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cours de route et le plus souvent n'ont pas séjourné suffisamment dans une ré-
gion pour être en mesure de vérifier les dires des indigènes, ou d'étayer ces dires
d'aucune expérience effectuée sur les lieux.
Le meilleur exemple du peu de connaissance que l'on a des végétaux et des
produits de la grande forêt est cette erreur ayant libre cours dans les milieux
scientifiques aussi bien qu'industriels et qui a trait aux plantes fournissant le
caoutchouc rose de la côte Est de l'île. Il est universellement admis que ce caout-
chouc provient du Landolphia Madagascariensis (K. Sch.), placé en tête de liste des
plantes à caoutchouc de Madagascar, alors que cette liane, comparée aux autres
Landolphia de la côte Est, n'occupe que le septième et dernier rang comme pro-
duction ; aussi, sa culture n'est-elle guère à conseiller, bien que ce soit la seule pré-
conisée jusqu'ici ; six autres espèces peuvent donner de meilleurs résultats.
Ce seul exemple concernant le produit forestier commercialement le plus
apprécié montre tout l'intérêt pratique que doit laisser une étude des végétaux
forestiers. Elle ne peut être entreprise qu en forêt, sur les lieux mêmes où crois-
sent les végétaux, car elle doit porter non seulement sur le produit dont une
analyse pourrait être faite en France, mais sur le mode de récolte, le rendement,
la culture, toutes choses qui ne peuvent être faites que sur place.
L'étude chimique des latex pourrait mener à d'utiles résultats ; parmi les
végétaux dont la nomenclature vient d'être donnée, il en est une vingtaine, ar-
bres ou lianes, dont les gommes ou résines sont à première vue intéressantes,
et il n'est pas téméraire de penser que certaines pourraient être utilisées comme
succédanés de produits recherchés par notre industrie. A ce titre et indé-
pendamment des végétaux à caoutchouc, il convient de signaler plus particu-
lièrement le Robanga, le Ditivahy, le Fingipotsy, l'Hazina, le Samainty, le Mon-
tafara.
Des recherches pouvant conduire à des résultats intéressants seraient à
effectuer sur les végétaux à graines oléagineuses et sur ceux dont l'écorce est
riche en tanin, en essences odorantes ou en principes jusqu'ici peu connus et
tels que ceux produits par l'écorce du Patraina, qui a la propriété, sinon de pro-
voquer, tout ou moins d'activer certaines fermentations.
En résumé, les végétaux de la grande forêt malgache sont très nombreux,
très variés et peu connus; il y aurait de grands bénéfices à en dresser l'inven-
taire et à en rechercher les utilisations possibles.
Les exploitations. — Elles sont actuellement encore localisées sur la côte.
C'est la région de Maroantsetra qui, par sa situation privilégiée, a vu naître et se
développer les premières exploitations forestières dans l'île. La zone sablon-
neuse est très étroite sur les rivages de la baie d'Antongil, on peut admettre que
la mer vient baigner la grande forêt, l'embarquement est de ce fait relativement
facile. Aussi, des sociétés ou même quelques particuliers, séduits par cet avan-
tage, ont-ils, vers 1887, traité avec le gouvernement malgache et obtenu de vastes
concessions forestières dans des conditions assez peu avantageuses d'ailleurs.
Elles étaient, en général, données pour une durée de 10 années renouvelables,
moyennant versement d'une somme de 25.000 francs.
La redevance était payée en nature et généralement fixée à 20 des bois
débités, et au tiers des autres produits (copal, caoutchouc); un droit de 10
ad valorem était, en outre, acquitté à la sortie. Lorsque le gouvernement hova
fournissait la main-d'œuvre, le concessionnaire ne retenait que 16 des
produits.
La plus importante de ces concessions a été consentie a une société anglaise,
« The Madagascar Forest Society », et portait sur une étendue de 16.000 milles
carrés, c'est-à-dire sur plus de 200.000 hectares de belles forêts situées au Nord
de la baie d'Antongil. Cette société, après avoir exploité d'une façon très inten-
sive pendant plusieurs années, est tombée en liquidation; 12.000 tonnes de bois
ont été exportées, alors qu'un matériel ligneux dix fois plus considérable a été
abattu et pourrit actuellement sur les anciens chantiers de coupe.
La concession de M. Maigrot, celle de la Compagnie forestière de Madagascar
(société française), celle de M. Coureau datent à peu près de la même époque.
Elles ont porté sur des bois de natures diverses ; l'ébene, le palissandre, le bois
de rose étaient exportés en Europe, le bois de construction à Tamatave, à la
Réunion ou à Maurice. La Madagascar Forest Society livrait en Angleterre tous
les bois de couleur, sous le nom général d'acajou de Madagascar.
L'activité d'exploitation qui s'est manifestée de 1887 à 1891 ou 1892 ne s'est
pas maintenue et notre Colonie a tout lieu de s'en féliciter; les coupes étaient
faites sans méthode et le gaspillage des plus considérables ; les boisements qui
cours de route et le plus souvent n'ont pas séjourné suffisamment dans une ré-
gion pour être en mesure de vérifier les dires des indigènes, ou d'étayer ces dires
d'aucune expérience effectuée sur les lieux.
