NOTES DE VOYAGE INDOCHINE - SAN FRANCISCO
Notre collaborateur, M. ALFRED BOURRIN, directeur du bureau du Tourisme à
Saigon, en route pour l'exposition de San Francisco où il doit remplir les fonctions
de commissaire adjoint pour le Tourisme, nous a fait part de ses impressions de voyage.
Nous publions ci-dessous trois notes du Japon et d'Honolulu.
Impressions du Japon
Animées, grouillantes, colorées, les rues des villes, au Japon, sont sillonnées
sans arrêt par des tramways électriques et des autobus très confortables aux sièges
garnis de velours, qui desservent tous les quartiers. Ce sont des jeunes filles qui
remplissent les fonctions de receveuses ; elles doivent continuellement annoncer à
haute voix le nom du prochain arrêt, les changements de lignes, au point d'en être
enrouées. La politesse japonaise veut, en effet, des formules assez longues, cette
politesse va jusqu'au point d'exprimer des regrets au cas où un stationnement
involontaire se produit !
Les uniformes du personnel sont propres et coquets. D'ailleurs, on ne voit ici
personne en loques comme dans certains pays d'Extrême-Orient, tout le monde
est vêtu convenablement, soit à l'européenne, soit à la japonaise, ce qui laisse à
croire qu'il n'y a aucune misère dans le pays. Les coolies eux-mêmes sont vêtus
par leurs employeurs d'une tunique en toile bleue portant en caractères blancs
leur raison sociale. Les uniformes semblent très prisés et les enfants des écoles
primaires eux-mêmes en portent : les garçons, pantalon, vareuse à boutons de
cuivre, casquette et en hiver, capote à martingale, le tout de couleur gris fer ; les
filles, costume bleu marine à col marin et manteau.
Dans les autobus, tramways ou compartiments de chemins de fer, on comprime
les voyageurs sans tenir compte du nombre de places ; en cas de presse, il faut que
tout le monde se case.
Les bicyclettes sont fort nombreuses, surgissant à grande allure de tous côtés et
vous frôlant de très près. Comme en Indochine, elles transportent sur un porte-
bagages ou sur le guidon des charges lourdes et encombrantes. Un autre véhicule,
très en faveur pour le transport des marchandises, est le tricycle à moteur, que
l'on rencontre partout ; il peut porter peut-être de 300 à 400 kilos. On emploie
aussi de tout petits camions à quatre roues, de même force. Quant aux gros
camions, ils sont en grand nombre, de même que les taxis à 30 sen de prise en
charge, de sorte que le prix des courses moyennes varie de 0,50 à I yen. Les
conducteurs de ces taxis ont beaucoup de coup d'œil et de sang-froid ; ils vont
vite même dans des ruelles tortueuses et l'on peut s'étonner que les accidents ne
soient pas plus fréquents, étant donné le nombre des passants et celui des enfants
qui jouent sur la chaussée.
On remarque encore, comme moyen de transports, des chariots bas, à quatre
roues dont les plus grandes, à l'arrière, n'ont pas plus de o fi 60 de diamètre, trai-
nés par un cheval de grande taille ou un mulet. Pour le nouvel an, ces bêtes de
trait étaient joliment caparaçonnées d'étoffes aux vives couleurs.
Les enfants ne manquent pas, au Japon, on en voit des quantités, et les parents
les emmènent volontiers partout avec eux. Les bébés sont portés sur le dos de
leur mère, bien serrés dans un grand kimono d'hiver, et nu-tête.
