Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-05-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1929 01 mai 1929
Description : 1929/05/01-1929/05/31. 1929/05/01-1929/05/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743134p
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
Tage 5
La rade de Saint-Pierre. — L'lie aux Chiens et les autres petites îles. Une ftotille pêche à l'encornet.
ILâ PÊCHE à. LÂ MORUE
Son importance. .—' La crise actuelle. - Sa gravité et ses causes. - Mesures à prendre
en faveur de l armement et des équipages.
Importance de la pèche
morutière au point de vue
commercial et maritime
Pour avoir une idée de l'importance de la
pêche à Terre-Neuve, il suffit de suivre le
quai des Ecluses à Saint-Malo au mois de
mars : soixante goélettes s'y pressent en
rangs serrés. Chacune d'elles fait sa toilette
et ses préparatifs pour le grand départ pro-
chain.
Mais en dépit du « Pardon des Terre-Neu-
vas » que des commerçants ingénieux ont
organisé depuis quelques années et qui attire
à ce moment, dans la Cité des Corsaiies,
toute une armée de cinéastes, le grand pu-
blic ne fréquente guère Saint-Malo au mois
de mars.
Et la grande pêche des Terre-Neuvas reste
une chose lointaine pour ne pas dire étran-
gère au grand public.
Cependant la pêche morutière est pour un
pays maritime comme le nôtre une industrie
capitale. Elle l'est en soi parce qu'elle est
une source de richesse, une branche impor-
tante de notre industrie nationale.
Elle l'est surtout parce que, pour notre ma-
rine marchande et même militaire, elle est
une école unique d'énergie, une pépinière
précieuse de marins éprouvés.
Pour « amariner » un équipage, rien ne
vaut une campagne à Terre-Neuve.
Malheureusement la pêche à la morue su-
bit actuellement une crise grave, sans que
les pouvoirs publics songent à s'en émou-
voir... La flotille diminue d'année en année :
des goélettes coulent, d'autres arment pour
le cabotage.
Le moment est venu d'appeler l'attention
de l'opinion publique sur cette grave ques-
Savoyard, village estival de pêcheurs.
tion avec l'espoir que ceux qui ont pour mis-
sion de protéger notre commerce et notre
marine se décideront- enfin à agir vigoureu-
sement comme les circonstances l'exigent.
Après avoir mont é ce qu'est la pêche à
la morue, son importance au point de vue
commercial et maritime, je m'efforcerai de
dégager les causes et 1. remèdes de la crise
grave (mortelle si on n'agit pas) qu'elle tra-
verse actuellement.
Et mon but sera atteint si les intéressés se
décident (Gouvernement, Armateurs, Equi-
pages) à se grouper et à coordonner leurs
efforts pour résoudre un problème dont la
gravité semble leur avoir, jusqu'à ce jour,
échappé..
L'armement
Chaque année, au mois de mars, les pê-
cheurs morutiers quittent les côtes de France
pour aller faire leurs huit mois de campa-
gne.
Cent soixante bâtiments sont partis des
ports de la Manche ou de l'Atlantique en
iQ27. Vingt pour l'Islande, 140 pour Terre-
Neuve (114 voiliers, 42 chalutiers) se répar-
tissant de la façon suivante:
Ports Islande Terre-Neuve
d'armement Voiliers Chalut. Voil. Chalut.
Dunkerquc.. 1 Il Il »
Gravelines.. 10 » » Il
Fécamp ... » (1) 4 II (2)
Le Havre.. Il » » 3
Granville .. » » 6 2
Cancale • • » » 2 »
Saint-Malo.. » » 51 3
St-Servan... » » 22 3'
Binic » » 1 »
Paimpol ... 5 » » »
Lorient .... » » 1 »
St-Nazaire.. » » » 2
La Rochelle » » 1 1
Bordeaux .. » » 3 8
Arcachcn .. 1. x » 2
Totaux.. 16 4 98 42
20 140
La population embarquée représente un
effectif, pour cette même année, de 5.658
marins de pont, inscrits maritimes, 332 ou-
vriers du personnel des machines et 7Q
agents de service général (T. S. F., cuisi-
niers, boulangers, etc.), ce qui fait un effec-
tif total de 6.069 hommes embarqués.