Le meilleur exemple du peu de connaissance que l'on a des végétaux et des
produits de la grande forêt est cette erreur ayant libre cours dans les milieux
scientifiques aussi bien qu'industriels et qui a trait aux plantes fournissant le
caoutchouc rose de la côte Est de l'île. Il est universellement admis que ce caout-
chouc provient du Landolphia Madagascariensis (K. Sch.), placé en tête de liste des
plantes à caoutchouc de Madagascar, alors que cette liane, comparée aux autres
Landolphia de la côte Est, n'occupe que le septième et dernier rang comme pro-
duction ; aussi, sa culture n'est-elle guère à conseiller, bien que ce soit la seule pré-
conisée jusqu'ici ; six autres espèces peuvent donner de meilleurs résultats.
Ce seul exemple concernant le produit forestier commercialement le plus
apprécié montre tout l'intérêt pratique que doit laisser une étude des végétaux
forestiers. Elle ne peut être entreprise qu en forêt, sur les lieux mêmes où crois-
sent les végétaux, car elle doit porter non seulement sur le produit dont une
analyse pourrait être faite en France, mais sur le mode de récolte, le rendement,
la culture, toutes choses qui ne peuvent être faites que sur place.
L'étude chimique des latex pourrait mener à d'utiles résultats ; parmi les
végétaux dont la nomenclature vient d'être donnée, il en est une vingtaine, ar-
bres ou lianes, dont les gommes ou résines sont à première vue intéressantes,
et il n'est pas téméraire de penser que certaines pourraient être utilisées comme
succédanés de produits recherchés par notre industrie. A ce titre et indé-
pendamment des végétaux à caoutchouc, il convient de signaler plus particu-
lièrement le Robanga, le Ditivahy, le Fingipotsy, l'Hazina, le Samainty, le Mon-
tafara.
Des recherches pouvant conduire à des résultats intéressants seraient à
effectuer sur les végétaux à graines oléagineuses et sur ceux dont l'écorce est
riche en tanin, en essences odorantes ou en principes jusqu'ici peu connus et
tels que ceux produits par l'écorce du Patraina, qui a la propriété, sinon de pro-
voquer, tout ou moins d'activer certaines fermentations.
En résumé, les végétaux de la grande forêt malgache sont très nombreux,
très variés et peu connus; il y aurait de grands bénéfices à en dresser l'inven-
taire et à en rechercher les utilisations possibles.
Les exploitations. — Elles sont actuellement encore localisées sur la côte.
C'est la région de Maroantsetra qui, par sa situation privilégiée, a vu naître et se
développer les premières exploitations forestières dans l'île. La zone sablon-
neuse est très étroite sur les rivages de la baie d'Antongil, on peut admettre que
la mer vient baigner la grande forêt, l'embarquement est de ce fait relativement
facile. Aussi, des sociétés ou même quelques particuliers, séduits par cet avan-
tage, ont-ils, vers 1887, traité avec le gouvernement malgache et obtenu de vastes
concessions forestières dans des conditions assez peu avantageuses d'ailleurs.
Elles étaient, en général, données pour une durée de 10 années renouvelables,
moyennant versement d'une somme de 25.000 francs.
La redevance était payée en nature et généralement fixée à 20 des bois
débités, et au tiers des autres produits (copal, caoutchouc); un droit de 10
ad valorem était, en outre, acquitté à la sortie. Lorsque le gouvernement hova
fournissait la main-d'œuvre, le concessionnaire ne retenait que 16 des
produits.
La plus importante de ces concessions a été consentie a une société anglaise,
« The Madagascar Forest Society », et portait sur une étendue de 16.000 milles
carrés, c'est-à-dire sur plus de 200.000 hectares de belles forêts situées au Nord
de la baie d'Antongil. Cette société, après avoir exploité d'une façon très inten-
sive pendant plusieurs années, est tombée en liquidation; 12.000 tonnes de bois
ont été exportées, alors qu'un matériel ligneux dix fois plus considérable a été
abattu et pourrit actuellement sur les anciens chantiers de coupe.
La concession de M. Maigrot, celle de la Compagnie forestière de Madagascar
(société française), celle de M. Coureau datent à peu près de la même époque.
Elles ont porté sur des bois de natures diverses ; l'ébene, le palissandre, le bois
de rose étaient exportés en Europe, le bois de construction à Tamatave, à la
Réunion ou à Maurice. La Madagascar Forest Society livrait en Angleterre tous
les bois de couleur, sous le nom général d'acajou de Madagascar.
L'activité d'exploitation qui s'est manifestée de 1887 à 1891 ou 1892 ne s'est
pas maintenue et notre Colonie a tout lieu de s'en féliciter; les coupes étaient
faites sans méthode et le gaspillage des plus considérables ; les boisements qui
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