Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-02-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 février 1903 05 février 1903
Description : 1903/02/05 (A7,N118,T12). 1903/02/05 (A7,N118,T12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65833707
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2014
A PROPOS DE L'OMBRAGE DES CAFÉIERS 73
Depuis lors, j'ai démontré que l'on peut expérimentalement transformer une
bactérie saprophyte en parasite vrai, dont on exalte ou diminue la virulence à
volonté (1). En ces derniers temps, j'ai obtenu artificiellement des formes para-
sites de moisissures banales.
Il y aurait lieu d'étudier dans les pays chauds les conditions qui favorisent le
développement de la virulence du Cephaleuros virescens (2). Ce qui est ici particuliè-
rement remarquable, c'est que cette algue, au Congo, n'est parasite que sur des
caféiers de Libéria exposés à une vive lumière. Or, cette circonstance, à pre.
mière vue, doit paraître favorable à la vie holophytique d'une plante à chloro-
phylle. La cause qui détermine l'évolution parasitaire ne doit pas se trouver
chez le Gephaleuros, mais dans le caféier. On sait que le Coffea liberica ne tolère
jamais la lumière directe dans la zone équatoriale. Je l'ai vu à l'état sauvage à
Wanié-Lukula (sur les rives du Lualalaba-Congo), vivant à l'ombre des grands
arbres de la forêt. Planté en plein soleil, comme on l'a fait trop souvent, il pousse
pendant quelques années, puis dépérit. Il faut supposerque, dans cet état, il se pro-
duit dans les feuilles des arbrisseaux malades des substances qui, au travers de
la cuticule, agissent sur les filaments du Gephaleuros développés à la surface de
l'épiderme et lui permettent de pénétrer dans les tissus sous-jacents. La virulence
ferait ainsi son apparition et l'organisme de la maladie, d'abord causée par les
conditions de milieu, devient parasitaire. Il serait à souhaiter que cette question
f ût l'objet de recherches de la part des botanistes quihabitentlesrégions tropicales.
A l'époque où je me trouvais à Léopoldville, je ne m'étais pas effrayé outre
mesure des dangers qui pouvaient résulter de l'extension de la maladie dans les
cultures congolaises. J'avais le pressentiment qu'il fallait surtout la prévenir par
des mesures d'hygiène végétale et que le parasite ne pouvait pas être combattu
par la méthode directe. D'après des renseignements reçus du Haut-Congo, la
maladie est apparue dans quelques postes de la région centrale. En 1901,
M. Marcel Laurent l'a observée à Coquilhatville et surtout à Bikoro. Je l'avais
constatée aussi à Brazzaville. Elle existe probablement en maints endroits de
l'Afrique équatoriale où l'on a planté du caféier de Libéria en terrains sablon-
neux et sans ombrage.
Pour empêcher l'extension du parasitisme du Cephaleuros, il suffira de renoncer
à une méthode de culture aussi peu judicieuse. Les résultats de celte précaution
seront doublement avantageux : les caféiers seront plus vigoureux et plus produc-
tifs et ils ne seront plus exposés à se laisser envahir par des parasites d'occasion.
Je rapproche volontiers mes observations sur les caféiers de Léopoldville,
des remarques si suggestives faites par le correspondant du Niemve Gids. A Java
aussi, la diminution de l'ombrage produite par un élagage excessif des pieds de
dadap (Erythrina) provoque aussitôt la maladie des feuilles. Bien que ce ne soit
pas spécifié, celle-ci est due vraisemblablement à une forme de Cephaleuros.
Nous sommes loin, à l'heure actuelle, de la conception étroite qui a longtemps
dominé les esprits qui s'occupaient des organismes parasitaires. Il fut un temps
où la nature spécifique du parasite était tout, et où l'on ne pensait guère aux
conditions qui en favorisent le développement. Comme corollaire, il fallait
détruire impitoyablement les germes des parasites.
(1) Annales de l'Institut Pasteur, t. XIII, 1899.
