Se ANNÉE. — N° 74. FEVRIER 1927.
BULLETIN MENSUEL DE L'AGENCE ECONOMIQUE
DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
I. - ÉTUDE DOCUMENTAIRE
Le fonio
Le fonio (1), ou fini, ou fonié, en langues bambara
et malinké, est une petite graminée de 24 à 40 centi-
-mètres de hauteur, cultivée pour ses graines alimentaires.
Le fonio, considéré d'ordinaire comme étant le Paspa-
lum longiflorum, ou encore le Paspalum distichum, serait,
d'après M. A. Chevalier, le Digitaria exilis Staf.
La plante présente des tiges rampantes émettant des
racines adventives aux noeuds ; les feuilles engainantes
sont peu nombreuses, deux ou trois par tige ; la partie
libre a 3 ou 4 centimètres de long seulement.
Les graines, presque sessiles, sont fixées à la nervure
médiane d'une sorte de lamelle allongées et sur un seul
côté de cette lamelle : l'ensemble constitue un épi. Les
épi-s sont réunis par deux, trois ou quatre en ombrelle.
Les glumes, adhérentes au grain, sont blanches, rouges
ou noires, ou de teintes intermédiaires, suivant les varié-
tés. Les graines, fort petites (de 1.500 à 2.000 dans un
gramme), ont une densité de 0,735 environ.
La graine de fonio. dépouillée de son enveloppe exté-
rieure, mesure au plus un millimètre de diamètre ; elle
est blanche et de forme ovoïde et présente l'aspect d'une
semoule grossière.
La culture du fonio acquiert une grande importance
dans les hautes vallées du Sud. L'abondance des pluies,
qui contrarie un grand nombre de cultures à la floraison
ou à la récolte, ne gêne pas le fonio, qui se moissonne au
moment des plus grandes ondées.
Au sud du 12° de latitude, le fonio remplace progres-
sivement le sorgho et forme, avec le riz, le fond de la
nourriture des populations. Sa culture facile, sa rusticité
lui valent la faveur dont il jouit; la précocité de cer-
taines variétés permet de remédier à la disette. Entre
le Fouta et le 12° de latitude, on peut estimer l'étendue
des champs de fonio au tiers des surfaces cultivées.
Au nord du 12° ,la culture du fonio n'est plus qu'une
culture accessoire.
Le fonio s'accommode de tous les terrains, sols cail-
louteux de latérite, plateaux, coteaux, vallées, rives
(1) RENOUX et DuMAS : La culture du fonio.
des cours d'eau qui seront recouvertes par la crue peu
après la récolte ; d'une façon générale, ce sont les terres
légères qui lui conviennent le mieux.
On' compte beaucoup de variétés de fonio, que l'on
peut classer suivant la durée de leur végétation.
Les variétés hâtives demandent de 90 à 110 jours ; les
variétés mi-hâtives, 120 jours; les variétés mi-tardives,
135 j ours, et les variétés tardives, 150 jours de végétation.
Dans les régions de production du fonio, on trouve
généralement partout trois variétés principales : une
à semis précoce et à végétation rapide qui représente
assez bien un fonio de disette, car sa récolte est toujours
attendue avec impatience ; mais le rendement est le
plus souvent faible ; la précocité fait toute la qualité ;
une deuxième variété, se semant dans les premiers jours
de l'hivernage, à durée végétative moyenne, à rende-
ment ordinaire et de bonne qualité alimentaire ; une
troisième variété à gros rendement, généralement à
végétation lente.
On choisit, pour le semis, la variété suivant le but
que l'on poursuit, quantité ou qualité, et suivant la
nature du sol ; mais toujours il faut prendre des graines
pures de mélange pour éviter des maturités successives.
La préparation des champs destinés à être ensemencés
de fonio est assez simple : elle se borne à débarrasser
le sol des résidus et à gratter la surface. Pour les fonios
à semis précoce, les champs sont préparés dès la fin de
la saison sèche et, dans ce but, l'indigène se contente
de rendre la surface poussiéreuse ; un labour n'est pas
absolument nécessaire, car le fonio n'est pas difficile.
Cependant, dans les stations agricoles, on ne juge pas
le labour inutile, et la préparation du sol sur 15 à 20
centimètres de profondeur a donné d'excellents résultats.
L'indigène sème à la volée et utilise environ 45 kilogs
de graines non décortiquées à l'hectare. Dans les stations
agricoles, le semis en lignes à l'aide du semoir ne demande
guère que 18 kilogs seulement : l'usage du semoir pré-
sente donc un certain intérêt quand il s'agit de grandes
surfaces ou-quand les semences sont chères. D'autre
part, le semoir répartit plus uniformément les semences,
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