— Que si, Cléanthe, vous vous alarmez de voir surgir tant d'impressions de voyages exotiques et si peu de traités sur le cotonnier ou le régime des grands fleuves africains — tant d'expéditions d'introspection personnelle et si peu de missions de recherches et de travail, vous voudrez bien accorder que les deux livres qui sont, cette fois, l'objet de notre discussion ont une valeur singulière et constituent des documents au pre- mier chef.
— Soit, Ménalque, soit. et je suis prêt même à vous concéder que Roland DOHGELÈS dans la « Caravane sans chameaux » (1) s'est penché avec une sympathie lucide et nuancée sur des problèmes dont le moindre eût fait mourir de vertige un diplomate du grand siècle et que Jean-Richard BLOCH (2) est un furieux enchanteur. Je l'avais jugé déjà après la lecture de ses pages liminaires de la « Nuit Kurde »i un diable d'homme apte à vous retourner comme un gant, au moins pour dix minutes, à vous rendre sympathiques des idées ou des bons- hommes à qui vous eussiez tordu le col de fort bon cœur la veille. Au demeurant dangereux au possible !
— J'ai lu «Cacaouettes et bananes» avec un bien grand plaisir.Certaines pages sont rythmées comme un chant d'archet, d'autres ont une douceur, une tendresse virgilienne. Et quelle probité objective dans l'observation malgré tout !
— Oui Ménalque. Et même vous vous apercevrez tout à l'heure que cette probité spontanée joue quelques tours assez notoires aux principes bien connus de l'auteur.
(1) Roland DORGELÈS. - La « Caravane sans chameaux ». 1 vol. in 12 chez Albin Michel, 22, rue Iluyghens.
(2) Jean-liichard BLOCEI. - Cacaouettes et bananes — 1 vol. in 12 — pl. h. te'" chez Gallimard, 3, rue de Grenelle.
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