Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1929 01 octobre 1929
Description : 1929/10/01 (A7,N74)-1929/10/31. 1929/10/01 (A7,N74)-1929/10/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9745726t
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/09/2016
262 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ N° 74. — OCTOBRE 1929
UN VOYAGE FAMILIAL EN AUTOMOBILE A TRAVERS LE SAHARA
-
À
'q
ËÊSM
OLON en Tunisie depuis trente ans, j'ai
toujours suivi avec un intérêt passionné
les progrès de notre pénétration dans le
Sahara.
Lorsque de hardis explorateurs, désor-
mais célèbres, ont commencé à réaliser la
conquête du désert par la chenille et par le pneu, on
pouvait prévoir que le jour n'était pas très éloigné où
à la période héroïque de ces raids fameux succéderait
l'époque souhaitée du Sahara vaincu accessible au
tourisme automobile. Cette heure est arrivée plus
vite qu'il n'était permis de l'espérer, et j'ai voulu
profiter un des premiers de la voie désormais facile
à suivre que nos grands devanciers nous avaient
ouverte.
Je savais déjà par expérience combien il faut
de prudence et de prévoyance pour affronter les
régions désertiques et, comme je voulais voyager
avec sécurité et confort, en « père de famille », pourrai-,-
je dire, puisque je devais emmener ma femme, un de
mes frères, mon gendre, l'aîné de mes fils et un seul
mécanicien, j'ai préparé ce voyage avec soin.
Étude des territoires à traverser, renseignements
sur les itinéraires, introductions utiles, ravitaille-
ments, tout cela demande du temps et constitue un
travail préparatoire de longue haleine, mais indispen-
sable.
En même temps, il fallait se procurer les véhicules
et les aménager spécialement pour une randonnée
pénible et longue, au cours de laquelle on sait ne devoir
compter que sur soi-même pour se tirer d'embarras.
C'est dire que, dans l'état actuel des choses, on ne
En cours de route, il a fallu parfois sortir les voitures embourbées dans des marigots...
peut pas encore sortir sa voiture du garage et partir
pour l'Afrique centrale comme on le ferait de Paris
pour Bordeaux ou pour Marseille.
Mais, si tout est prévu, si on ne commet pas d'im-
prudences, on peut être assuré du succès de ce que l'on
doit appeler maintenant un voyage, et non plus un
raid ou, moins encore, une exploration.
Mon intention étant de voyager avant tout confor-
tablement et sûrement, la première chose à laquelle il
fallait renoncer était la vitesse.
La vitesse sur les pistes et dans le bled compromet
toujours la sécurité.
Le confort ne s'obtient qu'avec un matériel pesant,
et le poids diminue la vitesse. J'ai donc choisi des
voitures pouvant porter du poids, robustes, simples,
mais peu rapides. Mon choix s'est porté sur la camion-
nette bâchée Citroën C4 1 000 kilogrammes, stricte-
ment de série.
Trois de ces voitures ont été spécialement aména-
gées par mes soins.
Connaissant les inconvénients du vent de sable,
du froid matinal, du soleil de midi, je me suis bien
gardé de toucher aux confortables cabines avant, dans
lesquelles conducteur et passager sont bien à l'abri.
Dans la partie arrière des camionnettes, des coffres
et des réservoirs à essence ont été aménagés, laissant
un petit couloir central de façon à former deux ban-
quettes garnies de coussins.
Ces banquettes, de 2 mètres de long sur om,60 de
large, recouvertes pour la nuit d'un léger matelas
de kapok, constituaient les lits des deux occupants
de chaque voiture.
Il y a au Sahara de très grands avantages à pouvoir
coucher dans ses voitures ; le soir, à l'étape, le mon-
tage des tentes et des lits de camp est toujours une
opération pénible ; plus pénible encore le démontage
matinal quand il faut partir à l'heure et que la tente
humide ne veut plus rentrer dans son sac.
En outre, sur un lit de camp, on souffre beaucoup
plus du froid que sur une banquette de voiture, et
le froid nocturne est un des plus grands désagréments
du Sahara.
Nous avons constaté, les 9, 10, Il et 12 février,
dans le Tanezrouft, des températures variant au lever
du jour de — 1° à — 2° au ras du sol et de + 1° à
+ 3° à 1 mètre au-dessus du sol. C'est plus qu'il n'en
faut pour vous empêcher de dormir.
