Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1929 01 mai 1929
Description : 1929/05/01 (A7,N69)-1929/05/31. 1929/05/01 (A7,N69)-1929/05/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97457314
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2016
Nu 6y. — MAI 1929 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRE 119
Le village pittoresque de Temacine à 10 kil. de' Touggourt.
Ajoutons que deux gouverneurs généraux seule-
ment, avant M. Pierre Bordes, étaient allés jusqu'à
El-Goléa : M. Maurice Violette et M. Cambon. Ce
dernier avait mis trois mois pour franchir la distance
qui sépare ce poste d'Alger ; il n'a fallu au gouverneur
actuel que cinq jours !
Le voyage de M. Pierre Bordes asdonc eu cet avan-
tage d'attirer de nouveau l'attention sur les pistes
et les oasis du Sahara, lequel s'impose de plus en plus
comme une étape unique dans son genre sur les
grand'routes du tourisme" mondial.
Ce voyage, au point de vue politique, ne fut pas
moins important. Le but du chef de la colonie, en
effectuant cette longue et pénible randonnée, n'était
pas seulement d'apporter le salut de la France à tous
ceux de nos compatriotes (officiers, religieux et fonc-
tionnaires) qui travaillent là-bas à la grandeur de la
mère patrie, mais encore d'affirmer auprès des popu-
lations indigènes la puissance, la justice et la bonté
de notre pays. Partout, il fut reçu avec la plus grande
déférence et la plus grande joie, aussi bien dans les
oasis que le long de la piste où des tribus de porteurs
avaient fait jusqu'à deux jours de marche pour saluer
le grand chef des Roumis et lui offrir en même temps,
sous leurs tentes en poil de chameau, le pain et
le sel traditionnels !
Une des principales raisons du voyage de M. le
gouverneur général était également de se rendre compte
sur place des mesures à prendre pour empêcher la
mort lente de certaines palmeraies,. Le problème
est très important quand on saura que certains dattiers
valent de 1 200 à 1500 francs et que des jardins
comptent jusqu'à deux cents arbres. Sans eau, pas de
dattier, et cette question de l'eau prime là-bas toutes
les autres. Nombre de vieux puits indigènes sont
taris ou ne donnent plus qu'un débit insuffisant. Il
semble que la meilleure solution — du moins à
Ouargla, où le danger apparaît plus menaçant —
serait de forer de nouvaeux puits, de tuber ceux
déjà existants, puis de faire des canalisations en
fonte ou en ciment, au lieu de caniveaux actuels
creusés à même le sable et où se perdjune bonne partie
du précieux liquide. N'oublions pas que l'exportation
des dattes est une des principales ressources; ,de l'Al-
gérie.
Michel RAINEAU.
Par le Paysannat et l'Artisanat
indigènes, nous changerons l'aspect
de l'Algérie (1).
Il faut donner à l'indigène le goût, puis le besoin du con-
fort, de l'hygiène, de la vie plus adoucie, le civiliser en un
mot, puisque la civilisation, au point de vue de l'existence
quotidienne, consiste essentiellement à s'éloigner des habi-
tudes rudimentaires.
Vous connaissez les moyens qui ont été proposés dans ce
(1) Extrait d'un discours prononcé par M. Pierre Bordes
aux Délégations financières le 21 mars 1929.
but : remplacer par des maisons simples, mais propres et
groupées en villages, les gourbis établis dans des conditions
d'hygiène déplorables, donner ainsi aux indigènes, avec le
confort, la notion et l'amour de la propreté, et à leurs fa-
milles la possibilité d'effectuer un travail à domicile lucra-
tif et convenablement organisé grâce au développement des
industries d'artisanat.
Ces indigènes, qui, peu à peu, seront ainsi logés dans des
conditions d'hygiène dignes de nous, il faut les aider il
accroître leurs revenus, à améliorer la production de leurs
cultures. Ce rendement, pour l'orge et le blé, dépasse à peine
la moitié de celui qu'atteignent les Européens. Il existe
un remède à cela : donner aux indigènes le moyen de cultiver
leurs terres à la française, d'une façon moderne. Utilisant
le principe de l'association agricole, qui, somme toute, leur
est familier, les grouper en coopératives très restreintes,
faciliter à ces groupements l'acquisition du matériel et du
cheptel nécessaires. Au fond, messieurs, l'apathie que l'on
reproche souvent à nos fellahs, les labourages à la charrue
arabe qui respectent scrupuleusement les racines ou les
touffes de palmiers nains, le fatalisme insouciant qui les
empêche d'améliorer et de développer leurs cultures ne
sont-ils pas dus simplement à l'impossibilité matérielle
de faire mieux? Donnons donc aux indigènes cultivateurs
ces moyens de mieux faire, comme peuvent nous le per-
mettre des institutions de crédit bien adaptées à leur rôle,
et nous assisterons à un réveil de l'agriculture algérienne
qui, sous tous ses aspects, peut et doit être florissante.
