Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-11-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 novembre 1927 29 novembre 1927
Description : 1927/11/29 (A28,N177). 1927/11/29 (A28,N177).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451170v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-HUITIEME ANNEE. N° 177
LE NUMERO ; 30 CENTIMES
MARDI SOin, 29 NOVEMBRE IW.a
- 1
: 0 ,.. Y
1 0'' -
Les Annales Coloniales
Les Annonce* et réclame* unt reçuet au
bureau éu Journal.
DIRECTEURS : Mtroil RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tou la articles pub" dans notre tournai ne peuvent
être reproduite qu'en citant lee ABAIa cotmum.
MMML QMTtBiM
Rédaction & Administration :
M, IN II MM-TUHr
PARIS O*') - ,
T. : Louvem is-w
- RICHELIEU «744
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré :
Un an 6 Mois 3 Moi*
Franci et
Colonies 120 » 65 » 35 a
Étranger 180 » 100 » 50 »
On s'abonne sans frais dans
tow les bureau de poste.
a
La mort du vieux serviteur
L'Echo Annamite a annoncé la mort
du doyen des éléphants impériaux de
la Cour de Hué.
Il avait près d'un siècle et demi de
bons et loyaux services, et il était en-
tré au palais des souverains d'Annam
sous le règne de Tu-Duc.
Tu-Duc ! Ce nom ne dit plus rien.
ou ne dit pas grand'chose aux géné-
rations contemporaines. Son père, qui
était l'un des 71 enfants de Minh-Mang,
et qui avait régné sous le nom de Thieu-
Ki, était mort; en 1847 laissant à peine
26 enfants parmi lesquels Hoâng-Nhâm
qui lui succédait sous le nom de
Tu-Duc.
Pour nous, dès le collège, ce nom
nous était familier. Je me rappelle
avoir commis des vers latins contre
l'assassinat du vaillant Francis Gar-
nier, sur- la mort d'Henri Rivière, et
j'ai encore présente à l'esprit la péro-
raison émouvante d'une narration fran-
çaise, écrite par un des mes camarades,
qui s'exclamait sur le mode lyrique :
« Quant à vous, Annamites, et vous,
Pavillons noirs, nous vous chasserons
de vos sanglants repaires, au cri mille
fois répété de : Vive la France ! Vive
la République ! » Et la classe entière
frémissait, tandis que notre cher maî-
tre, capitaine de mobiles (les mauvais
élèves disaient : d'habillement) en 1870,
nous félicitait à l'avance du sort que
nous ferions subir à l'infâme despote
Tu-Duc.
Plus tard, c'était le traité imposé
par l'amiral Courbet, puis les nouvelles
perfidies de Tu-Duc, puis les victoires
de Négrier, la prise de Lan g-Son, les
exploits de l'héroïque Dominé, enfin la
chute de Lang-Son évacué par nos
troupes, et la vague de l'impopularité
submergeant Jules Ferry, le Tonkinois.
Que tout cela est loin ! C'était l'époque
où notre jeunesse intolérante n'hésitait
pas à marquer d'une tache indélébile le
maître d'études qui tentait, mais en
vain de nous terroriser ; nous l'appe.
lions : Tu-Duc! Et cette appellation
suffisait sans autre torrent d'injures.
Je songeais à tout cela en lisant
quelques détails sur la mort du vieux
serviteur de Tu-Duc. Et je sentais
aussi quelque pitié s'élever dans mon
âme. Quand/con a su que le bon géant
allait mourir, la Cour lui a envoyé des
« linh », chargés de scier ses magni-
fiques défenses, qui mesuraient cha-
cune près de deux mètres de longueur.
Dame ! au prix où est l'ivoire vif ! Le
vieux serviteur a supporté l'amputation
sans faire entendre une plainte. La vie
est chère, n'est-ce pas ? et bien que
l'éléphant n'en soit pas responsable, la
Cour a estimé qu'on pouvait bien exi-
ger de lui ce suprême sacrifice.
On l'en a d'ailleurs récompensé par
des témoignages de reconnaissance pos-
thumes. On lui a fait des funérailles
splendides, et, pour que l'enterrement
fut plus commode, on a même pris la
précaution de le dépecer suivant les rè-
gles de l'art.
Ainsi est mort le vétéran des élé-
phants impériaux de la Cour de Hué,
arrière descendant de ces ancêtres glo-
rieux qui portaient le poids du mondé
ou sur lesquels chevauchait Indra, sou-
verain tout puissant du Ciel et de la
Terre, dieu tutélaire - qui châtiait les
impies et protégeait le hommes pieux,
et qui partait, armé de la foudre, com-
battre les monstres malfaisants.
Mario Rouatan,
Sénateur de l'Hérault, ancien mtntstre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
La "Jeanne d'Arc
à Conakry
---0-0-
Le croiteur Jeanne-d* Arc, école d'apoica.
tion des Enseignes de vaisseau à l'effectif de
23 officient 60 officiers é lèves, 85 gradés et
$79 marins. sous le commandement du capi-
taine de vaisseau Darlan, est arrivé à Conakry
le 30 octobre 1927 dans la matinée.
L'état-major et l'équipage ont été chaleu-
reusement accueillis par les autorités et les
populations européennes et indigènes.
M. Palade, Gouverneur intérimaire, avait
fait organiser de nombreuses distractions et
excursions pour l'équipage du bâtiment.
Le 31 octobre, un dîner au Gouvernement
suivi d'un bal au cercle de l'Union a été offert
aa commandant, aux- officiers et aux officiers
é lèves. Pendant les quatre premiers jours de
novembre, la totalité de l'équipage, transportée
par trains spéciaux, a visité Kindia, centre
important situé à 153 kilomètres de Conakry,
pendant que le commandant et pl usieurs offi-
ciers parcouraient l'agricole et touristique Fou-
tah-Djallon.
Très aimablement reçus par les comman-
dants des cercles de Pita et Labé, ils purent
se rendre compte des progrès réalisés dans
l'exploitation agricole de cette riche contrée,
où, grâce à l'action énergique et à la tenace
persévérance du Gouverneur titulaire, M. Poi-
ret, les méthodes rationnelles de culture sont
appliquées avec succès par les indigènes selon
des données modernes. Les chefs des cantons
et villages traversés firent une réception enthou-
siaste à nos officiers qu'ils comblèrent de ca-
deaux. -- - - - -
Par ailleurs, M. ralade, Gouverneur inté-
rimaire, désireux de montrer aux indigènes la
puissance de la France, avait spécialement
convoqué de nombreux chefs qui, venus des
régions les plus diverses et conduits à bord de
la Jeanne-d'Arc, qu'ils visitèrent en détail, pu-
rent admirer l'armement du croiseur, ainsi que
la splendide ordonnance du bâtiment.
Pour répondre aux attentions dont ils avaient
été l'objet, le commandant et les officiers de
la Jeanne-d' Arc donnèrent à bord un dîner
officiel et un bal des plus réussis, auquel avait
été invitée la presque totalité de la population
européenne de Conakry.
Le vaisseau-ccole a quitté les eaux gui-
néennes le 7 novembre 1927.
Le très vif succès de la visite de la Jeanne-
J'A rc à Conakry démontre l'intérêt qu'il y a
à rendre le plus fréquentes et étroites possibles
les relations entre marins et coloniaux. De leur
collaboration intime, dépend la prospérité de
notre bel empire colonial qui ne peut exploiter
ses richesses que si les communications avec la
métropol e sont et demeurent assurées. Le rôle
des marines de guerre et de commerce est de
maintenir en tout temps ces communications.
M. Georges Leygues, ministre de la Ma-
rine, 1*9 fort bien compris, et c'est pour dNte
raison qu'il a multiplié les croisières de nos
navires de guerre.
Les coloniaux doivent le remercier de sou..
tenir ainsi leurs intérêts qui sont ceux de la
France tout entière.
La croisière de la Jeanne-d'Arc, sur notre
côte d'Afrique Occidentale, constituera une
belle, une bonne et, soyons-en sûrs, une fruc.
tueuse propagande coloniale.
TAUX DE LA PIASTRE
–Le gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des Colonies qu'il
la date dis 27 novembre 1987, le tnux officiel de
la piastre était. de 13 fr.
M. Steeg visite les Inondés
M. Steeg dont nous avons annoncé l'ar-
rivée,) Safs, a été reçu far les autorités lo-
cales et des délégations de la population eu-
ropéenne et indigène.
Il a assuré la population qu'il ferait tous
ses efforts pour venir en atde aux régions
éprouvées et donnerait toutes instructions uti-
les pour que la situation normale soit réta-
blie le plus tôt possible. --
M. Steeg est parlt, hier matin, pour MOKa-
dor, qui, comme nous le savons, a été égale-
ment très éprouvée par les eaux.
M. Steeg et sa suite ont dû regagner Ra-
bat aujourd'hui.
Une photographie authentique du snlfan
---0-0-
Cette fois, nous avons une photographie
exacte, authentique de S. M. Sidi Mohamed,
le nouveau sultan du Maroc.