Les banquettes d'une camionnette, étant placées
plus haut qu'un lit de camp, sont donc dans une
ambiance moins froide.
De plus, la chaleur emmagasinée pendant le jour
dans l'épaisseur des coffres ne s'échappe que lente-
ment et tempère l'intérieur hermétiquement clos.
Autre condition favorable au sommeil : les nom-
breux insectes, rongeurs ou reptiles indésirables
escaladent beaucoup moins facilement une voiture
qui ne repose que sur ses pneus qu'un lit de camp dont
les couvertures traînent souvent à terre. Une seconde
bâche mobile placée par-dessus la bâche fixe, formant
double toit, isolait encore l'intérieur des camion-
nettes.
Ces bâches amovibles se prêtant à toutes les combi-
naisons au repos nous ont rendu grand service.
Je suis convaincu que c'est en grande partie à la
faculté que nous avions de pouvoir coucher dans nos
voitures que nous devons d'avoir accompli ce voyage
avec un minimum de fatigue.
Je ne puis, au cours de ce bref exposé, entrer dans
tous les détails de l'aménagement de mes voitures,
mais il peut être utile de dire qu'il faut multiplier
les coffres, les poches, les filets, utiliser les moindres
coins, prévoir pour l'essence, l'huile, l'eau des réser-
voirs faisant corps avec la carrosserie, mais facilement
démontables. Qu'il faut faire en sorte que chaque chose
ait sa place, que les objets d'usage fréquent soient
facilement accessibles, qu'un répertoire et un croquis
vous permettent de retrou-
ver rapidement les pièces
de rechange emballées et
étiquetées, les outils ou
instruments d'usage excep-
tionnel dont on a vite oublié
l'emplacement dans ces vé-
ritables magasins que sont
devenues les camionnettes.
Il importe aussi de mettre
tout le matériel à l'abri de
la poussière qui se glisse
partout et de l'humidité,
avec laquelle il faut aussi
compter. J'avais pensé que
1 000 kilogrammes par yoi-
ture, en comprenant l'amé-
nagement , me permet-
traient d'emporter large-
ment le nécessaire. Après
avoir effectué des pesées,
j'ai vu qu'il fallait en ra-
battre, et, malgré toutes les
réductions possibles, mes
voitures ont atteint, en
charge utile de départ, sans
tenir compte des passagers, le poids de 1 200 kilo-
grammes.
Elles ont d'ailleurs supporté cette surcharge, grâce
à leur qualité, mais aussi à la prudence des conducteurs.
Le chargement, identique pour les trois voitures,
consistait pour chacune d'elles en : essence, 350 litres ;
huile, 30 litres ; eau, 120 litres ; vivres, 15 jours ;
deux valises par voyageur ; le campement, la po-
pote, l'outillage, le matériel de dépannage, 75 kilo-
grammes de pièces de rechange, deux roues de
rechange, une batterie supplémentaire, une caisse
d'armes de chasse et des munitions.
Mes voitures avaient ainsi un rayon d'action de
2000 kilomètres sur piste, et chacune pouvait se suffire
à elle-même. La seule modification apportée au type
de série a consisté dans l'augmentation de la section
des pneumatiques.
Nous avons quitté ma propriété de Tunisie le
25 janvier et mis trois jours pour atteindre Alger en
rodant les moteurs.
D'Alger à Adrar, véritable promenade n'offrant
aucune difficulté, grâce aux excellentes pistes entrete-
nues avec soin par la direction des territoires du Sud
et aux confortables hôtels transatlantiques qui
jalonnent les étapes.
Le 7 février au matin, notre petite caravane quittait
Adrar pour s'enfoncer dans le légendaire pays de la
soif et de la peur : le Tanezrouft, qu'elle a traversé
par petites étapes, sans hâte, sans fatigue, sans avoir
eu à aucun moment la moindre émotion désagréable.
De ces journées, nous avons conservé un excellent
souvenir : l'isolement n'est pas assez prolongé pour
devenir pesant., la monotonie est beaucoup moins
grande qu'on se l'imagine et, à bord de trois robustes
voitures largement approvisionnées en carburant, en
eau, en vivres, en pièces de rechange, on se sent en
parfaite sécurité.
Le 14 février, nous arrivions au bord du Niger,
à Gao.
