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Chacun sait que, toutes choses égales, certaines essences ont une croissance
rapide, d'autres un développement lent et il pourrait se faire que la forêt de
Manjakandriana se composât exclusivement d'essences de cette dernière caté-
gorie. Ce serait là une particularité assurément bizarre, mais l'hypothèse émise
mérite néanmoins qu'on s'y attarde, attendu que la plupart des bois composant
le massif sont d'une assez grande densilé et ont tous les caractères des bois
durs à faibles accroissements.
Il serait donc possible qu'une cause non négligeable du faible volume
ligneux annuellement produit fût inhérente au caractere spécifique héréditaire
qu'ont un grand nombre d'essences, de ne manifester leur vie que par un déve-
loppement lent de leur organisme.
Mais, à côté de celles-ci, il en existe d'autres, telles que le nonoka (Ficus
mellieri), le harongana (Haronga madagascariensis), l'andraraizina, etc.,dont le
bois, plus léger que celui de beaucoup des essences d'Europe, est pourtant loin
de présenter les mêmes accroissements.
Cette constatation montre que la nature des diverses espèces végétales et les
caractères particuliers de leurs bois ne peuvent donner une explication entière-
ment satisfaisante de la faible production ligneuse ; aussi, convient-il d'en re-
chercher une autre raison dans les conditions de milieu influant sur le dévelop-
pement des plantes.
Ces conditions sont au nombre de deux seulement: la radiation solaire et
l'aliment.
Une radiation équilatérale retarde la croissance et des expériences ont mon-
tré que cet effet atteint son maximum, toutes choses restant égales, dans le cas
d'une intensité moyenne de la source lumineuse. Dans l'état actuel de la science.
on ne possède que des données très incomplètes sur ce point optimum de l'ac-
tion retardatrice ; on sait qu'il varie suivant la nature de la plante, mais il reste
encore à déterminer pour la plupart d'entre elles. Il semble, toutefois, qu'à Ma-
dagascar, comme dans les autres contrées tropicales, l'effet retardateur de la ra-
diation solaire s'écarte davantage du maximum et est moins marqué que dans
les zones tempérées, les plantes paraissent, en effet, sous un climat chaud, béné-
ficier d'une plus facile ou d'une plus profitable assimilation des principes mI-
néraux (1) ; les oasis venus dans les sables du Sahara sont un exemple frappant
de cette plus puissante végétation acquise sous une lumière plus directe.
On ne s'aurait donc imputer au soleil des tropiques la faible croissance
que l'on observe en forêt et c'est bien dans un manque presque absolu d'ali-
ments qu'il faut en chercher la cause principale, sinon unique.
Et, en effet, les essences forestières ne viennent pas seulement des rayons du
soleil, de l'eau des pluies et de l'air des bois. Une alimentation plus subs-
tantielle leur est indispensable. La plupart d'entre elles sont, il est vrai,
beaucoup moins exigeantes que les plantes agricoles ; elles ont, au surplus, la
faculté d'aller chercher les principes nutritifs dans les couches profondes
du sol, mais encore faut-il qu'elles les y trouvent autrement qu'en quantité
tout à fait infime ou qu' à l'état, de simples traces.
La lenteur de la végétation forestière ne doit donc pas étonner; elle vient
confirmer ce que nous avons dit de l'origine du sol de la province de Man-
jakandriana et de sa très faible teneur en principes minéraux utiles. Cette len-
teur peut, par contre et de prime abord, sembler en opposition avec la des-
cription que nous avons donnée de la forêt, mais l'opposition n'est qu'ap-
parente et ne tient pas, si l'on considère que la grande masse foliacée et ligneuse
du peuplement est bien plutôt l'œuvre du temps et résulte d'une très longue
accumulation d'accroissements annuels qui, pris isolément, apparaissent toujours
faibles.
La forêt s'est constituée avec une grande lenteur, mais des conditions
météorologiques très favorables ont permis à ses éléments d'atteindre, sans
courir de grands dangers, un âge avancé et d'acquérir avec le temps un dévelop*
pement souvent considérable sous le climat doux et humide de la province
de Manjakandriana ; aucune chute de neige ne vient briser les cimes, ni aucune
(1) Ce principe a été nettement posé par MM. Müntz et Rousseaux dans leur étude sur la valeur
agricole des terres de Madagascar.
« Nous avons observé, disent-ils, que, dans les pays chauds, des terres très pauvres portent lque
« bondantes récoltes.ce qui fait penser que les influences climatériques excitent en quelq
« sorte la fertilité des terrains pauvres.. x
« Les plantes qui poussent dans ces conditions peuvent se comparer à des organismes mIe e-
« doués au point de vue de leur nutrition et qui tireraient un meilleur profit pour leur développe-
« ment».
