Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-10-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 octobre 1903 05 octobre 1903
Description : 1903/10/05 (A7,N134,T13). 1903/10/05 (A7,N134,T13).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65833863
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2014
204 REVUE DES CULTURES COLONIALES
placent en évidence : le jute, l'aloès ou agave, la ramie et l'abaca. De ceux-ci
indiscutablement c'est l'abaca qui se révèle le plus important, car malgré
d'immenses débouchés, sa production est restée limitée, à Bornéo et aux Phi-
lippines.
Le public tonkinois a pu juger au cours de l'Exposition de Hanoi de la facilité
avec laquelle les ouvriers Tagals (amenés des îles Philippines par M. Lelorrain)
décortiquaient des tiges vertes de bananiers pour les tisser ensuite sans aucune
perte de temps à un métier voisin.
Ces bananiers étaient des abacas.
Le résultat de la décortication se trouvait être une gerbe de filasse plus ou
moins teintée, plus ou moins fine, que l'on triait du reste avant le tissage.
Le résultat du tissage se trouvait être un fort beau tissu, sorte de gaze ou tulle
dont se vêtent les femmes aux Philippines.
La provision d'abaca venant de Manille épuisée, M. Jacquet, directeur de
l'Agriculture au Tonkin, fit couper des abacas dans le Jardin d'essai de Hanoi et
les envoya à décortiquer. Ce fut une surprise d'entendre les ouvriers philippins
vanter la finesse et la qualité des fibres de cet abaca d'ornementation que l'on
avait cru jusqu'alors être inutilisable. Cette supposition avait sa raison d'être
du fait qu'aux îles Philippines, les plantations d'abacas s'étalent préférablement
sur les flancs des montagnes volcaniques. Les terres montagneuses du Tonkin,
les argiles de la plaine deltaïque, ne pourraient, pensait-on, donner à ces plants
les éléments de nutrition de leur pays d'habitat.
Outre les abacas du Jardin d'essai, quelques colons qui avaient depuis plu-
sieurs années tenté l'acclimatement de ce produit, en envoyèrent aussi à l'Expo-
sition pour appréciation. Les constatations furent identiques. Dès lors, il était
absolument démontré que les fibres de l'abaca tonkinois équivalaient à celles de
l'abaca des Philippines; qu'une concurrence commerciale devenait possible. IL
y a donc un intérêt général à en vulgariser la culture.
L'abaca existait naturellement dans certaines îles de l'archipel des Philippines,
mais son fruit n'étant d'aucune valeur comestible (la pulpe en étant imprégnée
de graines noirâtres et assez dures), il restait à l'état sauvage et les indigènes
n'en tiraient nul emploi.
Vers 1800, je crois, le Gouvernement espagnol ayant envoyé une mission
d'ëtudes dans les îles du Sud et dans Bornéo-Sumatra, cette mission relata que
l'industrie néerlandaise tirait un sérieux parti des tibres d'un bananier sem-
blable à celui délaissé aux Philippines. On organisa aussitôt cette culture; des
primes furent accordées aux provinces qui donneraient les meilleurs résultats;
et, en une quinzaine d'années, on put déjà livrer aux maisons de commerce, à
Manille, un chiffre élevé de tonnes de filasse. A partir de 1820, le commerce du
chanvre de Manille se régularisa. Partout où il était possible, les communes éta-
blirent des plantations : chaque année se marqua par un développement pro-
gressif; et jusqu'à l'insurrection, qui commencée, vers 1895, cessa en 1898, à la
suite de l'intervention américaine, dont la domination sur l'Archipel se substitua
à celle de l'Espagne, le chanvre de Manille fit prime sur les marchés de Londres
et d'Amsterdam avec des demandes croissantes.
L'abaca était devenu dans Manille en quelque sorte une culture populaire et
nationale : les indigènes conservaient précieusement ce produit. Les étrangers
ne pouvaient se procurer ni graines, ni plants. Bien qu'aucun ordre officiel n'ait
imposé aux habitants la défense d'en vendre, il semble pourtant qu'il y ait eu.
placent en évidence : le jute, l'aloès ou agave, la ramie et l'abaca. De ceux-ci
indiscutablement c'est l'abaca qui se révèle le plus important, car malgré
d'immenses débouchés, sa production est restée limitée, à Bornéo et aux Phi-
lippines.
Le public tonkinois a pu juger au cours de l'Exposition de Hanoi de la facilité
avec laquelle les ouvriers Tagals (amenés des îles Philippines par M. Lelorrain)
décortiquaient des tiges vertes de bananiers pour les tisser ensuite sans aucune
perte de temps à un métier voisin.
Ces bananiers étaient des abacas.
Le résultat de la décortication se trouvait être une gerbe de filasse plus ou
moins teintée, plus ou moins fine, que l'on triait du reste avant le tissage.
Le résultat du tissage se trouvait être un fort beau tissu, sorte de gaze ou tulle
dont se vêtent les femmes aux Philippines.
La provision d'abaca venant de Manille épuisée, M. Jacquet, directeur de
l'Agriculture au Tonkin, fit couper des abacas dans le Jardin d'essai de Hanoi et
les envoya à décortiquer. Ce fut une surprise d'entendre les ouvriers philippins
vanter la finesse et la qualité des fibres de cet abaca d'ornementation que l'on
avait cru jusqu'alors être inutilisable. Cette supposition avait sa raison d'être
du fait qu'aux îles Philippines, les plantations d'abacas s'étalent préférablement
sur les flancs des montagnes volcaniques. Les terres montagneuses du Tonkin,
les argiles de la plaine deltaïque, ne pourraient, pensait-on, donner à ces plants
les éléments de nutrition de leur pays d'habitat.
Outre les abacas du Jardin d'essai, quelques colons qui avaient depuis plu-
sieurs années tenté l'acclimatement de ce produit, en envoyèrent aussi à l'Expo-
sition pour appréciation. Les constatations furent identiques. Dès lors, il était
absolument démontré que les fibres de l'abaca tonkinois équivalaient à celles de
l'abaca des Philippines; qu'une concurrence commerciale devenait possible. IL
y a donc un intérêt général à en vulgariser la culture.
L'abaca existait naturellement dans certaines îles de l'archipel des Philippines,
mais son fruit n'étant d'aucune valeur comestible (la pulpe en étant imprégnée
de graines noirâtres et assez dures), il restait à l'état sauvage et les indigènes
n'en tiraient nul emploi.
Vers 1800, je crois, le Gouvernement espagnol ayant envoyé une mission
d'ëtudes dans les îles du Sud et dans Bornéo-Sumatra, cette mission relata que
l'industrie néerlandaise tirait un sérieux parti des tibres d'un bananier sem-
blable à celui délaissé aux Philippines. On organisa aussitôt cette culture; des
primes furent accordées aux provinces qui donneraient les meilleurs résultats;
et, en une quinzaine d'années, on put déjà livrer aux maisons de commerce, à
Manille, un chiffre élevé de tonnes de filasse. A partir de 1820, le commerce du
chanvre de Manille se régularisa. Partout où il était possible, les communes éta-
blirent des plantations : chaque année se marqua par un développement pro-
gressif; et jusqu'à l'insurrection, qui commencée, vers 1895, cessa en 1898, à la
suite de l'intervention américaine, dont la domination sur l'Archipel se substitua
à celle de l'Espagne, le chanvre de Manille fit prime sur les marchés de Londres
et d'Amsterdam avec des demandes croissantes.
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