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dépenses se trouverait récupérée, capital et intérêts, dès la 13e année ; le bilan
de l'exploitation se chiffrerait alors par un excédent de recettes de 45.000 francs,
le revenu net annuel varierait pour les années suivantes de 55.000 à. 70.000
francs.
Ces chiffres sont faits pour séduire, c'est la fortune faite après 13 années et
sans grands risques courus, à cette condition, toutefois, que le directeur de l'ex-
ploitation ait une certaine expérience des choses forestieres qui, sur bien des
points, diffèrent des choses agricoles : pas de binages, de sarclages, pas de tuteurs
aux lianes, pas de chemins tracés au cordeau, ne pas transformer la forêt en un
jardin de plaisance, ne rien faire d'inutile, quand bien même la chose ne coûte-
rait rien; il y aurait perte de temps, ce qui est irréparable. Planter le plus vite
et le plus possible; la mise en terre d'une bouture ne coûte que quelques centi-
mes, dix ans plus tard elle rapporte 5 francs.
Dans les exemples que nous avons choisis, nous avons supposé qu'une éten-
due de 40 hectares était plantée chaque année; il n'est pas probable que ce chif-
fre puisse être dépassé la 1re, ni même la 2e année, mais dans la suite, lorsque
les indigènes se seront quelque peu familiarisés avec le travail de bouturage et
de plantation, lorsque des contremaîtres auront pu être choisis parmi les plus
dévoués et les plus intelligents, il sera possible d'augmenter le nombre des
chantiers et de dépasser le chiffre de 40 hectares, sans qu'il en résulte une grande
dépense supplémentaire; les recettes pourront donc, à partir de la 14e ou 15e
année, augmenter dans une proportion sensible et le taux de placement du capi-
tal s'accroître très rapidement.
Les résultats pécuniaires seraient dans ce cas plus beaux encore que ceux
déjà mentionnés et laisseraient bien loin derrière eux ce que l'on peut attendre
à Madagascar des Ficus, des Hevea, des Castilloa et autres végétaux d'introduc-
tion.
La grande quantité de produit que ces caoutchouquiers jettent annuelle-
ment sur le marché semble avoir quelque peu hypnotisé nos colons qui, jusqu'ici,
n'ont fait porter leurs essais de culture que sur les espèces sud-américaines. Le
Manihot Glaziovii paraît d'ores et déjà condamné et si, en prenant de l'âge, cette
espèce est, ainsi que certains prétendent, susceptible d'améliorer sa production
dans une certaine mesure, il n'en reste pas moins acquis que sa culture ne peut
être rémunératrice. Les Hevea n'ont pas eu la vogue des Ceara; la Colonie n'en
compte que des plantations très peu étendues; il nous a été donné d'en par-
courir une qui se trouvait âgée de 18 mois à 2 ans ; faute de soins, 30 des su-
jets repris avaient péri étouffés par une abondante végétation de Longoza ; le
latex des survivants était essentiellement aqueux et n'aurait assurément pas
payé les frais de récolte. La culture de cette espèce serait donc coûteuse et il
semble que l'exploitation ne pourrait pas être entreprise plus tôt que celle des
lianes, qu'au surplus le rendement aussi bien en quantité qu'en qualité laisse-
rait fort à désirer.
Ces exemples montrent qu'à Madagascar, comme dans la plupart des autres
colonies, les caoutchouquiers exotiques perdent par l'acclimatation la plus in-
téressante et la plus précieuse de leurs facultés et que mieux vaut porter ses
efforts sur les végétaux indigènes, dont l'acclimatation est chose acquise, dont
les conditions de végétation et les rendements nous sont connus et permettent
d'établir sur des bases certaines, avec une précision presque mathématique, les
résultats à attendre de l'entreprise.
Nous avons indiqué plus haut que le directeur de l'exploitation devrait pos-
séder une certaine pratique forestière ; il est de toute nécessité qu'il y joigne une
certaine expérience des choses coloniales ; l'aptitude à diriger des indigènes ne
s'acquiert pas dans les écoles. Les populations habitant la forêt sont, plus que
partout ailleurs, peu laborieuses ; il conviendra de les attacher à l'exploitation
par des mesures de bonne politique ; le directeur devra se montrer toujours
énergique, ne jamais discuter ni transiger, ne pas travailler lui-même, mais
faire travailler sous sa surveillance, donner des ordres et se montrer impitoya-
ble en cas de non-exécution.
Cette habitude au commandement ne se prend pas en France ; quiconque
en ferait étalage serait plutôt mal vu par ses concitoyens, aussi la jeunesse
française, riche en qualités techniques, n'est-elle, au sortir des écoles, aucune-
ment préparée à diriger des noirs ; un apprentissage est nécessaire et c'est ce
qui nous fait dire que le directeur de a l'exploitation devra compter quelques
années passées aux colonies.
