Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-11-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 novembre 1903 05 novembre 1903
Description : 1903/11/05 (A7,N136,T13). 1903/11/05 (A7,N136,T13).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6583388x
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2014
272 REVUE DES CULTURES COLONIALES
centimètres du sol, et au point d'où les feuilles s'écartent de leur tige. Les feuilles
laissées sur le terrain, les tiges sont portées au chantier. Là, à l'aide d'une
simple lame en fer ou en bois, il pratique sur chaque tige une série d'incisions
qui ont pour but de séparer les couches qui la forment. Une tige est ainsi
divisée en une dizaine de bandes dans lesquelles les filaments se trouvent réunis.
L'ouvrier prend les bandes par trois ou quatre, suivant sa force musculaire, les
réunissant et les maintenant de la main gauche; il les étale sur le billot, le cou-
teau étant levé; fixe ensuite ce couteau dont la pression sur le billot est assurée
par la force d'un arbalétrier en bambou, et tire à lui par un coup sec. Les dents
du couteau, déchirant la pulpe des bandes, mettent à nu les fibres qui restent
dans la main de l'opérateur. Si ces fibres ne sont pas suffisamment ténues,
qu'elles adhèrent encore à du tissu pulpeux, on recommence l'opération. Mais il
est rare de la voir renouvelée plusieurs fois, à moins qu'on ne veuille obtenir des
fibres extrêmement fines.
Les fibres sont ensuite mises à sécher sur des traverses de bambous, et réunies
en paquets. Des charrettes à deux roues, munies d'une bâche ou paillotte, les
portent de la plantation au magasin d'entrepôt où elles sont pressées, à la
machine, en balles de 125 kilos (c'est le poids uniformément adopté aux Philip-
pines pour les balles d'abaca, comme l'on adopte les 50 kilos Santos pour le café).
Voilà le procédé très pratique, comme l'on peut en juger, employé aux Phi-
lippines pour la décortication de l'abaca, et il me paraît peu possible de le
moderniser, c'est-à-dire supprimer le déchet qui se produit, par la substitution,
au couteau, d'un appareil plus scientifique.
Le couteau avec son degré de force retient en effet les fibres à x degré de
résistance. Le déchet en fibres provient de ce que celles-ci n'ont pas eu cette
force x de résistance : elles sont donc de qualité négligeable. Un appareil, cons-
truit dans des conditions supérieures, ne changerait pas la qualité de ces fibres.
On pourrait tout aussi bien, avec l'appareil actuel, ne pas faire de déchet, à con-
dition de relâcher le degré de pression du couteau. Dans ce cas, les fibres ne
seraient plus marchandes.
Autres procédés de décortication. Je dois également décrire un procédé de
décortication que j'appellerai procédé de « laboratoire ». L'ayant essayé, je n'ai
obtenu qu'un produit cassant et d'un blanc approximatif. On ne m'en a nulle-
ment parlé aux Philippines, j'ai lu ce procédé dans une notice d'auteur inconnu.
La tige une fois coupée est fortement pressée entre des cylindres broyeurs, réduite
ainsi au volume le plus petit possible et mise à macérer dans de l'eau ordinaire ou, ce
qui est de beaucoup préférable, dans une lessive calcaire (lait de chaux) faible ; après
24, 48 ou 72 heures, elle est lavée à l'eau courante pour la débarrasser de l'excès de
chaux, mise à sécher au soleil et finalement broyée à nouveau ou simplement frappée
ou concassée avec une tige ou un morceau de bois. L'excès de parenchyme disparaît et
finalement les fibres restent entièrement libres.
Un autre procédé d'obtention du tissu fibreux, mais plus long, consiste à râcler
les fragments de la hampe du bananier, la base des pétioles engaînants avec un
morceau de bois ou de fer tranchant, à battre le tout avec un marteau en bois,
et enfin à rincer à l'eau.
