Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-11-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1929 01 novembre 1929
Description : 1929/11/01-1929/11/30. 1929/11/01-1929/11/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743128z
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
NOVEMBRE 1929
Les Annales Coloniales
REVUE MENSUELLE ILLUSTRÉE
Téléphone LOUVRE 19-37
— RICHELIEU 87-54
Directeur-fondateur :
Marcel RUE^DElv
RÉDACTION et ADMINISTRATION :
34, Rue du Mont-Thabor, PARIS-1er
ILA VIEILLE UNDOCHUME
Vieille Indochine !
Car, il y a trente ans, séparés par le
gouffre de la guerre, que j'ai pris mon
premier « bateau de septembre », pour
Saïgon, et les au-delà. Des bateaux,
pittoresques et glorieux, moins confor-
tables que ceux d'aujourd'hui, mais qui
avaient transporté fonctionnaires et co-
lons, tant d'hommes de la conquête! Les
récits tout chauds et colorés tombaient
encore de lèvres immédiates. Dès que
connaissance était liée, entre les passa-
gers, après Port-Saïd, quelles pages
d'histoire frémissante, au cours de la
longue traversée où, des semaines, l'on
ne savait plus rien de nulle part : la
T. S. F. ne brisait pas, de ses insigni-
fiantes actualités, l'enchantement du si-
lence et du large, sous les nouvelles
étoiles. Le « bateau de septembre »,
agrémenté de la « troupe », opéra, co-
médie ! l'aïeule Cochinchine et le jeune
Tonkin ne se refusaient rien... Nos com-
patriotes, sevrés de compagnes blan-
ches, s'empressaient jusqu'à Smgapoure
au-devant des vaillantes qui risquaient
le voyage. Quelques-unes ont réussi, si-
non comme artistes, du moins comme
u colones » de la première heure, des
Lakmc aux simples choristes, tandis
qu'une Mireille ou une Carmen succom-
bait à la dysenterie, qu'une Mignon
tombait sous le revolver passionnel d'un
soupirant éconduit... Mais, ce serait un
volume dont Roland Dorgelès a tenté,
dans Partir, un épisode romanesque ; la
réalité, d'il y a quarante ans, lui en au-
rait fourni des centaines. Un volume
qui peut toujours s'écrire : de l'amour
sur de l'eau. Mais que d'autres livres
qui ne se réaliseront pas, mémorables et
pathétiques, l'histoire héroïque et douce
de nos débuts là-bas, tirée des sources
vivantes, aujourd'hui taries. Le temps
des missionnaires, des amiraux, des
inspecteurs des affaires indigènes et des
« phénomènes » ! J'y ai songé — mais
j'avais passé l'âge, j'arrivai trop tard,
il aurait fallu être sur place... —
quand, au café de la Musique, je pou-
vais m'asseoir avec des vétérans, qui y
venaient en « mauresque J'. Ils consti-
tuaient des îlots de survivants, déra-
cinés jeunes, qui n'envisageaient pas le
retour au pays natal. Des héros et des
«phénomènes», des précurseurs. Histoire
héroïque et douce, ai-je écrit. Héroïque.
personne ne contestera. Douce ! Eh,
oui, les abus de la colonisation, ses
violences, ses crimes ! J'en ai assez
dénoncé, pour ma part, et il s'en repro-
duira toujours. Mais, à côté, au-dessus,
il y a l'amour qui l'emporte, et la vic-
Annam (Province de Thua-Thiên).
Le Palais du Roi à Hué : urnes dynastiques dans la cour du temple.
toire n'aurait pas donné ses fruits par
la seule force. Civilisation n'est pas
qu'un mot. C'est l'organisation, éprise
de justice, qui a fait œuvre construc-
tive, solide, à travers les tâtonnements,
les erreurs, les fautes administratives,
et les appétits, la cupidité des requins
d'affaires. Sans doute, l'Indochine
triomphale va nous offrir des merveilles
à la prochaine Exposition. Mais quel
monument, quelles statistiques vaudront
ce livre de diamant, qui eût dit au pas-
sant l'incroyable épopée — où s'était
formé l'Esprit, forgé l'Epée, pour 1914.
