Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-11-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 novembre 1903 20 novembre 1903
Description : 1903/11/20 (A7,N137,T13). 1903/11/20 (A7,N137,T13).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6583389b
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2014
302 -� REVUE DES CULTURES COLONIALES
meilleures conditions. Aussi, est-il fort intéressant d'étudier par quelles circon-
stances la qualité du thé est déterminée et dans quelles limites elle est modifiée
quand ces circonstances changent elles-mêmes.
, Le climat et la situation des plantations interviennent évidemment, pour une
grande part, dans la production de la qualité. Les soins culturaux jouent aussi
un rôle important; enfin, le choix des variétés cultivées exerce encore une
influence considérable. Mais il reste un facteur prédominant, auquel on n'accorde
peut-être pas toujours l'attention nécessaire; nous voulons parler du sol, dont la
nature et l'état de fertilité ont une action marquée sur la qualité des produits
récoltés.
Tous les autres facteurs semblent même disparaître devant le sol, s'il faut en
croire les observations de Harold H. Mann et de Kelvay Bamber, qui ont pour-
suivi dans des régions très différentes une enquête approfondie sur les causes de
la dépréciation des récoltes du thé. En rendant compte à l'Association indienne
des planteurs de thé d'une tournée faite dans l'Assam, Harold H. Mann (1) dit,
en effet, textuellement :
« L'observation la plus frappante que j'ai faite dans ce voyage et qui s'est
« répétée dans tous les districts que j'ai visités est la détérioration manifeste des
« vieilles parties des plantations, quel que soit le plant] cultivé.
« Je pense que l'épuisement du sol a une grande part dans cette diminution
« de la qualité ; j'en trouve la preuve dans ce fait que les plantations dont le sol
« était exceptionnellement fertile et doué d'une fertilité durable ont bien moins
« souffert que les autres et j'en conclus à la nécessité absolue de fumer les plan-
« tations. »
Kelvay Bamber (2) est arrivé aux mêmes résultats après avoir fait l'étude com-
plète de vingt-cinq théeries de Ceylan; il pense qu'il existe un rapport direct
entre la valeur du thé produit et la fertilité du sol et publie de fort intéressants
tableaux pour soutenir sa thèse. Le distingué chimiste conclut que les sols se
sont appauvris en matières azotées et en potasse, et il insiste sur l'influence
marquée de la fumure à l'égard de la qualité du thé et de la résistance aux
maladies.
Nous trouvons même une preuve indirecte de l'importance de la fumure dans
une curieuse observation faite récemment par M. Neuville (3) sur la composition
de la théase, facteur essentiel de la fermentation du thé noir. Cette oxydase con-
tient des doses notables de manganèse, de fer et d'acide phosphorique et l'on
s'explique ainsi la nécessité d'assurer la présence de ces matières dans le sol en
quantités suffisantes.
Quant à la nature même des engrais à employer et à la part qu'on est en droit
d'attribuer à chacun d'eux dans l'élaboration de l'arôme, ce sont là des questions
complexes et sur lesquelles les observations sont peu nombreuses. Les planteurs
des Indes, de Ceylan et de Java ont depuis longtemps l'habitude de fumer régu-
lièrement les théiers et ils leur donnent surtout des engrais organiques : guano
de poisson, fumier, excréments humains, etc. Les Japonais et beaucoup d'Euro-
péens sont d'avis que ces produits mal odorants ont une influence désastreuse
(t) HAROLD H. MANN : The Tea Soils of Assam and TeaManuring, publié par l'Indian Tea Asso-
ciation.
(2) IVELVAV BAMBER : Report on Ceylan tea Soils and their effects on the quality of tea, publié par
la Ceylon Planter Association.
(3) H. XEcnLLE. La fermentation du thé, in Journal d'agriculture tropicale, n° 18, p. 361.
meilleures conditions. Aussi, est-il fort intéressant d'étudier par quelles circon-
stances la qualité du thé est déterminée et dans quelles limites elle est modifiée
quand ces circonstances changent elles-mêmes.
, Le climat et la situation des plantations interviennent évidemment, pour une
grande part, dans la production de la qualité. Les soins culturaux jouent aussi
un rôle important; enfin, le choix des variétés cultivées exerce encore une
influence considérable. Mais il reste un facteur prédominant, auquel on n'accorde
peut-être pas toujours l'attention nécessaire; nous voulons parler du sol, dont la
nature et l'état de fertilité ont une action marquée sur la qualité des produits
récoltés.
Tous les autres facteurs semblent même disparaître devant le sol, s'il faut en
croire les observations de Harold H. Mann et de Kelvay Bamber, qui ont pour-
suivi dans des régions très différentes une enquête approfondie sur les causes de
la dépréciation des récoltes du thé. En rendant compte à l'Association indienne
des planteurs de thé d'une tournée faite dans l'Assam, Harold H. Mann (1) dit,
en effet, textuellement :
« L'observation la plus frappante que j'ai faite dans ce voyage et qui s'est
« répétée dans tous les districts que j'ai visités est la détérioration manifeste des
« vieilles parties des plantations, quel que soit le plant] cultivé.
« Je pense que l'épuisement du sol a une grande part dans cette diminution
« de la qualité ; j'en trouve la preuve dans ce fait que les plantations dont le sol
« était exceptionnellement fertile et doué d'une fertilité durable ont bien moins
« souffert que les autres et j'en conclus à la nécessité absolue de fumer les plan-
« tations. »
Kelvay Bamber (2) est arrivé aux mêmes résultats après avoir fait l'étude com-
plète de vingt-cinq théeries de Ceylan; il pense qu'il existe un rapport direct
entre la valeur du thé produit et la fertilité du sol et publie de fort intéressants
tableaux pour soutenir sa thèse. Le distingué chimiste conclut que les sols se
sont appauvris en matières azotées et en potasse, et il insiste sur l'influence
marquée de la fumure à l'égard de la qualité du thé et de la résistance aux
maladies.
Nous trouvons même une preuve indirecte de l'importance de la fumure dans
une curieuse observation faite récemment par M. Neuville (3) sur la composition
de la théase, facteur essentiel de la fermentation du thé noir. Cette oxydase con-
tient des doses notables de manganèse, de fer et d'acide phosphorique et l'on
s'explique ainsi la nécessité d'assurer la présence de ces matières dans le sol en
quantités suffisantes.
Quant à la nature même des engrais à employer et à la part qu'on est en droit
d'attribuer à chacun d'eux dans l'élaboration de l'arôme, ce sont là des questions
complexes et sur lesquelles les observations sont peu nombreuses. Les planteurs
des Indes, de Ceylan et de Java ont depuis longtemps l'habitude de fumer régu-
lièrement les théiers et ils leur donnent surtout des engrais organiques : guano
de poisson, fumier, excréments humains, etc. Les Japonais et beaucoup d'Euro-
péens sont d'avis que ces produits mal odorants ont une influence désastreuse
(t) HAROLD H. MANN : The Tea Soils of Assam and TeaManuring, publié par l'Indian Tea Asso-
ciation.
(2) IVELVAV BAMBER : Report on Ceylan tea Soils and their effects on the quality of tea, publié par
la Ceylon Planter Association.
(3) H. XEcnLLE. La fermentation du thé, in Journal d'agriculture tropicale, n° 18, p. 361.
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