ICI le est publiée par la Vigie Marocaine du
22 novembre. Elle représente le sultal), dans
le patais de Fez, assis sur le trône impérial
au-dessous du parchemin portant la généa-
logie de sa famille. Cette photographie a été
prise par M. Boushira.
48
De Tanger à Gibraltar à la nage
-Q-().-
Miss Millie lludson, une. dactylo de Kw-
sington, qui représenta l' Angleterre aux
Jeux olympiques de 1924 et tenta lu traver-
sée de la Manche le 16 septembre dernier,
vient lie lancer un défi à miss Mercédès
(llcitze, dont nous avons annoncé l'arrivée
à Tanner, pour la traversée du détroit de
tiibraùar, sur le parcours Tanger-Gibral-
tar.
Miss lludson arrivera vendredi prochain
à Tanger ; « Miss tilcitzc veut être la pre-
mière à traverser le détroit de Gibraltar,
a-t-elle déclaré. Moi aussi ! Faisons donc
une course. »
«
Les enlèvements au Maroc
0-0
Générosité italienne
La colonie italienne de Fez a fait une coL
lecte en faveur des filleties Arnaud. Klle a
réuni une somme île 5.25Ô francs que M.
Camp in i a remis à M. Court in, chef des
Service Municipaux, pour « commencer la
dot des fillettes Arnaud 1*.
fPar dèphc.)
-
Contre les sauterelles
C'est par millions que les sauterelles s'abat-
tent sur les rives du Nil.
Ce terrible fléau sera combattu désormais
par avions.
Dès que le Gouvernement britannique apprit
que l'armée des sauterelles envahissait la
haute Egypte, y causant des dégâts considé-
rables, it proposa au Gouvernement égyptien
l'emploi des avions militaires comme moyen
efficace de détruire -- l'envahisseur. - Et le Gou-
vernement égyptien a accepté avec joie cette
proposition.
Les avions ont un équipement spécial. On
dispose sous le fuselage une boite contenant
du poison en poudre.
Dès que l' ennemi est signalé, les avions
sèment la poudre à faible altitude, et le sol
est ainsi couvert d'un écran protecteur que les
sauterelles ne peuvent traverser impunément,
car l'effet du poison est foudroyant.
Déjà, aux Etats-Unis, un détachement spé-
cial d avions a été constitué pour combattre les
insectes qui sont toujours des fléaux redouta-
bles pour les récoltes.
EXemple, disons-le une fois de plus, à re-
tenir.
Intéressante suggestion
aa
Nos administrateurs des Co-
lonies faisant de nombreux,
- et longs séjours dans les
centres de p-roductions agricoles et in-
dustrielles de nos colonies d'outre-mer
possèdent souvent une connaissance
approfondie des diverses productions
coloniales. Pour être tout à fait ins-
truits sur ces questions il leur manque
d'être aussi bien documentés sur les
marchés de ces produits qu'ils ont vu
croître, récolter et quelquefois trans-
former.
Cette dernière étape de leur instruc-
tion rationnelle, ils ne peuvent l'acqué-
rir que dans les grands marchés mon-
diaux, Marseille, Le Havre, Bordeaux.
Il serait donc du plus haut intérêt
de donner à certains de nos fonction-
naires coloniaux, administrateurs en
- - -
chef et administrateurs titulaires, par
exemple, qui en témoigneraient le dé-
sir, toutes facilités pour se rendre dans
ces villes pendant leurs congés en
France et se documenter sur ces mar-
chés. Les Chambres de Commerce ne
refuseraient pas, pour faciliter le sé-
jour de ces hauts fonctionnaires, de
leur faire visiter les Bourses de Com-
merce, les usines, les docks et de les do-
cumenter enfin sur les transformations
que petment subir nos produits colo-
niaux, sur les débouchés qui leur
sont ol/erts, les conditions de trans-
port et d'emballage, enf in sur les desi-
derata du commerte. Ces visites ainsi
organisées viteraient les frais excessifs
qui pourraient éloigner les intéressés
de ces études.
De même, sur une allestation du Mi-
nistre, les Compagnies de chemins de
fer pourraient accorder également des
réductions aux fonctionnaires. L'Asso-
ciation professionnelle des Administra-
teurs coloniaux pourrait, il me semble,
prendre ce projet à son com pte, l'étu-
dier et en accord avec le Ministère et
les Chambres de Commerce, le rendre
viable.
De retour aux colonies, ces fonction-
naires seraient ainsi en mesure de don-
ner des avis précieux aux producteurs
et usiniers sur les exigences de la clien-
tèle d' Europe.
Maurice Bouilloux-Lmfont
Député au Finistère.
Vtee-Prirtdeni de la Chamhre.
A LA CHAMBRE
-0
M. BORDES A LA CHAMBRE
Le iiiouveau Gouverneur général de l'Al-
gérie, M. Hordes, s'est rendu hict uprès-
midi il la C lut m Ivre des Dépwlés, où il a eu
un long entretien avec les représentants des
trois départements algériens. Il fut ensuite
.reçu par le Président du Conseil avec lequel
il a conféré.
DEBATS
Les inondations de Mostaganem
Avant d'aborder la discussion générale
du budget de l'Agriculture qui était à Tor-
dre du jour de la séance d'hier après-midi,
la Chambre a tenu A manifester sa sympa-
Uaie à l'égard des populations algériennes
«'•prouvées par les récentes inondations.
I.'hommage débuta par quelques paroles
émues de M. Ilouisson, président de la
Chambre.
La Chambre connaît, dit-il, les pénibit s
événements qui viennent d'atteindre les po-
pulations de l'arrondissement de Mostaga-
nem. lille permettra Ú son Président d'adres-
ser aux populations si cruellement éprou-
vées, l'expression de sa ill(è.re et doulou-
reuse sympathie. ( (Vifs applaudissements.)
Au nom du Gouvernement, M. Queuille,
ministre de l'Agriculture s'est associé aux
sentiments exprimés par M. Houisson. Mais
ce ne fut pas seulement la constatation pla-
tonique de faits désastreux.
Le Gouvernement, déclara M. Queuille,
aux lapplaudissemnts de l'Assemblée, s'est
préoccupé immédiatement, d'apporter des
secours aux victimes de celle ellmnitl. Un
projet de loi sera incessamment déposé : il
sera la manifestation de l'intérêt que porte
le Gouvernement français à eetl.e France
africaine si étroitement unie 11 la lïanee
métropolitaine.
Il appartenait A M. Thomson, doyen de la
représentation parlementaire algérienne de
répondre à ces. déclarations. Ce fut pour
remercier les deux orateurs et constater
qu'une fois de plus s'affirmait. la solidarité
de la population tout entière de l'Algérie
et de la métropole.
Je suis heureux, conclut-il, de voir que
nous pouvons compter en tontes circons-
tances sur l'appui du Gouvernement, fran-
çais. (Applaudissements.)
BUDGET DB L'AGRICULTURE
An cours de la discussion générale du
budget de l'Agriculture, M. Ghastanel, dé-
puté de l'Isère, reconnaissant que bien sou-
vent les paysans hésitent fi se procurer des
engrais en raison de leur prix élevé, décla-
rait, qu'il serait intéressant d'envisager la
possibilité de réaliser un monopole qui per-
mettrait d'avoir à bon prix des scories de
déphosphoration des phosphates.
Le mintstire de l'Agriculture lui n répon-
du qUio pour les phosphates du Nord de
l'Afrique, la France n a pas, Il cause de
l'aclt. '1' AIsiMS, toute sa liberté en ce qui
concerne leur oxploitalion. On a cependant,
dit-il, cflsayé d'exploiter de façon ration-
nelle les gisements du Djehni-Onk: )\ l'heure
actuelle, il faut attendre les résultats de
l'adjudication pour savoir ce que donnera
l'avenir.
Les Thèses coloniales
A travers les soutenances de Droit
Périssent les colonies plutôt qu'un prin-
cipe. Ce n'est, heureusement, qu'une formule
résumant l'esprit momentanément imagé
et utile de Robespierre et de Nemours.
Ce principe, en droit, cependant reste vi-
vant et pour la meilleure destinée de nos
colonies.
Le Problème indigène
Depuis 1914, 011 soutient, à la Faculté de
Droit, des thèses défendant ûprement et d'une
façon très éclairée le sort de l'indigène :
L Indigénat en Algérie, de François Mar-
neur, donne d'assez éloquentes considérations
sur le régime actuel (1914), ose des critiques
et envisage des réformes.
La main-d'œuvre indigène, de Hugues, un
an plus tard, est un manifeste étudié de l'ét.
blissement de la France dans le Nord Afri
cain. Un peu plus. Au delà même de cci
établissement.
Denys Odct traite du râle de Vagriculture
indigène dans lvs colonies d'exploitation de
l'Afrique Occidentale et de Madagascar. J.-P.
