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de caoutchouc ; aucune liane de fortes dimensions ne leur a échappé et celles
que nous avons pu observer ne sont que les rejets, plus souvent les drageons
d'anciens sujets exploités; c'est, d'ailleurs, dans la zone littorale que se rencon-
trent les lianes les moins faibles, c'est-à-dire dans la partie de forêt qui, en raison
de sa situation, a été la première parcourue par les chercheurs de caoutchouc;
plus à l'Ouest, dans la haute vallée de la Mananara et dans le district de Nandi-
hizana, les lianes dépassent rarement 0m03 de diamètre. Cette graduation laisse
supposer que les sujets trouvés en forêt sont encore loin du terme de leur crois-
sance, l'examen des couches annuelles sur une section de tige, examen toujours
très difficile, ne laisse apercevoir aucun ralentissement de végétation, même
chez les lianes de 4 à 5 centimètres de diamètre, et, s'il est permis de compa-
rer les lianes à caoutchouc à celles de même famille, mais dont le latex donne
un produit inutilisable, lianes restées inexploitées et nombreuses en forêt,
on peut admettre que les plus gros sujets tombés sous la hache des récolteurs
de caoutchouc pouvaient mesurer, suivant les espèces, de 0m10 à 0m16 de dia-
mètre à hauteur d'homme sans dépasser 35 mètres de longueur.
Ces dimensions extrêmes ne permettent pas de recueillir le latex par saignées,
le travail serait considérable et la quantité de produit recueilli trop minime ;
les incisions ne pourraient être pratiquées que sur 1 mo de hauteur et l'on ne
récolterait que le 1/10 environ du latex total.
Les indigènes n'ont jamais eu recours à un procédé aussi peu avantageux ;
on ne saurait non plus leur recommander de tirer la liane à terre pour pratiquer
les incisions sur une plus grande longueur, il faudrait souvent abattre l'arbre
dans la ramure duquel la liane a développé ses ramifications, encore ne tom-
berait-il que rarement, il se trouverait le plus souvent retenu par ses voisins
ou par la liane elle-même, qui peut étendre sa cime sur plusieurs d'entre eux.
Si les indigènes ont toujours, dans la région Nord-Est de Madagascar, tron-
çonné les lianes, ce n'est pas par esprit de vandalisme ou par amour de destruc-
tion, ainsi qu'on l'admet trop généralement, mais parce qu'ils ne pouvaient
pratiquement user d'aucun autre mode de récolte. Ceux qui se livrent à l'ex-
ploitation du caoutchouc ne sont d'ailleurs pas des irréguliers fuyant la justice
et toujours mal intentionnés, ils n'ont rien des fahavalos, ce sont de très hon-
nêtes gens, essentiellement paresseux, il est vrai, mais de mœurs très douces et
plutôt craintifs. Nous avons vécu au milieu d'eux pendant des mois et, s'ils ne
nous ont pas prêté un concours bien efficace dans l'exécution de notre mission,
ils ne nous ont aucunement inquiété. Ils appartiennent plus particulière-
ment aux populations Bezanozano, Sihanaka, Betsimisaraka et Tsimihety.
Les Betsimisaraka n'habitent pas la forêt, ils n'y pénètrent non plus jamais
bien profondément et seulement dans le but d'en récolter rapidement les pro-
duits : miel, caoutchouc et quelques fibres textiles. Les Bezanozano y vivent en
général 4 à 6 mois de l'année, pendant lesquels il se nourrissent de miel, d'igna-
mes sauvages, de fruits et aussi de makis et de petits oiseaux qu'ils chassent
à la sarbacane depuis que le port de la sagaie a été interdit. Ils se soucient assez
peu de rechercher le caoutchouc, qui ne peut plus aujourd'hui les payer très lar-
gement du travail que donne sa recherche. Ils considèrent d'ailleurs la forêt,
non pas comme une source de produits susceptible de les enrichir et améliorer
leur bien être, mais plutôt comme un lieu très agréable où l'on peut se reposer
à l'ombre, où l'on n'a pas à prendre beaucoup de peine pour se constituer un
repas des choses les meilleures.
Les Tsimihety sont une tribu plus forestière encore que les Bezanozano, le ber-
ceau de la race est la haute vallee de la Mananara, plus de la moitié de la popu-
lation (20.000 âmes environ) habite la grande forêt, par petits villages très
distants les uns des autres et répartis sur une étendue boisée de près d'un mil-
lion d'hectares. Ces villages, formés de cases très basses et mal conditionnées,
sont assez rarement habités, car le Tsimihety va cultiver son riz de montagne et
son manioc en plein bois, sur de petites parcelles qu'il a incendiées à cet effet.