(1) Ces navires ont pratiqué également la
pêche à Terre-Neuve.
(2) Y compris les 4 chalutiers ayant pêché
en Islande.
Les bateaux sont à peu près tous bâtis sur
le même modèle: ce sont des goëlettes trois
mats, généralement de 300 tonnes de jauge
nette. L'équipage se compose de 32 hommes.
Chaque bateau embarque 13 ou 15 « doris »,
petites embarcations qui seront montées cha-
cune par deux hommes chargés d'aller ten-
dre et relever les lignes, et 500 lignes qui ont
chacune 133 mètres de long.
Le chargement de morue sur chaque goë-
lette peut atteindre 5.600 tonnes de morues.
Chaque navire emporte ses vivres pour ses
huit mois de campagne. En voici la compo-
sition : 200 kilos de bœuf frais, 1.200 kilos
de: lard, 600 kilos de bœuf frigorifié, 10.000
litres de vin, une barrique d'cau-de-vie, 5.000
kilos de pommes de terre, 400 kilos de pâte,
18 tonnes de charbon, 00 barriques d'eau
douce, des (. ufs, du café, de la graisse, des
légumes, du sel.
Les chalutiers à vapeur, dont le nombre a
diminué, (Fécamp n'a armé en 1927 que
4 chalutiers au lieu de 13 en 1926) sont ap-
pelés cependant à rendre de grands services
à la pêche de Terre-Neuve. Ils ont en effet
une capacité de rendement supérieure aux
voiliers, ils contiennent plus de poisson
et leur vitesse leur permet de revenir plus
souvent aux ports. Ils se rendent deux fois
pendant la campagne aux lieux de pêche,
alors que les trois mâts ne peuvent s'y ren-
dre qu'une fois.
Munis de fortes machines à vapeur, ils
peuvent augmenter la dimension des filets et
traîner à de plus grandes profondeurs que
les anciens chalutiers.
Les chalutiers à moteur ont fait aussi leur
apparition sur les bancs de Terre-Neuve; ils
sont supérieurs aux chalutiers à vapeur par
Préparation de la morue au Savoyard.
Tage 5
La rade de Saint-Pierre. — L'lie aux Chiens et les autres petites îles. Une ftotille pêche à l'encornet.
ILâ PÊCHE à. LÂ MORUE
Son importance. .—' La crise actuelle. - Sa gravité et ses causes. - Mesures à prendre
en faveur de l armement et des équipages.
Importance de la pèche
morutière au point de vue
commercial et maritime
Pour avoir une idée de l'importance de la
pêche à Terre-Neuve, il suffit de suivre le
quai des Ecluses à Saint-Malo au mois de
mars : soixante goélettes s'y pressent en
rangs serrés. Chacune d'elles fait sa toilette
et ses préparatifs pour le grand départ pro-
chain.
Mais en dépit du « Pardon des Terre-Neu-
vas » que des commerçants ingénieux ont
organisé depuis quelques années et qui attire
à ce moment, dans la Cité des Corsaiies,
toute une armée de cinéastes, le grand pu-
blic ne fréquente guère Saint-Malo au mois
de mars.
Et la grande pêche des Terre-Neuvas reste
une chose lointaine pour ne pas dire étran-
gère au grand public.
Cependant la pêche morutière est pour un
pays maritime comme le nôtre une industrie
capitale. Elle l'est en soi parce qu'elle est
une source de richesse, une branche impor-
tante de notre industrie nationale.
Elle l'est surtout parce que, pour notre ma-
rine marchande et même militaire, elle est
une école unique d'énergie, une pépinière
précieuse de marins éprouvés.
Pour « amariner » un équipage, rien ne
vaut une campagne à Terre-Neuve.
Malheureusement la pêche à la morue su-
bit actuellement une crise grave, sans que
les pouvoirs publics songent à s'en émou-
voir... La flotille diminue d'année en année :
des goélettes coulent, d'autres arment pour
le cabotage.
