Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
LE RAPHIA À MADAGASCAR. 149
ment mutilé à la base du bourgeon terminal, laisse écouler une sève blanchâtre et sucrée. Fermenté, puis distillé au moyen d'appareils rudimentaires, ce jus donne un alcool très apprécié des sakalava pour sa saveur et sa force. L'obtention d'un litre d'alcool exige la saignée de 15 à 2 o raphia qui jaunissent rapi- dement et ne tardent pas à périr.
Le marais à raphia constitue un excellent milieu pour la cul- ture du riz : fertilité moyenne, humidité constante, eau courante et parfois l'indigène - que seule son insouciance d'enfant excuse transforme, en quelques coups de haches, la palmeraie en rizière.
Les résultats sévères de cette déprédation sont toujours iden- tiques : la première récolte est bonne, la seconde l'est moins.
Dès la troisième année, le sol appauvri retrouve la sécheresse que plusieurs générations de raphia avaient lentement suppri- mée.
L'humidité constante des peuplements oppose aux feux de brousse un obstacle difficile à franchir. Toutefois, les raphia de bordure essuient, chaque année pendant la saison sèche, les désas- treux effets des grands feux périodiques. Ces faits sont particu- lièrement saillants dans les districts de Port-Bergé, de Mavetanana et de Marovoay.
Le feu agit encore d'une manière indirecte. Il dénude les som- mets, il tarit toutes les sources et favorise un ravinement intense qui descend dans les palmeraies des éléments infertiles que les jeunes raphia supporteront difficilement.
Pendant les chaudes journées ensoleillées de la saison sèche, les troupeaux de bœufs recherchent l'ombrage des grands arbres et particulièrement la fraîcheur des raphia. Les jeunes plants piétinés sèchent et ne reprennent plus.
Le chou raphia est très apprécié mais sa récolte exige l'abat- tage du palmier. Cette pratique est prohibée par les règlements forestiers en vigueur.
Les pétioles des feuilles ont de nombreux usages et donnent parfois lieu à un commerce local. Dans la récolte de ces bois l'indigène ne comprend pas qu'il épuise le palmier.
Les nervures des folioles reçoivent de nombreuses applications dans l'économie indigène.
Enfin, les insectes n'épargnent pas le raphia. L'Oryctes mal-
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