Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1929 01 juillet 1929
Description : 1929/07/01 (A7,N71)-1929/07/31. 1929/07/01 (A7,N71)-1929/07/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97457292
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/09/2016
N° 71. - JUII^ET 1929
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
175
LA COLONIE DE MADAGASCAR A L'EXPOSITION COLONIALE DE 1931
Le pavillon de Madagascar à la future Exposition coloniale de 1931.
La présentation d une colonie à une exposition
doit évoquer, dans un cadre approprié, l'architec-
ture, la décoration et les mœurs locales, et présenter
au mieux les œuvres d'art indigène, les produits
naturels ou fabriqués.
Le bois de Vincennes est charmant et pittoresque
à souhait, mais l'obligation, parfaitement justifiée,
de ne sacrifier aucun arbre a imposé aux architectes
une gymnastique compliquée. Il a fallu repérer avec
soin tous les bouquets d'arbres et prévoir l'instal-
lation des bâtiments dans les espaces libres.
Il en résulte dans les plans une fantaisie qui les
fait s'écarter grandement des conceptions classiques.
L'Exposition de Madagascar présentera trois
parties essentielles :
Le grand pavillon central; une longue galerie où
seront exposés, dans des conditions propices d'éclai-
rage, tous les produits naturels et manufacturés
du pays; une cité indigène.
L'emplacement affecté à la colonie de Madagascar
est fort beau : il s'étend en triangle à l'ouest du
lac Daumesnil et vient border celui-ci sur une assez
grande longueur.
La colonie de Madagascar n'offre point des ensem-
bles typiques, comme l'Indochine ou l'Afrique, en-
sembles qui peuvent être copiés à peu près servile-
ment pour devenir des palais d'exposition.
Mais, à défaut d'ensembles, on rencontre dans l'île
une suffisante quantité de formes architecturales
ou décoratives pour guider l'inspiration d'un archi-
tecte.
Pour établir mon projet, je n'ai eu qu'à puiser dans
la collection de documents que M. Pelletier, le dis-
tingué directeur de l'Agence économique de Mada-
gascar, a mis à ma disposition et, pour me reconnaître
dans le dédale des origines archéologiques, les tra-
vaux de l'Académie malgache, ceux de M. Ch. Renel,
m'ont particulièrement aidé.
La population imérinienne est sans conteste la
plus évoluée, et c'est dans ses manifestations artis-
tiques que l'on peut trouver les meilleures inspira-
tions.
Une forte impression esthétique se dégage des
tombeaux imériniens. Leur plan rectangulaire,
leurs terrasses superposées à grandes lignes simples en
font des masses bien proportionnées qui rappellent
le mastaba égyptien, avec un souci d'élégance qui les
rattache curieusement à notre architecture moderne.
A côté de ces constructions massives, constituées
de granit et de terre rouge, est une architecture de
bois extrêmement curieuse.
Le type le plus caractéristique de cette architec-
turc est la case d'Andrianapoinimérina, à Tananarive.
La couleur joue un grand rôle dans l'esthétique
malgache.
Dans la construction, domine la couleur rouge de la
« latérite », un oxycarbonate de fer dopt les reflets
forment un puissant contraste avec la riche végé-
tation du pays.
A l'Exposition coloniale de Vincennes, cette cou-
leur caractéristique revêtira les bâtiments de la
colonie de Madagascar.
Le palais principal se présentera comme une haute
masse à terrasses couronnée d'un portique rappe-
lant celui des tombeaux royaux de Tananarive,
avec une haute toiture de ces tuiles de bois qui pren-
nent en vieillissant des couleurs si remarquables.
Ce palais contiendra un immense hall vitré sur
lequel des galeries en balcons éclairées par les ter-
rasses permettront l'exposition des œuvres d'art
indigènes, des souvenirs archéologiques, des précieuses
collections de l'Académie malgache, et enfin et sur-
tout des documents du Gouvernement de Mada-
gascar.
Qu'il suffise à nos lecteurs de savoir que, quelque
vastes que soient les galeries de l'Exposition de Mada-
gascar à Vincennes, elles seront trop réduites pour
permettre de présenter convenablement tous les
échantillons des produits de l'île.
Au rez-de-chaussée du pavillon principal, des
dioramas montreront les aspects les plus caractéris-
tiques des paysages et des industries de Madagascar.
Sur le même plan, sera une belle salle de confé-
rences, outillée pour les projections cinématogra-
phiques.
Devant le palais principal sera érigée une tour de
50 mètres de haut, terminée par quatre têtes de bœuf
aux cornes en lyre.
Le bœuf tient à Madagascar une place essentielle.
Il est mêlé à la religion autochtone, aux superstitions,
et il est une grande source de richesse pour la popu-
lation agricole.
Ce signe si caractéristique des quatre têtes de
bœuf s'imposait donc à bien des égards.
La cité industrielle indigène, installée au bord du
lac Daumesnil, se composera de plusieurs cases édi-
fiées sur les modèles variés des cases de la colonie,
hauts plateaux et rivages.
Les artisans malgaches s'y livreront à leurs tra-
vaux habituels. Les dénombrer serait trop long.