Chacun sait que, toutes choses égales, certaines essences ont une croissance
rapide, d'autres un développement lent et il pourrait se faire que la forêt de
Manjakandriana se composât exclusivement d'essences de cette dernière caté-
gorie. Ce serait là une particularité assurément bizarre, mais l'hypothèse émise
mérite néanmoins qu'on s'y attarde, attendu que la plupart des bois composant
le massif sont d'une assez grande densilé et ont tous les caractères des bois
durs à faibles accroissements.
Il serait donc possible qu'une cause non négligeable du faible volume
ligneux annuellement produit fût inhérente au caractere spécifique héréditaire
qu'ont un grand nombre d'essences, de ne manifester leur vie que par un déve-
loppement lent de leur organisme.
Mais, à côté de celles-ci, il en existe d'autres, telles que le nonoka (Ficus
mellieri), le harongana (Haronga madagascariensis), l'andraraizina, etc.,dont le
bois, plus léger que celui de beaucoup des essences d'Europe, est pourtant loin
de présenter les mêmes accroissements.
Cette constatation montre que la nature des diverses espèces végétales et les
caractères particuliers de leurs bois ne peuvent donner une explication entière-
ment satisfaisante de la faible production ligneuse ; aussi, convient-il d'en re-
chercher une autre raison dans les conditions de milieu influant sur le dévelop-
pement des plantes.
Ces conditions sont au nombre de deux seulement: la radiation solaire et
l'aliment.
Une radiation équilatérale retarde la croissance et des expériences ont mon-
tré que cet effet atteint son maximum, toutes choses restant égales, dans le cas
d'une intensité moyenne de la source lumineuse. Dans l'état actuel de la science.
on ne possède que des données très incomplètes sur ce point optimum de l'ac-
tion retardatrice ; on sait qu'il varie suivant la nature de la plante, mais il reste
encore à déterminer pour la plupart d'entre elles. Il semble, toutefois, qu'à Ma-
dagascar, comme dans les autres contrées tropicales, l'effet retardateur de la ra-
diation solaire s'écarte davantage du maximum et est moins marqué que dans
les zones tempérées, les plantes paraissent, en effet, sous un climat chaud, béné-
ficier d'une plus facile ou d'une plus profitable assimilation des principes mI-
néraux (1) ; les oasis venus dans les sables du Sahara sont un exemple frappant
de cette plus puissante végétation acquise sous une lumière plus directe.
On ne s'aurait donc imputer au soleil des tropiques la faible croissance
que l'on observe en forêt et c'est bien dans un manque presque absolu d'ali-
ments qu'il faut en chercher la cause principale, sinon unique.
Et, en effet, les essences forestières ne viennent pas seulement des rayons du
soleil, de l'eau des pluies et de l'air des bois. Une alimentation plus subs-
tantielle leur est indispensable. La plupart d'entre elles sont, il est vrai,
beaucoup moins exigeantes que les plantes agricoles ; elles ont, au surplus, la
faculté d'aller chercher les principes nutritifs dans les couches profondes
du sol, mais encore faut-il qu'elles les y trouvent autrement qu'en quantité
tout à fait infime ou qu' à l'état, de simples traces.
La lenteur de la végétation forestière ne doit donc pas étonner; elle vient
confirmer ce que nous avons dit de l'origine du sol de la province de Man-
jakandriana et de sa très faible teneur en principes minéraux utiles. Cette len-
teur peut, par contre et de prime abord, sembler en opposition avec la des-
cription que nous avons donnée de la forêt, mais l'opposition n'est qu'ap-
parente et ne tient pas, si l'on considère que la grande masse foliacée et ligneuse
du peuplement est bien plutôt l'œuvre du temps et résulte d'une très longue
accumulation d'accroissements annuels qui, pris isolément, apparaissent toujours
faibles.
La forêt s'est constituée avec une grande lenteur, mais des conditions
météorologiques très favorables ont permis à ses éléments d'atteindre, sans
courir de grands dangers, un âge avancé et d'acquérir avec le temps un dévelop*
pement souvent considérable sous le climat doux et humide de la province
de Manjakandriana ; aucune chute de neige ne vient briser les cimes, ni aucune
(1) Ce principe a été nettement posé par MM. Müntz et Rousseaux dans leur étude sur la valeur
agricole des terres de Madagascar.
« Nous avons observé, disent-ils, que, dans les pays chauds, des terres très pauvres portent lque
« bondantes récoltes.ce qui fait penser que les influences climatériques excitent en quelq
« sorte la fertilité des terrains pauvres.. x
« Les plantes qui poussent dans ces conditions peuvent se comparer à des organismes mIe e-
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