Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-11-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1929 01 novembre 1929
Description : 1929/11/01-1929/11/30. 1929/11/01-1929/11/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743128z
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page 8
A
Les Annales Coloniales
Hanoi. — Le quai Clemenceau et vue générale.
vail et un attachement à son pays dont il
connaît maintenant la valeur certes plus per-
ceptible qu'il y a trente ans !
La France a très certainement réalisé une
véritable libération des esprits et, mis à part
les excès d une jeunesse parfois impatiente,
l'on retire une grande satisfaction de voir
l'heureuse évolution de la pensée indigène.
Au Cambodge, l'on retrouve les mêmes
marques d'une évolution analogue à celle
que l'on a relevée en Cochinchine. Néan-
moins, la couleur locale y reste beaucoup plus
grande, car le Cambodgien, profondément
attaché à ses institutions, à ses croyances,
est resté très cambodgien. Sa fidélité à ses
traditions n'a en rien gêné son évolution.
Tout le Cambodge est sillonné de routes
splendides. Angkor la merveilleuse est de-
venue accessible aux automobiles. L'on ne
parle plus de « celui qui est allé à Angkor »
car tout le monde y va aisément. L'on ne
traverse plus, en effet, le grand lac et l'on
ne doit plus se faire cahoter ensuite dans
des charrettes à bœufs pour rejoindre une
installation de fortune. Une automobile
vous descend à un bungalow confortable
d'où vous rayonnez à travers des ruines dans
des chemins entretenus comme le seraient
les allées d'un jardin merveilleux dont. les
parterres et la floraison seraient faits d'une
végétation luxuriante enserrant les splen-
deurs des grandioses ruines de l'ancien
Angkor.
Pour monter vers le Tonkin, l'on n'at-
tend plus l'annexe et l'on ne redoute plus
le mal de mer que le pauvre vapeur qui fai-
sait alors ce service octroyait si généreuse-
ment, le long des côtes de l'Annam. L'on se
lance sur la route mandarine et la préoccu-
pation de ceux qui ont la chance de pouvoir
faire ce voyage en touristes et non pas dans
la hâte des affaires, est de savoir quels
crochets ils pourront faire pour agrémenter
leur voyage de plaisir, pointe vers les hauts
plateaux du Darlac et de Kontum, boucle
vers le Laos, vers Savannakhet et Thakhek.
Le pauvre Annam d'autrefois, bien qu'en re-
tard sur le Tonkin, a perdu l'aspect misé-
rable que je lui avais connu. Les gens n'y
vivent plus compartimentés dans une pro-
vince d'où l'on ne pouvait sortir autrement
que par la mer. Les routes, les chemins de
fer font de l'Annam un grand lieu de pas-
sage. L'indigène, sans être arrivé au stade de
richesse atteint par le Cochinchinois, n'of-
fre plus cet aspect pitoyable qu'il avait
autrefois. Les villages ont grossi et se sont
appropriés, les cars automobiles, les che-
mins de fer, où ils existent, regorgent de
voyageurs indigènes. Le même goût de mou-
vement, le même besoin de se déplacer ani-,
ment dans ce pays Européens et Annamites.
Comme au Cambodge, cette transforma-
tion de l'Annam n'a rien enlevé au carac-
tère traditionnel qui domine ce pays.
Dès que l'on s'éloigne de la Cochinchine
et que l'on atteint Quinhon, l'on sent déjà
l'influence de la vieille tradition royale.
L'Annamite y a évolué heureusement dans la
double direction que doit leur indiquer le
Protectorat, c'est-à-dire en adoptant le pro-
grès français et en améliorant les traditions
et les organismes purement indigènes qui
subsistent partout en Annam comme au Cam-
bodge. Les grands centres sont bien cons-
truits, l'électricité y répand le soir une lu-
mière qui transforme complètement l'aspect
de ces villes. A Hué, en particulier, dans la
beauté du soir, que l'on circule dans les rues
de la ville européenne ou dans les quartiers
indigènes, que l'on se promène sur la ri-
vière des parfums, l'on jouit du spectacle
curieux d'une foule qui va, vient, travaille,
la lumière prolongeant le jour et permettant
cette activité nocturne chère aux indigènes. Je
me rappelle alors l'époque où, le soir, dans
les échoppes, les artisans travaillaient à la
lueur d'une lampe pigeon faite de morceaux
de touques à pétrole, et la procession des
petites lanternes que les indigènes devaient
porter pour circuler de nuit, pour satisfaire
à une mesure de police en même temps que
pour pouvoir se diriger dans des rues qui
n'étaient que de mauvais chemins où le soir
faisait régner une obscurité complète.
Là aussi le même goût du travail semble
animer toutes les forces actives de l'An-
nam. Les plantations sont nées sur les pen-
tes où les plateaux de la Chaîne Annami-
tique, le Kontum, le Darlac, le col de Lao
Bao, la vallée du Song-Con, la région de
Phuqui, les terres rouges du Thanh-Hoa, té-
moignent de l'activité des colons européens
et indigènes qui y ont créé des plantations.
Le mouvement, par suite de la création de
ces affaires agricoles, ne s'est pas seulement
développé dans le sens d'un passage du
Nord au Sud. Dans le delta, les usines se
sont accrues, usines de tissage de soie dans
le Quinhon, usines à chaux du Lang-Tho,
usines à bois, allumetteries du Nord. Vers
l'Ouest, l'activité économique, bénéficiant des
terres rouges, des pentes ou plateaux de la
chaîne annamitique, a créé des plantations. Le
Tonkin m'apparaît comme le pays de l'Union
indochinoise dans lequel la transformation
se fait le plus vivement sentir. Son aspect
A
Les Annales Coloniales
Hanoi. — Le quai Clemenceau et vue générale.
vail et un attachement à son pays dont il
connaît maintenant la valeur certes plus per-
ceptible qu'il y a trente ans !