Un tel usage, qui se poursuit depuis des siècles, a déjà détruit le tiers environ
des boisements de la province de Maroantsetra; la brousse et le longozo (Amo-
mum Danielli) se sont substitués à la futaie vierge, au grand détriment de la
production de caoutchouc. Les Tsimihety se sont particulièrement adonnés à la
récolte de ce produit depuis deux années, afin de trouver dans sa vente une
compensation aux dévastations commises dans les rizières par les sauterelles. Ils
exploitent actuellement, et sans grand profit, les lianes les plus grêles, alors
qu'une attente de 2 à 3 années leur assurerait, sans plus de peine, un gain double
ou triple. Cette insouciance de l'avenir peut laisser croire à un nouvel essor que
prendrait le commerce du caoutchouc en pays Tsimihety, les exportations de
de caoutchouc ; aucune liane de fortes dimensions ne leur a échappé et celles
que nous avons pu observer ne sont que les rejets, plus souvent les drageons
d'anciens sujets exploités; c'est, d'ailleurs, dans la zone littorale que se rencon-
trent les lianes les moins faibles, c'est-à-dire dans la partie de forêt qui, en raison
de sa situation, a été la première parcourue par les chercheurs de caoutchouc;
plus à l'Ouest, dans la haute vallée de la Mananara et dans le district de Nandi-
hizana, les lianes dépassent rarement 0m03 de diamètre. Cette graduation laisse
supposer que les sujets trouvés en forêt sont encore loin du terme de leur crois-
sance, l'examen des couches annuelles sur une section de tige, examen toujours
très difficile, ne laisse apercevoir aucun ralentissement de végétation, même
chez les lianes de 4 à 5 centimètres de diamètre, et, s'il est permis de compa-
rer les lianes à caoutchouc à celles de même famille, mais dont le latex donne
un produit inutilisable, lianes restées inexploitées et nombreuses en forêt,
on peut admettre que les plus gros sujets tombés sous la hache des récolteurs
de caoutchouc pouvaient mesurer, suivant les espèces, de 0m10 à 0m16 de dia-
mètre à hauteur d'homme sans dépasser 35 mètres de longueur.
Ces dimensions extrêmes ne permettent pas de recueillir le latex par saignées,
le travail serait considérable et la quantité de produit recueilli trop minime ;
les incisions ne pourraient être pratiquées que sur 1 mo de hauteur et l'on ne
récolterait que le 1/10 environ du latex total.
Les indigènes n'ont jamais eu recours à un procédé aussi peu avantageux ;
on ne saurait non plus leur recommander de tirer la liane à terre pour pratiquer
les incisions sur une plus grande longueur, il faudrait souvent abattre l'arbre
dans la ramure duquel la liane a développé ses ramifications, encore ne tom-
berait-il que rarement, il se trouverait le plus souvent retenu par ses voisins
ou par la liane elle-même, qui peut étendre sa cime sur plusieurs d'entre eux.
Si les indigènes ont toujours, dans la région Nord-Est de Madagascar, tron-
çonné les lianes, ce n'est pas par esprit de vandalisme ou par amour de destruc-
tion, ainsi qu'on l'admet trop généralement, mais parce qu'ils ne pouvaient
pratiquement user d'aucun autre mode de récolte. Ceux qui se livrent à l'ex-
ploitation du caoutchouc ne sont d'ailleurs pas des irréguliers fuyant la justice
et toujours mal intentionnés, ils n'ont rien des fahavalos, ce sont de très hon-
nêtes gens, essentiellement paresseux, il est vrai, mais de mœurs très douces et
plutôt craintifs. Nous avons vécu au milieu d'eux pendant des mois et, s'ils ne
nous ont pas prêté un concours bien efficace dans l'exécution de notre mission,
ils ne nous ont aucunement inquiété. Ils appartiennent plus particulière-
ment aux populations Bezanozano, Sihanaka, Betsimisaraka et Tsimihety.
Les Betsimisaraka n'habitent pas la forêt, ils n'y pénètrent non plus jamais
bien profondément et seulement dans le but d'en récolter rapidement les pro-
duits : miel, caoutchouc et quelques fibres textiles. Les Bezanozano y vivent en
général 4 à 6 mois de l'année, pendant lesquels il se nourrissent de miel, d'igna-
mes sauvages, de fruits et aussi de makis et de petits oiseaux qu'ils chassent
à la sarbacane depuis que le port de la sagaie a été interdit. Ils se soucient assez
peu de rechercher le caoutchouc, qui ne peut plus aujourd'hui les payer très lar-
gement du travail que donne sa recherche. Ils considèrent d'ailleurs la forêt,
non pas comme une source de produits susceptible de les enrichir et améliorer
leur bien être, mais plutôt comme un lieu très agréable où l'on peut se reposer
à l'ombre, où l'on n'a pas à prendre beaucoup de peine pour se constituer un
repas des choses les meilleures.
Les Tsimihety sont une tribu plus forestière encore que les Bezanozano, le ber-
ceau de la race est la haute vallee de la Mananara, plus de la moitié de la popu-
lation (20.000 âmes environ) habite la grande forêt, par petits villages très
distants les uns des autres et répartis sur une étendue boisée de près d'un mil-
lion d'hectares. Ces villages, formés de cases très basses et mal conditionnées,
sont assez rarement habités, car le Tsimihety va cultiver son riz de montagne et
son manioc en plein bois, sur de petites parcelles qu'il a incendiées à cet effet.
Un tel usage, qui se poursuit depuis des siècles, a déjà détruit le tiers environ
des boisements de la province de Maroantsetra; la brousse et le longozo (Amo-
mum Danielli) se sont substitués à la futaie vierge, au grand détriment de la
production de caoutchouc. Les Tsimihety se sont particulièrement adonnés à la
récolte de ce produit depuis deux années, afin de trouver dans sa vente une
compensation aux dévastations commises dans les rizières par les sauterelles. Ils
exploitent actuellement, et sans grand profit, les lianes les plus grêles, alors
qu'une attente de 2 à 3 années leur assurerait, sans plus de peine, un gain double
ou triple. Cette insouciance de l'avenir peut laisser croire à un nouvel essor que
prendrait le commerce du caoutchouc en pays Tsimihety, les exportations de
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