Titre : Bulletin économique de l'Afrique équatoriale française : l'Afrique équatoriale française en... : production, commerce, trafic maritime / Gouvernement général de l'Afrique équatoriale française
Auteur : Afrique équatoriale française. Auteur du texte
Éditeur : Agence économique de l'Afrique équatoriale française (Paris)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/07/2016
A. E. Fi 1 9 3 4 7
qui m'assurait que la prétendue abondance de dattes et de céréales dont on disait le Bardai pourvu n était pas un vain mirage, comme l'avait été la soi-disant provende de fourrage que nous devions trouver au sud de Tumno ? Et, si le malheur voulait que, du Zouar, je ne pusse aller jusqu'au Bardai, que faire de ce côté-ci des montagnes où il n'y avait pour l'heure absolument rien à se mettre sous la dent ?
J'eus, en attendant, le loisir de considérer de près ces étranges gentilshommes qui ressemblaient plu- tôt à une bande de malandrins faméliques qu'à une réunion de gens de qualité représentant la fine fleur d'une tribu. Le plus âgé, le maina Dirkoui était un vieillard avec une grande barbe poivre et sel, un teint noir maculé de reflets jaunes, des traits régu- liers du reste, une certaine dignité d'allures et l air assez bon enfant. A côté de lui était assis le maina Derdekoré, homme dans toute la force des ans, éga- lement barbu, mais avec un soupçon de progna- thisme et qui, de par sa verbosité, un vrai moulin
à paroles — s'empara bientôt de la conversation. Le troisième, Gordoi, surnommé konki (le petit) à cause de sa stature exiguë, avait une mine rusée au possible. La quatrième et dernier, Keidomi, était un personnage posé et taciturne qui dominait de la taille tous les autres. Le reste de la société se composait de parents, de clients ou de subalternes, que l'espoir d'attraper quelque bonne aubaine avait décidés à suivre les mainas et qui étaient encore plus efflanqués et plus minables d'accoutrement que ceux-ci.
Le lendemain matin, dès avant le jour, l'honorable compagnie reparut, et de nouveau, il me fallut la repaître. Leur digestion une fois en train, ces mes- sieurs abordèrent la question des « droits de leur vallée », à savoir des péages à leur verser à l'entrée. Le débat dura depuis l'aube jusqu'à l'heure de l'ascha (environ une heure et demie avant le cou- cher du soleil) et me donna un bel avant-goût de mes tribulations ultérieures.
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