Au bord de la route principale, une maison de café
offrira aux visiteurs le véritable café de Madagascar,
que seuls, jusqu'à présent, les initiés connaissent.
A l'entrée de la cité indigène, sera reconstituée
une vieille porte de Tananarive, curieuse ouverture
qui se fermait au moyen d'un énorme disque venant
s'encastrer dans une sorte de verrou de granit.
Sur la rive du lac sera reconstitué un arc de triom-
phe double qui semble être d'inspiration arabe.
Sur le lac Daumesnil, les pirogues permettront au
public d'éprouver les sensations de la navigation
malgache.
Telle est, en raccourci, la description de ce que sera
l'Exposition coloniale de Madagascar.
Ma principale préoccupation aura été, non point
d'opérer une reconstitution fidèle, absolument im-
possible, étant données les différences de cadre et de
climat, mais j'ai désiré que, dès l'entrée dans cette
partie de l'Exposition coloniale, le visiteur malgache
ait l'impression de se retrouver un peu dans son pays.
Je saurai en 1931 si j'ai réussi !
Gabriel VEISSIÈRE,
Architecte S. C. S. A. D. G.
A côté du palais lui-même, une poterne, fermée,
comme jadis, par un rocher roulant, donnera accès au
village indigène peuplé d'artisans malgaches. Ils
vivront là, comme chez eux au Sud de l'Equateur,
dans des maisons aux couleurs vives, aux toits de
chaume serré, pour que les pluies hivernales ne le
puissent pénétrer.
Ainsi sera synthétisée, sous les yeux du visiteur,
toute la grande île, avec l'histoire, en quelques pierres,
de son passé attirant et mystérieux, avec ses chants
aux rythmes mineurs, avec ses danses qui, vers le Sud,
s'exaspèrent en frénétiques tourbillons, avec le labeur
quotidien de ses humbles artisans.
Mais cette âme malgache, palpitant dans ses mani-
festations diverses, c'est dans le palais, dans les vastes
galeries développées en deux étages, sur une superficie
de 1 000 mètres carrés, qu'elle sera concrétisée, par
l'étalage de ce qu'elle produit, patiemment, farouche-
ment...
Au rez-de-chaussée, de part et d'autre d'une cour
ombragée, seront aménagés, avec les bureaux du com-
missariat, des dioramas, aux lointains enfermés en
quelques mètres de toile, aux silhouettes saisissantes
de vérité. Une vaste salle de cinéma ouvrira ses portes.
Sur l'écran, le folklore du pays s'animera en fresques
rapides ; l'exploitation des principales productions
du sol et du sous-sol sera projetée pour le spectateur
attentif. Des conférenciers développeront par le verbe
les enseignements du livre et de l'image.
Une bibliothèque et une salle de lecture offriront
aux visiteurs la documentation la plus complète;
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
175
LA COLONIE DE MADAGASCAR A L'EXPOSITION COLONIALE DE 1931
Le pavillon de Madagascar à la future Exposition coloniale de 1931.
La présentation d une colonie à une exposition
doit évoquer, dans un cadre approprié, l'architec-
ture, la décoration et les mœurs locales, et présenter
au mieux les œuvres d'art indigène, les produits
naturels ou fabriqués.
Le bois de Vincennes est charmant et pittoresque
à souhait, mais l'obligation, parfaitement justifiée,
de ne sacrifier aucun arbre a imposé aux architectes
une gymnastique compliquée. Il a fallu repérer avec
soin tous les bouquets d'arbres et prévoir l'instal-
lation des bâtiments dans les espaces libres.
Il en résulte dans les plans une fantaisie qui les
fait s'écarter grandement des conceptions classiques.
L'Exposition de Madagascar présentera trois
parties essentielles :
Le grand pavillon central; une longue galerie où
seront exposés, dans des conditions propices d'éclai-
rage, tous les produits naturels et manufacturés
du pays; une cité indigène.
L'emplacement affecté à la colonie de Madagascar
est fort beau : il s'étend en triangle à l'ouest du
lac Daumesnil et vient border celui-ci sur une assez
grande longueur.
La colonie de Madagascar n'offre point des ensem-
bles typiques, comme l'Indochine ou l'Afrique, en-
sembles qui peuvent être copiés à peu près servile-
ment pour devenir des palais d'exposition.
Mais, à défaut d'ensembles, on rencontre dans l'île
une suffisante quantité de formes architecturales
ou décoratives pour guider l'inspiration d'un archi-
tecte.
Pour établir mon projet, je n'ai eu qu'à puiser dans
la collection de documents que M. Pelletier, le dis-
tingué directeur de l'Agence économique de Mada-
gascar, a mis à ma disposition et, pour me reconnaître
dans le dédale des origines archéologiques, les tra-
vaux de l'Académie malgache, ceux de M. Ch. Renel,
m'ont particulièrement aidé.
La population imérinienne est sans conteste la
plus évoluée, et c'est dans ses manifestations artis-
tiques que l'on peut trouver les meilleures inspira-
tions.
