en dehors du temps et des contingences de la douleur, du danger, de l'intérêt matériel, vaut d'être étudié avec une grave ympathie comme tout livre sincère posant un problème d'ordre moral ou religieux. D'ailleurs, avec cette absence de passion, cette sérénité dans l'amour que le Saint de Bénarès proposait à son jeune disciple, l'auteur nous présente-t-il avec une impartialité, rare chez un partisan, les faces différentes du problème: ce parti des modérés, aux promoteurs désintéressés et sincères, qui accepte de coopérer, au moins temporairement, avec l'Angleterre, cette évolution réelle et paci- fique d'une politique agraire assez européenne somme toute, cette formation d'un capitalisme Hindou qui ne me paraît
pas très conforme aux principes du Gandhisme. Comment ces éléments divers réagiront-ils les uns sur les autres. ?
C'est le terrible secret de l'avenir. L'auteur le constate lui- même quand il écrit: « Comme avec chaque pluie la jungle tropicale se transforme, ainsi fait aujourd'hui le peuple Hindou.
Le mal a pour cause le Gandhisme, les automobiles et le téléphone. Il y a aujourd'hui aux Indes deux forces puis- santes : les riches et les partisans de GANDHI, l'in lustrialisme moderne et la spiritualité de l'Inde médiévale. Ces deux forces sont aux prises. Personne ne peut prédire le résultat. »
Ainsi l'Oriental rejoivt-il l'Occidental, que nous avons étudié tout .à l'heure, dans une interrogation angoissée.
Touchées elles aussi par l'inquiétant remous des âmes qui aujourd'hui pose de nouveaux problèmes aux peuples coloni- sateurs — tout en retardant,pour ceux qui en devaient bénéficier les premiers, il faut avoir le courage de le dire en face, les utiles progrès de leur œuvre civilisatrice — nous apparaissent les colonies hollandaises de l'Océan Indien. Et cependant c'est avec un élan profond de compréhension que M. J. C.. Van EERDE (1) a approché les problèmes de l'ethnologie colo- niale hollandaise dans sa forme la plus complexe qui est ainsi qu'il l'écrit « la connaissance du pays et du peuple. néces- saire pour arriver à la juste, appréciation qui doit être la base de l'effort tendant vers les rapports équitables avec les Indigènes, pour les traiter convenabloijient et les conduire dans les voies désirées »! Ces principes si justes ont conduit à un livre bourré de faits et d'observations concrètes
(1) Van EERDE (J. C.) Ethnologie coloniale: l'Européen et l'Indigène. Préface de M. Joseph Chailley. 1 vol. in-S.. Pl. h. t. aux Éditions du Monde nouveau.
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