Presse et revues
24 pages
Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-07-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1931 01 juillet 1931
Description : 1931/07/01 (A32,N7)-1931/07/31. 1931/07/01 (A32,N7)-1931/07/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97427546
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
Page 5
L'ALGÉRIE A L'EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE
C'est une réalisation vraiment remarquable que
le Palais de l'Algérie à l'Exposition Coloniale.
Une chose frappe d'abord: le caractère serré de
la masse éblouissante jaillie de terre, l'élance-
ment du minaret qui semble arracher du sol cette
masse pour l'élever, l'enlever vers le ciel de
F rance.
Il y a là une intention qui n'échappera à per-
sonne, je l'espère. Il y a là un symbole.
M. Montaland, architecte du Gouvernement
général, chargé de réaliser le Palais, a donné le
témoignage d'un bel esprit et, en contemplant
l'ensemble architectural qu'il a su appuyer aux
douceurs d'un ciel si lointain, mais si profondé-
ment français, on ne peut se défendre de songer
au vieux dicton latin, au « mens agitai molem D.
On n'a généralement pas assez insisté sur cette
intention et ce symbole.
Le Maroc, la Tunisie nous ont offert, à Vin-
cennes, de charmantes copies de sites désormais
célèbres: c'est fort bien et admirablement réussi,
mais ce qu'il convient d'admirer dans le palais
que M. Montaland propose à notre réflexion, c'est
plutôt son esprit d'originalité créatrice: ici, nulle
reconstitution, le Palais de l'Algérie, ce n'est pas
la maison ou le jardin fameux, transportés, pierre
par pierre, arbrt par arbre.
On aurait pu, évidemment, offrir aux visiteurs
éblouis quelque fameux monument de l'architec-
ture arabe: quelle erreur et quel écueil !
Au point de vue architectural, l'Algérie révèle
et répète deux motifs principaux, la Mosquée, la
Maison: de ces deux éléments, l'architecte s'est
habilement inspiré. Il a accolé l'une à l'autre,
mais sans évoquer, avec une précision brutale,
telle mosquée, telle maison. Il a composé avec
ces deux éléments essentiels. Il a tenu compte,
d'autre part, du goût 1931, de ce goût si sûr
que nous a révélé la récente et inoubliable Expo-
sition des Arts Décoratifs. Il a merveilleusement
Profil du palais de l'Algérie.
Façade du palais de l'Algérie.
marié le minaret et la coupole, ces deux motifs
éternels de l'art musulman. Et il les a unis étroi-
tement au-dessus d'une noble façade à laquelle
on accède par de brèves marches.
(CI Islam est de plain-Pied et n'a jamais eu
l'esprit de l'escaliir, comme l'Inde ou Madagas-
car.)
Mais avant d'avoir gravi ces quelques marches,
ils convient de caresser du regard ce revêtement
brun et or qui court si harmonieusement le long
(le la façade, comme 'me sourde broderie au bas
d l'une robe éclatante. Sans doute, ne verrez-vous
cela nulle part, d'Alger à Tlemcen, de Touggourt
à In Salah. C'est un simple rappel qui, au pied
du minaret, ramène votre méditation vers les pro-
fondeurs mêmes de la Berbérie. Synthèse encore.
Il fallait y penser. C'est fort bien.
Et maintenant, pénétrons dans le Palais de
l'Algérie. C'est ce même souci, qui prédomine.
Ici, l'architecte s'est souvenu, sans aucun
doute, des hautes leçons du passé. Si nous entrons
dans une -cathédrale, c'est dans une cathédrale
volontairement dépouillée des. ténèbres, des clairs-
obscurs et de-3 ombres de l'art religieux occiden-
tal. Noble vaisseau aéré, comblé de lumière, d'al-
légresse, de vie.
Page 5
L'ALGÉRIE A L'EXPOSITION COLONIALE INTERNATIONALE
C'est une réalisation vraiment remarquable que
le Palais de l'Algérie à l'Exposition Coloniale.
Une chose frappe d'abord: le caractère serré de
la masse éblouissante jaillie de terre, l'élance-
ment du minaret qui semble arracher du sol cette
masse pour l'élever, l'enlever vers le ciel de
F rance.
Il y a là une intention qui n'échappera à per-
sonne, je l'espère. Il y a là un symbole.
M. Montaland, architecte du Gouvernement
général, chargé de réaliser le Palais, a donné le
témoignage d'un bel esprit et, en contemplant
l'ensemble architectural qu'il a su appuyer aux
douceurs d'un ciel si lointain, mais si profondé-
ment français, on ne peut se défendre de songer
au vieux dicton latin, au « mens agitai molem D.
On n'a généralement pas assez insisté sur cette
intention et ce symbole.
Le Maroc, la Tunisie nous ont offert, à Vin-
cennes, de charmantes copies de sites désormais
célèbres: c'est fort bien et admirablement réussi,
mais ce qu'il convient d'admirer dans le palais
que M. Montaland propose à notre réflexion, c'est
plutôt son esprit d'originalité créatrice: ici, nulle
reconstitution, le Palais de l'Algérie, ce n'est pas
la maison ou le jardin fameux, transportés, pierre
par pierre, arbrt par arbre.
On aurait pu, évidemment, offrir aux visiteurs
éblouis quelque fameux monument de l'architec-
ture arabe: quelle erreur et quel écueil !
Au point de vue architectural, l'Algérie révèle
et répète deux motifs principaux, la Mosquée, la
Maison: de ces deux éléments, l'architecte s'est
habilement inspiré. Il a accolé l'une à l'autre,
mais sans évoquer, avec une précision brutale,
telle mosquée, telle maison. Il a composé avec
ces deux éléments essentiels. Il a tenu compte,
d'autre part, du goût 1931, de ce goût si sûr
que nous a révélé la récente et inoubliable Expo-
sition des Arts Décoratifs. Il a merveilleusement
Profil du palais de l'Algérie.
Façade du palais de l'Algérie.
marié le minaret et la coupole, ces deux motifs
éternels de l'art musulman. Et il les a unis étroi-
tement au-dessus d'une noble façade à laquelle
on accède par de brèves marches.
(CI Islam est de plain-Pied et n'a jamais eu
l'esprit de l'escaliir, comme l'Inde ou Madagas-
car.)
Mais avant d'avoir gravi ces quelques marches,
ils convient de caresser du regard ce revêtement
brun et or qui court si harmonieusement le long
(le la façade, comme 'me sourde broderie au bas
d l'une robe éclatante. Sans doute, ne verrez-vous
cela nulle part, d'Alger à Tlemcen, de Touggourt
à In Salah. C'est un simple rappel qui, au pied
du minaret, ramène votre méditation vers les pro-
fondeurs mêmes de la Berbérie. Synthèse encore.
Il fallait y penser. C'est fort bien.
Et maintenant, pénétrons dans le Palais de
l'Algérie. C'est ce même souci, qui prédomine.
Ici, l'architecte s'est souvenu, sans aucun
doute, des hautes leçons du passé. Si nous entrons
dans une -cathédrale, c'est dans une cathédrale
volontairement dépouillée des. ténèbres, des clairs-
obscurs et de-3 ombres de l'art religieux occiden-
tal. Noble vaisseau aéré, comblé de lumière, d'al-
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