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rare. Les modes les plus rigoureux d'investigation ne la mettent qu'exception-
bellement en évidence. »
Il y a là, ce me semble, de quoi rassurer les âmes les moins héroïques,
puisque, bien que la nécessité d'une tolérance de plus en plus large s'impose
partout à l'égard des viandes provenant de bovidés tuberculeux, elle ne va pas,
cependant, jusqu'à vouloir infliger à la pauvre humanité la consommation de
viandes crues provenant de vaches atteintes de tuberculose généralisée, mais se
borne à autoriser la libre vente de la chair des animaux de boucherie en bon
état, à tuberculose localisée, n'étant saisis et rejetés de la consommation que
les organes tuberculeux, ou les portions de viande en contact avec les parties
malades de la plèvre ou du péritoine, dans le cas de tuberculose s'étendant à
ces séreuses. Et encore cette viande, déjà si exceptionnellement contagiférée,
nous ne la consommons qu'après cuisson.
Avant de songer sérieusement à convaincre les indigènes de l'intérêt qu'il
y a pour eux à mieux soigner leurs troupeaux, il faut que nous soyons en
mesure de leur prouver que chaque bœuf représentera bien désormais une
valeur réelle, sur laquelle ils pourront compter d'une façon ferme, le jour QÙ ils
auront à payer leur impôt ou à acheter quoi que ce soit. Or, jusqu'ici, si parfois,
à quelques rares époques, l'indigène possesseur de bœufs a eu la perspective de
pouvoir transformer ceux-ci eu piastres, plus souvent aussi l'indigène le plus
riche en bœufs était tout aussi embarrassé que le plus pauvre pour se procurer
les quelques piastres d'impôt de capitation qui lui étaient réclamées pour lui et
les membres mâles de sa famille. Bien plus, alors que ses bœufs ne pouvaient,
faute de transactions, le sortir d'embarras, il avait encore la perspective d'avoir
à payer un nouvel impôt d'autant plus fort que son troupeau serait plus, impor-
tant. Je ne vois pas trop comment, dans ces conditions, il aurait pu être tenté de
compliquer son existence en s'astreignant à mettre en pratique les conseils
qu'on prétendait lui donnér dans son intérêt pour augmenter encore son trou-
peau, grâce à une hygiène générale mieux comprise.
Au contraire, le jour où, grâce à un courant régulier d'exportation, chaque
animal sera d'une vente facile en cas de besoin d'argent ou de tout ce qu'on peut
se procurer avec celui-ci, alors seulement on pourra tenter, avec quelques
chances de succès, d'amener les indigènes à prendre plus de soins des vaches sur
le point de mettre bas, 'à faire le nécessaire pour diminuer considérablement la
mortalité des veaux, à châtrer jeunes leurs taurillons, en ne conservant que le
nombre de taureaux strictement nécessaires ; ils consentiront à séparer les
animaux sains en apparence de ceux manifestement malades et dangereux ; ils
soigneront leurs moutons galeux, etc. Si nombre d'entre eux n'entrent que
lentement dans cette voie, ils y seront fatalement amenés cependant, à la fois
par la constatation des bénéfices qu'en auront retiré leurs voisins plus pressés
et celle des pertes qu'eux -mêmes continueront à subir et ils justifieront
une fois de plus la justesse de cette boutade de Franklin : « L'expérience tient
une école dont les leçons coûtent cher, mais c'est encore la seule où les imbé-
ciles puissent s'instruire»,
GRANDMOUGIN.
ANNEXE N° 13
au sujet de l'élevage dans la circonscription
sanitaire de Tulear
Tulear, le 15 février 1905.
