le bétail est presque toujours en bon état. Plus généralement, on peut observer qu'en France, par exemple, les contrées riches comme le Perche, la Normandie, le Boulonnais, etc.., possèdent de belles races de vaches et de chevaux, tandis que les régions pauvres au point de vue agricole, comme certaines parties du Massif Cen- tral, des Vosges, de l'Ardenne ou de la Bretagne, ne sont peuplées, au contraire, que par des races petites et peu productives. Prétendre que cette concordance entre les régions les plus riches au point de vue agricole et les plus belles races domestiques est une coïncidence, serait une affirmation aussi bizarre que gratuite.
Elle serait, du reste, contraire à ce que nous savons déjà de l'histoire et de l'extension géographique de l'espèce bovine, dont nous avons parlé au début et sur lesquelles il est utile de revenir, avec un peu plus de détails.
Si nous recherchons l'origine de la race Bretonne par exemple, nous la trouverons forcément dans l'irradiation de bovidés habitant antérieurement des formations tertiaires plus ou moins éloignées, puisque les bovidés ne sont apparus à la surface du monde qu'à l'époque tertiaire, des milliers d'années après la Bretagne. On pourrait en conclure que les groupements secondaires (races et sous-races) existant actuellement, se sont différenciés peu à peu sous l'influence des conditions médiologiques qui prévalent dans chaque région.
Cette déduction n'est discutable que d'une façon limitée, et elle est très probablement vraie pour la majorité des cas. On pourrait prétendre cependant que dès le début, le genre Bos est apparu sous plusieurs formes différentes, correspondant à certains types actuels et que ces types non modifiés par les circonstances locales de milieu, ont rencontré, par hasard, les régions qui con- venaient le mieux à leur morphologie et à leur physiologie et, parsuite, se sont établis dans ces régions d'une façon prépondérante et définitive. Ces deux hypothèses ont chacune de sérieux partisans. La première, cependant, paraît beaucoup plus conforme aux données actuelles de la biologie générale et de la géologie. Les premiers bovidés apparaissent en Asie à l'époque miocène et en Europe au pliocène seulement ; Les plissements qui ont soulevé les Karpathes et les Pyrénées sont alors terminés. Les continents s'é'argissent et le froid donne aux dépôts récents une consistance suffisante pour soutenir les animaux à pattes fines. On voit alors, à côté des grands pachydermes plantigrades et digitigrades tels que le Palœotherium et l'Anoplotherium, apparaître des herhivores rapides, tels que le Gélocus et le Xiphodon. En même temps, les végétaux herbacés com- mencent à prendre un très grand développement ; et l'on trouve dans les forêts pliocènes le châtaignier, le noisetier, le hêtre, dont les jeunes pousses sont encore actuellement le régal de nos grands animaux de chasse.
Sous l'influence de ces conditions favorables, les herbivores augmentent énormément et avec les premiers carnassiers on voit bientôt apparaître les grands troupeaux de cerfs de Pikermi et de Léberon.
La présence des grands lacs glaciaires entourés de riches forêts et de prairies plantureuses était particulièrement favorable à la faune herbivore en général.
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