Grcsle, jette les bases solides d un essai de
politique indigène. Nous sommes redevables
à Bertrand Canulé d'une étude serrée sur la
représentation des indigènes en Indochine7
à Gabriel Guémard, d'une étude comparée
sur la condition juridique des gens martes en
droit musulman, tout particulièrement dans
le rite Hanafite, en regard du droit français ;
à Harthes, d'un rapport de grand trésorier
sur les impôts arabes en Tunisie. De Jean Ge-
nêt, nous lisons une Etude comparative, en-
core, dit Protectorat tunisien et du Protec-
torat marocai". Et, un peu plus loin, Un
essai sur l'influence sociale et économique
des religions de l'Afrique Occidentale Fran-
çaise, d Edmond Louveau.
Mais ce n est pas tout. La Section de com-
mune indigène en Algérie (Nature juridique
et capacité) de Georges de Lysmerwski ;
L'évolution des coutumes kabyles spéciale-
ment en ce qui concerne l'exhéredation des
femmes et la pratique des habous, de Ha-
gouti ; L'Organisation des communes Cil TII-
nisie, de Georges Dcmay ; la Colonisation
officielle et les concessions de terres doma-
niales en Algérie, d'Henri Fourrier; et, d'Is-
pranossian Mihran, la Colonisation et la lé-
gislation coloniale française, peuvent donner
un aperçu du mouvement des idées qui se
tait - s'accuse et s'impose dans le do-
maine universitaire.
En nous entretenant avec l'érudit bibliothé-
caire de la Sorbonne, M. Ueaupin, nous ap-
prenons que Nguyên-Tranh-Kiêt s'est inté-
ressé passionnément à l'organisation politi-
que de la Cochinchine française ; Forgeron,
aux chefs indigènes de l'A. O., quant au pro-
tectorat que nous exerçons là-bas.
L'on nous donne encore Marcel Mercier
comme le fin lettré et légiste du M'zab, grâce
à sa Civilisation urbaine dit M'sab, qui est
une étude de sociologie africaine complète.
Les colonies ne périront, pas. Le Principe
vivra. Il vit. Les légistes le servent dans ses
modalités les plus inattendues : lissai sur la
condition de la femme ait Sialll, défendu de-
vant la Faculté par Duplalre en 1922. Del-
monte ne se gène pas pour mettre un œil
clairvoyant dans Les Pouvoirs financiers des
assemblées algériennes et le contrôle de la
métropole. Ce qui n'est pas tout à fait inu-
tile. Et pour aider et pousser au développe-
ment de l'évolution de l'indigénat colonial -
vitalité de nos possessions d'outre-mer --
Charles de Saint-Paul prévoit et engage la
lutte contre l'usure en Tunisie. Ses vues dé-
passent bien la Tunisie. Son rouvre est fé-
conde en soi. L'avenir de notre politique in-
digène et son économie --- y sont observés
uvec acuité, sagesse et raison.
Tu ne prêteras pas.
Les ravages causés par la loi religieuse
musulmane, qui, défend formellement le
prêt, est dangereusement néfaste. L'intérêt de
l'ouvrage (La lutte: contre l'usure en Tuni-
sie) réside dans l'étude de ces contrats
-- nombreux et différents nés du droit
musulman. L'interprétation des docteurs de
la loi coranique est pour le moins curieuse.
Pour tourner les difficultés, quant à la dé-
fense religieuse du prêt, ils évitent soigneu-
sement, aux parties contractantes, d'être en-
gagées. Plus exactement, d'avoir un béné-
fice quelconque. Palliatif dangereux, et d'ail-
leurs inopérant pour l'emprunteur et l'autre.
Car toutes les restrictions apportées par la
toi religieuse? sont tournées, magistralement
tournées, à l'aide de contrats fictifs qui dissi-
mulent le prêt usuraire : ni vu ni connu
j't'embrouille.
Le Coran a beau menacer de ses foudres
l'usurier. Usurier il y a. Ils font fortune
comme ailleurs. I.cs autres. font faillite, ou
pire : mendient, volent. Et, pour le moins,
voient leurs affaires commerciales paralysécs,
leurs effort ne servir tiue l'intérêt des prê.
teurs. Grand dam pour le développement gé-
néral de notre commerce d'outre-mer.
Le remède ? Le crédit, organisé, développé
largement crédit profcssionnet. crédit com-
mprcial, crédit agricole. Tel qu'il est prati-
qué dan.-, la métropole et dans toutes les
grandes puissances européennes, de même
qu'en Argentine, dans l'Inde, au Japon. Hase
de l'économie mondiale moderne, qui n'entre
ps dans les prohibitions religieuses du Co-
ran. Heureusement!
Sur ce même sujet, une thèse d'Emmanuel
Dut and traite de l'Ill' de la Réunion et du
Crédit Foncier, une autre, de Poulgy, envi-
ronné de lumières des Emprunts de l'Etat
ottoman.
L'attraction économique et politique
de l'Indochine
Notre grande colonie d'Asie exerce une
particulière attraction sur nos jeunes l'gis-
tes : 1 es ouvrages sont abondants et, le plus
souvent, remarquablement documentés La
Politique coloniale française eu Indochine.
par Baudrais ; La Cochinchine française et
rinfiltration chinoise, par Nguyên Van Nghi;
fil Civilisation annamite et le Protectorat
- - - - -
français. par Maurice Hausse ; Les Principes
du droit annamite d'après le C 'ode de (lia-
Long, par Fernaod Moquay: Les Pouvoirs
du (i ouverneur Général de VIndochine, par
Dornux ; Le Régime des successions en droit
annamite, par Gabriel Rover, et le Régime
économique de la Cochinchine, par Ngiiyèn.
Xuan-Giac, auteur français d'adoption, ne
peuvent qu'en représenter une faible partie.
1
Et, encore, laissons-nous à dessein les thèses
de lettres, nous réservant d'en parler dans
un prochain article.
Et le Maroc.
Le Maroc semble être le La Mecque des
aspirants au doctorat quant aux sujets colo-
niaux. Ils se tournent avec ensemble vers no-
tre colonie du Nord-Africain, avec un espoir
fécond. Une colonisation capitaliste du Ma-
roc est établie par Raymond Bouisse. I)c-
bcauvais, discute de la compétence « ratione
personœ » des juridictions françaises du Ma-
roc. Le Régime douanier ale Maroc et le dé-
veloppement du commerce marocain jusqu'à
nos jours, retient longuement l'attention de
Jean Donon. Le Régime financier dit Maroc
est étudié par Jean Colomb, tandis que le
régime foncier (Etablissement du Protectorat
de la France au Maroc et spécialement du
régime foncier) est l'œuvre de Gaston Lèbre.
Et Jean Alengry nous donne « une affaire du
Maroc » dans laquelle les relations franco-
espagnoles - sont judicieusement observées.
Droit public ou prive, droit écrit ou non
écrit, droit administratif, commercial ou ju-
diciaire de la vie marocaine ont leurs ser-
viteurs zélés. Le rôle prépondérant qu'est
appelée à jouer dans notre économie nationale
la complète pacification du Maroc, est une
sourco d'études, un sujet brûlant traité avec
bonheur en droit. Et l'on peut applaudir à
ce qu'un grand nombre d'étudiants tournent
leur science du droit vers le jeune dévelop-
pement de notre colonie du Nord-Africain à
laquelle, certainement, cette abondance de
droit ne nuit pas.
Parmi les autres thèses
Certes, le cadre de cet article 11e nous
permet pas de passer en revue toutes les
thèses coloniales de droit, soutenues de 1014
à l'heure présente. Mais nous aimons encore
à citer, à titre d'exemple, parmi les ouvra-
ges d'ordre législatif, juridique ou d'inter-
prétation doctrinail'e: La Propriété foncière
dans les établissements français d'Océanie
(René Bonhoure), Etude sur le régime agri-
cole des Antilles françaises (Bernissant),
L'Organisation judiciaire de ICI Martinique
sous le régime des compagnies de colonisa-
tion (Georges P.), L'Industrie caoutchoutière
(Castdlan), Le Commerce de TA. O. E.
(Bronchet). Et ces trois ouvrages remarqua-
bles par l'envergure et la sftrc clarté de leurs
vues : La Co n férence consultative tunisienne
(Marie Dauphin), Les diverses politiques co-
loniales et leurs applications pratiques en
Algérie (de Riols de Fonclarc), Le Régime
d'ktat dans les colonies tropicales (Philippe
Bouys).
Nous passons volontairement sous silence
les thèses dont les sujets relèvent lles colo-
nies étrangères. Notons, cependant, que
l'Egypte connait une vogue, de grand style
et que le canal de Suez et celui de Panama
sont tout particulièrenienti'chéris des auteurs
français. Et signalons aussi qu'une étude
d'histoire diplomatique signée du capitaine
Carteron. dévoile avec intérêt les anciennes
iimbitions maritimes et coloniales de la Mai-
son Ilol\entoilent, mettant en relief les ten-
tatives du Grand-Elecleur.