Il aura au surplus ainsi acquis la pratique des règles d'hygiène sous un
climat tropical, il saura comment se construisent à peu de frais des habitations
dépenses se trouverait récupérée, capital et intérêts, dès la 13e année ; le bilan
de l'exploitation se chiffrerait alors par un excédent de recettes de 45.000 francs,
le revenu net annuel varierait pour les années suivantes de 55.000 à. 70.000
francs.
Ces chiffres sont faits pour séduire, c'est la fortune faite après 13 années et
sans grands risques courus, à cette condition, toutefois, que le directeur de l'ex-
ploitation ait une certaine expérience des choses forestieres qui, sur bien des
points, diffèrent des choses agricoles : pas de binages, de sarclages, pas de tuteurs
aux lianes, pas de chemins tracés au cordeau, ne pas transformer la forêt en un
jardin de plaisance, ne rien faire d'inutile, quand bien même la chose ne coûte-
rait rien; il y aurait perte de temps, ce qui est irréparable. Planter le plus vite
et le plus possible; la mise en terre d'une bouture ne coûte que quelques centi-
mes, dix ans plus tard elle rapporte 5 francs.
Dans les exemples que nous avons choisis, nous avons supposé qu'une éten-
due de 40 hectares était plantée chaque année; il n'est pas probable que ce chif-
fre puisse être dépassé la 1re, ni même la 2e année, mais dans la suite, lorsque
les indigènes se seront quelque peu familiarisés avec le travail de bouturage et
de plantation, lorsque des contremaîtres auront pu être choisis parmi les plus
dévoués et les plus intelligents, il sera possible d'augmenter le nombre des
chantiers et de dépasser le chiffre de 40 hectares, sans qu'il en résulte une grande
dépense supplémentaire; les recettes pourront donc, à partir de la 14e ou 15e
année, augmenter dans une proportion sensible et le taux de placement du capi-
tal s'accroître très rapidement.
Les résultats pécuniaires seraient dans ce cas plus beaux encore que ceux
déjà mentionnés et laisseraient bien loin derrière eux ce que l'on peut attendre
à Madagascar des Ficus, des Hevea, des Castilloa et autres végétaux d'introduc-
tion.
La grande quantité de produit que ces caoutchouquiers jettent annuelle-
ment sur le marché semble avoir quelque peu hypnotisé nos colons qui, jusqu'ici,
n'ont fait porter leurs essais de culture que sur les espèces sud-américaines. Le
Manihot Glaziovii paraît d'ores et déjà condamné et si, en prenant de l'âge, cette
espèce est, ainsi que certains prétendent, susceptible d'améliorer sa production
dans une certaine mesure, il n'en reste pas moins acquis que sa culture ne peut
être rémunératrice. Les Hevea n'ont pas eu la vogue des Ceara; la Colonie n'en
compte que des plantations très peu étendues; il nous a été donné d'en par-
courir une qui se trouvait âgée de 18 mois à 2 ans ; faute de soins, 30 des su-
jets repris avaient péri étouffés par une abondante végétation de Longoza ; le
latex des survivants était essentiellement aqueux et n'aurait assurément pas
payé les frais de récolte. La culture de cette espèce serait donc coûteuse et il
semble que l'exploitation ne pourrait pas être entreprise plus tôt que celle des
lianes, qu'au surplus le rendement aussi bien en quantité qu'en qualité laisse-
rait fort à désirer.
Ces exemples montrent qu'à Madagascar, comme dans la plupart des autres
colonies, les caoutchouquiers exotiques perdent par l'acclimatation la plus in-
téressante et la plus précieuse de leurs facultés et que mieux vaut porter ses
efforts sur les végétaux indigènes, dont l'acclimatation est chose acquise, dont
les conditions de végétation et les rendements nous sont connus et permettent
d'établir sur des bases certaines, avec une précision presque mathématique, les
résultats à attendre de l'entreprise.
Nous avons indiqué plus haut que le directeur de l'exploitation devrait pos-
séder une certaine pratique forestière ; il est de toute nécessité qu'il y joigne une
certaine expérience des choses coloniales ; l'aptitude à diriger des indigènes ne
s'acquiert pas dans les écoles. Les populations habitant la forêt sont, plus que
partout ailleurs, peu laborieuses ; il conviendra de les attacher à l'exploitation
par des mesures de bonne politique ; le directeur devra se montrer toujours
énergique, ne jamais discuter ni transiger, ne pas travailler lui-même, mais
faire travailler sous sa surveillance, donner des ordres et se montrer impitoya-
ble en cas de non-exécution.
Cette habitude au commandement ne se prend pas en France ; quiconque
en ferait étalage serait plutôt mal vu par ses concitoyens, aussi la jeunesse
française, riche en qualités techniques, n'est-elle, au sortir des écoles, aucune-
ment préparée à diriger des noirs ; un apprentissage est nécessaire et c'est ce
qui nous fait dire que le directeur de a l'exploitation devra compter quelques
années passées aux colonies.
Il aura au surplus ainsi acquis la pratique des règles d'hygiène sous un
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