Titre : La Dépêche coloniale illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-01-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327559237
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 janvier 1902 31 janvier 1902
Description : 1902/01/31 (A2,N2). 1902/01/31 (A2,N2).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9742881f
Source : CIRAD, 2016-191284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
12 LA DÉPÊCHE COLONIALE ILLUSTRÉE
que vierge. Je n'ai pas à rechercher ici les causes
pour lesquelles ce but n'a. pas été atteint ; cet
insuccès est d'autant plus regrettable que les
avantages matériels que la Guyane devait retirer
de la ' transportation auraient pu compenser,
dans une certaine mesure, le préjudice moral
qui lui était causé par le choix qu'on en avait fait
comme colonie pénitentiaire. Vous avez maintes
fois exprimé vos doléances à ce sujet, et il faut
reconnaître qu'elles sont en grande partie fon-"
dées.
« Certes, il serait à souhaiter que la Guyane fût
assez peuplée ou que le mouvement d'immigra-
tion fût assez puissant pour que la colonie eût à
sa disposition une main-d'œuvre libre, abon-
dante et d'un prix peu élevé, et qu'elle ne fût
pas dans la nécessité de recourir à la main-
d'œuvre pénale qui a ses inconvénients, on ne
saurait le méconnaître. Vous n'ignorez pas que,
malheureusement, les vastes territoires compris
entre le Maroni et l'Oyapoçk ne contiennent
qu'une trentaine de milliers d'habitants, et que
les nombreuses tentatives d'immigration faites
pour suppléer à cette absence de population
n'ont pas abouti.'D'autre part, tous les hommes
valides se portent à la recherche de l'or, suivant
un courant que rien ne pourrait enrayer, qu'il y
a même intérêt à encourager, puisque l'indus-
trie aurifère est en ce moment l'unique source
de richesse de ce pays:
« La question se pose donc de savoir si les in-
succès passés doivent vous faire considérer défi-
nitivement la main-d'œuvre pénale comme
inutilisable, ou si, al} contraire, les autorités
locales ne doivent pas s'attacher à faire de nou-
velles tentatives pour arriver à tirer de cette
main-d'œuvre, qui est à leur portée, le meilleur
parti possible en vue de la mise en valeur de la
colonie. Je n'hésite pas pour ma part à me déci-
der en faveur de la deuxième alternative, et
j'aime à penser que, n'envisageant que l'intérêt
supérieur du pays, le conseil général se pronon-
cera également dans ce sens.
« Le moment semble venu,en effet,où la Guyane
aura besoin d'une main-d'œuvre abondante ; des
travaux importants et auxquels vous avez déjà
donné votre approbation, ne tarderont pas, je
l'espère, à entrer dans la voie de la réalisation.
En première ligne, il faut citer le projet de che-
min de fer ; vous avez sollicité du département
en faveur du concessionnaire une cession de
1.500 condamnés ; vous avez reconnu par là que,
sans le concours de la main-d'œuvre pénale,
l'exécution d'une entreprise aussi considérable
serait impossible
......................
« La main-d'oeuvre pénale devrait encore pou-
voir être accordée à des Sociétés qui obtien-
draient l'entreprise de quelque important tra-
vail d'utilité publique, la: construction du
bassin à flot de Cayenne,par exemple, dont vous
vous êtes occupés dans votre session extraor-
dinaire de juin dernier; elle devrait encore
pouvoir être largement concédée aux particu-
liers ou aux Sociétés qui voudraient créer des
exploitations agricoles ou forestières dans la
colonie.
« C'est ainsi, messieurs les conseillers géné-
raux, que j'entrevois l'utilisation rationnelle de
la main-d'œuvre pénale existant à la Guyane. Si,
comme je l'espère, vous partagiez mes vues à ce
sujet, je crois pouvoir vous donner l'assurance
que le concours du département vous serait
acquis. Le pouvoir central vient en effet de mani-
fester d'une manière très nette ses intentions à
cet égard. Par décret en date du 21 avrif dernier,
le bureau des services pénitentiaires du minis-
tère des colonies, qui dépendait autrefois de la
direction de la comptabilité, a été rattaché à
celle des directions dont relève, au point de vue
économique, -la colonie de la Guyane. Le minis-
tre, dans le rapport de présentation de ce décret,
rappelant que, dans l'esprit de la 10i de 1854, la
main-d'œuvre pénale devait coopérer à la colo-
nisation, a constaté que cette coopération ne
pouvait produire tous ses effets que si les efforts
de l'administration pénitentiaire étaient corré-
latifs à ceux de l'administration chargée des
intérêts de la colonie libre, et qu'il était par con-
séquent nécessaire de soumettre l'une et l'autre
de ces administrations à la même impulsion.
