nous n'aurons jamais mieux servi
l'idéal bienfaiteur du génie de notre Patrie.
Albert SARRAUT.
1931. SOUS LE SIGNE DE L'EXPOSITION
Par Marcel OLIVIER
Voici plus d'un mois que l'Exposition Coloniale
est fermée.
Peut-être est-il trop tard pour parler
encore d'elle...
Trop tard ou trop tôt. Trop tard si on l'envi-
sage par rapport au présent; trop tôt, si l'on pré-
tend dégager, sans plus attendre, toutes les consé-
quences que doit normalement comporter une
manifestation internationale de cette envergure.
Ainsi jugera sans doute le lecteur à qui, au sur-
plus, on n'a pas mesuré, depuis un an, les disserta-
tions les plus variées sur Vincennes ; et je tomberais
volontiers d'accord avec lui, si les événements
politiques ou économiques qui nous pressent de
tous les côtés ne ramenaient malgré tout, vers elle,
les pensées du vieux colonial que je suis.
Les journalistes, dont l'office n'est pas seulement
d'informer, mais de commenter, ont coutume, à
cette époque de l'année, de dresser le bilan des
douze mois écoulés. Je les plains bien sincèrement :
dans le domaine politique comme dans le domaine
économique, celui de 1931 ne leur fournira pas
l'ombre d'une réflexion réconfortante.
Il n'est-question que de guerres. Celle des tarifs
bat son plein. Ses victimes directes ou indirectes
— chômeurs affamés, commerçants ou industriels
ruinés — se chiffrent par millions. L'autre dresse
à l'horizon son hideux profil. Douze ans après la
fin du plus grand massacre qu'ait connu l'Histoire,
on se bat en Asie, on vit dans l'angoisse d'une
catastrophe toujours possible.
Non, en vèrité, le bilan de 1931 ne sera pas gai.
Il pourrait même illustrer, d'éloquente façon, la
thèse de ceux qui crient à la faillite de notre civi-
lisation si parmi tant d'ombres qui pèsent sur le
monde, l'Exposition Coloniale n'était parvenue à
glisser un rayon de soleil.
. Aujourd'hui encore, cependant qu'on vide ses
vitrines, qu'on saccage ses jardins,que ses palais
s'abattent et que ses fontaines se (tarissent,
le souvenir de ce qu'elle fut nous est un sujet de
joie. Alors que tout semble nous engager à déses-
pérer de l'humanité, les possibilités d action qu elle
offre à la volonté des hommes nous sont un sujet
d'espoir.
Action essentiellement féconde et pacificatrice.
Sur leterrain économique, qui est àl heure actuelle
le plus mouvant et le plus dangereux, le fait colo-
nial dont elle s'est attachée à mettre tous les as-
pects en lumière, peut intervenir efficacement pour
régulariser aussi bien la production que la con-
sommation. Le monde souffre-t-il d'une surpro-
duction comme le prétendent les uns, d une sous-
consommation comme l'avancent les autres, ou
bien les deux phénomènes coexistent-ils ? Le cer-
tain est que la mise en valeur rationnelle des vastes
étendues coloniales encore peu équipées ou pas
équipées du tout permettrait — dans une très large
mesure tout au moins — d'alléger ceux qui ont
trop de produits au bénéfice de ceux qui n'en ont
pas assez.
1932
1931 s'achève sur les derniers échos de l'Exposi-
tion Coloniale ; l'année que nous laissons derrière
nous aura été pour l'idée que nous défendons ici une
apothéose.'
Cette apothéose sera-t-elle suivie de l'indifférence
et de l'oubli ! Non, 1932 prolongera la faveur popu-
laire pour les colonies. Car l'Exposition n'est pas un
terme d'arrivée, mais un point de départ vers une
organisation rationnelle de notre domaine colonial,
vers une union étroite et harmonieuse de toutes les
parties de l'Empire français.
Le « Monde Colonial Illustré », qui entre dans sa
10e année, continuera dans ce sens ses efforts, grâce
à l'encouragement de ses nombreux lecteurs et
abonnés, à qui il adresse tous ses vœux de pros-
périté.
