Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-09-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 septembre 1929 01 septembre 1929
Description : 1929/09/01-1929/09/30. 1929/09/01-1929/09/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97431301
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Pane 12
Les Annales Coloniales
les qui émettent de la fumée et des vapeurs
sulfureuses à haute pression : le cratère du
Nord dont la température est de 96 à 105
degrés; le Volcan Napoléon, 96 à 98 degrés;
le Cratère du SudJ sorte de cheminée où une
pierre volumineuse met environ 18 secondes
à tomber jusqu'au fond où se trouve un vrai
lac de soufre. C'est de ce cratère qu'est sor-
tie l'éruption de cendres du 3 décembre 1836,
la dernière observée à la Guadeloupe.
Le Matouba
Le l'rf atouba J à une altitude de 620 mètres
au pont de la Rivière Rouge, est, on peut
dire, le pays des fleurs. Il y règne une fraî-
cheur délicieuse, encore plus grande qu'au
Camp Jacob dont il est distant de 3 kilo-
mètres à l'Est. Plus avancé dans la zone
des grandes forêts, il reçoit des pluies plus
fréquentes et plus abondantes.
Le modlis vivendi est le même qu'au
Camp Jacob et le climat n'y diffère pas.
Les forces, déprimées par les fatigues pro-
fessionnelles ou par le séjour dans les loca-
lités sur le littoral, peuvent se retremper
aux eaux de Jouvence que roule la Rivière
Rouge tant elle est glacée, ou tirer profit de
l'action des eaux sulfureuses des bains
chauds du Matouba, existant à 1.00'1 mètres
d'altitude, au pied du A' ez-Cassc. Ces eaux,
dont la température varie selon les sources
entre 340, 530 et 70°, laissent de nombreux
dépôts de soufre hydraté.
Il existe une glacière artificielle.
Gourbeyre
Gourbeyrej à 420 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer, à proximité des eaux de
Dolé, est une station balnéaire très fréquen-
tée. Il y règne aussi une grande fraîcheur,
quoique bien moindre que celle de Saint.
Claude.
La région est très ventilée et les pluies
sont peu fréquentes.
L'existence y est assez facile.
Les autos qui font le service régulier en-
tre Basse-Terre et Pointe-à-Pître y ont des
arrêts obligatoires.
Autrefois, le Gouvernement avait créé à
Dolé une caserne pour les convalescents mi-
litaires afin de leur permettre, comme aux
personnes résidant à Gourbeyre et aux en-
virons, de jouir des bains thermaux de Ja
Diguej de la Fontaine chaude ou de Caftès.
De nos jours il y existe un hôtel très
confortable tout proche de la Digue.
Cette digue est formée de deux piscines
naturelles dont les eaux sont captées par
de forts murs artificiels. La plus grande est
affectée aux hommes, l'autre moins profonde
est réservée aux femmes. De bonnes cabines
permettent de s'abriter pour procéder à la
toilette.
Toutes les eaux de Dolé, d'une limpidité
cristalline, de composition identique, doivent
provenir, sans nul doute ? d'une source com-
mune. Le bain dit Capes, le bain d'Amour
et les autres environnants contiennent tous,
au dire de P. S. Dupuy, des eaux dont la
composition est égale par la qualité et la
quantité des principes qui les minéralisent.
Il n'y a véritablement que l'eau de la Di-
gue qui, bien que formée des mêmes sels,
les contient quelquefois dans de moindres
proportions.
Le même auteur conclut ainsi de ses ana-
lyses :
« En résumé, les eaux thermales de Dolé,
<( dont la composition est identique dans
cc tous les bassins, sont des eaux salines fai-
« bles, ne contenant aucun principe sulfu-
<( reux ni ferrugineux et agissant par leur
« thermalité, abstraction faite de l'influence
(( de cette localité salubre. »
Climat
L'étude du climat de ces altitudes com-
porte deux ordres de phénomènes l'un chi-
mique et pathologique ou état de l'air ; l'au-
tre atmosphérique et météorologique ou état
de l'atmosphère.
lu État de l'air
Il faut considérer, dans l'état de l'air, .sa
pureté, l'absence de poussières et, par suite,
de micro-organismes et son hygrométrie.
