Le bois de pin ne se rencontre pas, à notre connaissance, sur les marchés du Tonkin. L'espèce devait être commune, autrefois, dans la moyenne région ainsi que sur le littoral de la baie d'Along, mais elle a été presque anéantie par les incendies, les défrichements, l'exploitation à outrance.
Le seul peuplement important qui existe aujourd'hui est la forêt de Yèn-lâp, près Quang-yên, étudiée en détail par le regretté Jacques ROULLET. On évalue actuellement à 100.000 ou 120.000 le nombre des pins exploitables dans cette région. Ils vivent généralement en futaie-clairière, associés à de nombreuses espèces de feuillus. L'exploitation de cette forêt est aujourd'hui réglementée et on évalue à 300 tonnes la quantité de résine qu'on en retire. Les arbres par- venus à maturité ou d'une mauvaise venue, par suite d'une exploitation défec- • tueuse ancienne, sont gemmés à mort et abattus. Le bois est vendu à l'adjudica- tion. On sait que le pin gemmé des Landes est très apprécié pour le pavage des rues de Paris.
Les tentatives de repeuplement faites par le Service forestier du Tonkin, n'ont généralement pas été très heureuses. Les incendies d'herbes détruisent sou- vent les jeunes plantations. Nous pensons qu'on pourrait enrayer ces désastres en plantant çà et là des cordons d'autres essences à croissance rapide et sur les- quels l'incendie n'aurait pas prise. Le Leucaena, semé très serré, pourrait, croyons-nous, remplir ces conditions. Du reste, quelques particuliers ont déjà obtenu de très intéressants résultats.
Prés de Doson, de Haiphong, de Kénan, il existe de petits mais très remar- quables peuplements artificiels de pins du Tonkin. Des efforts très sérieux, devraient être faits, pour reboiser avec cette essence, les mamelons dénudés bordant la baie d'Along ou s'étendant dans la moyenne région, sur la bordure du Della.
On rencontre encore çà et là de petits peuplements isolés de pins dans les provinces de Bac-giang, Phu-tho, Thai-nguyên, Tuyên-quang qui attestent que cette essence était autrefois répandue. Il est de la plus grande nécessité qu'on les protège et qu'on les multiplie, sinon dans quelques années, comme le Kim giao, les pins ne se rencontreront plus qu'autour des pagodes.
On a signalé sur quelques montagnes de la haute région, notamment à Chapa, des pieds isolés d'un pin à trois feuilles. N'en ayant point vu d'exemplaire, nous ignorons s'ils s'agit du Pinus Khasya de Lang-bian.
Voici la fiche concernant le pin à deux feuilles du Tonkin.
P. Merkusii Jungh. et de Vries.
NOM INDIGÈNE: Thông (annam.).
DIMENSIONS : Arbre de 12 à 20 mètres de hauteur. Billes de 3 à 10 mètres de longueur et de 0 m. 40 à 1 mètre de diamètre.
PROPRIÉTÉS : Aubier et cœur peu différenciés. Bois blanc-jaunàtre, avec de belles marbrures plus foncées. Rappelle le pitchpin. Crain très fin. Bois très résineux et d'assez bonne conservation.
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