Titre : Bulletin économique de l'Afrique équatoriale française : l'Afrique équatoriale française en... : production, commerce, trafic maritime / Gouvernement général de l'Afrique équatoriale française
Auteur : Afrique équatoriale française. Auteur du texte
Éditeur : Agence économique de l'Afrique équatoriale française (Paris)
Date d'édition : 1934-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728641f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1934 01 avril 1934
Description : 1934/04/01 (A10,N35)-1934/07/31. 1934/04/01 (A10,N35)-1934/07/31.
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : L'Afrique et la France aux... Collection numérique : L'Afrique et la France aux XIXe et XXe siècles
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9734618b
Source : CIRAD, 2016-124071
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/07/2016
A. E. F. 1 9 3 4 7
le torse absolument nu. Nous nous accroupîmes, comme
il le fallait, les yeux baissés, attendu qti.'il n'est pas séant
de rencontrer le regard majestueux du roi, et nous effec-
tuâmes nos salutations.
Nous déposâmes ensuite à terre les cadeaux d'usage
(Salam ou Kofolo), et alors le truchement du. 'prince,
placé au devant du divan royal, de manière à pouvoir
entendre les paroles de son maitre, sans que la voix de
celi&.i-ci vînt à nos oreilles, me salua à son tour en langue
logoniennè, ajoutant au fur et à mesure la traduction
en langue Kanouri. Après s'être enquis de ma santé,
m avoir demandé si mon pays était en paix et prospérité,
et comment se portait le sultan de Constantinople, dont il
avait l'air de me regarder comme un ami tout à fait in-
time, le roi adressa un compliment sommaire aux autres
personnes présentes et l'on aborda les affaires sérieuses.
Nous sortîmes du palais assez péniblement affectés
et pleins de doute sur la possibilité de continuer le voyage.
Quant au roi Marouf, toujours combattu entre l'envie
de me voir et la crainte puérile de mes maléfices, "il me fit
dire dans la matinée du lendemain qu.'il tenait absolument
à me parler avant que je m'en allasse, et que, à l'issue du
grand conseil, il m'accorderait une audience. Le conseil
clos, il me prie d'attendre jusqu'après le déjeuner. L'heure
de la sieste s'étant écoulée, sans autre avis de lui, j'ordon-
nai de 1non côté de charger les bœufs, et je risquai no-
nobstant une dernière tentative pour être reçu par ce prince
fantasque ; mais vainement je lui fis rappeler de nouveau
l'accueil amical dont son père Yousef avait honoré Henri
Barth : le courage lui manqua encore au moment décisif.
Le passage du Chari, en cette saison de l'étiage, est
une opération qui n'offre aucun espèce de danger ; elle
nous prit seulement beaucoup de temps, à cause du grand
nombre de chevaux que nous avions ; aussi dressâmes-
nous notre campement dès que nous eûmes atteint l'autre
rive.
Le soir, assez tard, je reçus encore la visite d'un messager
de l'Iba ou seigneur du fleuve, qui venait de la part de
ce dignitaire, me demander du poison et une recette contre
les sortilèges. Je répondis comme je le faisais toujours
en panelle occasion, que je n'avais point de poison, que
je ne connaissais point ces choses-là ; quant à alléguer la
même ignorance en fait de recettes contre les sortilèges,
il ne fallait pas y penser, dans un pays tel que le Logon.
Aussi portais-je constamment, à cette intention, une
provision respectable de camphre, ingrédient qui, dans
quelques régions de l'Islam, jouit, à ce point de vue, d'une
réputation spéciale. Les docteurs de la loi surtout en
usent a tout propos, et on lui attribue vulgairement je
ne sais combien de vertus merveilleuses.
Son parfum, sa fluidité contribuent pOM?- beaucoup à
lui faire ce renom, et il y a mainte région de l'Afrique
musulmane où il est bon que le voyageur ait soin d'aller
muni de ce viatique, dont un simple grain suffit très
souvent a lui attacher un homme corps et âme. Je ne man-
quais jamais néanmoins, chaque fois que je me dessaisis-
sais d une portion de cette substance, de dire que dans
nos pays nous ne croyions ni aux sortilèges, ni, partant,
aux moyens de s'en garantir, mais que dans beaucoup
de contrées musulmanes le camphre était, en effet, considéré
comme un préservatif très puissant.
Le roi Marouf eut l'obligeance de nous envoyer encore
à dîner, sur la rive,opposée du fleuve et l'Iba nous fournit
du [mil pour notre voyage. La nuit fut admirablement
claire et belle, avec une fraîcheur qui nous faisait plaisir,
au sortir de ces grandes maisons étouffées.
Comme j'étais couché rêvant encore tout éveillé et me
forgeant un tableau imaginaire des pays vers lesquels
je me dirigeais, j'aperçus quelques cavaliers qui passaient
le fleuve dans le plus grand silence. Arrivés sur le bord où
nous nous trouvions, ils filèrent sans bruit rapidement
dans la direction du sud-est. A leur armement, je recon-
nus aisément que c'étaient des cavaliers de Marouf, et,
mis en défiance comme je l'étais, je soupçonnais tout de
suite que le Miaraï dans son ardeur d'inimitié contre
Abou Sekkin (Mohammedou) envoyait prévenir l'anti-
roi Abd er Rahman, de l'approche de notre caravane,
afin d'ôter à son ennemi le moyen de s'approvisionner en
chevaux.
Le 18 mars 1872, nous prîmes au sud-sud-est, par
les plaines basses qui s'étendent entre les deux bras
du Chari (la rivière de Bousso et celle de Logon) et où
parfois à l'époque des pluies on éprouve des difficultés
à passer.