« Propagande ! propagande ! » écrit, quelqueslignes
plus bas,notre éminent collaborateur Albert Sarraut.
C'est la tâche aujourd'hui de tous les Français con-
scients de la grande destinée du pays.
A tous nos amis nous demandons donc de faire
lire et de faire connaître notre Revue. Que ceux qui
comprennent l'urgence de former dans la masse
nationale une véritable conscience « impériale »
nous apportent leur concours.
Comment? sous quelle forme?
Qu'ils nous envoient en réponse à nos vœux un
abonnement, non pas le leur qui nous est acquis,
mais celui, fût-il unique, d'un ami.
M. Henri Delafosse, notre correspondant de la
Côte d'Ivoire nous envoie les vœux de l'Afrique sous
les traits de cette jeune fille qui a posé spécialement
pour nos lecteurs.
LA PROPAGANDE COLONIALE
DOIT RENAITRE DANS L'INSTANT MÊME
OU MEURT L'EXPOSITION
Par Albert SARRAUT
LA féerie est terminée. Ses feux se sont éteints
et ses magies évanouies. Sous la mélanco-
lie des cieux déjà teintés des grisailles du
proche hiver, le bois de Vincennes est retombé
dans un grand silence que trouble à peine, à tra-
vers ses avenues, le charroi lent des camions de
déménagement. Les palais déserts, l 'un après
l'autre, se vident de leurs richesses, de leurs décors,
de leurs images resplendissantes. Bientôt, la pioche
des démolisseurs attaquera leurs structures et la
pluie délavera, sur le sol boueux, les amoncelle-
ments de décombres figurant tout ce qui reste du
faste orgueilleux des magnificences de naguère.
Tout ce qui reste ?... De la matière peut-être,
mais non certes de l'âme et de l esprit de cette
incomparable évocation. Son architecture fra-
gile peut s'effondrer ; elle n'entraînera pas dans
sa chute le souvenir vivace de l'émotion qu'elle a
créée. Son image s'est inscrite dans les yeux de
trente millions de visiteurs aussi profondément
que, dans leur pensée, la grande leçon de choses
et d'humanité à laquelle elle avait offert le cadre
éphémère de ses édifices.
Survivant à la disparition de l'étrange et presti-
gieuse Babel où, pendant six mois, parmi l'éblouis-
sement diurne et nocturne de la grande fresque
exotique, se sont coudoyés, avec les multitudes
d'Europe, tous les représentants des races d'outre-
mer, la révélation coloniale va se prolonger dans
les méditations de l'opinion universelle. Surtout
dans celles de l'opinion française qui, plus qu'au-
cune autre sans doute, avait besoin des commo-
tions de cette « découverte ». Il est devenu banal
de redire l'ancienne et longue ignorance du
Français à l'égard de sa puissance coloniale et qu'il
a acquis, pour ainsi dire sans s'en douter, son mer-
veilleux empire d'outre-mer. L'aversion qu'on- lui
avait inspirée de l'expédition lointaine était telle,
en effet, qu'il a fallu en quelque sorte le mettre en
face du fait accompli. L'audacieuse aventure
qu'au lendemain du désastre de 1870 une anti-
cipation de génie préparait chez nous, avant le
lever de l'aube, pour les lendemains nationaux,
se heurtait âprement à la force des préjugés et
des sophismes. Heureusement pour la France,
tandis que les pessimistes ratiocinaient, abusant
la crédulité des foules, les hommes d'action tra-
vaillaient et bâtissaient en blocs robustes la for-
tune coloniale française.
A l'excuse de notre frère métropolitain, il faut
dire que ses gouvernements n'avaient peut-être
jamais essayé, avec une vigueur suffisante, l 'en-
treprise éducative et démonstrative qui pouvait
l'instruire de la réalité coloniale. L'enseignement
scolaire n'accordait qu'une part dérisoire à la
leçon historique et descriptive de l'empire natio-
nal d'outre-mer. Aucune propagande sérieuse
n'instruisait l'homme de la rue des richesses
matérielles et humaines de ce domaine exotique.