Tous les voyageurs qui ont traversé le Sahara ont
décrit l'émotion et la joie qu'ils ont éprouvées au
moment où, après des jours passés entre le ciel et le
sable, leur est brusquement apparu l'immense fleuve
aux rives verdoyantes.
Cette émotion à elle seule vaudrait le voyage ; mais
nous avons voulu en avoir d'autres et, par les excel-
lentes pistes du Soudan et du Niger, nous avons
gagné la frontière du Dahomey pour chasser dans la
grande brousse.
Le retour s'est effectué sans plus de difficultés
que l'aller, en suivant le même itinéraire qui, en sens
inverse, nous a offert des aspects bien différents.
Le 25 mars, soit deux mois jour pour jour après
notre départ, nous étions à Alger, ayant couvert près
de 10 000 kilomètres.
En cours de route, il a fallu parfois sortir les voi-
tures embourbées dans des marigots, peiner un peu
dans des passages sablonneux que des éléments de
tôle ondulée nous ont beaucoup aidés à traverser,
nous arrêter souvent par temps chaud et vent arrière
pour laisser refroidir l'eau de nos radiateurs, remédier
aussi à quelques pannes mécaniques ou électriques,
mais très rarement.
En résumé, nous avons eu juste assez de difficultés
pour n'avoir pas eu à regretter toutes les précautions
que nous avions prises et que je viens de décrire,
mais nous avons eu nettement le sentiment que, faute
de ces précautions, le beau voyage aurait pu finir
en une lamentable aventure.
Si cette randonnée touristique, à laquelle a participé
une dame qui n'en a ressenti aucune fatigue, prouve
quelque chose, c'est que, dès maintenant, les itinéraires
suivis sont accessibles aux petites caravanes privées
qui prendront les précautions nécessaires.
Les manifestations touristiques projetées pour
1930 à l'occasion du centenaire de l'Algérie, à l'occa-
sion duquel les automobilistes profiteront de facilités
que nous n'avons pas eues, paraissent donc assurées
du plus grand succès et d'une parfaite réussite.
L.-G. ROEDERER.
Au Sahara. — Levée du campement le 14 février, après la toilette, avant d arriver à Gao.
(Photos de l'auteur.)
UN VOYAGE FAMILIAL EN AUTOMOBILE A TRAVERS LE SAHARA
-
À
'q
ËÊSM
OLON en Tunisie depuis trente ans, j'ai
toujours suivi avec un intérêt passionné
les progrès de notre pénétration dans le
Sahara.
Lorsque de hardis explorateurs, désor-
mais célèbres, ont commencé à réaliser la
conquête du désert par la chenille et par le pneu, on
pouvait prévoir que le jour n'était pas très éloigné où
à la période héroïque de ces raids fameux succéderait
l'époque souhaitée du Sahara vaincu accessible au
tourisme automobile. Cette heure est arrivée plus
vite qu'il n'était permis de l'espérer, et j'ai voulu
profiter un des premiers de la voie désormais facile
à suivre que nos grands devanciers nous avaient
ouverte.
Je savais déjà par expérience combien il faut
de prudence et de prévoyance pour affronter les
régions désertiques et, comme je voulais voyager
avec sécurité et confort, en « père de famille », pourrai-,-
je dire, puisque je devais emmener ma femme, un de
mes frères, mon gendre, l'aîné de mes fils et un seul
mécanicien, j'ai préparé ce voyage avec soin.
Étude des territoires à traverser, renseignements
sur les itinéraires, introductions utiles, ravitaille-
ments, tout cela demande du temps et constitue un
travail préparatoire de longue haleine, mais indispen-
sable.
En même temps, il fallait se procurer les véhicules
et les aménager spécialement pour une randonnée
pénible et longue, au cours de laquelle on sait ne devoir
compter que sur soi-même pour se tirer d'embarras.
C'est dire que, dans l'état actuel des choses, on ne
En cours de route, il a fallu parfois sortir les voitures embourbées dans des marigots...
peut pas encore sortir sa voiture du garage et partir
pour l'Afrique centrale comme on le ferait de Paris
pour Bordeaux ou pour Marseille.
Mais, si tout est prévu, si on ne commet pas d'im-
prudences, on peut être assuré du succès de ce que l'on
doit appeler maintenant un voyage, et non plus un
raid ou, moins encore, une exploration.