Qui n'a jamais remarqué les myriades de
corpuscules, flottant dans un rayon de soleil
que laisse pénétrer un petit orifice dans une
pièce noire ? On y voit évoluer sous forme
d'infiniment petits, mis ainsi en lumière, des
débris de toutes sortes : paillettes de bois,
parcelles de pierres, fleurs et plantes dessé-
chées pulvérisées, détritus impalpables d'ani-
maux morts, poudres ténues de duvets, de
poils, d'ailes d'insectes, atomes de métaux,
de sels de cristaux et d'autres impuretés
dont les plus dangereuses sont les microor-
ganismes, bacilles, spores, bactéries, micro-
coccus, etc.
M. Miquel est arrivé à constater par des
expériences, que, pris dans l'air des rues à
Paris, un gramme de poussière contient
2.100.000 bactéries, parmi lesquelles se trou-
vent, comme l'on pense, les microbes de
toutes les maladies. Dans un mètre cube
d'air à Paris et dans les grandes villes
grouillent de 3.480 à 80.000 bactéries. En
multipliant par 10 ce nombre, chaque per-
sonne consommant à peu près 10 mètres cu-
bes d'air par jour, on peut se faire une idée
de la quantité de bactéries absorbées, va-
riant, selon que cet air est plus ou moins
pur, entre 35.000 et 800.000 microorganismes
qui ne cherchent qu'un terrain prédisposé
pour proliférer et déterminer telle ou telle
affection microbienne.
Des expériences, faites dans les couches
supérieures de l'atmosphère, ont prouvé que
les impuretés diminuent en raison de la hau-
teur. Ainsi, l'air qui renferme 8.000 bactéries
au pied du Panthéon, n'en a plus que 200 au
sommet. Christiani a trouvé que l'air, qu'il
avait été recueillir en ballon à 1.200 mètres
au-dessus de Genève, où pullulent les micro-
bes, comme dans tout grand centre de popu-
lation, en était complètement dépourvu. Les
expériences retentissantes de Pasteur en
1862, celles de Ryndall, Miquel et de Freun-
denreich ont démontré la pureté de l'air
dans les hautes régions atmosphériques.
Cette diminution et même la disparition des
microbes pathogènes dans les régions élevées
dépend bien de la raréfaction de l'air puis-
que ces microbes résistent aux plus hautes
températures (150°). De l'avis de tous les
spécialistes, l'air est d'une pureté absolue à
partir de 800 mètres au-dessus de n'importe
quel foyer d'infection.
Gourbeyre à 420 mètres, le Camp Jacob
à 533 mètres, et le Matouba à 620 mètres,
sont donc presque à l'abri des germes mor-
bifiques qui peuvent naître sur.le littoral ou
exister dans les villes au bord de la mer ;
d'autant plus qu'il est aussi démontré que
les grands arbres forment en masse un obs-
tacle insurmontable à la marche des germes
microbiens. Quant aux poussières inorgani-
ques, elles ne peuvent s'élever dans l'atmo-
sphère, étant fréquemment arrosées par. les
pluies, sans compter que l'abondante végé-
tation de ces parages ne làisse guère de
place à la terre dénudée.
Hygrométrie
L'humidité et la sécheresse arrivées à un
trop haut degré offrent de réels dangers.
D'une part, l'humidité, tout le monde le
sait, par le refroidissement, irrite les mu
queuses et détermine tantôt des bronchites,
tantôt des gastro-entérites, ou des cystites,
etc., etc. D'autre part, une sécheresse trop
grande occasionne des gerçures aux lèvres et
à l'épiderme, détermine une irritation de la
gorge et des yeux, ainsi qu'une transpiration
excessive, cause de refroidissement.
D'après les observations météorologiques
quotidiennes faites à l'hôpital, on se rend
compte que l'état hygrométrique au Camp
Jacob est suffisamment stable et non ex-
cessif.
1* État de l'atmosphère
En consultant les tableaux de ces obser-
vations, insérés au Journal officiel de la Co-
lonie, il est facile de constater que la pres-
sion barométrique, pendant la saison fraî-
che, ne subit pas de grandes variations.
