LE PROBLÈME DE L'AMELIORATION DES ESPÈCES DOMESTIQUES
Il semble bien que l'idée si féconde d'améliorer les races domestiques, et plus encore la réalisation pratique de cette idée, ait été une conséquence du dévelop- pement des moyens de communication et particulièrement de l'établissement des chemins de fer. Les espèces domestiques sont des machines vivantes, des transformateurs, et chacune d'elles rend utilisable une énergie chimique quelconque de la nature. Le cheval transforme en force disponible les matières grasses, azotées et albuminoïdes qui composent sa nourriture; et la vache en fait du lait. Les espèces domestiques végétales comme le blé, le maïs, le riz sont aussi des machines chimiques qui font'la synthèse des sels simples du sol et les trans- forment en substances complexes, telles que la cellulose, l'amidon et les sucres, susceptibles de servir de nourriture aux animaux supérieurs ou d'être de nouveau décomposées et rejetées dans lé « circulum vitæ », sous l'action des microbes.
Il n'est pas étonnant que l'homme, après la découverte de cette étroite analogie entre la machine vivante et les outils qu'il avait lui-même créés, ait cherché à améliorer l'outillage de machines vivantes que lui avait fourni la nature, comme il l'a fait pour son outillage industriel. Cette idée pourtant il ne l'a pas prise en lui-même. Un jour il a constaté que parmi les machines vivantes, il y en avait de médiocres, de bonnes et de meilleures. Lorsque grâce aux chemins de fer, le paysan breton put aller souvent en Normandie, il vit que les races normandes de chevaux et de bœufs étaient incomparablement plus belles que celles de Bretagne. Cette simple constatation faite par des paysans, tous plus ou moins éleveurs, ennemis par essence des théories, mais singulièrement accessibles à l'éloquence des faits, posa avec une netteté absolue, le problème de l'améliora- tion des races domestiques.
Quel est l'intérêt de ce problème; et quelle est la meilleure des solutions proposées ?
Nous allons voir qu'une réponse, même modeste, exigerait plusieurs volumes pour être complète, car cette question se rattache aux sciences des plus spéciales et des plus diverses, telles que la géologie et l'économie par exemple. Cette étude, sera donc au livre qu'il faudrait faire ce qu'est au tableau achevé, son esquisse au crayon.
Aux colonies, la question de l'amélioration des races indigènes reste la même.
On juge les races indigènes par rapport à un type connu qui est généralement celui de la Métropole, sans se demander d'ailleurs si la mesure est bonne. Aussi bien la solution est également demeurée la même, et on n'a pas plus hésité à transporter les Durhams d'Angleterre en Amérique, en Australie et ailleurs, qu'on n'avait hésité à les transplanter d'Angleterre en Bretagne.
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