Mon intention étant de voyager avant tout confor-
tablement et sûrement, la première chose à laquelle il
fallait renoncer était la vitesse.
La vitesse sur les pistes et dans le bled compromet
toujours la sécurité.
Le confort ne s'obtient qu'avec un matériel pesant,
et le poids diminue la vitesse. J'ai donc choisi des
voitures pouvant porter du poids, robustes, simples,
mais peu rapides. Mon choix s'est porté sur la camion-
nette bâchée Citroën C4 1 000 kilogrammes, stricte-
ment de série.
Trois de ces voitures ont été spécialement aména-
gées par mes soins.
Connaissant les inconvénients du vent de sable,
du froid matinal, du soleil de midi, je me suis bien
gardé de toucher aux confortables cabines avant, dans
lesquelles conducteur et passager sont bien à l'abri.
Dans la partie arrière des camionnettes, des coffres
et des réservoirs à essence ont été aménagés, laissant
un petit couloir central de façon à former deux ban-
quettes garnies de coussins.
Ces banquettes, de 2 mètres de long sur om,60 de
large, recouvertes pour la nuit d'un léger matelas
de kapok, constituaient les lits des deux occupants
de chaque voiture.
Il y a au Sahara de très grands avantages à pouvoir
coucher dans ses voitures ; le soir, à l'étape, le mon-
tage des tentes et des lits de camp est toujours une
opération pénible ; plus pénible encore le démontage
matinal quand il faut partir à l'heure et que la tente
humide ne veut plus rentrer dans son sac.
En outre, sur un lit de camp, on souffre beaucoup
plus du froid que sur une banquette de voiture, et
le froid nocturne est un des plus grands désagréments
du Sahara.
Nous avons constaté, les 9, 10, Il et 12 février,
dans le Tanezrouft, des températures variant au lever
du jour de — 1° à — 2° au ras du sol et de + 1° à
+ 3° à 1 mètre au-dessus du sol. C'est plus qu'il n'en
faut pour vous empêcher de dormir.
Les banquettes d'une camionnette, étant placées
plus haut qu'un lit de camp, sont donc dans une
ambiance moins froide.
De plus, la chaleur emmagasinée pendant le jour
dans l'épaisseur des coffres ne s'échappe que lente-
ment et tempère l'intérieur hermétiquement clos.
Autre condition favorable au sommeil : les nom-
breux insectes, rongeurs ou reptiles indésirables
escaladent beaucoup moins facilement une voiture
qui ne repose que sur ses pneus qu'un lit de camp dont
les couvertures traînent souvent à terre. Une seconde
bâche mobile placée par-dessus la bâche fixe, formant
double toit, isolait encore l'intérieur des camion-
nettes.
Ces bâches amovibles se prêtant à toutes les combi-
naisons au repos nous ont rendu grand service.
Je suis convaincu que c'est en grande partie à la
faculté que nous avions de pouvoir coucher dans nos
voitures que nous devons d'avoir accompli ce voyage
avec un minimum de fatigue.
Je ne puis, au cours de ce bref exposé, entrer dans
tous les détails de l'aménagement de mes voitures,
mais il peut être utile de dire qu'il faut multiplier
les coffres, les poches, les filets, utiliser les moindres
coins, prévoir pour l'essence, l'huile, l'eau des réser-
voirs faisant corps avec la carrosserie, mais facilement
démontables. Qu'il faut faire en sorte que chaque chose
ait sa place, que les objets d'usage fréquent soient
facilement accessibles, qu'un répertoire et un croquis
vous permettent de retrou-
ver rapidement les pièces
de rechange emballées et
étiquetées, les outils ou
instruments d'usage excep-
tionnel dont on a vite oublié
l'emplacement dans ces vé-
ritables magasins que sont
devenues les camionnettes.
Il importe aussi de mettre
tout le matériel à l'abri de
la poussière qui se glisse
partout et de l'humidité,
avec laquelle il faut aussi
compter. J'avais pensé que
1 000 kilogrammes par yoi-
ture, en comprenant l'amé-
nagement , me permet-
traient d'emporter large-
ment le nécessaire. Après
avoir effectué des pesées,
j'ai vu qu'il fallait en ra-
battre, et, malgré toutes les
réductions possibles, mes
voitures ont atteint, en
charge utile de départ, sans
tenir compte des passagers, le poids de 1 200 kilo-
grammes.
