142 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N 47 — hl 190b
blement et c'est sur quelques-uns de ces ar-
bres que j'ai pu faire les expériences de sai-
gnées dont je parlerai plus loin.
En 1895, ces premiers sujets fructifièrent ;
les graines, recueillies avec soin, furent se-
mées en pépinières et il fut réparti en 1895-
96 environ 8.000 plants aux endroits où l'om-
brage manquait un peu aux cacaoyers.
Ces arbres, âgés aujourd'hui de 8 à9 ans,
sont de très belle venue ; ils atteignent 12 à
15 mètres de haut et ont une circonférence
moyenne de 85 cm. (diam. 27 cm.) ; j'aurais
désiré en faire la saignée, afin de me rendre
compte du rendement à cet âge, mais, pres-
sé par le temps et manquant du matériel né-
cessaire, j'ai dû me limiter à travailler les
arbres de 14 ans qui étaient à ma disposition.
De 1896 à 1902, il fut réparti entre toutes
les haciendas environ 30.000 pieds de Castil-
loa; en 1902, on en planta 20.000, et 25.000 en
1904. A partir de maintenant, on en plante-
ra de 25 à 30.000 tous les ans.
La maturité des fruits est complète en
juin-juillet. Les graines, ramassées avec soin
et choisies, sont semées aussitôt dans des pé-
pinières préparées en divers points de cha-
cune des haciendas, afin d'éviter le transport
des jeunes plants, qui sont mis en place
lorsqu'ils ont huit à dix mois, à partir du
mois d'avril, c'est-à-dire au début de la
saison des pluies, jusqu'en septembre.
Il se forme aussi des pépinières naturel-
les au pied des arbres isolés dont on n'a pas
eu soin de recueillir les graines.
Vers l'âge de 4 ou 5 ans, les Cas-
tilloa dépassent de beaucoup les cacaoyers
et commencent à leur fournir un peu d'om-
bre. A mesure que l'on répartit le Castilloa
dans la propriété, on provoque la mort des
BUCARES ou autres arbres d'ombrage, en
leur enlevant, à la hache, à environ 1 m. du
sol et sur toute leur circonférence, une large
bande d'écorce.
On a soin d'entamer également l'aubier,
afin de donner prise aux moisissures et aux
insectes qui amènent la pourriture et la chu-
te de l'arbre en peu d'années.
De cette façon, les Castilloa remplaceront
peu à peu toutes les autres essences em- -
ployées comme porte-ombre.
L'un des arbres de 14 ans que j'ai sai-
gnés mesure lm76 de circonférence, à 1 m.
du sol. La circonférence moyenne des 6 ar-
bres observés était de lm65 et leur hauteur
de 18 à 20 mètres.
La couronne n'est pas très développée en
largeur, mais fournit un ombrage très sut-
fisant aux cacaoyers, tout en laissant une
aération convenable, car les branches bas-
ses permanentes ne sont pas à moins de 7 à
8 m. du sol.
En 3 jours consécutifs de saignées, j'ai
obtenu, de 6 arbres, 4.300 grammes de latex
qui ont donné 1.140 grammes de caoutchouc
frais (pesé le lendemain de la coagulation),
soit une moyenne de 190 grammes par ar-
bre, et une moyenne de 63 grammes de
caoutchouc par arbre et par jour.
Le caoutchouc fut préparé en plaques rec-
tangulaires de 26X17 cm., et de 5 à 8 mm.
d'épaisseur ; passé à la presse, il a perdu en
2 mois environ 6 ° o de son poids. Ce qui
ramène la production par arbre et par jour
à 59 grammes de caoutchouc marchand.
J'estime que ces arbres, à chacun desquels
j'appliquais 4 TICHELAS (tasses), auraient pu
être saignés au moins 40 fois dans l'espace
d'une année, en une ou plusieurs périodes,
et fournir chacun 2.400 grammes de caout-
chouc marchand, c'est-à-dire pesé 2 mois
après coagulation. Cette évaluation n'est
nullement exagérée ; on sait, en effet, que
l'on a maintes fois extrait, de Castilloa de 12
à 15 ans, des quantités de caoutchouc bien
plus considérables, en une seule saignée.
Mais je suis partisan du traitement des
arbres par petites saignées répétées, qui
offrent, selon moi, un double avantage : pre-
mièrement, elles sont beaucoup moins préju-
diciables à la bonne venue de l'arbre qu'une
grande saignée, faite en une seule fois au
moyen de l'incision en spirale ou par de
nombreux coups de MACHETE appliqués le
même jour sur toute la surface accessible du
tronc ; et, secondement, elles permettent de
profiter de l'accoutumance à la saignée, fait
dont j'ai signalé l'importance pour l'Hevea (1)
(1) Voyez « J. d'A. T. » n° 18. —N. D. L. RI
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