Cette heureuse mesure ne tardera pas, j en ai le
ferme espoir, à porter ses fruits. »
En résumé, nous venons de montrer que le
mouvement commercial de la Guyane, loin
d'être, comme on le prétend quelquefois, resté
stationnaire, s'est développé depuis une trentaine
d'années, dans, des proportions normales, étant
donné le peu de densité dé la population ; nous
avons expliqué comment cette colonie, malgré
la date déjà éloignée dé sa fondation et contrai-
rement à ce que l'on croit généralement, est en
réalité un pays neuf où les richesses naturelles
abondent, mais où tout est à créer en fait d'ou-
tillage économique. La Guyane est entrée actuel-
lement dans une ère nouvelle qui doit lui assurer
le splendide avenir auquel elle a droit. D'une
part, la construction du chemin de fer de péné-
tration, dont la mise en état de la rade et du port
de Cayenne doit être le corollaire indispensable,
la révision de la législation minière de 1881 dans
un sens favorable à la constitution de grandes
sociétés et à l'exode des capitaux métropolitains
vers la colonie, doivent donner une impulsion
énergique à l'industrie, aurifère, doubler ou
tripler la production de métal précieux, augmen-
ter par conséquent dans les mêmes proportions
le chiffre d'affaires et les revenus de la colonie.
Nous avons essayé, dans le courant de cette
rapide étude appuyée sur des chiffres indiscu-
tables et sur une certaine connaissance des
choses du pays, de convaincre 'nos lecteurs que
la Guyane n'est pas/comnie nous l'avons maintes
fois entendu:dire;.« une colonie où il n'y a rien
à faire; » l'avenir, nous l'espérons, — et nous le
désirons, — prouvera que nous ne nous sommes
pas trompés.
P. D'HORËL.
PLAN CÉNÉRAL DES CONCESSIONS MINIÈRES DE LA GUYA.!Œ FRANÇAISE, Echelle jjI.500.000. (Extrait des Annales des Mines).
Levall.-Perret. - lmp. Crété de l'Arbre, WELLHOFF ET ROCHE, Suce, 55, rue Fromont.
Le Gérant : F. BERTHELIER.
que vierge. Je n'ai pas à rechercher ici les causes
pour lesquelles ce but n'a. pas été atteint ; cet
insuccès est d'autant plus regrettable que les
avantages matériels que la Guyane devait retirer
de la ' transportation auraient pu compenser,
dans une certaine mesure, le préjudice moral
qui lui était causé par le choix qu'on en avait fait
comme colonie pénitentiaire. Vous avez maintes
fois exprimé vos doléances à ce sujet, et il faut
reconnaître qu'elles sont en grande partie fon-"
dées.
« Certes, il serait à souhaiter que la Guyane fût
assez peuplée ou que le mouvement d'immigra-
tion fût assez puissant pour que la colonie eût à
sa disposition une main-d'œuvre libre, abon-
dante et d'un prix peu élevé, et qu'elle ne fût
pas dans la nécessité de recourir à la main-
d'œuvre pénale qui a ses inconvénients, on ne
saurait le méconnaître. Vous n'ignorez pas que,
malheureusement, les vastes territoires compris
entre le Maroni et l'Oyapoçk ne contiennent
qu'une trentaine de milliers d'habitants, et que
les nombreuses tentatives d'immigration faites
pour suppléer à cette absence de population
n'ont pas abouti.'D'autre part, tous les hommes
valides se portent à la recherche de l'or, suivant
un courant que rien ne pourrait enrayer, qu'il y
a même intérêt à encourager, puisque l'indus-
trie aurifère est en ce moment l'unique source
de richesse de ce pays:
« La question se pose donc de savoir si les in-
succès passés doivent vous faire considérer défi-
nitivement la main-d'œuvre pénale comme
inutilisable, ou si, al} contraire, les autorités
locales ne doivent pas s'attacher à faire de nou-
velles tentatives pour arriver à tirer de cette
main-d'œuvre, qui est à leur portée, le meilleur
parti possible en vue de la mise en valeur de la
colonie. Je n'hésite pas pour ma part à me déci-
der en faveur de la deuxième alternative, et
j'aime à penser que, n'envisageant que l'intérêt
supérieur du pays, le conseil général se pronon-
cera également dans ce sens.