C'est pendant l'hivernage que se produisent
des ruptures dans l'équilibre atmosphérique.
Il n'y a donc pas pendant la saison fraîche
et sèche, de ces subites variations atmosphé-
riques qui, par les phénomènes météoiolo-
giques qu'elles entraînent, agissent si péni-
blement et même d'une façon si dangereuse
sur les santés délicates.
Températures
La moyenne de la température au Camp
Jacob pendant la saison fraîche est dè 18°
le jour et de 16° la nuit. Celle de Matouba
est de 18°, elle peut même descendre à 11°,
celle de Gourbeyre est un peu plus élevée.
Les températures les plus basses qui ont
été relevées au sommet de la Soufrière ont
été :
1896 Octobre 8 ... 1 0
1897 Janvier 2 ... 1 0
Avril 6 ... i°
Décembre 27 ... 6°
Mars 25 ... 30
La meilleure division des saisons de l'an-
née est celle de M. le docteur Carpentin qui
les- divise ainsi :
1° Saison fraîche de décembre à avril
inclusivement, partagée en deux périodes
l'une pluvieuse, décembre et janvier, l'autre
sèche, février, mars et avril.
20 Saison de transition ou renouveau an-
nonçant l'hivernage mai et juin.
3° Saison de l'hivernage de juillet à octo-
bre inclusivement, offrant deux constitutions
météorologiques : la première pluvieuse,
juillet et août, la seconde orageuse, septenl-
bre et octobre, et désignée sous le nom
d'électrique.
40 Deuxième saison de transition ou petit
été de Saint-Martin novembre.
Pluies
Il pleut souvent au Camp-Jacob} même en
dehors de l'hivernage. Les pluies sont en-
core plus, fréquentes au Matouba} mais cette
abondance de pluies est plutôt salutaire,
comme nous l'avons vu au paragraphe con-
cernant les poussières et concourt à la tem-
pérature d'emprunt si agréable. Par la forte
déclivité du terrain et sa perméabilité par
l'absorption des plantes, par l'irradiation
solaire, par l'effet d'évaporation du vent, à
peine la pluie a-t-elle cessé que le sol perd
la plus grande partie de son humidité.
Vents
La Guadeloupe dans la direction des
alizés, est presque constamment rafraîchie
par les vents d'Est. Ce sont les plus fré-
quents. Ils règnent surtout pendant la saison
fraîche. C'est à eux que ces localités, en plus
de leur altitude, Gourbeyre surtout, doivent
leur température d'emprunt si douce. De mai
à octobre, les vents du sud, avec variations
de l'est à l'ouest, dominent.
Irradiation solaire — Nébulosité
En dehors des temps pluvieux, le soleil
luit d'un éclat radieux. La puissance de vé-
gétation de ces lieux paradisiaques prouve
assez l'action vivifiante de l'irradiation so-
laire, ce facteur si important de la salubrité
des montagnes, cet agent purificateur si puis-
sant. La sérénité de l'atmosphère est telle
que, le jour, l'azur du ciel semble fait de
satin ; que, la nuit, on dirait que les feux des
mondes stellaires et planétaires se sont rap-
prochés de moitié.
Quant à la lune, avec sa beauté tropicale
si connue, elle brille, par un temps serein,
d'une clarté si douce et si puie, qu'elle per-
met sans effort de la vue, la lecture des écri-
tures les plus fines.
Conclusion
La Guadeloupe est une île saine.
Le climat, pendant la bonne saison sur-
tout, de novembre à avril, y est doux et
agréable.
Le nombre appréciable de vieillards, plus
qu'octogénaires, qui y existent, pleins de
verdeur, est une preuve éclatante de cette
salubrité. De plus, elle prend rang honorable
parmi les meilleures colonies, puisque les
officiers et fonctionnaires y font une période
de campagne presque double de celle régle-
mentaire pour les colonies insalubres.
Dans l'ordre de préférence, le Camp-
Jacob, le Matouba et Gourbeyre sont tout
indiqués pour le séjour des étrangers.