Dans le remarquable rapport qu'il a établi à ce sujet,
l'un de vous a tenté de chiffrer la plus-value annuelle que
l'on pouvait logiquement espérer de ces réformes. Elle
atteint un chiffre presque incroyable : plus de 6 millions
et demi de quintaux de céréales 1
Certes, messieurs, il ne faut pas se laisser entraîner par la
magie des chiffres, et il convient; dans ce domaine, de faire
la part de l'imprévu et de bien des difficultés. Mais c'est
l'importance du résultat à espérer qui fait décider de la
réforme. Ici, les deux grandes œuvres qui sont la création
d'un paysannat indigène, l'organisation complète de l'arti-
sanat peuvent'changer l'aspect de l'Algérie. Grâce à elles
dans un pays au rendement accru, une population indigène
plus riche et plus saine vivra à l'aise et n'aura plus besoin
de voir trop de ses enfants chercher dans les usinesducon-
tinent, pour un salaire plus élevé, une contamination morale
et physique et revenir au village natal aigris par des doc-
trines néfastes qu'ils comprennent d'ailleurs mal, infectés
physiquement, dans un climat trop rigoureux, par une
tuberculose qu'à leur retour ils répandent dangereuse-
ment.
DAKAR A SA CATHEDRALE
La cathédrale de Dakar, œuvre du « Souvenirj;' Africain », a été inaugurée le 31 mars par Monseigneur Grimaud, évêque de Dakar. Le Tout-Dakar était là : le Gouverneur Général et Mme Carde, le
député Diagne (sur la photo, on le voit causant avec le général commandant supérieur des troupes de l'A. O. F.), M. Turbé, président de la Chambre de commerce M. le député abbé Bergey, qui prononça un
fort beau discours avec un'souvenir ému pour les morts de la terre d'Afrique. Cette cathédrale ne sera guère achevée, en gros œuvre, que dans trois ans. (Photo Tennequin).
Le village pittoresque de Temacine à 10 kil. de' Touggourt.
Ajoutons que deux gouverneurs généraux seule-
ment, avant M. Pierre Bordes, étaient allés jusqu'à
El-Goléa : M. Maurice Violette et M. Cambon. Ce
dernier avait mis trois mois pour franchir la distance
qui sépare ce poste d'Alger ; il n'a fallu au gouverneur
actuel que cinq jours !
Le voyage de M. Pierre Bordes asdonc eu cet avan-
tage d'attirer de nouveau l'attention sur les pistes
et les oasis du Sahara, lequel s'impose de plus en plus
comme une étape unique dans son genre sur les
grand'routes du tourisme" mondial.
Ce voyage, au point de vue politique, ne fut pas
moins important. Le but du chef de la colonie, en
effectuant cette longue et pénible randonnée, n'était
pas seulement d'apporter le salut de la France à tous
ceux de nos compatriotes (officiers, religieux et fonc-
tionnaires) qui travaillent là-bas à la grandeur de la
mère patrie, mais encore d'affirmer auprès des popu-
lations indigènes la puissance, la justice et la bonté
de notre pays. Partout, il fut reçu avec la plus grande
déférence et la plus grande joie, aussi bien dans les
oasis que le long de la piste où des tribus de porteurs
avaient fait jusqu'à deux jours de marche pour saluer
le grand chef des Roumis et lui offrir en même temps,
sous leurs tentes en poil de chameau, le pain et
le sel traditionnels !
Une des principales raisons du voyage de M. le
gouverneur général était également de se rendre compte
sur place des mesures à prendre pour empêcher la
mort lente de certaines palmeraies,. Le problème
est très important quand on saura que certains dattiers
valent de 1 200 à 1500 francs et que des jardins
comptent jusqu'à deux cents arbres. Sans eau, pas de
dattier, et cette question de l'eau prime là-bas toutes
les autres. Nombre de vieux puits indigènes sont
taris ou ne donnent plus qu'un débit insuffisant. Il
semble que la meilleure solution — du moins à
Ouargla, où le danger apparaît plus menaçant —
serait de forer de nouvaeux puits, de tuber ceux
déjà existants, puis de faire des canalisations en
fonte ou en ciment, au lieu de caniveaux actuels
creusés à même le sable et où se perdjune bonne partie
du précieux liquide. N'oublions pas que l'exportation
des dattes est une des principales ressources; ,de l'Al-
gérie.