Cet échantillonnage -- un peu long peut-
"'Irt' du droit mis au service de 110s pay-
d'outre-mer, ne doit-il pas rassurer ceux qui
désespèrent de voir la France animée de
cette, mentalité coloniale répandue chez l'An-
glais? Les thèses, que nous citons plus haut,
nous viennent, non seulement des Facultés
d'Alger, de Montpellier, de Lyon, mais en-
rie Nancy, de Lille. Cela ne permet-il pas
de conclure à une tendance très maïqme
depuis un peu plus de dix ans de l'élite
intellectuelle, pour la vie et les po?ci1>Uités
actives de la France extra-continentale?
N'('t.('c pas, pour le moins, une perspec-
tive ouverte sur la puissance vitale de notre
grand domaine colonial ?
Mirane-Marcelle Deffins.
*"e
L'Aviation Coloniale
France-Amérique du Sud
Le père de l'aviateur Le ltrix a reçu de
son lils le télégramme snivanl, daté de
Huenos-Ayres :
« Nous soin mes nveiuis à Mih'Im-.- \> 1 «*s ap'v-,
Ufiréalile séjour à Mmilevide.i. Nous .suivrons les
cote du I *?i'-i f "n | Ut * les. »
Paris-Hanoï
L'équipage militaire nement le départ de Paris pour Hanoï,
composé du lieutenant-colonel Anthoinat.
du lieutenant Miou et des sergents llerria-
ehe et Assolant, a fait hier matin un court
essai au Bourget.
L'avion a été reconduit ensuite h Yilla-
eoublay, où il sera pnM, dés demain, à
prendre le départ.
.040-
Cinéma Colonial
O'?'
Perplexité
- Vous voyez ce lion? disait un metteur
en scène à une jeune artiste. On va le lâ-
cher. Vous vous sauve/. Il «-ouït dertièie
vous. Oh! pas longtemps 100 mètres. t
temps de tourner la scène.
Il est gros, votre lion?
- N'est-ce pas: C'est un bel animal.
Ta petite, pensive, examinait la bête. Le
metteur en scène se méprit sur l'expression
(1(' physionomie de son interprète et avec v i-
vacité :
Voyons? Vous comprenez?
- Oui ! Moi. Mais. le lion, e-t-ce ou'il
comprendra ?
Dépêches de l'Indochine
--0-0-
Le Kouo-Ming-Tang
l ue réunion préliminaire des leaders dit
parti hOuo-Minji'Tanq a eu liau jeudi à la
résidence d" général Chang-h'ni-Shek,
située dans la concession française, de.
Shanghaï. Il a éUl décidé que la quatrième
conférence du parti relardée par suite du
Coup d'Etat de Canton, aurait lieu le :l dé-
cembre.
Le désastre algérien
--0-0--
Au Conseil des ministres
M. Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur,
a. entretenu le conseil des ministres, hier,
des ravages oausés par les inondafions en
Algérie.
M. Albert Sarraut a eu à ce sujet plu-
sieurs entrevues avo" vt. Bordes, le nou-
veau Gouverneur gé1. de l'Algérie. Ce
dernier, qui devait restt,.' à Paris jusqu'au
10 décembre, rejoindra son poste sous peu
et les pouvoirs lui seront transmis à Alger
par M. Viollette.
M. Koux-Freissineng, député d'Oran, quit-
te Pans ee soir.
Le mauvais temps persiste
Dans la région dévastée entre Ténes <•!
Mostaganem, Orlcansrille et Pern>qmi:rt h(
consternation est. d'autant, plus grande que
le mauvais temps conlinue. lu destruction
par les eaux furieuses des moyens de com-
munication rend les heures plus doulou-
reuses, puisqu'on est d peu, prés sans nou-
velles des infortunées villes de Mostaga-
nem et de Têncs, bloquées et des popula-
tions, traquf!es par l'inondation.
Le train de nuit qui a amené MM. Vio-
lette, Causeret et Jourdain, Houzaud, Cha-
vannes, Scotto di Vettimo et les ingenieurs
fin P.-L.-M. et dit chemin, de fer de l'/t((!
s'est arrête à Helizane. Ptntr atteindre Pei-
regaiu', un train, léger est organisé. Il
transporte 100 hommes du génie et J."J
liilos de pain destinés (tu ravitaillement de
la ville.
MM. Viollette, Causeret et /'• yév> ral Mau-
lin sont partis en auto dans la tlircction
de Mosta-ganem. On doute qu'ils puissent
atteindre cette ville en raison des obsta-
cles que la persistance des pluies accumule
sur la roule.
1-it ,'Uf/"I/tllIl.
Les eaux, en s'évu< uurit, uticoui'r>'nf tous
les oueds démesurément, grossis. La noie,
ferrée semble bdtie sur pilotis et le train
franchit une mer rougcdlre, l.'emi. tombe
toujours diluvienne.
Spectacle navrant
L'inondation a déposé na entrainc des
casiers, cageots, barils, du papier a CIII-
ballage, des meubles, de la literi>\ voitu-
res, poutres et troncsres. Iles ehamjis
d'artichauts sont dans la boue. De magni-
fiques oliveraies, chargées de traits, Ullt
été envahies.
A mesure iiu\>n. approche de i'^rregan r•,
le spectacle devient plus navrant.
Les nouvelles sur Mostaganem, qui man-
quent de précision, sont terrifiantes. On
apprend que la plaine est inondée, ainsi que
la gare de l'izi.
La hauteur de la crue, a été emisidéra-
ble, puisque sur les fils transmetteurs de
force électrique, on aperçoit des branches
cf. des lambeaux de burnous.
Quelques nouvelles rassurantes parvien-
nent, notamment sur différents trains de la
région qui. furent bloqués. Les vogayeurs
sauvés ont été ramenés à Oran. Du ravi-
taillement a nu. arrive)• dans des sacs lan-
cés par un avion, dans les villages isolés,
notamment. Ilivoil, Matmore, Maoussa,
flou-lien ni, Mocla-l)ouz.
Mais vnirj la vision de Perreipiux dé-
vasté.
Si. la ville 11 conservé' son existence, si. tes
imputations ont été sauvées du désastre,
elles le. doivent aux installations des cite
rnins île fer de l'IUal qui onl subi te ch,.<
elfrogatde de la vague monstrueuse, éelmp-
péc. de. l'oued l'ergouz. Cette, vmine a été,
en se dirigeant sur l'errégan.v, basée, di
etsée par la lutte qu'elle eut à subir cun/it
l'en.sem.ble des amé'nugements et 's dépen-
dances de la gare. ,\u tlépôl et au.r ateliers
elle arriva, à l'allure d'un mz de marée. En
un clin d'teil lonl fat saccagé, et em'hcvélré.
d'éutu'mcs poids furent soulevés < otame des
ietus d>> paille.
Du laboratoire, il ne. reste que iii car
casse des ateliers. pas un orgtne d'outil-
lage n'a sabsislt'. Des ivat/ons lés ,lunc<:s au loin on rctouxnés sous une
poussée irresifiiible. Des locomotives pesant
00 tonnes ont clé bousculées 011 renver-
s(les
Des automotrices, hier neuves, ••ni leurs
n.ues arrachées cl leur toiture ;W/(v en
deux.
C'est le chef de garel'alarme au moment où les eaa.r de l'otied
b'ergouz urri)'uient, a saucĩ son />••rsonncl
trois cents lioni mes i/ae. la ana l guettait.
En ville, des scènes son! Jlt,iIIiIU,.ks, les
maisons sont pleines d'aiw luaie ill/luit;,
tonte pour l'hiigiènc, il'aatres son! éeritu-
lées. Dans les rues em'oinhrt'es, des boues
loi
Des fi'mmcs, jambes unes, S"'O vont rI".
cherchant quelques objets itnns l-'s raines
de b'urs habitations.
Le maire, M. Serre, veille ment, de la ptqatlalion. Il ,'S/',.,.,' recevoir
d'Alger des farines, des v.iundes frigorifiées
cl du lait eondensé pour les enftints mala-
des. Si, à t'erregau.r même, on />•' eonipte
aucune victime, il n'en est )>dttns la plaine oit les imligènes, .Mirprjs cl
dans l'impossibilité1 de s'é-i-h i :>cr, oui
JlÙi,
Péniblemetil. ét l'aiile de moyens i'élégra-
idiiqncs de fortune, on etunmenee ét rece-
voir des nouvelles sur retendue du désas-
tic. T.a voie du, I..-M. \l/,'r-I)"(/II. es:
•̃{aipé-e enlre l'errégau.r et ILtln.i sur une
distance de qa de butCitu.r cl des troupes du gc ^it', on e
pu sauver les vo.tagcurs du irai'i régulier-
(iran-.-Mger bloipté' depuis 1S heures ai/ls
1.11 d'aulri's pojnls les voies ft'i r> es soto
le - fi 1
de l'Etat.
du liUtt mu n iqne avec Mosta,in/ncm pu.
an*' seule riatle, suhmet qee et
\ueiit) moyen tle set'ours n'esl négligé. Les
piqmlalions franttiise el itnligèio- montrent
tnt. dé-vouenti'nI el une ahnégati Ht's.
