134 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE o 71 — MAI 1907
cas, il suffit d'une simple plantation de
légumineuse herbacée, que l'on enterre
ensuite, ce qui est de beaucoup meilleur.
Dans le second, une simple ligne d'euca-
lyptus, ou d'albizzia, suffira. Dans le troi-
sième, une plantation en terrasse bien
faite.
Je dois me résumer. Je ne sais si j'aurai
eu le bonheur de porter la conviction dans
les esprits; je n'ose l'espérer. Ce que j'ose
croire, c'est que tous ceux qui auront vé-
ritablement étudié, sans parti pris, les
conditions économiques des cultures tropi-
cales, et ne chercheront pas à adapler les faits
à une doctrine économique ou scientifique
préexistante, comprendront mon insis-
tance, quand je répète : « La véritable, la
seule culture économique, rationnelle du
café, est la culture sans abri. »
Sous abri, l'aire cultivée est plus grande,
pour le même nombre de pieds ; la culture
mécanique est impossible; les binages et
sarclages sont plus longs, plus fatigants et
plus chers; la qualité d'alcaloïde est moindre
et la qualité, par conséquent, inférieure;
les cerises sont beaucoup plus aqueuses et
moins sucrées, donc, le traitement consé-
cutif est plus long et l'arôme moindre.
Et supposons même que, dans certaines
régions, cette culture soit impossible sans
abri, malgré tous les points d'infériorité
signalés! Quel est l'agronome, vraiment
digne de ce nom, qui conseillera, dans un
siècle où l'industrie est un combat sans
merci, où la facilité des voies de commu-
nication rend impossible le maintien des
privilèges de chercher la fortune et la vie
dans une production chère, dont le prix à
peine rémunérateur ne peut être soutenu
que grâce à de lourds tarifs de protection?
Depuis quand le café est-il la seule res-
source des planteurs, pour que l'on puisse
dire, comme on l'a dit il y a peu de jours, que
la baisse du café en France serait le coup
de grâce des vieilles colonies, qui ne vivent
que par lui?
C'est grâce à ces principes que l'État de
St-Paul, le plus riche du Brésil, traverse
une crise dont la gravité n'a pu échapper
à personne, crise dont il ne se sauvera dé-
finitivement que quand la polyculture aura
décidément triomphé.
Madagascar a des terres analogues à
celles du Brésil. Il est impossible que
l'Afrique Centrale n'en renferme pas de
plus ou moins favorables. Rien ne force
donc à continuerune culture ruineuse, dans
des colonies épuisées.
A trop aider les jambes d'un enfant pa-
resseux, on le rend paralytique.
Dr GERM ANO VERT.
Piracicaba, 19 janvier 1907.
Le Sisal et les Agaves textiles
1 dans l'Inde Anglaise et en Indo=Chine
État d'avancement des essais d'exploitation existants.
Conclusions de l'enquête de M. L. HAUTEFEUILLE.
A la suite d'une enquête sur place au cours de
laquelle il a visité les plantations de Powaï
(Bombay), Dauracherra (Assam), Turcoleah et
Dalsing-Seraï (Tirhoot, terrains salants) et maints
autres lieux, notre ami HAUTEFEUILLE arrive à .des
conclusions qui paraissent plutôt crues lorsqu'on
les lit sans le contexte, c'est-à-dire sans les
quinze pages de descriptions et de discussion qui
les précèdent. (Voir son rapport « J. d'A. T. »,
n° 67, § 1289.);
Le document est daté de juillet 1900. Les deux
entreprises de Powaï et Dauracherra ont été
décrites dans le a J. d'A. T. » par leurs créateurs,
M. SUTER pour la première, M. FRASER pour la
deuxième, qui voyaientleurs affaires sous un jour
plus favorable, cela va sans dire. Le savant
M. MANN, dans l'opuscule qu'il a publié avec
M. HUNTER, successeur de M. FRASER (« J. d'A. T. »,
no 57, § 1093), est également plus encourageant.
D'autre part, la thèse de M. HAUTEFEUILLE quant