Elles ont d'ailleurs supporté cette surcharge, grâce
à leur qualité, mais aussi à la prudence des conducteurs.
Le chargement, identique pour les trois voitures,
consistait pour chacune d'elles en : essence, 350 litres ;
huile, 30 litres ; eau, 120 litres ; vivres, 15 jours ;
deux valises par voyageur ; le campement, la po-
pote, l'outillage, le matériel de dépannage, 75 kilo-
grammes de pièces de rechange, deux roues de
rechange, une batterie supplémentaire, une caisse
d'armes de chasse et des munitions.
Mes voitures avaient ainsi un rayon d'action de
2000 kilomètres sur piste, et chacune pouvait se suffire
à elle-même. La seule modification apportée au type
de série a consisté dans l'augmentation de la section
des pneumatiques.
Nous avons quitté ma propriété de Tunisie le
25 janvier et mis trois jours pour atteindre Alger en
rodant les moteurs.
D'Alger à Adrar, véritable promenade n'offrant
aucune difficulté, grâce aux excellentes pistes entrete-
nues avec soin par la direction des territoires du Sud
et aux confortables hôtels transatlantiques qui
jalonnent les étapes.
Le 7 février au matin, notre petite caravane quittait
Adrar pour s'enfoncer dans le légendaire pays de la
soif et de la peur : le Tanezrouft, qu'elle a traversé
par petites étapes, sans hâte, sans fatigue, sans avoir
eu à aucun moment la moindre émotion désagréable.
De ces journées, nous avons conservé un excellent
souvenir : l'isolement n'est pas assez prolongé pour
devenir pesant., la monotonie est beaucoup moins
grande qu'on se l'imagine et, à bord de trois robustes
voitures largement approvisionnées en carburant, en
eau, en vivres, en pièces de rechange, on se sent en
parfaite sécurité.
Le 14 février, nous arrivions au bord du Niger,
à Gao.
Tous les voyageurs qui ont traversé le Sahara ont
décrit l'émotion et la joie qu'ils ont éprouvées au
moment où, après des jours passés entre le ciel et le
sable, leur est brusquement apparu l'immense fleuve
aux rives verdoyantes.
Cette émotion à elle seule vaudrait le voyage ; mais
nous avons voulu en avoir d'autres et, par les excel-
lentes pistes du Soudan et du Niger, nous avons
gagné la frontière du Dahomey pour chasser dans la
grande brousse.
Le retour s'est effectué sans plus de difficultés
que l'aller, en suivant le même itinéraire qui, en sens
inverse, nous a offert des aspects bien différents.
Le 25 mars, soit deux mois jour pour jour après
notre départ, nous étions à Alger, ayant couvert près
de 10 000 kilomètres.
En cours de route, il a fallu parfois sortir les voi-
tures embourbées dans des marigots, peiner un peu
dans des passages sablonneux que des éléments de
tôle ondulée nous ont beaucoup aidés à traverser,
nous arrêter souvent par temps chaud et vent arrière
pour laisser refroidir l'eau de nos radiateurs, remédier
aussi à quelques pannes mécaniques ou électriques,
mais très rarement.
En résumé, nous avons eu juste assez de difficultés
pour n'avoir pas eu à regretter toutes les précautions
que nous avions prises et que je viens de décrire,
mais nous avons eu nettement le sentiment que, faute
de ces précautions, le beau voyage aurait pu finir
en une lamentable aventure.
Si cette randonnée touristique, à laquelle a participé
une dame qui n'en a ressenti aucune fatigue, prouve
quelque chose, c'est que, dès maintenant, les itinéraires
suivis sont accessibles aux petites caravanes privées
qui prendront les précautions nécessaires.
Les manifestations touristiques projetées pour
1930 à l'occasion du centenaire de l'Algérie, à l'occa-
sion duquel les automobilistes profiteront de facilités
que nous n'avons pas eues, paraissent donc assurées
du plus grand succès et d'une parfaite réussite.
L.-G. ROEDERER.
Au Sahara. — Levée du campement le 14 février, après la toilette, avant d arriver à Gao.
(Photos de l'auteur.)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.63%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.63%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 16/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k9745726t/f16.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k9745726t/f16.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k9745726t/f16.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k9745726t
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k9745726t
Facebook
Twitter