Aucune diffusion organisée ne mettait entre ses
mains l'image, la brochure, l'album, le graphique,
qui pouvaient lui déceler la valeur, l 'intérêt, le
pittoresque, l'importance politique et économique
d'un tel patrimoine. Les colonies elles-mêmes
n'ont cependant longtemps possédé en France
aucune agence ou aucun office, où la curiosité
publique eût pu s'alimenter d'une documentation
précise et substantielle.
Sans doute, la terrible collision de la guerre
était venue secouer devant la réalité coloniale
l'atonie du sentiment public, surpris d'abord et
bientôt ravi de voir accourir des continents
lointains les grands vaisseaux apportant à pleines
carènes près d'un million de combattants et de
travailleurs indigènes et les ressources de toute
nature que les Colonies filiales tendaient à la
Patrie au combat. Au lendemain de la victoire,
l'Exposition Coloniale de Marseille ajoutait à cet
enseignement les effets d'une démonstration où
s'inscrivait l'affirmation, la plus haute jusque-là,
du génie civilisateur de notre race. Mais, quel
qu'eût été son succès, elle ne pouvait prétendre à
la consécration magistrale qu'une Exposition à
Paris devait seule assurer à la révélation coloniale.
Et tel état bien le sentiment qui me déterminait
lorsque, au mois de février 1920, je proposais au
Parlement de mettre en chantier la manifesta-
tion internationale dont Vincennes devait être
le théâtre.
Quelque certain que je fusse, à ce moment, du
succès de cette Exposition, je confesse volontiers
que mes espérances ne se haussaient pas à l 'am-
bition des prodigieux résultats obtenus. Ils ont
dépassé toutes les prévisions, même les plus opti-
mistes. La France entière, on peut le dire, a été
éclairée par la révélation coloniale. Il n est pas
une de ses provinces, une de ses villes, un de ses
villages, un de ses hameaux les plus reculés qui
n'ait envoyé à Vincennes ses représentants, dont
le récit abondant aura instruit, au retour, et sans
doute émerveillé, les compatriotes qui n avaient
pu les accompagner dans leur voyage.
La France extérieure, « la plus grande France »
a cessé désormais d'être pour les Français une
expression abstraite, une vision nébuleuse, une
image enveloppée d'un halo flou et sans contours.
Elle est, en pleine lumière, une réalité vivante,
robuste, tangible. Elle est une admirable géné-
ration de force économique et de noblesse humaine.
Elle est le splendide patrimoine, aux reliefs vi-
goureux, aux modelés puissants, où le génie trans-
figurateur de la race a fait jaillir avec la richesse
des choses la dignité nouvelle des âmes. Réaliste
à la fois et idéaliste, la colonisation française ne
s'est pas bornée, en effet, à développer la masse et
la valeur des biens matériels. Rénovant le sens
primitif de l'entreprise coloniale, elle l'a édifié sur
l'idée généreuse de la solidarité des êtres et elle
en a fait une haute création de droit et d'huma-
nité. La fresque si émouvante, dans chacun
des pavillons coloniaux, des statistiques, des
budgets, des tableaux, des graphiques consacrés
aux œuvres sociales, d'hygiène, d'assistance médi-
cale et d'instruction publique, a fait apparaître
aux yeux de tous la persévérance et l'altruisme
du dessein selon lequel, parallèlement à son
œuvre de rénovation économique, la colonisation
française a conduit son effort de relèvement et
d'enrichissement moral des races attardées, vers
lesquelles elle est allée porter les bienfaits du
génie de l'Occident.. , .
Et c'est bien là l'éloquente leçon qui ne périra
l pas, dans la pensée française, avec l'image fugi-
L tive de la cité féerique où sa révélation s'est exal-
1 tée. L'Exposition de Vincennes a comblé les
- lacunes de l'information publique sur l'action
coloniale. Elle a mis en valeur, par la comparai-
son et le contraste avec les colonisations étran-
gères, les caractéristiques de notre effort coloni-
sateur. Elle a montré la magnifique réserve que
compose, pour l'avenir national, la richesse mul-
tiple et infiniment variée d'un domaine où d'im-
menses possibilités attendent encore les éner-
gies et les hardiesses d'un immense et méthodique
labeur d'exploitation.
