Nous ne pouvons terminer cette étude sans proposer un plan de réorgani- sation des laiteries de Saigon. Cette réorganisation devra surtout porter sur la race des vaches laitières, sur l'alimentation et sur les conditions de sta- bulation.
A. — Race des vaches laitières. — D'une façon générale, la vache anna- mite est piètre laitière. Mais, par la sélection, c'est-à-dire en prenant les vaches les mieux conformées et les meilleures laitières et en les faisant saillir par des taureaux zébus dits de Singapour, on arriverait à obtenir des vaches métisses susceptibles de produire jusqu'à 6 et 7 litres de lait par jour. Il en existe déjà.
Les génisses métisses devront être l'objet de soins particuliers et ne pas su- bir le sevrage quasi complet dès la naissance au profit des propriétaires trop pressés de vendre le lait de la mère.
On devra essayer aussi l'importation de vaches de l'Inde et en tout cas de taureaux hindous appartenant aux meilleures races laitières. On lira avec beau- coup d'intérêt, sur ce sujet, l'étude très détaillée de M. Douarche, vétérinaire- inspecteur des épizooties, ayant pour titre : « Les bovidés du Tonkin » (1).
« Les races hindoues, qui ont déjà fait leurs preuves dans ces pays, écrit M. Douarche, auraient de grosses chances de se développer et de prospérer ; il suffirait de faire un choix parmi elles et de n'introduire, bien entendu, que des sujets d'élite.
« Quelques-unes de ces races ont des rendements en lait qui, même en Eu- rope, seraient considérés comme acceptables dans bien des pays. C'est ainsi que, dans le Punjab, les races de plaines de Montgomery et de Bangar four- nissent 6 à 11 litres de lait par jour.
« Les vaches du Deccan arrivent à la même quantité ; dans le Sind, les bêtes de race locale peuvent donner par jour 14 litres environ et même plus, dans les premiers temps de la lactation.
« Les Anglais ont introduit dans l'Inde des animaux d'Aden, qui, très rus- tiques, donnent souvent jusqu'à 10 litres.
« Les animaux hindous offrent les avantages d'une grande rusticité et d'une adaptation parfaite au climat des tropiques ; la promixité relative de leur pays d'origine, la durée moins longue du voyage diminuent les frais de transport, les risques d'accidents ou de mortalité. Enfin les prix d'acquisition sur place sont très modérés.
« Les races indigènes de l'Inde offrent dans leur pays natal une résistance à la peste bovine analogue à celle de la race annamite, résistance qui fait complè- tement défaut aux animaux importés d'Europe et d'Australie. Il est à supposer que cette immunité relative persiste chez les animaux hindous introduits en Indochine.
(4) Bulletin économique de l'Indochine — N° 49 — 1906.
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