Le drame de Mostaganem
La catastr
LE NUMERO ; 30 CENTIMES
MARDI SOin, 29 NOVEMBRE IW.a
- 1
: 0 ,.. Y
1 0'' -
Les Annales Coloniales
Les Annonce* et réclame* unt reçuet au
bureau éu Journal.
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Tou la articles pub" dans notre tournai ne peuvent
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MMML QMTtBiM
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M, IN II MM-TUHr
PARIS O*') - ,
T. : Louvem is-w
- RICHELIEU «744
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré :
Un an 6 Mois 3 Moi*
Franci et
Colonies 120 » 65 » 35 a
Étranger 180 » 100 » 50 »
On s'abonne sans frais dans
tow les bureau de poste.
a
La mort du vieux serviteur
L'Echo Annamite a annoncé la mort
du doyen des éléphants impériaux de
la Cour de Hué.
Il avait près d'un siècle et demi de
bons et loyaux services, et il était en-
tré au palais des souverains d'Annam
sous le règne de Tu-Duc.
Tu-Duc ! Ce nom ne dit plus rien.
ou ne dit pas grand'chose aux géné-
rations contemporaines. Son père, qui
était l'un des 71 enfants de Minh-Mang,
et qui avait régné sous le nom de Thieu-
Ki, était mort; en 1847 laissant à peine
26 enfants parmi lesquels Hoâng-Nhâm
qui lui succédait sous le nom de
Tu-Duc.
Pour nous, dès le collège, ce nom
nous était familier. Je me rappelle
avoir commis des vers latins contre
l'assassinat du vaillant Francis Gar-
nier, sur- la mort d'Henri Rivière, et
j'ai encore présente à l'esprit la péro-
raison émouvante d'une narration fran-
çaise, écrite par un des mes camarades,
qui s'exclamait sur le mode lyrique :
« Quant à vous, Annamites, et vous,
Pavillons noirs, nous vous chasserons
de vos sanglants repaires, au cri mille
fois répété de : Vive la France ! Vive
la République ! » Et la classe entière
frémissait, tandis que notre cher maî-
tre, capitaine de mobiles (les mauvais
élèves disaient : d'habillement) en 1870,
nous félicitait à l'avance du sort que
nous ferions subir à l'infâme despote
Tu-Duc.
Plus tard, c'était le traité imposé
par l'amiral Courbet, puis les nouvelles
perfidies de Tu-Duc, puis les victoires
de Négrier, la prise de Lan g-Son, les
exploits de l'héroïque Dominé, enfin la
chute de Lang-Son évacué par nos
troupes, et la vague de l'impopularité
submergeant Jules Ferry, le Tonkinois.
Que tout cela est loin ! C'était l'époque
où notre jeunesse intolérante n'hésitait
pas à marquer d'une tache indélébile le
maître d'études qui tentait, mais en
vain de nous terroriser ; nous l'appe.
lions : Tu-Duc! Et cette appellation
suffisait sans autre torrent d'injures.
Je songeais à tout cela en lisant
quelques détails sur la mort du vieux
serviteur de Tu-Duc. Et je sentais
aussi quelque pitié s'élever dans mon
âme. Quand/con a su que le bon géant
allait mourir, la Cour lui a envoyé des
« linh », chargés de scier ses magni-
fiques défenses, qui mesuraient cha-
cune près de deux mètres de longueur.
Dame ! au prix où est l'ivoire vif ! Le
vieux serviteur a supporté l'amputation
sans faire entendre une plainte. La vie
est chère, n'est-ce pas ? et bien que
l'éléphant n'en soit pas responsable, la
Cour a estimé qu'on pouvait bien exi-
ger de lui ce suprême sacrifice.
On l'en a d'ailleurs récompensé par
des témoignages de reconnaissance pos-
thumes. On lui a fait des funérailles
splendides, et, pour que l'enterrement
fut plus commode, on a même pris la
précaution de le dépecer suivant les rè-
gles de l'art.
Ainsi est mort le vétéran des élé-
phants impériaux de la Cour de Hué,
arrière descendant de ces ancêtres glo-
rieux qui portaient le poids du mondé
ou sur lesquels chevauchait Indra, sou-
verain tout puissant du Ciel et de la
Terre, dieu tutélaire - qui châtiait les
impies et protégeait le hommes pieux,
et qui partait, armé de la foudre, com-
battre les monstres malfaisants.
Mario Rouatan,
Sénateur de l'Hérault, ancien mtntstre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
La "Jeanne d'Arc
à Conakry
---0-0-
Le croiteur Jeanne-d* Arc, école d'apoica.
tion des Enseignes de vaisseau à l'effectif de
23 officient 60 officiers é lèves, 85 gradés et
$79 marins. sous le commandement du capi-
taine de vaisseau Darlan, est arrivé à Conakry
le 30 octobre 1927 dans la matinée.
L'état-major et l'équipage ont été chaleu-
reusement accueillis par les autorités et les
populations européennes et indigènes.
M. Palade, Gouverneur intérimaire, avait
fait organiser de nombreuses distractions et
excursions pour l'équipage du bâtiment.
Le 31 octobre, un dîner au Gouvernement
suivi d'un bal au cercle de l'Union a été offert
aa commandant, aux- officiers et aux officiers
é lèves. Pendant les quatre premiers jours de
novembre, la totalité de l'équipage, transportée
par trains spéciaux, a visité Kindia, centre
important situé à 153 kilomètres de Conakry,
pendant que le commandant et pl usieurs offi-
ciers parcouraient l'agricole et touristique Fou-
tah-Djallon.
Très aimablement reçus par les comman-
dants des cercles de Pita et Labé, ils purent
se rendre compte des progrès réalisés dans
l'exploitation agricole de cette riche contrée,
où, grâce à l'action énergique et à la tenace
persévérance du Gouverneur titulaire, M. Poi-
ret, les méthodes rationnelles de culture sont
appliquées avec succès par les indigènes selon
des données modernes. Les chefs des cantons
et villages traversés firent une réception enthou-
siaste à nos officiers qu'ils comblèrent de ca-
deaux. -- - - - -
Par ailleurs, M. ralade, Gouverneur inté-
rimaire, désireux de montrer aux indigènes la
puissance de la France, avait spécialement
convoqué de nombreux chefs qui, venus des
régions les plus diverses et conduits à bord de
la Jeanne-d'Arc, qu'ils visitèrent en détail, pu-
rent admirer l'armement du croiseur, ainsi que
la splendide ordonnance du bâtiment.
Pour répondre aux attentions dont ils avaient
été l'objet, le commandant et les officiers de
la Jeanne-d' Arc donnèrent à bord un dîner
officiel et un bal des plus réussis, auquel avait
été invitée la presque totalité de la population
européenne de Conakry.
Le vaisseau-ccole a quitté les eaux gui-
néennes le 7 novembre 1927.
Le très vif succès de la visite de la Jeanne-
J'A rc à Conakry démontre l'intérêt qu'il y a
à rendre le plus fréquentes et étroites possibles
les relations entre marins et coloniaux. De leur
collaboration intime, dépend la prospérité de
notre bel empire colonial qui ne peut exploiter
ses richesses que si les communications avec la
métropol e sont et demeurent assurées. Le rôle
des marines de guerre et de commerce est de
maintenir en tout temps ces communications.
M. Georges Leygues, ministre de la Ma-
rine, 1*9 fort bien compris, et c'est pour dNte
raison qu'il a multiplié les croisières de nos
navires de guerre.
Les coloniaux doivent le remercier de sou..
tenir ainsi leurs intérêts qui sont ceux de la
France tout entière.
La croisière de la Jeanne-d'Arc, sur notre
côte d'Afrique Occidentale, constituera une
belle, une bonne et, soyons-en sûrs, une fruc.
tueuse propagande coloniale.
TAUX DE LA PIASTRE
–
de faire connaître au ministre des Colonies qu'il
la date dis 27 novembre 1987, le tnux officiel de
la piastre était. de 13 fr.
M. Steeg visite les Inondés
M. Steeg dont nous avons annoncé l'ar-
rivée,) Safs, a été reçu far les autorités lo-
cales et des délégations de la population eu-
ropéenne et indigène.
Il a assuré la population qu'il ferait tous
ses efforts pour venir en atde aux régions
éprouvées et donnerait toutes instructions uti-
les pour que la situation normale soit réta-
blie le plus tôt possible. --
M. Steeg est parlt, hier matin, pour MOKa-
dor, qui, comme nous le savons, a été égale-
ment très éprouvée par les eaux.
M. Steeg et sa suite ont dû regagner Ra-
bat aujourd'hui.
Une photographie authentique du snlfan
---0-0-
Cette fois, nous avons une photographie
exacte, authentique de S. M. Sidi Mohamed,
le nouveau sultan du Maroc.
