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Rapport sur l'aménagement des eaux
(Vallées de Ikopa, de la Mamba, de la Sisaony, de l'Andromba, aux environs
de Tananarive)
m
CHAPITRE PREMIER
Il est aujourd'hui prouvé que la grande sylve autochtone couvrait
autrefois l'île entière ; les premiers habitants ont été des forestiers, c'est-à-
dire des hommes vivant de la forêt et de ses produits naturels ; leur mode
d'exploitation par le fer - et le feu ont amené la déforestation rapide des
hauts plateaux, que nous pouvons constater actuellement. Les habitants
qui avaient jusqu'alors vécu épars dans la forêt, suivant ses limites qui,
chaque année reculaient, ont été obligés de demander à la culture leurs
moyens d'existence ; pour ce faire, ils ont constitué des groupements et
construit des cités. Ils ont établi leur ville sur les hauteurs ; leur culture,
partout où le permettaient les conditions géographiques, telles que la qua-
lité de terre, l'exposition et principalement la situation par rapport au ré-
gime des eaux, à savoir, possibilité d'y amener l'eau des sources ou des
rivières, et d'évacuer l'excès des eaux de pluies. Le domaine cultivable
s'est d'abord borné à la partie supérieure des petites vallées secondaires ;
les groupements policés devenant plus importants, les habitants entre-
prirent la mise en culture des plaines qui les environnaient ; s'inspirant des
données climatologiques et hydrographiques léguées par la tradition, ils
limitèrent leur culture, aux zones à l'abri des inondations qui sont les
phénomènes météorologiques ou plutôt les conséquences de ces phénomènes
les plus à craindre dans ce pays.
L'arrivée des Européens a provoqué la construction de voies de com-
munication, l'extension des villes et des cultures. La rapidité avec laquelle
nous évoluons, nous oblige à ne pas tenir suffisamment compte de toutes
les difficultés de la construction et quand les chemins de fer fonctionnent,
les villes établies et les cultures en production, l'expérience d'une année
« non encore vue» nous apprend que leur sûreté exige des travaux souvent
importants.
Telle est la situation dans laquelle nous nous trouvons dans la vallée
de l'Ikopa et de ses affluents (1).
(1) La plaine du Betsimitatatra et les larges vallées qui y débouchent sont un centre de
concentration des eaux pour le pays environnant — ce fait que nous constatons aujourd'hui
a des causes géologiques que le Père Muthuon a 'exposé récemment dans une des séances
de l'Académie Malgache. On peut résumer ainsi l'exposé qu'il fit de la tectonique de la
région qui nous intéresse : ,
L'imerina est une sorte de cuvette irrégulière, limitée dans tous les sens par des reliefs
variés. Vers le Sud, Sud-Est et l'Est, les pentes, dans l'ensemble, se relèvent graduellement
jusqu'aux sommets de l'Ankaratra volcanique, jusqu'au plateau accidenté d'où descend la
Sisaony et jusqu'à l'arête saillante qui borne à l'Est le plateau central. C'est donc de ces
directions que devait forcément venir la grande masse des eaux, conduites vers le Nord-
Ouest par 1 orientation prédominant des lignes de relief dans ce sens. Vers l'Ouest, les bords
de la cuvette sont formés par plusieurs chaînons relativement élevés, ayant l'orientation
sus-citée ou l'orientation perpendiculaire et, dans l'un et l'autre cas, également infranchis-
sable à la marche des eaux.
Au Nord, circonstance remarquable; une chaîne orientée Est-Ouest, dresse une barrière
brusquement saillante devant les eaux qui affluent vers elle, chaîne dont les sommets
Rapport sur l'aménagement des eaux
(Vallées de Ikopa, de la Mamba, de la Sisaony, de l'Andromba, aux environs
de Tananarive)
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CHAPITRE PREMIER
Il est aujourd'hui prouvé que la grande sylve autochtone couvrait
autrefois l'île entière ; les premiers habitants ont été des forestiers, c'est-à-
dire des hommes vivant de la forêt et de ses produits naturels ; leur mode
d'exploitation par le fer - et le feu ont amené la déforestation rapide des
hauts plateaux, que nous pouvons constater actuellement. Les habitants
qui avaient jusqu'alors vécu épars dans la forêt, suivant ses limites qui,
chaque année reculaient, ont été obligés de demander à la culture leurs
moyens d'existence ; pour ce faire, ils ont constitué des groupements et
construit des cités. Ils ont établi leur ville sur les hauteurs ; leur culture,
partout où le permettaient les conditions géographiques, telles que la qua-
lité de terre, l'exposition et principalement la situation par rapport au ré-
gime des eaux, à savoir, possibilité d'y amener l'eau des sources ou des
rivières, et d'évacuer l'excès des eaux de pluies. Le domaine cultivable
s'est d'abord borné à la partie supérieure des petites vallées secondaires ;
les groupements policés devenant plus importants, les habitants entre-
prirent la mise en culture des plaines qui les environnaient ; s'inspirant des
données climatologiques et hydrographiques léguées par la tradition, ils
limitèrent leur culture, aux zones à l'abri des inondations qui sont les
phénomènes météorologiques ou plutôt les conséquences de ces phénomènes
les plus à craindre dans ce pays.
L'arrivée des Européens a provoqué la construction de voies de com-
munication, l'extension des villes et des cultures. La rapidité avec laquelle
nous évoluons, nous oblige à ne pas tenir suffisamment compte de toutes
les difficultés de la construction et quand les chemins de fer fonctionnent,
les villes établies et les cultures en production, l'expérience d'une année
« non encore vue» nous apprend que leur sûreté exige des travaux souvent
importants.
Telle est la situation dans laquelle nous nous trouvons dans la vallée
de l'Ikopa et de ses affluents (1).
(1) La plaine du Betsimitatatra et les larges vallées qui y débouchent sont un centre de
concentration des eaux pour le pays environnant — ce fait que nous constatons aujourd'hui
a des causes géologiques que le Père Muthuon a 'exposé récemment dans une des séances
de l'Académie Malgache. On peut résumer ainsi l'exposé qu'il fit de la tectonique de la
région qui nous intéresse : ,
L'imerina est une sorte de cuvette irrégulière, limitée dans tous les sens par des reliefs
variés. Vers le Sud, Sud-Est et l'Est, les pentes, dans l'ensemble, se relèvent graduellement
jusqu'aux sommets de l'Ankaratra volcanique, jusqu'au plateau accidenté d'où descend la
Sisaony et jusqu'à l'arête saillante qui borne à l'Est le plateau central. C'est donc de ces
directions que devait forcément venir la grande masse des eaux, conduites vers le Nord-
Ouest par 1 orientation prédominant des lignes de relief dans ce sens. Vers l'Ouest, les bords
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