La France a très certainement réalisé une
véritable libération des esprits et, mis à part
les excès d une jeunesse parfois impatiente,
l'on retire une grande satisfaction de voir
l'heureuse évolution de la pensée indigène.
Au Cambodge, l'on retrouve les mêmes
marques d'une évolution analogue à celle
que l'on a relevée en Cochinchine. Néan-
moins, la couleur locale y reste beaucoup plus
grande, car le Cambodgien, profondément
attaché à ses institutions, à ses croyances,
est resté très cambodgien. Sa fidélité à ses
traditions n'a en rien gêné son évolution.
Tout le Cambodge est sillonné de routes
splendides. Angkor la merveilleuse est de-
venue accessible aux automobiles. L'on ne
parle plus de « celui qui est allé à Angkor »
car tout le monde y va aisément. L'on ne
traverse plus, en effet, le grand lac et l'on
ne doit plus se faire cahoter ensuite dans
des charrettes à bœufs pour rejoindre une
installation de fortune. Une automobile
vous descend à un bungalow confortable
d'où vous rayonnez à travers des ruines dans
des chemins entretenus comme le seraient
les allées d'un jardin merveilleux dont. les
parterres et la floraison seraient faits d'une
végétation luxuriante enserrant les splen-
deurs des grandioses ruines de l'ancien
Angkor.
Pour monter vers le Tonkin, l'on n'at-
tend plus l'annexe et l'on ne redoute plus
le mal de mer que le pauvre vapeur qui fai-
sait alors ce service octroyait si généreuse-
ment, le long des côtes de l'Annam. L'on se
lance sur la route mandarine et la préoccu-
pation de ceux qui ont la chance de pouvoir
faire ce voyage en touristes et non pas dans
la hâte des affaires, est de savoir quels
crochets ils pourront faire pour agrémenter
leur voyage de plaisir, pointe vers les hauts
plateaux du Darlac et de Kontum, boucle
vers le Laos, vers Savannakhet et Thakhek.
Le pauvre Annam d'autrefois, bien qu'en re-
tard sur le Tonkin, a perdu l'aspect misé-
rable que je lui avais connu. Les gens n'y
vivent plus compartimentés dans une pro-
vince d'où l'on ne pouvait sortir autrement
que par la mer. Les routes, les chemins de
fer font de l'Annam un grand lieu de pas-
sage. L'indigène, sans être arrivé au stade de
richesse atteint par le Cochinchinois, n'of-
fre plus cet aspect pitoyable qu'il avait
autrefois. Les villages ont grossi et se sont
appropriés, les cars automobiles, les che-
mins de fer, où ils existent, regorgent de
voyageurs indigènes. Le même goût de mou-
vement, le même besoin de se déplacer ani-,
ment dans ce pays Européens et Annamites.
Comme au Cambodge, cette transforma-
tion de l'Annam n'a rien enlevé au carac-
tère traditionnel qui domine ce pays.
Dès que l'on s'éloigne de la Cochinchine
et que l'on atteint Quinhon, l'on sent déjà
l'influence de la vieille tradition royale.
L'Annamite y a évolué heureusement dans la
double direction que doit leur indiquer le
Protectorat, c'est-à-dire en adoptant le pro-
grès français et en améliorant les traditions
et les organismes purement indigènes qui
subsistent partout en Annam comme au Cam-
bodge. Les grands centres sont bien cons-
truits, l'électricité y répand le soir une lu-
mière qui transforme complètement l'aspect
de ces villes. A Hué, en particulier, dans la
beauté du soir, que l'on circule dans les rues
de la ville européenne ou dans les quartiers
indigènes, que l'on se promène sur la ri-
vière des parfums, l'on jouit du spectacle
curieux d'une foule qui va, vient, travaille,
la lumière prolongeant le jour et permettant
cette activité nocturne chère aux indigènes. Je
me rappelle alors l'époque où, le soir, dans
les échoppes, les artisans travaillaient à la
lueur d'une lampe pigeon faite de morceaux
de touques à pétrole, et la procession des
petites lanternes que les indigènes devaient
porter pour circuler de nuit, pour satisfaire
à une mesure de police en même temps que
pour pouvoir se diriger dans des rues qui
n'étaient que de mauvais chemins où le soir
faisait régner une obscurité complète.
Là aussi le même goût du travail semble
animer toutes les forces actives de l'An-
nam. Les plantations sont nées sur les pen-
tes où les plateaux de la Chaîne Annami-
tique, le Kontum, le Darlac, le col de Lao
Bao, la vallée du Song-Con, la région de
Phuqui, les terres rouges du Thanh-Hoa, té-
moignent de l'activité des colons européens
et indigènes qui y ont créé des plantations.
Le mouvement, par suite de la création de
ces affaires agricoles, ne s'est pas seulement
développé dans le sens d'un passage du
Nord au Sud. Dans le delta, les usines se
sont accrues, usines de tissage de soie dans
le Quinhon, usines à chaux du Lang-Tho,
usines à bois, allumetteries du Nord. Vers
l'Ouest, l'activité économique, bénéficiant des
terres rouges, des pentes ou plateaux de la
chaîne annamitique, a créé des plantations. Le
Tonkin m'apparaît comme le pays de l'Union
indochinoise dans lequel la transformation
se fait le plus vivement sentir. Son aspect
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