(2) Le Lephaleuros virescens est très répandu au Congo sur divers @ végétaux ; presque tous les
arbres de la forêt à feuilles persistantes sont atteints par ce parasite. (É. D. W.)
2
Depuis lors, j'ai démontré que l'on peut expérimentalement transformer une
bactérie saprophyte en parasite vrai, dont on exalte ou diminue la virulence à
volonté (1). En ces derniers temps, j'ai obtenu artificiellement des formes para-
sites de moisissures banales.
Il y aurait lieu d'étudier dans les pays chauds les conditions qui favorisent le
développement de la virulence du Cephaleuros virescens (2). Ce qui est ici particuliè-
rement remarquable, c'est que cette algue, au Congo, n'est parasite que sur des
caféiers de Libéria exposés à une vive lumière. Or, cette circonstance, à pre.
mière vue, doit paraître favorable à la vie holophytique d'une plante à chloro-
phylle. La cause qui détermine l'évolution parasitaire ne doit pas se trouver
chez le Gephaleuros, mais dans le caféier. On sait que le Coffea liberica ne tolère
jamais la lumière directe dans la zone équatoriale. Je l'ai vu à l'état sauvage à
Wanié-Lukula (sur les rives du Lualalaba-Congo), vivant à l'ombre des grands
arbres de la forêt. Planté en plein soleil, comme on l'a fait trop souvent, il pousse
pendant quelques années, puis dépérit. Il faut supposerque, dans cet état, il se pro-
duit dans les feuilles des arbrisseaux malades des substances qui, au travers de
la cuticule, agissent sur les filaments du Gephaleuros développés à la surface de
l'épiderme et lui permettent de pénétrer dans les tissus sous-jacents. La virulence
ferait ainsi son apparition et l'organisme de la maladie, d'abord causée par les
conditions de milieu, devient parasitaire. Il serait à souhaiter que cette question
f ût l'objet de recherches de la part des botanistes quihabitentlesrégions tropicales.
A l'époque où je me trouvais à Léopoldville, je ne m'étais pas effrayé outre
mesure des dangers qui pouvaient résulter de l'extension de la maladie dans les
cultures congolaises. J'avais le pressentiment qu'il fallait surtout la prévenir par
des mesures d'hygiène végétale et que le parasite ne pouvait pas être combattu
par la méthode directe. D'après des renseignements reçus du Haut-Congo, la
maladie est apparue dans quelques postes de la région centrale. En 1901,
M. Marcel Laurent l'a observée à Coquilhatville et surtout à Bikoro. Je l'avais
constatée aussi à Brazzaville. Elle existe probablement en maints endroits de
l'Afrique équatoriale où l'on a planté du caféier de Libéria en terrains sablon-
neux et sans ombrage.
Pour empêcher l'extension du parasitisme du Cephaleuros, il suffira de renoncer
à une méthode de culture aussi peu judicieuse. Les résultats de celte précaution
seront doublement avantageux : les caféiers seront plus vigoureux et plus produc-
tifs et ils ne seront plus exposés à se laisser envahir par des parasites d'occasion.
Je rapproche volontiers mes observations sur les caféiers de Léopoldville,
des remarques si suggestives faites par le correspondant du Niemve Gids. A Java
aussi, la diminution de l'ombrage produite par un élagage excessif des pieds de
dadap (Erythrina) provoque aussitôt la maladie des feuilles. Bien que ce ne soit
pas spécifié, celle-ci est due vraisemblablement à une forme de Cephaleuros.
Nous sommes loin, à l'heure actuelle, de la conception étroite qui a longtemps
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conditions qui en favorisent le développement. Comme corollaire, il fallait
détruire impitoyablement les germes des parasites.
(1) Annales de l'Institut Pasteur, t. XIII, 1899.
(2) Le Lephaleuros virescens est très répandu au Congo sur divers @ végétaux ; presque tous les
arbres de la forêt à feuilles persistantes sont atteints par ce parasite. (É. D. W.)
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