groupes, vivant à la lumière. L'examen de ces particularités fait évidemment partie intégrante de l'étude de la variation. Il en est même la base indispen- sable, car lui seul permet de rassembler les documents positifs, auxquels on cherche ensuite une explication commune ou hypothèse. Il y a donc d'un côté l'observation, et de l'autre les lois plus ou moins certaines et discutables qui en découlent. Pour rendre aussi clair que possible l'exposé des faits relatifs à l'adaptation chez les microbes, nous laisserons provisoirement de côté tout ce qui se rapporte au processus de la variation, pour n'examiner seulement que le résultat. Mais comme il est impossible d'éliminer d'une façon absolue toute hypothèse, nous admettrons qu'il y a une relation de cause à effet entre les caractères d'un être vivant et le milieu où il se trouve. Cette concession à des notions qu'il serait sans doute plus logique d'exposer maintenant, parce qu'elles sont récentes et peu connues, est cependant admissible, car les hypothèses successives relatives à la variation ont toujours admis cette relation entre l'individu et le milieu (1) ; et il n'y a de difficultés et de divergences que sur l'explication qu'on en donne.
Actuellement, lorsqu'on expose la variation, l'adaptation ou l'hérédité, on se base sur une documentation qui est exclusivement zoologique ou botanique.
Les grandes espèces, telles que le cheval et le bœuf, joignent à l'avantage d'être très communes, celui d'avoir une histoire, dont les pages sont de très nombreux vestiges fossiles ; ce qui permet d'étendre sur des milliers d'années les investi- gations relatives aux changements apparus et transmis. C'est ainsi que la paléontologie a mis en évidence le curieux phénomène de l'orthogénèse (2) qu'il aurait été presque impossible d'apercevoir sans elle. Par contre lorsqu'on étudie la sélection, les variations brusques, les caractères indifférents (3), on fait appel à des observations récentes ou actuelles, mais les exemples choisis et les expériences portent toujours sur de grandes espèces (4).
On conçoit facilement que le monde des infiniment petits n'ait pas paru un champ favorable à de telles recherches. La microbiologie paraît une science à part, ayant ses lois propres et les difficultés très grandes qu'on rencontre souvent dans la diagnose des espèces, a dû faire renoncer par principe à la recherche méthodique des variations de faible amplitude; telles que celles qui différencient deux générations successives, ou deux individus d'une même
(1) Il est d'ailleurs tout à fait impossible d'imaginer un être vivant en dehors de tout milieu.
(2) Il est curieux de constater que certaines variations dont la cause est difficilement explicable, se poursuivent très longtemps dans le même sens, d'où le nom d'orthogénèse. C'est le cas du persillage et des complications progressives des cloisons chez les nummulites, de la disparition des doigts latéraux chez le cheval, etc.
(3) On appelle caractères indifférents, ceux qui paraissent sans relation avec le milieu, par exemple la couleur des papillons, les cris des oiseaux, etc.
(4) il s'agit d'espèces comparativement grandes et comprenant naturellement toutes les petites espèces zoologiques et botaniques.
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