Le chef de la Station s'est aussi préoccupé de rechercher ceux des produits indigènes qui peuvent vraiment soit entrer dans la consommation courante, soit apporter un concours à l'alimentation. Il a contribué à propager, en outre des légumes ou articles de consommation herbacée signalés par M. J. Pouchat, quelques produits intéressants tels que la partie charnue de la tige de Caryola urens, la jeune pousse d'ananas, le Cu-Mai, etc. etc.
Des légumes, des condiments, d'un usage courant dans l'Inde, cultivés pendant trois ans à La-Pho n'ont pu intéresser les indigènes, assez réfractaires aux nouveautés d'ordre culinaire.
La station a introduit un arbre fruitier, peu vigoureux jusqu'à présent, car sa multiplication est connue pour sa lenteur, l'Aegle marmelos qui remplit un grand rôle dans l'Inde Anglaise où son fruit (bel fruit), sucré et aromatique quand il est mûr, mais astringent à l'état vert, est très employé, même par les Anglais, contre la diarrhée et la dysenterie. Le bois sert à la confection des tambours et tam-tam. « Le fluide visqueux des graines, mélangé à la chaux, « dit M. Achart, constitue un excellent mortier qui sert principalement à la construction des « puits. On donne l'écorce de la racine en infusion contre la fièvre intermittente et en décoc- « tion pour calmer les palpitations du cœur ».
PLANTES FOURRAGÈRES
Cette étude, fort délicate et aussi fort risquée quand il s'agit d'introduire nos fourrages des contrées tempérées, s'est bornée au Teôsinte cultivé depuis quatre ans avec avantage pour la nourriture du bétail, à l'Herbe de Para, bien connue des colons européens, mais qu'on essaye de propager auprès des indigènes pour occuper les parties marécageuses du pays, l'Herbe de Guinée, en vue de voir si cette graminée, qui constitue le principal fourrage d'immenses parties du Centre Amérique, pourrait occuper une place dans la région monta- gneuse où l'élevage est appelé à se développer. Les prairies de cette graminée sont constituées, aux Antilles, par des terrains d'inégale valeur, mais au sol assez profond. Dans sa patrie, l'herbe de Guinée est fréquemment rajeunie par des incendies périodiques. Il était déjà acquis que la plante se reproduit au Tonkin par la graine, puisque cette que nous avons semée nous a été remise par M. Mondange, colon à Kièn An. Il n'était pas inutile de vérifier si, par le procédé américain, si économique, c'est-à-dire par le feu, on pourrait perpétuer une plantation en terrain mamelonné. Les résultats de cette tentative ne se revèleront qu'en 1910. D'ores et déjà, il est acquis que buffles, bœufs et chevaux consomment très volontiers l'herbe de Guinée. Avant deux ans, nous saurons si cette graminée peut se défendre contre les plantes indigènes ou si elle doit, elle aussi, être envahie et dominée par la trop fameuse « herbe à paillotes ».
L'introduction de fourrages riches tels que sainfoin, trèfle, luzerne, nous parait un tour de force anti-économique. Tout au plus pourrait-on y songer dans des conditions très particu- lières : en vue, par exemple, d'une clientèle riche, disposée à payer très cher pour entretenir des animaux de prix, en se plaçant en terrains extrêmement bien préparés, fournissant une herbe de choix, consommée en vert, à mesure, comme on le voit pratiquer à Bombay.
Par contre, la station de La-pho se propose de tenter, pour la nourriture du bétail dans les périodes de pénurie, l'utilisation des roseaux, qui couvrent de si grandes surfaces, grâce à l'ensilage en vert.
ENGRAIS VERTS
Sur la demande de M. le Chef du Service Agricole et des Laboratoires, comme conséquence de la conférence faite par M. le Dr P. J. S. Cramer, la station s'est mise en mesure de fournir de la semence de Vigna sinensis (Dâu muoi des Annamites) ; mais visant d'abord la pro- duction de semences en quantité suffisante, remettant à plus tard les essais proprement dits.
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