Note relative à l'emploi de la laque d'Indochine. — Les observations recueillies jusqu'à ce jour et les essais pratiques récemment exécutés par les services de l'Aéronautique 'militaire confirment que la laque indochinoise utilisée comme couche protectrice des hélices d'aéroplane ou de ballon dirigeable constitue un enduit d'une résistance et d'une élasticité remarquable supérieur aux enduits fournis par les meilleurs vernis au copal employés jusqu'à ce jour par l'aviation.
Les essais pratiques et comparatifs exécutés à Chalais-Meudon sous la direction du lieu- tenant Guérin sont les suivants : 1 0 —Exposition à toutes les intempéries, nuit et jour, en plein air, au milieu d'une pelouse, pendant cinq à six semaines, d'une série d'hélices recouvertes les unes de laque et les autres de vernis choisis parmi les plus résistants.
2° — Essai au moteur, au milieu d'un intense brouillard artificiel, comparable aux nuages, d'hélices vernies et d'hélices laquées avec la laque de provenance indochinoise.Sous l'influence des alternatives d'humidité et de sécheresse, de chaleur et de froid, les vernis ordinaires présentent bientôt de nombreuses craquelures et s'écaillent. Dès lors, l'humidité agit sur le bois et provoque d'importantes déformations. Placées dans les mêmes conditions, les hélices laquée n'ont présenté aucune fissure. L'eau n'ayant pas agi sur le bois nu, les déformations dues aux intempéries se sont trouvées réduites au minimum. L'adhérence dé la laque au bois est si forte que là où des déformations se sont produites, l'enduit a suivi le mouvement de la couche sous-jacente, sans s'écailler comme les vernis ordinairement employés.
Les essais au moteur ont duré une heure et demie à deux heures. Ils ont été exécutés au moyen d'un fort moteur d'aéroplane permettant d'imprimer aux hélices une vitesse de J .300 à 1,500 tours par minute. Pour obtenir un brouillard comparable à ceux au milieu dequels se déplacent si fréquemment les avions, on s'est servi d'une sorte de puissant vaporisateur proje- tant une pluie très fine sur les hélices en mouvement.
Soumises à ces épreuves, les hélices laquées n'ont subi, comme j'ai pu le constater par moi-même, aucune altération et n'ont présenté aucune trace d'usure tandis que les hélices vernies ont été, en quelque sorte, décapées et usées sur les bords, sur une longueur qui varie suivant la résistance du vernis employé.
Pour achever ces essais, il reste à expérimenter les hélices laquées en plein vol, ce qui se fait en ce moment ou va se faire très prochainement sur le front ; mais, comme les expériences au moteur fixe ont été effectuées exactement dans les mêmes conditions sur des héjices vernies, il semble certain qu'au cours de ces essais définitifs les premières continueront à se .montrer nettement supérieures aux secondes. •
Toutes les personnes ayant collaboré à ces essais sont maintenant tout à fait convaincues de la supériorité de la laque indochinoise et déclarent que ce produit permet d'obtenir un enduit protecteur excellent, meilleur que tout ce qui a été essayé jusqu'à ce jour par l'aviation.
Afin de complèter ces essais., le Jardin Colonial fait procéder en ce moment, d'accord avec les services de Chalais-Meudon, au laquage d'un certain nombre d'objets ou d'appareils qui permetront de rechercher si, en dehors de l'aviation, de la carrosserie et de l'ébénisterie l'emploi de la laque peut être avantageux en chirurgie, dans les laboratoires de chimie et en photographie.
Enfin, la confection d'une cinquantaine d'éprouvettes en bois ou en carton, laquées sur toutes leurs faces, va me permettre de rechercher, dans les laboratoires du Jardin Colonial, le degré de résistance de la laque aux différents réactifs chimiques.
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