Un autre procédé m'a paru plus bizarre encore : laisser l'abaca sur pied, et
détacher l'enveloppe couche par couche et par bandes longitudinales, au fur et
à mesure qu'il mûrit. J'avouerai n'avoir vu employer ce procédé, ni en avoir
centimètres du sol, et au point d'où les feuilles s'écartent de leur tige. Les feuilles
laissées sur le terrain, les tiges sont portées au chantier. Là, à l'aide d'une
simple lame en fer ou en bois, il pratique sur chaque tige une série d'incisions
qui ont pour but de séparer les couches qui la forment. Une tige est ainsi
divisée en une dizaine de bandes dans lesquelles les filaments se trouvent réunis.
L'ouvrier prend les bandes par trois ou quatre, suivant sa force musculaire, les
réunissant et les maintenant de la main gauche; il les étale sur le billot, le cou-
teau étant levé; fixe ensuite ce couteau dont la pression sur le billot est assurée
par la force d'un arbalétrier en bambou, et tire à lui par un coup sec. Les dents
du couteau, déchirant la pulpe des bandes, mettent à nu les fibres qui restent
dans la main de l'opérateur. Si ces fibres ne sont pas suffisamment ténues,
qu'elles adhèrent encore à du tissu pulpeux, on recommence l'opération. Mais il
est rare de la voir renouvelée plusieurs fois, à moins qu'on ne veuille obtenir des
fibres extrêmement fines.
Les fibres sont ensuite mises à sécher sur des traverses de bambous, et réunies
en paquets. Des charrettes à deux roues, munies d'une bâche ou paillotte, les
portent de la plantation au magasin d'entrepôt où elles sont pressées, à la
machine, en balles de 125 kilos (c'est le poids uniformément adopté aux Philip-
pines pour les balles d'abaca, comme l'on adopte les 50 kilos Santos pour le café).
Voilà le procédé très pratique, comme l'on peut en juger, employé aux Phi-
lippines pour la décortication de l'abaca, et il me paraît peu possible de le
moderniser, c'est-à-dire supprimer le déchet qui se produit, par la substitution,
au couteau, d'un appareil plus scientifique.
Le couteau avec son degré de force retient en effet les fibres à x degré de
résistance. Le déchet en fibres provient de ce que celles-ci n'ont pas eu cette
force x de résistance : elles sont donc de qualité négligeable. Un appareil, cons-
truit dans des conditions supérieures, ne changerait pas la qualité de ces fibres.
On pourrait tout aussi bien, avec l'appareil actuel, ne pas faire de déchet, à con-
dition de relâcher le degré de pression du couteau. Dans ce cas, les fibres ne
seraient plus marchandes.
Autres procédés de décortication. Je dois également décrire un procédé de
décortication que j'appellerai procédé de « laboratoire ». L'ayant essayé, je n'ai
obtenu qu'un produit cassant et d'un blanc approximatif. On ne m'en a nulle-
ment parlé aux Philippines, j'ai lu ce procédé dans une notice d'auteur inconnu.
La tige une fois coupée est fortement pressée entre des cylindres broyeurs, réduite
ainsi au volume le plus petit possible et mise à macérer dans de l'eau ordinaire ou, ce
qui est de beaucoup préférable, dans une lessive calcaire (lait de chaux) faible ; après
24, 48 ou 72 heures, elle est lavée à l'eau courante pour la débarrasser de l'excès de
chaux, mise à sécher au soleil et finalement broyée à nouveau ou simplement frappée
ou concassée avec une tige ou un morceau de bois. L'excès de parenchyme disparaît et
finalement les fibres restent entièrement libres.
Un autre procédé d'obtention du tissu fibreux, mais plus long, consiste à râcler
les fragments de la hampe du bananier, la base des pétioles engaînants avec un
morceau de bois ou de fer tranchant, à battre le tout avec un marteau en bois,
et enfin à rincer à l'eau.
Un autre procédé m'a paru plus bizarre encore : laisser l'abaca sur pied, et
détacher l'enveloppe couche par couche et par bandes longitudinales, au fur et
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