ICI le est publiée par la Vigie Marocaine du
22 novembre. Elle représente le sultal), dans
le patais de Fez, assis sur le trône impérial
au-dessous du parchemin portant la généa-
logie de sa famille. Cette photographie a été
prise par M. Boushira.
48
De Tanger à Gibraltar à la nage
-Q-().-
Miss Millie lludson, une. dactylo de Kw-
sington, qui représenta l' Angleterre aux
Jeux olympiques de 1924 et tenta lu traver-
sée de la Manche le 16 septembre dernier,
vient lie lancer un défi à miss Mercédès
(llcitze, dont nous avons annoncé l'arrivée
à Tanner, pour la traversée du détroit de
tiibraùar, sur le parcours Tanger-Gibral-
tar.
Miss lludson arrivera vendredi prochain
à Tanger ; « Miss tilcitzc veut être la pre-
mière à traverser le détroit de Gibraltar,
a-t-elle déclaré. Moi aussi ! Faisons donc
une course. »
«
Les enlèvements au Maroc
0-0
Générosité italienne
La colonie italienne de Fez a fait une coL
lecte en faveur des filleties Arnaud. Klle a
réuni une somme île 5.25Ô francs que M.
Camp in i a remis à M. Court in, chef des
Service Municipaux, pour « commencer la
dot des fillettes Arnaud 1*.
fPar dèphc.)
-
Contre les sauterelles
C'est par millions que les sauterelles s'abat-
tent sur les rives du Nil.
Ce terrible fléau sera combattu désormais
par avions.
Dès que le Gouvernement britannique apprit
que l'armée des sauterelles envahissait la
haute Egypte, y causant des dégâts considé-
rables, it proposa au Gouvernement égyptien
l'emploi des avions militaires comme moyen
efficace de détruire -- l'envahisseur. - Et le Gou-
vernement égyptien a accepté avec joie cette
proposition.
Les avions ont un équipement spécial. On
dispose sous le fuselage une boite contenant
du poison en poudre.
Dès que l' ennemi est signalé, les avions
sèment la poudre à faible altitude, et le sol
est ainsi couvert d'un écran protecteur que les
sauterelles ne peuvent traverser impunément,
car l'effet du poison est foudroyant.
Déjà, aux Etats-Unis, un détachement spé-
cial d avions a été constitué pour combattre les
insectes qui sont toujours des fléaux redouta-
bles pour les récoltes.
EXemple, disons-le une fois de plus, à re-
tenir.
Intéressante suggestion
aa
Nos administrateurs des Co-
lonies faisant de nombreux,
- et longs séjours dans les
centres de p-roductions agricoles et in-
dustrielles de nos colonies d'outre-mer
possèdent souvent une connaissance
approfondie des diverses productions
coloniales. Pour être tout à fait ins-
truits sur ces questions il leur manque
d'être aussi bien documentés sur les
marchés de ces produits qu'ils ont vu
croître, récolter et quelquefois trans-
former.
Cette dernière étape de leur instruc-
tion rationnelle, ils ne peuvent l'acqué-
rir que dans les grands marchés mon-
diaux, Marseille, Le Havre, Bordeaux.
Il serait donc du plus haut intérêt
de donner à certains de nos fonction-
naires coloniaux, administrateurs en
- - -
chef et administrateurs titulaires, par
exemple, qui en témoigneraient le dé-
sir, toutes facilités pour se rendre dans
ces villes pendant leurs congés en
France et se documenter sur ces mar-
chés. Les Chambres de Commerce ne
refuseraient pas, pour faciliter le sé-
jour de ces hauts fonctionnaires, de
leur faire visiter les Bourses de Com-
merce, les usines, les docks et de les do-
cumenter enfin sur les transformations
que petment subir nos produits colo-
niaux, sur les débouchés qui leur
sont ol/erts, les conditions de trans-
port et d'emballage, enf in sur les desi-
derata du commerte. Ces visites ainsi
organisées viteraient les frais excessifs
qui pourraient éloigner les intéressés
de ces études.
De même, sur une allestation du Mi-
nistre, les Compagnies de chemins de
fer pourraient accorder également des
réductions aux fonctionnaires. L'Asso-
ciation professionnelle des Administra-
teurs coloniaux pourrait, il me semble,
prendre ce projet à son com pte, l'étu-
dier et en accord avec le Ministère et
les Chambres de Commerce, le rendre
viable.
De retour aux colonies, ces fonction-
naires seraient ainsi en mesure de don-
ner des avis précieux aux producteurs
et usiniers sur les exigences de la clien-
tèle d' Europe.
Maurice Bouilloux-Lmfont
Député au Finistère.
Vtee-Prirtdeni de la Chamhre.
A LA CHAMBRE
-0
M. BORDES A LA CHAMBRE
Le iiiouveau Gouverneur général de l'Al-
gérie, M. Hordes, s'est rendu hict uprès-
midi il la C lut m Ivre des Dépwlés, où il a eu
un long entretien avec les représentants des
trois départements algériens. Il fut ensuite
.reçu par le Président du Conseil avec lequel
il a conféré.
DEBATS
Les inondations de Mostaganem
Avant d'aborder la discussion générale
du budget de l'Agriculture qui était à Tor-
dre du jour de la séance d'hier après-midi,
la Chambre a tenu A manifester sa sympa-
Uaie à l'égard des populations algériennes
«'•prouvées par les récentes inondations.
I.'hommage débuta par quelques paroles
émues de M. Ilouisson, président de la
Chambre.
La Chambre connaît, dit-il, les pénibit s
événements qui viennent d'atteindre les po-
pulations de l'arrondissement de Mostaga-
nem. lille permettra Ú son Président d'adres-
ser aux populations si cruellement éprou-
vées, l'expression de sa ill(è.re et doulou-
reuse sympathie. ( (Vifs applaudissements.)
Au nom du Gouvernement, M. Queuille,
ministre de l'Agriculture s'est associé aux
sentiments exprimés par M. Houisson. Mais
ce ne fut pas seulement la constatation pla-
tonique de faits désastreux.
Le Gouvernement, déclara M. Queuille,
aux lapplaudissemnts de l'Assemblée, s'est
préoccupé immédiatement, d'apporter des
secours aux victimes de celle ellmnitl. Un
projet de loi sera incessamment déposé : il
sera la manifestation de l'intérêt que porte
le Gouvernement français à eetl.e France
africaine si étroitement unie 11 la lïanee
métropolitaine.
Il appartenait A M. Thomson, doyen de la
représentation parlementaire algérienne de
répondre à ces. déclarations. Ce fut pour
remercier les deux orateurs et constater
qu'une fois de plus s'affirmait. la solidarité
de la population tout entière de l'Algérie
et de la métropole.
Je suis heureux, conclut-il, de voir que
nous pouvons compter en tontes circons-
tances sur l'appui du Gouvernement, fran-
çais. (Applaudissements.)
BUDGET DB L'AGRICULTURE
An cours de la discussion générale du
budget de l'Agriculture, M. Ghastanel, dé-
puté de l'Isère, reconnaissant que bien sou-
vent les paysans hésitent fi se procurer des
engrais en raison de leur prix élevé, décla-
rait, qu'il serait intéressant d'envisager la
possibilité de réaliser un monopole qui per-
mettrait d'avoir à bon prix des scories de
déphosphoration des phosphates.
Le mintstire de l'Agriculture lui n répon-
du qUio pour les phosphates du Nord de
l'Afrique, la France n a pas, Il cause de
l'aclt. '1' AIsiMS, toute sa liberté en ce qui
concerne leur oxploitalion. On a cependant,
dit-il, cflsayé d'exploiter de façon ration-
nelle les gisements du Djehni-Onk: )\ l'heure
actuelle, il faut attendre les résultats de
l'adjudication pour savoir ce que donnera
l'avenir.
Les Thèses coloniales
A travers les soutenances de Droit
Périssent les colonies plutôt qu'un prin-
cipe. Ce n'est, heureusement, qu'une formule
résumant l'esprit momentanément imagé
et utile de Robespierre et de Nemours.
Ce principe, en droit, cependant reste vi-
vant et pour la meilleure destinée de nos
colonies.
Le Problème indigène
Depuis 1914, 011 soutient, à la Faculté de
Droit, des thèses défendant ûprement et d'une
façon très éclairée le sort de l'indigène :
L Indigénat en Algérie, de François Mar-
neur, donne d'assez éloquentes considérations
sur le régime actuel (1914), ose des critiques
et envisage des réformes.
La main-d'œuvre indigène, de Hugues, un
an plus tard, est un manifeste étudié de l'ét.
blissement de la France dans le Nord Afri
cain. Un peu plus. Au delà même de cci
établissement.
Denys Odct traite du râle de Vagriculture
indigène dans lvs colonies d'exploitation de
l'Afrique Occidentale et de Madagascar. J.-P.
