9° Place du Teo-Nong dans la classification. — Les caractères floraux précédemment décrits, en particulier l'absence de corolle, la courbure des étamines dans le bouton, auxquels il faut ajouter la présence de laticifères dans l'appareil végétatif ne laissent aucun doute sur l'attribution du Teo-Nong à la famille des Teo-Nong à la famille des Moracées.
Parmi ces plantes, c'est à la tribu des Fatouées et plus particulièrement au genre Bleekrodea de Blume que nous avons cru devoir rapporter la plante nouvelle.
Celle-ci est en effet monoïque et la constitution des inflorescences tant mâles que mistes correspond bien à ce qui est connu du genre Bleekrodea.
Cependant certains caractères considérés comme génériques manquent au Teo-Nong, en particulier l'inégalité des cotylédons.
Il est impossible de méconnaître d'aulre part les affinités étroites de notre plante avec les Streblus parmi lesquels elle croît en mélange. La feuille est assez semblable à celle du S. asper; le même mode d'insertion du style, le même aspect de l'ovaire se retrouvent de part et d'autre, de sorte que le Teo-Nong peut-être considéré comme un bon terme de transition entre les Fatouées et les Streblées ; ces deux groupes apparaissent à un examen approfondi comme bien artificiels, et la classification gagnerait peut-être à les confondre.
Le genre Bleekrodea comptait jusqu'à présent deux espèces, d'une le Bl.
insignis BI., originaire de Bornéo, l'autre Bl. madagascariensis BI., originaire de Madagascar. C'est de la seconde que se rapproche surtout de Teo-Nong, par ses inflorescences contractées en pseudo-capitules, tandis que chez l'espère de Bornéo, les cymes sont au contraire lâches. L'inflorescence mixte de cette espèce, composée d'une fleur femelle, flanquée de deux petites cymes mâles fertiles permet de comprendre l'inflorescence mixte du Teo-Nong où tous ces organes sont étroitement condensés et où les fleurs mâles restent la plupart du temps à l'état rudimentaire.
Par le nombre des parties de la fleur mâle, le B. tonkinensis généralement tétramère, rappelle l'espèce de Bornéo, tandis que celle de Madagascar est pen- tamère.
Enfin si l'on tient compte de la nature assez spéciale du fruit, on serait tenté de faire du Teo-Nong un genre nouveau. En effet, Blume décrit le fruit des Bleekrodea : « Achenium monospermum, perigonio baccato inclusum ».
Or nous avons vu que le périgone ou périanthe ne devient pas charnu chez le Teo-Nong et que le péricarpe assez charnu au contraire, surtout dans les régions antérieure et postérieure, s'entr'ouvre pour laisser sortir la graine.
Il y a donc une forte divergence sur la nature du fruit, mais il est permis de supposer que par suite de la déhiscence du péricarpe, celui-ci a pu être pris pour le périgone, la grosse graine qui fait saillie à l'extérieur de son alvéole ayant été considérée comme l'ovaire ; dans ce cas l'expression : perigonio baccato inclusum se comprendrait appliquée à la graine, en substituant le péricarpe au périgone. Dans le doute, et en considération des caractères très précis qui
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