Docteur VAUDEIN,
Conseiller privé, Président
de l'Association des Médecins
de la Guadeloupe.
Les Annales Coloniales
les qui émettent de la fumée et des vapeurs
sulfureuses à haute pression : le cratère du
Nord dont la température est de 96 à 105
degrés; le Volcan Napoléon, 96 à 98 degrés;
le Cratère du SudJ sorte de cheminée où une
pierre volumineuse met environ 18 secondes
à tomber jusqu'au fond où se trouve un vrai
lac de soufre. C'est de ce cratère qu'est sor-
tie l'éruption de cendres du 3 décembre 1836,
la dernière observée à la Guadeloupe.
Le Matouba
Le l'rf atouba J à une altitude de 620 mètres
au pont de la Rivière Rouge, est, on peut
dire, le pays des fleurs. Il y règne une fraî-
cheur délicieuse, encore plus grande qu'au
Camp Jacob dont il est distant de 3 kilo-
mètres à l'Est. Plus avancé dans la zone
des grandes forêts, il reçoit des pluies plus
fréquentes et plus abondantes.
Le modlis vivendi est le même qu'au
Camp Jacob et le climat n'y diffère pas.
Les forces, déprimées par les fatigues pro-
fessionnelles ou par le séjour dans les loca-
lités sur le littoral, peuvent se retremper
aux eaux de Jouvence que roule la Rivière
Rouge tant elle est glacée, ou tirer profit de
l'action des eaux sulfureuses des bains
chauds du Matouba, existant à 1.00'1 mètres
d'altitude, au pied du A' ez-Cassc. Ces eaux,
dont la température varie selon les sources
entre 340, 530 et 70°, laissent de nombreux
dépôts de soufre hydraté.
Il existe une glacière artificielle.
Gourbeyre
Gourbeyrej à 420 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer, à proximité des eaux de
Dolé, est une station balnéaire très fréquen-
tée. Il y règne aussi une grande fraîcheur,
quoique bien moindre que celle de Saint.
Claude.
La région est très ventilée et les pluies
sont peu fréquentes.
L'existence y est assez facile.
Les autos qui font le service régulier en-
tre Basse-Terre et Pointe-à-Pître y ont des
arrêts obligatoires.
Autrefois, le Gouvernement avait créé à
Dolé une caserne pour les convalescents mi-
litaires afin de leur permettre, comme aux
personnes résidant à Gourbeyre et aux en-
virons, de jouir des bains thermaux de Ja
Diguej de la Fontaine chaude ou de Caftès.
De nos jours il y existe un hôtel très
confortable tout proche de la Digue.
Cette digue est formée de deux piscines
naturelles dont les eaux sont captées par
de forts murs artificiels. La plus grande est
affectée aux hommes, l'autre moins profonde
est réservée aux femmes. De bonnes cabines
permettent de s'abriter pour procéder à la
toilette.
Toutes les eaux de Dolé, d'une limpidité
cristalline, de composition identique, doivent
provenir, sans nul doute ? d'une source com-
mune. Le bain dit Capes, le bain d'Amour
et les autres environnants contiennent tous,
au dire de P. S. Dupuy, des eaux dont la
composition est égale par la qualité et la
quantité des principes qui les minéralisent.
Il n'y a véritablement que l'eau de la Di-
gue qui, bien que formée des mêmes sels,
les contient quelquefois dans de moindres
proportions.
Le même auteur conclut ainsi de ses ana-
lyses :
« En résumé, les eaux thermales de Dolé,
<( dont la composition est identique dans
cc tous les bassins, sont des eaux salines fai-
« bles, ne contenant aucun principe sulfu-
<( reux ni ferrugineux et agissant par leur
« thermalité, abstraction faite de l'influence
(( de cette localité salubre. »
Climat
L'étude du climat de ces altitudes com-
porte deux ordres de phénomènes l'un chi-
mique et pathologique ou état de l'air ; l'au-
tre atmosphérique et météorologique ou état
de l'atmosphère.
lu État de l'air
Il faut considérer, dans l'état de l'air, .sa
pureté, l'absence de poussières et, par suite,
de micro-organismes et son hygrométrie.