Tonkin (Province de Nam Dinh). — Une vieille pagode à Nam Dinh.
Les Annales Coloniales
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Marcel RUE^DElv
RÉDACTION et ADMINISTRATION :
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ILA VIEILLE UNDOCHUME
Vieille Indochine !
Car, il y a trente ans, séparés par le
gouffre de la guerre, que j'ai pris mon
premier « bateau de septembre », pour
Saïgon, et les au-delà. Des bateaux,
pittoresques et glorieux, moins confor-
tables que ceux d'aujourd'hui, mais qui
avaient transporté fonctionnaires et co-
lons, tant d'hommes de la conquête! Les
récits tout chauds et colorés tombaient
encore de lèvres immédiates. Dès que
connaissance était liée, entre les passa-
gers, après Port-Saïd, quelles pages
d'histoire frémissante, au cours de la
longue traversée où, des semaines, l'on
ne savait plus rien de nulle part : la
T. S. F. ne brisait pas, de ses insigni-
fiantes actualités, l'enchantement du si-
lence et du large, sous les nouvelles
étoiles. Le « bateau de septembre »,
agrémenté de la « troupe », opéra, co-
médie ! l'aïeule Cochinchine et le jeune
Tonkin ne se refusaient rien... Nos com-
patriotes, sevrés de compagnes blan-
ches, s'empressaient jusqu'à Smgapoure
au-devant des vaillantes qui risquaient
le voyage. Quelques-unes ont réussi, si-
non comme artistes, du moins comme
u colones » de la première heure, des
Lakmc aux simples choristes, tandis
qu'une Mireille ou une Carmen succom-
bait à la dysenterie, qu'une Mignon
tombait sous le revolver passionnel d'un
soupirant éconduit... Mais, ce serait un
volume dont Roland Dorgelès a tenté,
dans Partir, un épisode romanesque ; la
réalité, d'il y a quarante ans, lui en au-
rait fourni des centaines. Un volume
qui peut toujours s'écrire : de l'amour
sur de l'eau. Mais que d'autres livres
qui ne se réaliseront pas, mémorables et
pathétiques, l'histoire héroïque et douce
de nos débuts là-bas, tirée des sources
vivantes, aujourd'hui taries. Le temps
des missionnaires, des amiraux, des
inspecteurs des affaires indigènes et des
« phénomènes » ! J'y ai songé — mais
j'avais passé l'âge, j'arrivai trop tard,
il aurait fallu être sur place... —
quand, au café de la Musique, je pou-
vais m'asseoir avec des vétérans, qui y
venaient en « mauresque J'. Ils consti-
tuaient des îlots de survivants, déra-
cinés jeunes, qui n'envisageaient pas le
retour au pays natal. Des héros et des
«phénomènes», des précurseurs. Histoire
héroïque et douce, ai-je écrit. Héroïque.
personne ne contestera. Douce ! Eh,
oui, les abus de la colonisation, ses
violences, ses crimes ! J'en ai assez
dénoncé, pour ma part, et il s'en repro-
duira toujours. Mais, à côté, au-dessus,
il y a l'amour qui l'emporte, et la vic-
Annam (Province de Thua-Thiên).
Le Palais du Roi à Hué : urnes dynastiques dans la cour du temple.
toire n'aurait pas donné ses fruits par
la seule force. Civilisation n'est pas
qu'un mot. C'est l'organisation, éprise
de justice, qui a fait œuvre construc-
tive, solide, à travers les tâtonnements,
les erreurs, les fautes administratives,
et les appétits, la cupidité des requins
d'affaires. Sans doute, l'Indochine
triomphale va nous offrir des merveilles
à la prochaine Exposition. Mais quel
monument, quelles statistiques vaudront
ce livre de diamant, qui eût dit au pas-
sant l'incroyable épopée — où s'était
formé l'Esprit, forgé l'Epée, pour 1914.
Tonkin (Province de Nam Dinh). — Une vieille pagode à Nam Dinh.
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