Michel RAINEAU.
Par le Paysannat et l'Artisanat
indigènes, nous changerons l'aspect
de l'Algérie (1).
Il faut donner à l'indigène le goût, puis le besoin du con-
fort, de l'hygiène, de la vie plus adoucie, le civiliser en un
mot, puisque la civilisation, au point de vue de l'existence
quotidienne, consiste essentiellement à s'éloigner des habi-
tudes rudimentaires.
Vous connaissez les moyens qui ont été proposés dans ce
(1) Extrait d'un discours prononcé par M. Pierre Bordes
aux Délégations financières le 21 mars 1929.
but : remplacer par des maisons simples, mais propres et
groupées en villages, les gourbis établis dans des conditions
d'hygiène déplorables, donner ainsi aux indigènes, avec le
confort, la notion et l'amour de la propreté, et à leurs fa-
milles la possibilité d'effectuer un travail à domicile lucra-
tif et convenablement organisé grâce au développement des
industries d'artisanat.
Ces indigènes, qui, peu à peu, seront ainsi logés dans des
conditions d'hygiène dignes de nous, il faut les aider il
accroître leurs revenus, à améliorer la production de leurs
cultures. Ce rendement, pour l'orge et le blé, dépasse à peine
la moitié de celui qu'atteignent les Européens. Il existe
un remède à cela : donner aux indigènes le moyen de cultiver
leurs terres à la française, d'une façon moderne. Utilisant
le principe de l'association agricole, qui, somme toute, leur
est familier, les grouper en coopératives très restreintes,
faciliter à ces groupements l'acquisition du matériel et du
cheptel nécessaires. Au fond, messieurs, l'apathie que l'on
reproche souvent à nos fellahs, les labourages à la charrue
arabe qui respectent scrupuleusement les racines ou les
touffes de palmiers nains, le fatalisme insouciant qui les
empêche d'améliorer et de développer leurs cultures ne
sont-ils pas dus simplement à l'impossibilité matérielle
de faire mieux? Donnons donc aux indigènes cultivateurs
ces moyens de mieux faire, comme peuvent nous le per-
mettre des institutions de crédit bien adaptées à leur rôle,
et nous assisterons à un réveil de l'agriculture algérienne
qui, sous tous ses aspects, peut et doit être florissante.
Dans le remarquable rapport qu'il a établi à ce sujet,
l'un de vous a tenté de chiffrer la plus-value annuelle que
l'on pouvait logiquement espérer de ces réformes. Elle
atteint un chiffre presque incroyable : plus de 6 millions
et demi de quintaux de céréales 1
Certes, messieurs, il ne faut pas se laisser entraîner par la
magie des chiffres, et il convient; dans ce domaine, de faire
la part de l'imprévu et de bien des difficultés. Mais c'est
l'importance du résultat à espérer qui fait décider de la
réforme. Ici, les deux grandes œuvres qui sont la création
d'un paysannat indigène, l'organisation complète de l'arti-
sanat peuvent'changer l'aspect de l'Algérie. Grâce à elles
dans un pays au rendement accru, une population indigène
plus riche et plus saine vivra à l'aise et n'aura plus besoin
de voir trop de ses enfants chercher dans les usinesducon-
tinent, pour un salaire plus élevé, une contamination morale
et physique et revenir au village natal aigris par des doc-
trines néfastes qu'ils comprennent d'ailleurs mal, infectés
physiquement, dans un climat trop rigoureux, par une
tuberculose qu'à leur retour ils répandent dangereuse-
ment.
DAKAR A SA CATHEDRALE
La cathédrale de Dakar, œuvre du « Souvenirj;' Africain », a été inaugurée le 31 mars par Monseigneur Grimaud, évêque de Dakar. Le Tout-Dakar était là : le Gouverneur Général et Mme Carde, le
député Diagne (sur la photo, on le voit causant avec le général commandant supérieur des troupes de l'A. O. F.), M. Turbé, président de la Chambre de commerce M. le député abbé Bergey, qui prononça un
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