La circonscription sanitaire de Tulear comprend la province de Tulear et le
cercle Mahafaly. Pour éviter d'allonger outre mesure l'étude qui va suivre, je
laisserai de côté toutes les particularités géographiques, les détails d'orographie,
d'hydrographie, etc., concernant cette région du Sud-Ouest de l'île, renseigne-
ments que l'on peut trouver facilement dans les nombreux ouvrages spéciaux
publiés sur Madagascar, voire même dans n'importe quel annuaire de la
Colonie.
rare. Les modes les plus rigoureux d'investigation ne la mettent qu'exception-
bellement en évidence. »
Il y a là, ce me semble, de quoi rassurer les âmes les moins héroïques,
puisque, bien que la nécessité d'une tolérance de plus en plus large s'impose
partout à l'égard des viandes provenant de bovidés tuberculeux, elle ne va pas,
cependant, jusqu'à vouloir infliger à la pauvre humanité la consommation de
viandes crues provenant de vaches atteintes de tuberculose généralisée, mais se
borne à autoriser la libre vente de la chair des animaux de boucherie en bon
état, à tuberculose localisée, n'étant saisis et rejetés de la consommation que
les organes tuberculeux, ou les portions de viande en contact avec les parties
malades de la plèvre ou du péritoine, dans le cas de tuberculose s'étendant à
ces séreuses. Et encore cette viande, déjà si exceptionnellement contagiférée,
nous ne la consommons qu'après cuisson.
Avant de songer sérieusement à convaincre les indigènes de l'intérêt qu'il
y a pour eux à mieux soigner leurs troupeaux, il faut que nous soyons en
mesure de leur prouver que chaque bœuf représentera bien désormais une
valeur réelle, sur laquelle ils pourront compter d'une façon ferme, le jour QÙ ils
auront à payer leur impôt ou à acheter quoi que ce soit. Or, jusqu'ici, si parfois,
à quelques rares époques, l'indigène possesseur de bœufs a eu la perspective de
pouvoir transformer ceux-ci eu piastres, plus souvent aussi l'indigène le plus
riche en bœufs était tout aussi embarrassé que le plus pauvre pour se procurer
les quelques piastres d'impôt de capitation qui lui étaient réclamées pour lui et
les membres mâles de sa famille. Bien plus, alors que ses bœufs ne pouvaient,
faute de transactions, le sortir d'embarras, il avait encore la perspective d'avoir
à payer un nouvel impôt d'autant plus fort que son troupeau serait plus, impor-
tant. Je ne vois pas trop comment, dans ces conditions, il aurait pu être tenté de
compliquer son existence en s'astreignant à mettre en pratique les conseils
qu'on prétendait lui donnér dans son intérêt pour augmenter encore son trou-
peau, grâce à une hygiène générale mieux comprise.
Au contraire, le jour où, grâce à un courant régulier d'exportation, chaque
animal sera d'une vente facile en cas de besoin d'argent ou de tout ce qu'on peut
se procurer avec celui-ci, alors seulement on pourra tenter, avec quelques
chances de succès, d'amener les indigènes à prendre plus de soins des vaches sur
le point de mettre bas, 'à faire le nécessaire pour diminuer considérablement la
mortalité des veaux, à châtrer jeunes leurs taurillons, en ne conservant que le
nombre de taureaux strictement nécessaires ; ils consentiront à séparer les
animaux sains en apparence de ceux manifestement malades et dangereux ; ils
soigneront leurs moutons galeux, etc. Si nombre d'entre eux n'entrent que
lentement dans cette voie, ils y seront fatalement amenés cependant, à la fois
par la constatation des bénéfices qu'en auront retiré leurs voisins plus pressés
et celle des pertes qu'eux -mêmes continueront à subir et ils justifieront
une fois de plus la justesse de cette boutade de Franklin : « L'expérience tient
une école dont les leçons coûtent cher, mais c'est encore la seule où les imbé-
ciles puissent s'instruire»,
GRANDMOUGIN.
ANNEXE N° 13
au sujet de l'élevage dans la circonscription
sanitaire de Tulear
Tulear, le 15 février 1905.
La circonscription sanitaire de Tulear comprend la province de Tulear et le
cercle Mahafaly. Pour éviter d'allonger outre mesure l'étude qui va suivre, je
laisserai de côté toutes les particularités géographiques, les détails d'orographie,
d'hydrographie, etc., concernant cette région du Sud-Ouest de l'île, renseigne-
ments que l'on peut trouver facilement dans les nombreux ouvrages spéciaux
publiés sur Madagascar, voire même dans n'importe quel annuaire de la
Colonie.
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