Mais, pour que ce labeur s'accomplisse, faut-il
encore que l'esprit français, se gardant de son pen-
chant à l'oubli, pérennise dans sa mémoire l'éclat
des enseignements de cette Exposition. Il n'est
point d'image si brillante que le rongement du
temps ne parvienne à décolorer. Une sollicitude
prévoyante doit s'attacher à raviver ses tons et
ses accents. La propagande coloniale doit renaître
dans l'instant même où meurt l'Exposition.
C'est à cette pensée qu'obéit son illustre anima-
teur M. le maréchal Lyautey, lorsqu'il souhaite
que le spectacle et la leçon de la grande manifes-
tation de Vincennes se prolongent et se fixent
dans l'institution d'une Maison des Colonies.
Accompagnons ce vœu de nos ferveurs et de nos
actes efficaces : nous n'aurons jamais mieux servi
l'idéal bienfaiteur du génie de notre Patrie.
Albert SARRAUT.
1931. SOUS LE SIGNE DE L'EXPOSITION
Par Marcel OLIVIER
Voici plus d'un mois que l'Exposition Coloniale
est fermée.
Peut-être est-il trop tard pour parler
encore d'elle...
Trop tard ou trop tôt. Trop tard si on l'envi-
sage par rapport au présent; trop tôt, si l'on pré-
tend dégager, sans plus attendre, toutes les consé-
quences que doit normalement comporter une
manifestation internationale de cette envergure.
Ainsi jugera sans doute le lecteur à qui, au sur-
plus, on n'a pas mesuré, depuis un an, les disserta-
tions les plus variées sur Vincennes ; et je tomberais
volontiers d'accord avec lui, si les événements
politiques ou économiques qui nous pressent de
tous les côtés ne ramenaient malgré tout, vers elle,
les pensées du vieux colonial que je suis.
Les journalistes, dont l'office n'est pas seulement
d'informer, mais de commenter, ont coutume, à
cette époque de l'année, de dresser le bilan des
douze mois écoulés. Je les plains bien sincèrement :
dans le domaine politique comme dans le domaine
économique, celui de 1931 ne leur fournira pas
l'ombre d'une réflexion réconfortante.
Il n'est-question que de guerres. Celle des tarifs
bat son plein. Ses victimes directes ou indirectes
— chômeurs affamés, commerçants ou industriels
ruinés — se chiffrent par millions. L'autre dresse
à l'horizon son hideux profil. Douze ans après la
fin du plus grand massacre qu'ait connu l'Histoire,
on se bat en Asie, on vit dans l'angoisse d'une
catastrophe toujours possible.
Non, en vèrité, le bilan de 1931 ne sera pas gai.
Il pourrait même illustrer, d'éloquente façon, la
thèse de ceux qui crient à la faillite de notre civi-
lisation si parmi tant d'ombres qui pèsent sur le
monde, l'Exposition Coloniale n'était parvenue à
glisser un rayon de soleil.
. Aujourd'hui encore, cependant qu'on vide ses
vitrines, qu'on saccage ses jardins,que ses palais
s'abattent et que ses fontaines se (tarissent,
le souvenir de ce qu'elle fut nous est un sujet de
joie. Alors que tout semble nous engager à déses-
pérer de l'humanité, les possibilités d action qu elle
offre à la volonté des hommes nous sont un sujet
d'espoir.
Action essentiellement féconde et pacificatrice.
Sur leterrain économique, qui est àl heure actuelle
le plus mouvant et le plus dangereux, le fait colo-
nial dont elle s'est attachée à mettre tous les as-
pects en lumière, peut intervenir efficacement pour
régulariser aussi bien la production que la con-
sommation. Le monde souffre-t-il d'une surpro-
duction comme le prétendent les uns, d une sous-
consommation comme l'avancent les autres, ou
bien les deux phénomènes coexistent-ils ? Le cer-
tain est que la mise en valeur rationnelle des vastes
étendues coloniales encore peu équipées ou pas
équipées du tout permettrait — dans une très large
mesure tout au moins — d'alléger ceux qui ont
trop de produits au bénéfice de ceux qui n'en ont
pas assez.
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