Grcsle, jette les bases solides d un essai de
politique indigène. Nous sommes redevables
à Bertrand Canulé d'une étude serrée sur la
représentation des indigènes en Indochine7
à Gabriel Guémard, d'une étude comparée
sur la condition juridique des gens martes en
droit musulman, tout particulièrement dans
le rite Hanafite, en regard du droit français ;
à Harthes, d'un rapport de grand trésorier
sur les impôts arabes en Tunisie. De Jean Ge-
nêt, nous lisons une Etude comparative, en-
core, dit Protectorat tunisien et du Protec-
torat marocai". Et, un peu plus loin, Un
essai sur l'influence sociale et économique
des religions de l'Afrique Occidentale Fran-
çaise, d Edmond Louveau.
Mais ce n est pas tout. La Section de com-
mune indigène en Algérie (Nature juridique
et capacité) de Georges de Lysmerwski ;
L'évolution des coutumes kabyles spéciale-
ment en ce qui concerne l'exhéredation des
femmes et la pratique des habous, de Ha-
gouti ; L'Organisation des communes Cil TII-
nisie, de Georges Dcmay ; la Colonisation
officielle et les concessions de terres doma-
niales en Algérie, d'Henri Fourrier; et, d'Is-
pranossian Mihran, la Colonisation et la lé-
gislation coloniale française, peuvent donner
un aperçu du mouvement des idées qui se
tait - s'accuse et s'impose dans le do-
maine universitaire.
En nous entretenant avec l'érudit bibliothé-
caire de la Sorbonne, M. Ueaupin, nous ap-
prenons que Nguyên-Tranh-Kiêt s'est inté-
ressé passionnément à l'organisation politi-
que de la Cochinchine française ; Forgeron,
aux chefs indigènes de l'A. O., quant au pro-
tectorat que nous exerçons là-bas.
L'on nous donne encore Marcel Mercier
comme le fin lettré et légiste du M'zab, grâce
à sa Civilisation urbaine dit M'sab, qui est
une étude de sociologie africaine complète.
Les colonies ne périront, pas. Le Principe
vivra. Il vit. Les légistes le servent dans ses
modalités les plus inattendues : lissai sur la
condition de la femme ait Sialll, défendu de-
vant la Faculté par Duplalre en 1922. Del-
monte ne se gène pas pour mettre un œil
clairvoyant dans Les Pouvoirs financiers des
assemblées algériennes et le contrôle de la
métropole. Ce qui n'est pas tout à fait inu-
tile. Et pour aider et pousser au développe-
ment de l'évolution de l'indigénat colonial -
vitalité de nos possessions d'outre-mer --
Charles de Saint-Paul prévoit et engage la
lutte contre l'usure en Tunisie. Ses vues dé-
passent bien la Tunisie. Son rouvre est fé-
conde en soi. L'avenir de notre politique in-
digène et son économie --- y sont observés
uvec acuité, sagesse et raison.
Tu ne prêteras pas.
Les ravages causés par la loi religieuse
musulmane, qui, défend formellement le
prêt, est dangereusement néfaste. L'intérêt de
l'ouvrage (La lutte: contre l'usure en Tuni-
sie) réside dans l'étude de ces contrats
-- nombreux et différents nés du droit
musulman. L'interprétation des docteurs de
la loi coranique est pour le moins curieuse.
Pour tourner les difficultés, quant à la dé-
fense religieuse du prêt, ils évitent soigneu-
sement, aux parties contractantes, d'être en-
gagées. Plus exactement, d'avoir un béné-
fice quelconque. Palliatif dangereux, et d'ail-
leurs inopérant pour l'emprunteur et l'autre.
Car toutes les restrictions apportées par la
toi religieuse? sont tournées, magistralement
tournées, à l'aide de contrats fictifs qui dissi-
mulent le prêt usuraire : ni vu ni connu
j't'embrouille.
Le Coran a beau menacer de ses foudres
l'usurier. Usurier il y a. Ils font fortune
comme ailleurs. I.cs autres. font faillite, ou
pire : mendient, volent. Et, pour le moins,
voient leurs affaires commerciales paralysécs,
leurs effort ne servir tiue l'intérêt des prê.
teurs. Grand dam pour le développement gé-
néral de notre commerce d'outre-mer.
Le remède ? Le crédit, organisé, développé
largement crédit profcssionnet. crédit com-
mprcial, crédit agricole. Tel qu'il est prati-
qué dan.-, la métropole et dans toutes les
grandes puissances européennes, de même
qu'en Argentine, dans l'Inde, au Japon. Hase
de l'économie mondiale moderne, qui n'entre
ps dans les prohibitions religieuses du Co-
ran. Heureusement!
Sur ce même sujet, une thèse d'Emmanuel
Dut and traite de l'Ill' de la Réunion et du
Crédit Foncier, une autre, de Poulgy, envi-
ronné de lumières des Emprunts de l'Etat
ottoman.
L'attraction économique et politique
de l'Indochine
Notre grande colonie d'Asie exerce une
particulière attraction sur nos jeunes l'gis-
tes : 1 es ouvrages sont abondants et, le plus
souvent, remarquablement documentés La
Politique coloniale française eu Indochine.
par Baudrais ; La Cochinchine française et
rinfiltration chinoise, par Nguyên Van Nghi;
fil Civilisation annamite et le Protectorat
- - - - -
français. par Maurice Hausse ; Les Principes
du droit annamite d'après le C 'ode de (lia-
Long, par Fernaod Moquay: Les Pouvoirs
du (i ouverneur Général de VIndochine, par
Dornux ; Le Régime des successions en droit
annamite, par Gabriel Rover, et le Régime
économique de la Cochinchine, par Ngiiyèn.
Xuan-Giac, auteur français d'adoption, ne
peuvent qu'en représenter une faible partie.
1
Et, encore, laissons-nous à dessein les thèses
de lettres, nous réservant d'en parler dans
un prochain article.
Et le Maroc.
Le Maroc semble être le La Mecque des
aspirants au doctorat quant aux sujets colo-
niaux. Ils se tournent avec ensemble vers no-
tre colonie du Nord-Africain, avec un espoir
fécond. Une colonisation capitaliste du Ma-
roc est établie par Raymond Bouisse. I)c-
bcauvais, discute de la compétence « ratione
personœ » des juridictions françaises du Ma-
roc. Le Régime douanier ale Maroc et le dé-
veloppement du commerce marocain jusqu'à
nos jours, retient longuement l'attention de
Jean Donon. Le Régime financier dit Maroc
est étudié par Jean Colomb, tandis que le
régime foncier (Etablissement du Protectorat
de la France au Maroc et spécialement du
régime foncier) est l'œuvre de Gaston Lèbre.
Et Jean Alengry nous donne « une affaire du
Maroc » dans laquelle les relations franco-
espagnoles - sont judicieusement observées.
Droit public ou prive, droit écrit ou non
écrit, droit administratif, commercial ou ju-
diciaire de la vie marocaine ont leurs ser-
viteurs zélés. Le rôle prépondérant qu'est
appelée à jouer dans notre économie nationale
la complète pacification du Maroc, est une
sourco d'études, un sujet brûlant traité avec
bonheur en droit. Et l'on peut applaudir à
ce qu'un grand nombre d'étudiants tournent
leur science du droit vers le jeune dévelop-
pement de notre colonie du Nord-Africain à
laquelle, certainement, cette abondance de
droit ne nuit pas.
Parmi les autres thèses
Certes, le cadre de cet article 11e nous
permet pas de passer en revue toutes les
thèses coloniales de droit, soutenues de 1014
à l'heure présente. Mais nous aimons encore
à citer, à titre d'exemple, parmi les ouvra-
ges d'ordre législatif, juridique ou d'inter-
prétation doctrinail'e: La Propriété foncière
dans les établissements français d'Océanie
(René Bonhoure), Etude sur le régime agri-
cole des Antilles françaises (Bernissant),
L'Organisation judiciaire de ICI Martinique
sous le régime des compagnies de colonisa-
tion (Georges P.), L'Industrie caoutchoutière
(Castdlan), Le Commerce de TA. O. E.
(Bronchet). Et ces trois ouvrages remarqua-
bles par l'envergure et la sftrc clarté de leurs
vues : La Co n férence consultative tunisienne
(Marie Dauphin), Les diverses politiques co-
loniales et leurs applications pratiques en
Algérie (de Riols de Fonclarc), Le Régime
d'ktat dans les colonies tropicales (Philippe
Bouys).
Nous passons volontairement sous silence
les thèses dont les sujets relèvent lles colo-
nies étrangères. Notons, cependant, que
l'Egypte connait une vogue, de grand style
et que le canal de Suez et celui de Panama
sont tout particulièrenienti'chéris des auteurs
français. Et signalons aussi qu'une étude
d'histoire diplomatique signée du capitaine
Carteron. dévoile avec intérêt les anciennes
iimbitions maritimes et coloniales de la Mai-
son Ilol\entoilent, mettant en relief les ten-
tatives du Grand-Elecleur.
