APPLICATIONS A LA BRASSERIE, A LA DISTILLERIE, ET A LA MÉDECINE
Dans un article récemment paru dans cette même revue (janvier-février 1912), nous avons montré que chaque région du globe, en dehors de ses constantes physico-géographiques particulières (température, hygrométrie, pression, alti- tude, forêts, vents, état électrique, etc.), possède des caractéristiques biologi- ques, qui sont les espèces et groupes quelconques d'êtres vivants qui habitent cette région. Plusieurs exemples choisis dans le monde des microbes (bacillus butyricus, levures) nous ont permis de prouver que l'Adaptation c'est-à-dire l'action du milieu non-vivant sur l'être vivant, ou ce qui est plus exact, la réaction de l'être vivant au milieu, était une loi absolument générale et s'éten- dait au monde des infiniment petits, comme à celui des grandes espèces.
Ainsi, les espèces autochtones de levures qu'on renconre au Tonkin résistent toutes énergiquement à la chaleur, et quelques-uns subissent sans périr des températures voisines de 10(f>. De plus, et c'est là le point de vue pratique et applicable de ces recherches, certaines espèces de levures sont susceptibles de fournir un travail industriel parfait, même aux températures les plus élevées de l'été (40°) ; températures qui, justement, sont pratiquement mortelles pour les levures d'Europe.
Il est de notoriété générale que le transport des grandes espèces dans des stations très éloignées de leur aire géographique naturelle a donné des résultats absolument sans portée pratique. Personne ne songerait à implanter au Tonkin la race chevaline du Perche, et si quelques individus de race tarbaise semblent par contre pouvoir vivre et travailler à la colonie, le résultat ainsi obtenu est sans intérêt, car cette race ne persistera jamais au Tonkin (2). Cette vérité, longtemps méconnue, s'est imposée avec plus de force à la suite des nombreux
(1) Suite de l'Article paru dans le Bulletin Economique de l'Indochine n° 94 (janvier- février), sous le titre : Biologie et Microbiologie. L'adaptation chez les infiniment petits.
(2) La race tarbaise, comme toutes les espèces possibles, doit ses caractères à deux ordres de causes distinctes : 1° son hérédité ; 20 le milieu qu'elle habite. Le milieu se trouvant absolument changé, cette race, en admettant qu'elle puisse se reproduire au Tonkin, donnerait des descendants qui n'auront plus des Tarbais que le nom. Ce résultat est général et le croisement n'atténue en rien l'action du milieu sur l'être vivant.
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