Après avoir dépassé plusieurs villages, nous attei-
gnîmes au bout de cinq heures de marche, la petite ville
de Koultchi, sise à mi-route de Logon et de Bougoman.
Koultchi, sorte de diminutif de Logon, quant à l'aspect
et au genre de bâtisse, compte environ trois mille habi-
tants, presque tous de la tribu de ces Keribinas saggit-
taires dont j'ai déjà parlé à propos de la province bor-
le torse absolument nu. Nous nous accroupîmes, comme
il le fallait, les yeux baissés, attendu qti.'il n'est pas séant
de rencontrer le regard majestueux du roi, et nous effec-
tuâmes nos salutations.
Nous déposâmes ensuite à terre les cadeaux d'usage
(Salam ou Kofolo), et alors le truchement du. 'prince,
placé au devant du divan royal, de manière à pouvoir
entendre les paroles de son maitre, sans que la voix de
celi&.i-ci vînt à nos oreilles, me salua à son tour en langue
logoniennè, ajoutant au fur et à mesure la traduction
en langue Kanouri. Après s'être enquis de ma santé,
m avoir demandé si mon pays était en paix et prospérité,
et comment se portait le sultan de Constantinople, dont il
avait l'air de me regarder comme un ami tout à fait in-
time, le roi adressa un compliment sommaire aux autres
personnes présentes et l'on aborda les affaires sérieuses.
Nous sortîmes du palais assez péniblement affectés
et pleins de doute sur la possibilité de continuer le voyage.
Quant au roi Marouf, toujours combattu entre l'envie
de me voir et la crainte puérile de mes maléfices, "il me fit
dire dans la matinée du lendemain qu.'il tenait absolument
à me parler avant que je m'en allasse, et que, à l'issue du
grand conseil, il m'accorderait une audience. Le conseil
clos, il me prie d'attendre jusqu'après le déjeuner. L'heure
de la sieste s'étant écoulée, sans autre avis de lui, j'ordon-
nai de 1non côté de charger les bœufs, et je risquai no-
nobstant une dernière tentative pour être reçu par ce prince
fantasque ; mais vainement je lui fis rappeler de nouveau
l'accueil amical dont son père Yousef avait honoré Henri
Barth : le courage lui manqua encore au moment décisif.
Le passage du Chari, en cette saison de l'étiage, est
une opération qui n'offre aucun espèce de danger ; elle
nous prit seulement beaucoup de temps, à cause du grand
nombre de chevaux que nous avions ; aussi dressâmes-
nous notre campement dès que nous eûmes atteint l'autre
rive.
Le soir, assez tard, je reçus encore la visite d'un messager
de l'Iba ou seigneur du fleuve, qui venait de la part de
ce dignitaire, me demander du poison et une recette contre
les sortilèges. Je répondis comme je le faisais toujours
en panelle occasion, que je n'avais point de poison, que
je ne connaissais point ces choses-là ; quant à alléguer la
même ignorance en fait de recettes contre les sortilèges,
il ne fallait pas y penser, dans un pays tel que le Logon.
Aussi portais-je constamment, à cette intention, une
provision respectable de camphre, ingrédient qui, dans
quelques régions de l'Islam, jouit, à ce point de vue, d'une
réputation spéciale. Les docteurs de la loi surtout en
usent a tout propos, et on lui attribue vulgairement je
ne sais combien de vertus merveilleuses.
Son parfum, sa fluidité contribuent pOM?- beaucoup à
lui faire ce renom, et il y a mainte région de l'Afrique
musulmane où il est bon que le voyageur ait soin d'aller
muni de ce viatique, dont un simple grain suffit très
souvent a lui attacher un homme corps et âme. Je ne man-
quais jamais néanmoins, chaque fois que je me dessaisis-
sais d une portion de cette substance, de dire que dans
nos pays nous ne croyions ni aux sortilèges, ni, partant,
aux moyens de s'en garantir, mais que dans beaucoup
de contrées musulmanes le camphre était, en effet, considéré
comme un préservatif très puissant.
Le roi Marouf eut l'obligeance de nous envoyer encore
à dîner, sur la rive,opposée du fleuve et l'Iba nous fournit
du [mil pour notre voyage. La nuit fut admirablement
claire et belle, avec une fraîcheur qui nous faisait plaisir,
au sortir de ces grandes maisons étouffées.
Comme j'étais couché rêvant encore tout éveillé et me
forgeant un tableau imaginaire des pays vers lesquels
je me dirigeais, j'aperçus quelques cavaliers qui passaient
le fleuve dans le plus grand silence. Arrivés sur le bord où
nous nous trouvions, ils filèrent sans bruit rapidement
dans la direction du sud-est. A leur armement, je recon-
nus aisément que c'étaient des cavaliers de Marouf, et,
mis en défiance comme je l'étais, je soupçonnais tout de
suite que le Miaraï dans son ardeur d'inimitié contre
Abou Sekkin (Mohammedou) envoyait prévenir l'anti-
roi Abd er Rahman, de l'approche de notre caravane,
afin d'ôter à son ennemi le moyen de s'approvisionner en
chevaux.
Le 18 mars 1872, nous prîmes au sud-sud-est, par
les plaines basses qui s'étendent entre les deux bras
du Chari (la rivière de Bousso et celle de Logon) et où
parfois à l'époque des pluies on éprouve des difficultés
à passer.
Après avoir dépassé plusieurs villages, nous attei-
gnîmes au bout de cinq heures de marche, la petite ville
de Koultchi, sise à mi-route de Logon et de Bougoman.
Koultchi, sorte de diminutif de Logon, quant à l'aspect
et au genre de bâtisse, compte environ trois mille habi-
tants, presque tous de la tribu de ces Keribinas saggit-
taires dont j'ai déjà parlé à propos de la province bor-
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