Cet échantillonnage -- un peu long peut-
"'Irt' du droit mis au service de 110s pay-
d'outre-mer, ne doit-il pas rassurer ceux qui
désespèrent de voir la France animée de
cette, mentalité coloniale répandue chez l'An-
glais? Les thèses, que nous citons plus haut,
nous viennent, non seulement des Facultés
d'Alger, de Montpellier, de Lyon, mais en-
de conclure à une tendance très maïqme
depuis un peu plus de dix ans de l'élite
intellectuelle, pour la vie et les po?ci1>Uités
actives de la France extra-continentale?
N'('t.('c pas, pour le moins, une perspec-
tive ouverte sur la puissance vitale de notre
grand domaine colonial ?
Mirane-Marcelle Deffins.
*"e
L'Aviation Coloniale
France-Amérique du Sud
Le père de l'aviateur Le ltrix a reçu de
son lils le télégramme snivanl, daté de
Huenos-Ayres :
« Nous soin mes nveiuis à Mih'Im-.- \> 1 «*s ap'v-,
Ufiréalile séjour à Mmilevide.i. Nous .suivrons les
cote du I *?i'-i f "n | Ut *
Paris-Hanoï
L'équipage militaire
composé du lieutenant-colonel Anthoinat.
du lieutenant Miou et des sergents llerria-
ehe et Assolant, a fait hier matin un court
essai au Bourget.
L'avion a été reconduit ensuite h Yilla-
eoublay, où il sera pnM, dés demain, à
prendre le départ.
.040-
Cinéma Colonial
O'?'
Perplexité
- Vous voyez ce lion? disait un metteur
en scène à une jeune artiste. On va le lâ-
cher. Vous vous sauve/. Il «-ouït dertièie
vous. Oh! pas longtemps 100 mètres. t
temps de tourner la scène.
Il est gros, votre lion?
- N'est-ce pas: C'est un bel animal.
Ta petite, pensive, examinait la bête. Le
metteur en scène se méprit sur l'expression
(1(' physionomie de son interprète et avec v i-
vacité :
Voyons? Vous comprenez?
- Oui ! Moi. Mais. le lion, e-t-ce ou'il
comprendra ?
Dépêches de l'Indochine
--0-0-
Le Kouo-Ming-Tang
l ue réunion préliminaire des leaders dit
parti hOuo-Minji'Tanq a eu liau jeudi à la
résidence d" général Chang-h'ni-Shek,
située dans la concession française, de.
Shanghaï. Il a éUl décidé que la quatrième
conférence du parti relardée par suite du
Coup d'Etat de Canton, aurait lieu le :l dé-
cembre.
Le désastre algérien
--0-0--
Au Conseil des ministres
M. Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur,
a. entretenu le conseil des ministres, hier,
des ravages oausés par les inondafions en
Algérie.
M. Albert Sarraut a eu à ce sujet plu-
sieurs entrevues avo" vt. Bordes, le nou-
veau Gouverneur gé1. de l'Algérie. Ce
dernier, qui devait restt,.' à Paris jusqu'au
10 décembre, rejoindra son poste sous peu
et les pouvoirs lui seront transmis à Alger
par M. Viollette.
M. Koux-Freissineng, député d'Oran, quit-
te Pans ee soir.
Le mauvais temps persiste
Dans la région dévastée entre Ténes <•!
Mostaganem, Orlcansrille et Pern>qmi:rt h(
consternation est. d'autant, plus grande que
le mauvais temps conlinue. lu destruction
par les eaux furieuses des moyens de com-
munication rend les heures plus doulou-
reuses, puisqu'on est d peu, prés sans nou-
velles des infortunées villes de Mostaga-
nem et de Têncs, bloquées et des popula-
tions, traquf!es par l'inondation.
Le train de nuit qui a amené MM. Vio-
lette, Causeret et Jourdain, Houzaud, Cha-
vannes, Scotto di Vettimo et les ingenieurs
fin P.-L.-M. et dit chemin, de fer de l'/t((!
s'est arrête à Helizane. Ptntr atteindre Pei-
regaiu', un train, léger est organisé. Il
transporte 100 hommes du génie et J."J
liilos de pain destinés (tu ravitaillement de
la ville.
MM. Viollette, Causeret et /'• yév> ral Mau-
lin sont partis en auto dans la tlircction
de Mosta-ganem. On doute qu'ils puissent
atteindre cette ville en raison des obsta-
cles que la persistance des pluies accumule
sur la roule.
1-it ,'Uf/"I/tllIl.
Les eaux, en s'évu< uurit, uticoui'r>'nf tous
les oueds démesurément, grossis. La noie,
ferrée semble bdtie sur pilotis et le train
franchit une mer rougcdlre, l.'emi. tombe
toujours diluvienne.
Spectacle navrant
L'inondation a déposé na entrainc des
casiers, cageots, barils, du papier a CIII-
ballage, des meubles, de la literi>\ voitu-
res, poutres et troncs
d'artichauts sont dans la boue. De magni-
fiques oliveraies, chargées de traits, Ullt
été envahies.
A mesure iiu\>n. approche de i'^rregan r•,
le spectacle devient plus navrant.
Les nouvelles sur Mostaganem, qui man-
quent de précision, sont terrifiantes. On
apprend que la plaine est inondée, ainsi que
la gare de l'izi.
La hauteur de la crue, a été emisidéra-
ble, puisque sur les fils transmetteurs de
force électrique, on aperçoit des branches
cf. des lambeaux de burnous.
Quelques nouvelles rassurantes parvien-
nent, notamment sur différents trains de la
région qui. furent bloqués. Les vogayeurs
sauvés ont été ramenés à Oran. Du ravi-
taillement a nu. arrive)• dans des sacs lan-
cés par un avion, dans les villages isolés,
notamment. Ilivoil, Matmore, Maoussa,
flou-lien ni, Mocla-l)ouz.
Mais vnirj la vision de Perreipiux dé-
vasté.
Si. la ville 11 conservé' son existence, si. tes
imputations ont été sauvées du désastre,
elles le. doivent aux installations des cite
rnins île fer de l'IUal qui onl subi te ch,.<
elfrogatde de la vague monstrueuse, éelmp-
péc. de. l'oued l'ergouz. Cette, vmine a été,
en se dirigeant sur l'errégan.v, basée, di
etsée par la lutte qu'elle eut à subir cun/it
l'en.sem.ble des amé'nugements et 's dépen-
dances de la gare. ,\u tlépôl et au.r ateliers
elle arriva, à l'allure d'un mz de marée. En
un clin d'teil lonl fat saccagé, et em'hcvélré.
d'éutu'mcs poids furent soulevés < otame des
ietus d>> paille.
Du laboratoire, il ne. reste que iii car
casse des ateliers. pas un orgtne d'outil-
lage n'a sabsislt'. Des ivat/ons
poussée irresifiiible. Des locomotives pesant
00 tonnes ont clé bousculées 011 renver-
s(les
Des automotrices, hier neuves, ••ni leurs
n.ues arrachées cl leur toiture ;W/(v en
deux.
C'est le chef de gare
b'ergouz urri)'uient, a saucĩ son />••rsonncl
trois cents lioni mes i/ae. la ana l guettait.
En ville, des scènes son! Jlt,iIIiIU,.ks, les
maisons sont pleines d'aiw luaie ill/luit;,
tonte pour l'hiigiènc, il'aatres son! éeritu-
lées. Dans les rues em'oinhrt'es, des boues
loi
Des fi'mmcs, jambes unes, S"'O vont rI".
cherchant quelques objets itnns l-'s raines
de b'urs habitations.
Le maire, M. Serre, veille
d'Alger des farines, des v.iundes frigorifiées
cl du lait eondensé pour les enftints mala-
des. Si, à t'erregau.r même, on />•' eonipte
aucune victime, il n'en est )>
dans l'impossibilité1 de s'é-i-h i :>cr, oui
JlÙi,
Péniblemetil. ét l'aiile de moyens i'élégra-
idiiqncs de fortune, on etunmenee ét rece-
voir des nouvelles sur retendue du désas-
tic. T.a voie du, I..-M. \l/,'r-I)"(/II. es:
•̃{aipé-e enlre l'errégau.r et ILtln.i sur une
distance de qa
pu sauver les vo.tagcurs du irai'i régulier-
(iran-.-Mger bloipté' depuis 1S heures ai/ls
le - fi 1
de l'Etat.
du liUtt mu n iqne avec Mosta,in/ncm pu.
an*' seule riatle, suhmet qee et
\ueiit) moyen tle set'ours n'esl négligé. Les
piqmlalions franttiise el itnligèio- montrent
tnt. dé-vouenti'nI el une ahnégati
Le drame de Mostaganem
La catastr
ganem dans la nuil
.1 une heure, l'oued Ain-Sefra. démesuré-
ment grossi, charriant des terres, s'est
déversé en liombe formidable \nr la ville
par suite de l'idduiation du tun'iel tle ca-
nalisation. Sur leur passtoj<\ les eau,t ont
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