Latex et son produit 10 Récolte par les indigènes. — La façon dont les indigènes s'aperçurent de la valeur du latex du Bleekrodea tonkinensis est due au pur hasard. En 1905 et 1906 de nombreux représentants des grands industriels de Hanoi sillonnèrent les parties accessibles de la haute région du Tonkin, principalement les provinces de Bac-kan et de Cao-bang, pour acheter le caoutchouc qu'ils incitèrent les indigènes à récolter dans les forêts de ces régions, où les lianes étaient abondantes.
Le produit se vendant bien, étant donnée la concurrence que se firent les acheteurs, les Thos (1) cherchèrent à en récolter le plus possible, et dans ce but commencèrent à mêler au latex des lianes, celui de tous les arbres qui en four- nissaient. Un coup de couteau donné en passant dans un tronc de Bleekrodea, leur montra un écoulement de latex qu'ils ajoutèrent au reste. Il est à déplorer qu'au lieu de se borner à saigner cet arbre et d'ajouter son seul latex à celui des lianes ; ce qui aurait amélioré leur produit, ils aient également, dans le seul but d'obtenir une production plus grande, mis ensemble le latex de tous les Ficus, Artocarpus, etc. qu'ils rencontraient, ce qui donna un produit très infé- rieur, gluant, contenant des quantités de résines, et qui fut bien vite déprécié en Europe.
La chose est d'autant plus regrettable que l'on revient difficilement sur une mauvaise réputation ; elle eut cependant un avantage : le retentissement de cette dépréciation se fit bien vite ressentir chez les acheteurs de l'Indochine qui baissèrent leurs prix d'achat. Or, le Tho est extrêmement paresseux de nature et il veut être fortement rémunéré pour le moindre effort ; les prix d'achat ne lui paraissant plus suffisants, il renonça purement et simplement à saigner les producteurs de caoutchouc, ce qui arrêta pour quelque temps l'épuisement sinon la destruction de ces derniers.
L'indigène n'a qu'un but lorsqu'il s'agit de récolter du latex, c'est d'en recueillir la plus grande quantité possible, aussi emploie-t-il des procédés bar- bares qui, la plupart du temps, s'ils n'amènent pas la mort du végétal, entraînent du moins une longue période de non-production, employée par la plante à réparer ses blessures.
Les procédés de récolte sont de plusieurs sortes : a) Ou bien il pratique dans la base du tronc sur 2 m. 50 à 3 mètres de hau- teur et sur les grosses branches le plus grand nombre d'incisions qu'il peut, à l'aide d'un instrument tranchant quelconque, convaincu que plus il fera d'inci- sions plus il augmentera sa récolte. La quantité de caoutchouc recueillie de cette façon, loin d'être plus considérable est moindre au contraire, car les laticifères, hachés en tous sens ne permettent plus l'écoulement normal du
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