Qui n'a jamais remarqué les myriades de
corpuscules, flottant dans un rayon de soleil
que laisse pénétrer un petit orifice dans une
pièce noire ? On y voit évoluer sous forme
d'infiniment petits, mis ainsi en lumière, des
débris de toutes sortes : paillettes de bois,
parcelles de pierres, fleurs et plantes dessé-
chées pulvérisées, détritus impalpables d'ani-
maux morts, poudres ténues de duvets, de
poils, d'ailes d'insectes, atomes de métaux,
de sels de cristaux et d'autres impuretés
dont les plus dangereuses sont les microor-
ganismes, bacilles, spores, bactéries, micro-
coccus, etc.
M. Miquel est arrivé à constater par des
expériences, que, pris dans l'air des rues à
Paris, un gramme de poussière contient
2.100.000 bactéries, parmi lesquelles se trou-
vent, comme l'on pense, les microbes de
toutes les maladies. Dans un mètre cube
d'air à Paris et dans les grandes villes
grouillent de 3.480 à 80.000 bactéries. En
multipliant par 10 ce nombre, chaque per-
sonne consommant à peu près 10 mètres cu-
bes d'air par jour, on peut se faire une idée
de la quantité de bactéries absorbées, va-
riant, selon que cet air est plus ou moins
pur, entre 35.000 et 800.000 microorganismes
qui ne cherchent qu'un terrain prédisposé
pour proliférer et déterminer telle ou telle
affection microbienne.
Des expériences, faites dans les couches
supérieures de l'atmosphère, ont prouvé que
les impuretés diminuent en raison de la hau-
teur. Ainsi, l'air qui renferme 8.000 bactéries
au pied du Panthéon, n'en a plus que 200 au
sommet. Christiani a trouvé que l'air, qu'il
avait été recueillir en ballon à 1.200 mètres
au-dessus de Genève, où pullulent les micro-
bes, comme dans tout grand centre de popu-
lation, en était complètement dépourvu. Les
expériences retentissantes de Pasteur en
1862, celles de Ryndall, Miquel et de Freun-
denreich ont démontré la pureté de l'air
dans les hautes régions atmosphériques.
Cette diminution et même la disparition des
microbes pathogènes dans les régions élevées
dépend bien de la raréfaction de l'air puis-
que ces microbes résistent aux plus hautes
températures (150°). De l'avis de tous les
spécialistes, l'air est d'une pureté absolue à
partir de 800 mètres au-dessus de n'importe
quel foyer d'infection.
Gourbeyre à 420 mètres, le Camp Jacob
à 533 mètres, et le Matouba à 620 mètres,
sont donc presque à l'abri des germes mor-
bifiques qui peuvent naître sur.le littoral ou
exister dans les villes au bord de la mer ;
d'autant plus qu'il est aussi démontré que
les grands arbres forment en masse un obs-
tacle insurmontable à la marche des germes
microbiens. Quant aux poussières inorgani-
ques, elles ne peuvent s'élever dans l'atmo-
sphère, étant fréquemment arrosées par. les
pluies, sans compter que l'abondante végé-
tation de ces parages ne làisse guère de
place à la terre dénudée.
Hygrométrie
L'humidité et la sécheresse arrivées à un
trop haut degré offrent de réels dangers.
D'une part, l'humidité, tout le monde le
sait, par le refroidissement, irrite les mu
queuses et détermine tantôt des bronchites,
tantôt des gastro-entérites, ou des cystites,
etc., etc. D'autre part, une sécheresse trop
grande occasionne des gerçures aux lèvres et
à l'épiderme, détermine une irritation de la
gorge et des yeux, ainsi qu'une transpiration
excessive, cause de refroidissement.
D'après les observations météorologiques
quotidiennes faites à l'hôpital, on se rend
compte que l'état hygrométrique au Camp
Jacob est suffisamment stable et non ex-
cessif.
1* État de l'atmosphère
En consultant les tableaux de ces obser-
vations, insérés au Journal officiel de la Co-
lonie, il est facile de constater que la pres-
sion barométrique, pendant la saison fraî-
che, ne subit pas de grandes variations.