Le moment est venu d'appeler l'attention
de l'opinion publique sur cette grave ques-
Savoyard, village estival de pêcheurs.
tion avec l'espoir que ceux qui ont pour mis-
sion de protéger notre commerce et notre
marine se décideront- enfin à agir vigoureu-
sement comme les circonstances l'exigent.
Après avoir mont é ce qu'est la pêche à
la morue, son importance au point de vue
commercial et maritime, je m'efforcerai de
dégager les causes et 1. remèdes de la crise
grave (mortelle si on n'agit pas) qu'elle tra-
verse actuellement.
Et mon but sera atteint si les intéressés se
décident (Gouvernement, Armateurs, Equi-
pages) à se grouper et à coordonner leurs
efforts pour résoudre un problème dont la
gravité semble leur avoir, jusqu'à ce jour,
échappé..
L'armement
Chaque année, au mois de mars, les pê-
cheurs morutiers quittent les côtes de France
pour aller faire leurs huit mois de campa-
gne.
Cent soixante bâtiments sont partis des
ports de la Manche ou de l'Atlantique en
iQ27. Vingt pour l'Islande, 140 pour Terre-
Neuve (114 voiliers, 42 chalutiers) se répar-
tissant de la façon suivante:
Ports Islande Terre-Neuve
d'armement Voiliers Chalut. Voil. Chalut.
Dunkerquc.. 1 Il Il »
Gravelines.. 10 » » Il
Fécamp ... » (1) 4 II (2)
Le Havre.. Il » » 3
Granville .. » » 6 2
Cancale • • » » 2 »
Saint-Malo.. » » 51 3
St-Servan... » » 22 3'
Binic » » 1 »
Paimpol ... 5 » » »
Lorient .... » » 1 »
St-Nazaire.. » » » 2
La Rochelle » » 1 1
Bordeaux .. » » 3 8
Arcachcn .. 1. x » 2
Totaux.. 16 4 98 42
20 140
La population embarquée représente un
effectif, pour cette même année, de 5.658
marins de pont, inscrits maritimes, 332 ou-
vriers du personnel des machines et 7Q
agents de service général (T. S. F., cuisi-
niers, boulangers, etc.), ce qui fait un effec-
tif total de 6.069 hommes embarqués.
(1) Ces navires ont pratiqué également la
pêche à Terre-Neuve.
(2) Y compris les 4 chalutiers ayant pêché
en Islande.
Les bateaux sont à peu près tous bâtis sur
le même modèle: ce sont des goëlettes trois
mats, généralement de 300 tonnes de jauge
nette. L'équipage se compose de 32 hommes.
Chaque bateau embarque 13 ou 15 « doris »,
petites embarcations qui seront montées cha-
cune par deux hommes chargés d'aller ten-
dre et relever les lignes, et 500 lignes qui ont
chacune 133 mètres de long.
Le chargement de morue sur chaque goë-
lette peut atteindre 5.600 tonnes de morues.
Chaque navire emporte ses vivres pour ses
huit mois de campagne. En voici la compo-
sition : 200 kilos de bœuf frais, 1.200 kilos
de: lard, 600 kilos de bœuf frigorifié, 10.000
litres de vin, une barrique d'cau-de-vie, 5.000
kilos de pommes de terre, 400 kilos de pâte,
18 tonnes de charbon, 00 barriques d'eau
douce, des (. ufs, du café, de la graisse, des
légumes, du sel.
Les chalutiers à vapeur, dont le nombre a
diminué, (Fécamp n'a armé en 1927 que
4 chalutiers au lieu de 13 en 1926) sont ap-
pelés cependant à rendre de grands services
à la pêche de Terre-Neuve. Ils ont en effet
une capacité de rendement supérieure aux
voiliers, ils contiennent plus de poisson
et leur vitesse leur permet de revenir plus
souvent aux ports. Ils se rendent deux fois
pendant la campagne aux lieux de pêche,
alors que les trois mâts ne peuvent s'y ren-
dre qu'une fois.
Munis de fortes machines à vapeur, ils
peuvent augmenter la dimension des filets et
traîner à de plus grandes profondeurs que
les anciens chalutiers.
Les chalutiers à moteur ont fait aussi leur
apparition sur les bancs de Terre-Neuve; ils
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Préparation de la morue au Savoyard.
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