Une forte impression esthétique se dégage des
tombeaux imériniens. Leur plan rectangulaire,
leurs terrasses superposées à grandes lignes simples en
font des masses bien proportionnées qui rappellent
le mastaba égyptien, avec un souci d'élégance qui les
rattache curieusement à notre architecture moderne.
A côté de ces constructions massives, constituées
de granit et de terre rouge, est une architecture de
bois extrêmement curieuse.
Le type le plus caractéristique de cette architec-
turc est la case d'Andrianapoinimérina, à Tananarive.
La couleur joue un grand rôle dans l'esthétique
malgache.
Dans la construction, domine la couleur rouge de la
« latérite », un oxycarbonate de fer dopt les reflets
forment un puissant contraste avec la riche végé-
tation du pays.
A l'Exposition coloniale de Vincennes, cette cou-
leur caractéristique revêtira les bâtiments de la
colonie de Madagascar.
Le palais principal se présentera comme une haute
masse à terrasses couronnée d'un portique rappe-
lant celui des tombeaux royaux de Tananarive,
avec une haute toiture de ces tuiles de bois qui pren-
nent en vieillissant des couleurs si remarquables.
Ce palais contiendra un immense hall vitré sur
lequel des galeries en balcons éclairées par les ter-
rasses permettront l'exposition des œuvres d'art
indigènes, des souvenirs archéologiques, des précieuses
collections de l'Académie malgache, et enfin et sur-
tout des documents du Gouvernement de Mada-
gascar.
Qu'il suffise à nos lecteurs de savoir que, quelque
vastes que soient les galeries de l'Exposition de Mada-
gascar à Vincennes, elles seront trop réduites pour
permettre de présenter convenablement tous les
échantillons des produits de l'île.
Au rez-de-chaussée du pavillon principal, des
dioramas montreront les aspects les plus caractéris-
tiques des paysages et des industries de Madagascar.
Sur le même plan, sera une belle salle de confé-
rences, outillée pour les projections cinématogra-
phiques.
Devant le palais principal sera érigée une tour de
50 mètres de haut, terminée par quatre têtes de bœuf
aux cornes en lyre.
Le bœuf tient à Madagascar une place essentielle.
Il est mêlé à la religion autochtone, aux superstitions,
et il est une grande source de richesse pour la popu-
lation agricole.
Ce signe si caractéristique des quatre têtes de
bœuf s'imposait donc à bien des égards.
La cité industrielle indigène, installée au bord du
lac Daumesnil, se composera de plusieurs cases édi-
fiées sur les modèles variés des cases de la colonie,
hauts plateaux et rivages.
Les artisans malgaches s'y livreront à leurs tra-
vaux habituels. Les dénombrer serait trop long.
Au bord de la route principale, une maison de café
offrira aux visiteurs le véritable café de Madagascar,
que seuls, jusqu'à présent, les initiés connaissent.
A l'entrée de la cité indigène, sera reconstituée
une vieille porte de Tananarive, curieuse ouverture
qui se fermait au moyen d'un énorme disque venant
s'encastrer dans une sorte de verrou de granit.
Sur la rive du lac sera reconstitué un arc de triom-
phe double qui semble être d'inspiration arabe.
Sur le lac Daumesnil, les pirogues permettront au
public d'éprouver les sensations de la navigation
malgache.
Telle est, en raccourci, la description de ce que sera
l'Exposition coloniale de Madagascar.
Ma principale préoccupation aura été, non point
d'opérer une reconstitution fidèle, absolument im-
possible, étant données les différences de cadre et de
climat, mais j'ai désiré que, dès l'entrée dans cette
partie de l'Exposition coloniale, le visiteur malgache
ait l'impression de se retrouver un peu dans son pays.
Je saurai en 1931 si j'ai réussi !
Gabriel VEISSIÈRE,
Architecte S. C. S. A. D. G.
A côté du palais lui-même, une poterne, fermée,
comme jadis, par un rocher roulant, donnera accès au
village indigène peuplé d'artisans malgaches. Ils
vivront là, comme chez eux au Sud de l'Equateur,
dans des maisons aux couleurs vives, aux toits de
chaume serré, pour que les pluies hivernales ne le
puissent pénétrer.
Ainsi sera synthétisée, sous les yeux du visiteur,
toute la grande île, avec l'histoire, en quelques pierres,
de son passé attirant et mystérieux, avec ses chants
aux rythmes mineurs, avec ses danses qui, vers le Sud,
s'exaspèrent en frénétiques tourbillons, avec le labeur
quotidien de ses humbles artisans.
Mais cette âme malgache, palpitant dans ses mani-
festations diverses, c'est dans le palais, dans les vastes
galeries développées en deux étages, sur une superficie
de 1 000 mètres carrés, qu'elle sera concrétisée, par
l'étalage de ce qu'elle produit, patiemment, farouche-
ment...
Au rez-de-chaussée, de part et d'autre d'une cour
ombragée, seront aménagés, avec les bureaux du com-
missariat, des dioramas, aux lointains enfermés en
quelques mètres de toile, aux silhouettes saisissantes
de vérité. Une vaste salle de cinéma ouvrira ses portes.
Sur l'écran, le folklore du pays s'animera en fresques
rapides ; l'exploitation des principales productions
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