« Le moment semble venu,en effet,où la Guyane
aura besoin d'une main-d'œuvre abondante ; des
travaux importants et auxquels vous avez déjà
donné votre approbation, ne tarderont pas, je
l'espère, à entrer dans la voie de la réalisation.
En première ligne, il faut citer le projet de che-
min de fer ; vous avez sollicité du département
en faveur du concessionnaire une cession de
1.500 condamnés ; vous avez reconnu par là que,
sans le concours de la main-d'œuvre pénale,
l'exécution d'une entreprise aussi considérable
serait impossible
......................
« La main-d'oeuvre pénale devrait encore pou-
voir être accordée à des Sociétés qui obtien-
draient l'entreprise de quelque important tra-
vail d'utilité publique, la: construction du
bassin à flot de Cayenne,par exemple, dont vous
vous êtes occupés dans votre session extraor-
dinaire de juin dernier; elle devrait encore
pouvoir être largement concédée aux particu-
liers ou aux Sociétés qui voudraient créer des
exploitations agricoles ou forestières dans la
colonie.
« C'est ainsi, messieurs les conseillers géné-
raux, que j'entrevois l'utilisation rationnelle de
la main-d'œuvre pénale existant à la Guyane. Si,
comme je l'espère, vous partagiez mes vues à ce
sujet, je crois pouvoir vous donner l'assurance
que le concours du département vous serait
acquis. Le pouvoir central vient en effet de mani-
fester d'une manière très nette ses intentions à
cet égard. Par décret en date du 21 avrif dernier,
le bureau des services pénitentiaires du minis-
tère des colonies, qui dépendait autrefois de la
direction de la comptabilité, a été rattaché à
celle des directions dont relève, au point de vue
économique, -la colonie de la Guyane. Le minis-
tre, dans le rapport de présentation de ce décret,
rappelant que, dans l'esprit de la 10i de 1854, la
main-d'œuvre pénale devait coopérer à la colo-
nisation, a constaté que cette coopération ne
pouvait produire tous ses effets que si les efforts
de l'administration pénitentiaire étaient corré-
latifs à ceux de l'administration chargée des
intérêts de la colonie libre, et qu'il était par con-
séquent nécessaire de soumettre l'une et l'autre
de ces administrations à la même impulsion.
Cette heureuse mesure ne tardera pas, j en ai le
ferme espoir, à porter ses fruits. »
En résumé, nous venons de montrer que le
mouvement commercial de la Guyane, loin
d'être, comme on le prétend quelquefois, resté
stationnaire, s'est développé depuis une trentaine
d'années, dans, des proportions normales, étant
donné le peu de densité dé la population ; nous
avons expliqué comment cette colonie, malgré
la date déjà éloignée dé sa fondation et contrai-
rement à ce que l'on croit généralement, est en
réalité un pays neuf où les richesses naturelles
abondent, mais où tout est à créer en fait d'ou-
tillage économique. La Guyane est entrée actuel-
lement dans une ère nouvelle qui doit lui assurer
le splendide avenir auquel elle a droit. D'une
part, la construction du chemin de fer de péné-
tration, dont la mise en état de la rade et du port
de Cayenne doit être le corollaire indispensable,
la révision de la législation minière de 1881 dans
un sens favorable à la constitution de grandes
sociétés et à l'exode des capitaux métropolitains
vers la colonie, doivent donner une impulsion
énergique à l'industrie, aurifère, doubler ou
tripler la production de métal précieux, augmen-
ter par conséquent dans les mêmes proportions
le chiffre d'affaires et les revenus de la colonie.
Nous avons essayé, dans le courant de cette
rapide étude appuyée sur des chiffres indiscu-
tables et sur une certaine connaissance des
choses du pays, de convaincre 'nos lecteurs que
la Guyane n'est pas/comnie nous l'avons maintes
fois entendu:dire;.« une colonie où il n'y a rien
à faire; » l'avenir, nous l'espérons, — et nous le
désirons, — prouvera que nous ne nous sommes
pas trompés.
P. D'HORËL.
PLAN CÉNÉRAL DES CONCESSIONS MINIÈRES DE LA GUYA.!Œ FRANÇAISE, Echelle jjI.500.000. (Extrait des Annales des Mines).
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