Titre : Bulletin de l'Agence générale des colonies
Auteur : Agence économique des territoires africains sous mandat. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Melun)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42445178p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 23647 Nombre total de vues : 23647
Description : 01 juin 1926 01 juin 1926
Description : 1926/06/01 (A19,N216)-1926/07/31. 1926/06/01 (A19,N216)-1926/07/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6474449z
Source : CIRAD, 2012-231802
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
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- Statistiques. Rapports commerciaux:
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- Renseignements divers:
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ÉTUDES GÉNÉRALES 865
fait, dans la marine britannique, a dû conduire à la création
d'un mot spécial, et le vocabulaire du marin français dans le
Pacifique s'est enrichi du verbe « marouner ». Chez les Tahitiens,
qui ont un mot propre correspondant à chaque état de la mer, —
unie, calme, agitée, grosse, moutonneuse, ridée, profonde, etc.
etc. - il n'y a par contre qu'un seul mot pour désigner le père
ou l'oncle, un seul pour mère ou tante, pour frère ou cousin,
pour sœur ou cousine. Cela provient de la grande facilité de
l'existence dans ce pays fortuné, de l'absence presque totale de
lutte pour la vie, — lutte « pour» la nourriture et l'abri, ou lutte
« contre » les éléments hostiles ou les animaux malfaisants. Il n'y
a là-bas ni froid, ni bêtes dangereuses, ni besoin de travailler
la terre pour vivre des produits du sol ; pêcher est un amu-
sement, jamais une corvée. La femme n'a donc point à craindre
pour l'existence de son enfant, ce qui est arrivé à produire
l'atrophie de l'instinct maternel, nécessaire en tous autres lieux
à la conservation de l'espèce. Tahiti est sans doute le seul
pays du monde* où la mère « fasse cadeau » de son enfant à
une autre femme, même inconnue, qui en a envie, ou bien elle
l'échange contre un autre enfant. Et les petits grandissent, je
ne dirais pas : sans que les parents soient toujours bien sûrs de
leur indentité exacte, mais tout au moins sans attacher une
importance trop grande à cette identité, qui, en somme, ne sert
à rien, ou ne peut servir qu'à créer d'inutiles soucis.
Si la population de nos Etablissements de l'Océanie a adopté
avec enthousiame les rites extérieurs des differentes sectes de
la religion chrétienne, il ne faudrait pas se presser d'en
conclure que cette religion a pénétré son âme. Bien loin de là.
Les Tahitiens vont à l'église ou au temple que parce que les
missionnaires catholiques ou protestants les ont pris par l'amour-
propre. C'est un honneur pour l'indigène que d'être « membre
de l'Eglise », afin, surtout, de pouvoir s'endimancher pour aller
à l'office dominical; c'est un affront et une honte que d'en être
excommunié, plus ou moins temporairement, pour n'avoir point,
par exemple, versé en temps voulu telle aumône, offrande ou
souscription qu'il avait promise à haute voix dans la maison du
Seigneur, alors qu'il était interpellé à son tour par le prêtre ou
le pasteur qui s'adresse publiquement à chacune de ses ouailles
en particulier, énumérant, pour stimuler les générosités, les
signes extérieurs de la fortune de chacun, — kilos de coprah ou
de vanille récoltés dernièrement, achat d'une machine à coudre
fait, dans la marine britannique, a dû conduire à la création
d'un mot spécial, et le vocabulaire du marin français dans le
Pacifique s'est enrichi du verbe « marouner ». Chez les Tahitiens,
qui ont un mot propre correspondant à chaque état de la mer, —
unie, calme, agitée, grosse, moutonneuse, ridée, profonde, etc.
etc. - il n'y a par contre qu'un seul mot pour désigner le père
ou l'oncle, un seul pour mère ou tante, pour frère ou cousin,
pour sœur ou cousine. Cela provient de la grande facilité de
l'existence dans ce pays fortuné, de l'absence presque totale de
lutte pour la vie, — lutte « pour» la nourriture et l'abri, ou lutte
« contre » les éléments hostiles ou les animaux malfaisants. Il n'y
a là-bas ni froid, ni bêtes dangereuses, ni besoin de travailler
la terre pour vivre des produits du sol ; pêcher est un amu-
sement, jamais une corvée. La femme n'a donc point à craindre
pour l'existence de son enfant, ce qui est arrivé à produire
l'atrophie de l'instinct maternel, nécessaire en tous autres lieux
à la conservation de l'espèce. Tahiti est sans doute le seul
pays du monde* où la mère « fasse cadeau » de son enfant à
une autre femme, même inconnue, qui en a envie, ou bien elle
l'échange contre un autre enfant. Et les petits grandissent, je
ne dirais pas : sans que les parents soient toujours bien sûrs de
leur indentité exacte, mais tout au moins sans attacher une
importance trop grande à cette identité, qui, en somme, ne sert
à rien, ou ne peut servir qu'à créer d'inutiles soucis.
Si la population de nos Etablissements de l'Océanie a adopté
avec enthousiame les rites extérieurs des differentes sectes de
la religion chrétienne, il ne faudrait pas se presser d'en
conclure que cette religion a pénétré son âme. Bien loin de là.
Les Tahitiens vont à l'église ou au temple que parce que les
missionnaires catholiques ou protestants les ont pris par l'amour-
propre. C'est un honneur pour l'indigène que d'être « membre
de l'Eglise », afin, surtout, de pouvoir s'endimancher pour aller
à l'office dominical; c'est un affront et une honte que d'en être
excommunié, plus ou moins temporairement, pour n'avoir point,
par exemple, versé en temps voulu telle aumône, offrande ou
souscription qu'il avait promise à haute voix dans la maison du
Seigneur, alors qu'il était interpellé à son tour par le prêtre ou
le pasteur qui s'adresse publiquement à chacune de ses ouailles
en particulier, énumérant, pour stimuler les générosités, les
signes extérieurs de la fortune de chacun, — kilos de coprah ou
de vanille récoltés dernièrement, achat d'une machine à coudre
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