C'est pendant l'hivernage que se produisent
des ruptures dans l'équilibre atmosphérique.
Il n'y a donc pas pendant la saison fraîche
et sèche, de ces subites variations atmosphé-
riques qui, par les phénomènes météoiolo-
giques qu'elles entraînent, agissent si péni-
blement et même d'une façon si dangereuse
sur les santés délicates.
Températures
La moyenne de la température au Camp
Jacob pendant la saison fraîche est dè 18°
le jour et de 16° la nuit. Celle de Matouba
est de 18°, elle peut même descendre à 11°,
celle de Gourbeyre est un peu plus élevée.
Les températures les plus basses qui ont
été relevées au sommet de la Soufrière ont
été :
1896 Octobre 8 ... 1 0
1897 Janvier 2 ... 1 0
Avril 6 ... i°
Décembre 27 ... 6°
Mars 25 ... 30
La meilleure division des saisons de l'an-
née est celle de M. le docteur Carpentin qui
les- divise ainsi :
1° Saison fraîche de décembre à avril
inclusivement, partagée en deux périodes
l'une pluvieuse, décembre et janvier, l'autre
sèche, février, mars et avril.
20 Saison de transition ou renouveau an-
nonçant l'hivernage mai et juin.
3° Saison de l'hivernage de juillet à octo-
bre inclusivement, offrant deux constitutions
météorologiques : la première pluvieuse,
juillet et août, la seconde orageuse, septenl-
bre et octobre, et désignée sous le nom
d'électrique.
40 Deuxième saison de transition ou petit
été de Saint-Martin novembre.
Pluies
Il pleut souvent au Camp-Jacob} même en
dehors de l'hivernage. Les pluies sont en-
core plus, fréquentes au Matouba} mais cette
abondance de pluies est plutôt salutaire,
comme nous l'avons vu au paragraphe con-
cernant les poussières et concourt à la tem-
pérature d'emprunt si agréable. Par la forte
déclivité du terrain et sa perméabilité par
l'absorption des plantes, par l'irradiation
solaire, par l'effet d'évaporation du vent, à
peine la pluie a-t-elle cessé que le sol perd
la plus grande partie de son humidité.
Vents
La Guadeloupe dans la direction des
alizés, est presque constamment rafraîchie
par les vents d'Est. Ce sont les plus fré-
quents. Ils règnent surtout pendant la saison
fraîche. C'est à eux que ces localités, en plus
de leur altitude, Gourbeyre surtout, doivent
leur température d'emprunt si douce. De mai
à octobre, les vents du sud, avec variations
de l'est à l'ouest, dominent.
Irradiation solaire — Nébulosité
En dehors des temps pluvieux, le soleil
luit d'un éclat radieux. La puissance de vé-
gétation de ces lieux paradisiaques prouve
assez l'action vivifiante de l'irradiation so-
laire, ce facteur si important de la salubrité
des montagnes, cet agent purificateur si puis-
sant. La sérénité de l'atmosphère est telle
que, le jour, l'azur du ciel semble fait de
satin ; que, la nuit, on dirait que les feux des
mondes stellaires et planétaires se sont rap-
prochés de moitié.
Quant à la lune, avec sa beauté tropicale
si connue, elle brille, par un temps serein,
d'une clarté si douce et si puie, qu'elle per-
met sans effort de la vue, la lecture des écri-
tures les plus fines.
Conclusion
La Guadeloupe est une île saine.
Le climat, pendant la bonne saison sur-
tout, de novembre à avril, y est doux et
agréable.
Le nombre appréciable de vieillards, plus
qu'octogénaires, qui y existent, pleins de
verdeur, est une preuve éclatante de cette
salubrité. De plus, elle prend rang honorable
parmi les meilleures colonies, puisque les
officiers et fonctionnaires y font une période
de campagne presque double de celle régle-
mentaire pour les colonies insalubres.
Dans l'ordre de préférence, le Camp-
Jacob, le Matouba et Gourbeyre sont tout
indiqués pour le séjour des étrangers.
Docteur VAUDEIN,
Conseiller privé, Président
de l'Association des Médecins
de la Guadeloupe.
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