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Les dispositions de ce régime sont les suivantes :
L'indigène est propriétaire du sol. Les sociétés lui louent son terrain
pour 5 ans, le loyer étant exactement égal à l'impôt. Cet impôt est établi
selon la valeur du terrain qui est elle-même chiffrée d'après les récoltes
en riz. Il varie de 7 à 15 fl. par bouw, soit de 17 à 15 $, par ha. Le loca-
taire est autorisé à cultiver le tabac sur un même terrain une année sur
deux. Il se charge de l'établissement des pépinières et fournit les plants
à l'indigène, qui assure la culture. Bien entendu, l'indigène est contrôlé
par l'européen exactement comme s'il était à sa solde. Les feuilles vertes
sont classées d'après leur longueur en 4 catégories. Les locataires s'en-
gagent à acheter (à des prix invariables), les feuilles des 3 premières :
« Aloes » (1re catégorie) à 20 fl. pour 10.000 feuilles, « Hang Krossok »
a0 1 (2e catégorie) à 7 fl. 5o et « Hang Krossok » n° 2 (3e catégorie) a
5 fi. 00. Les feuilles de 4e catégorie (« Kampong Krossok ») sont aban-
données à l'indigène. Celui-ci les fait sécher en garnissant les murs
et le toit de sa maison, en réserve une faible part pour sa consommation
personnelle, et vend le reste au locataire. Son rôle est alors terminé.
Les sociétés, locataires du terrain, sont peu nombreuses mais puis-
santes ; elles tiennent l'indigène étroitement asservi. Le libre jeu de la
concurrence devrait élever les prix de location, les prix d'achat des feuil-
les vertes et celui du Kampong-Krossok. En réalité ces sociétés, qui ne
sont cependant pas réunies en syndicat, s'interdisent mutuellement
toute rivalité ; elles fixent de concert ces différents prix et aussi, selon
l'importance de chacune d'elle et celle de la récolte, se répartissent l'achat
du Kampong-Krossok ; en sorte que le gain de l'indigène, pourtant pro-
priétaire de son champ, est toujours exactement limité ; même quand la
récolte est bonne, il ne gagne pas plus qu'aux mauvaises années, les
sociétés abaissant automatiquement le prix d'achat de son Kampong Kros-
sok.
Au Nord de la province, le Madoerais cultive son champ pour lui, et
vend sa récolte aux enchères. Il subit les accidents de culture et court
les risques de mévente, mais les économies qu'il amasse aux bonnes
années lui permettent de supporter les mauvaises. Il est probable néan-
moins qu'il serait depuis longtemps, par le jeu de la spéculation, tombé-
a la merci des sociétés européennes ou des acheteurs chinois, si le Gouver-
nement n'était intervenu. Cette intervention se manifeste sous deux for-
mes : d'une part le Gouvernement, par son service de l'Agriculture,
conseille l'indigène sur la surface à planter, le choix des terrains et celui
des graines ; d'autre part, il a institué, pour la vente de sa récolte séchée,
des marchés publics. J'ai visité celui de Bondowsoso : dans un grand
hangar, un agent du Gouvernement reçoit le tabac des indigènes ; il lê-'
classe en quatre catégories selon la couleur, la longueur et l'état de des-
sication des manoques ; les manoques, composées par le vendeur ne sont
Les dispositions de ce régime sont les suivantes :
L'indigène est propriétaire du sol. Les sociétés lui louent son terrain
pour 5 ans, le loyer étant exactement égal à l'impôt. Cet impôt est établi
selon la valeur du terrain qui est elle-même chiffrée d'après les récoltes
en riz. Il varie de 7 à 15 fl. par bouw, soit de 17 à 15 $, par ha. Le loca-
taire est autorisé à cultiver le tabac sur un même terrain une année sur
deux. Il se charge de l'établissement des pépinières et fournit les plants
à l'indigène, qui assure la culture. Bien entendu, l'indigène est contrôlé
par l'européen exactement comme s'il était à sa solde. Les feuilles vertes
sont classées d'après leur longueur en 4 catégories. Les locataires s'en-
gagent à acheter (à des prix invariables), les feuilles des 3 premières :
« Aloes » (1re catégorie) à 20 fl. pour 10.000 feuilles, « Hang Krossok »
a0 1 (2e catégorie) à 7 fl. 5o et « Hang Krossok » n° 2 (3e catégorie) a
5 fi. 00. Les feuilles de 4e catégorie (« Kampong Krossok ») sont aban-
données à l'indigène. Celui-ci les fait sécher en garnissant les murs
et le toit de sa maison, en réserve une faible part pour sa consommation
personnelle, et vend le reste au locataire. Son rôle est alors terminé.
Les sociétés, locataires du terrain, sont peu nombreuses mais puis-
santes ; elles tiennent l'indigène étroitement asservi. Le libre jeu de la
concurrence devrait élever les prix de location, les prix d'achat des feuil-
les vertes et celui du Kampong-Krossok. En réalité ces sociétés, qui ne
sont cependant pas réunies en syndicat, s'interdisent mutuellement
toute rivalité ; elles fixent de concert ces différents prix et aussi, selon
l'importance de chacune d'elle et celle de la récolte, se répartissent l'achat
du Kampong-Krossok ; en sorte que le gain de l'indigène, pourtant pro-
priétaire de son champ, est toujours exactement limité ; même quand la
récolte est bonne, il ne gagne pas plus qu'aux mauvaises années, les
sociétés abaissant automatiquement le prix d'achat de son Kampong Kros-
sok.
Au Nord de la province, le Madoerais cultive son champ pour lui, et
vend sa récolte aux enchères. Il subit les accidents de culture et court
les risques de mévente, mais les économies qu'il amasse aux bonnes
années lui permettent de supporter les mauvaises. Il est probable néan-
moins qu'il serait depuis longtemps, par le jeu de la spéculation, tombé-
a la merci des sociétés européennes ou des acheteurs chinois, si le Gouver-
nement n'était intervenu. Cette intervention se manifeste sous deux for-
mes : d'une part le Gouvernement, par son service de l'Agriculture,
conseille l'indigène sur la surface à planter, le choix des terrains et celui
des graines ; d'autre part, il a institué, pour la vente de sa récolte séchée,
des marchés publics. J'ai visité celui de Bondowsoso : dans un grand
hangar, un agent du Gouvernement reçoit le tabac des indigènes ; il lê-'
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